TABY, famille de huguenots au Val-du-Puits de Sacy

TABY, famille de huguenots au Val-du-Puits de Sacy

Le contexte historique

Les raisons de l’abrogation de l’édit de Nantes sont multiples, l’une et non des moindres étant que Louis XIV n’était pas du tout certain de la fidélité de ses sujets protestants dans la lutte qui l’opposait à Guillaume d’Orange. Déjà les protestants s’étaient rebellés sous Louis XIII et avaient perdu toutes leurs places de sûreté que Henri IV leur avaient octroyées par l’édit de Nantes.
Avec le siège de La Rochelle (1627-1628) le dernier bastion protestant était tombé. Presque les trois quarts de sa population était acquise à la religion réformée et la ville avait proclamé son indépendance en 1621 et avait été soutenue lors du siège par l’Angleterre. Cela dénotait bien la supériorité de la religion sur la fidélité due au Roi.
Dès 1663 Louis XIV prend un certain nombre de mesures discriminantes contre les protestants, mesures qui se termineront en 1685 par l’interdiction du culte. Quelques exemples : obsèques autorisées seulement au lever du jour ou à la nuit tombante, nombre de participants limité à 30, puis interdiction d’instruire les dossiers en justice, interdiction de se convertir du catholicisme au protestantisme, interdiction d’exercer certains métiers (notaire, procureur huissier, assesseur ou auxiliaire de justice, puis clerc de juge ou d’avocat, avocat, médecin), et beaucoup d’autres encore. [1]

Le 18 octobre 1685 Louis XIV promulgue L’édit de Fontainebleau qui révoque celui de Nantes d’avril 1598 par lequel Henri IV, son grand-père avait octroyé la liberté de culte aux protestants.
« un seul Roi, une seule loi, une seule foi » aurait proclamé le Roi.

La religion dite réformée, cataloguée d’hérétique, devenue interdite, nombre de huguenots, (bourgeois, artisans, marchands, manufacturiers etc.), choisirent de fuir à l’étranger pour ne pas subir les persécutions qu’aurait entraînées la poursuite de la pratique de leur culte.

En persistant dans la pratique de leur religion désormais hors-la-loi, ils perdaient toute liberté civile, religieuse et professionnelle et grand nombre de conversions furent obtenues de force notamment par les dragonnades (logement forcé des troupes dans les logis des réformés qui devaient satisfaire toutes leurs exigences) déjà autorisées en Poitou dès 1681.
Les réfractaires étaient soumis à de forte amendes, à la prison et aux galères.
Certains firent donc le choix d’une pseudo conversion, tout en pratiquant leur religion en secret, donc mariages et baptêmes catholiques, ce qui légalisait ainsi leur existence, les registres de catholicité étant l’état-civil de l’époque. Cela permettait en outre d’avoir un lieu pour être inhumé si la persistance dans l’hérésie n’était pas décelée.
Cependant des curés n’ont pas manqué de relater le comportement de certains de leurs paroissiens qui, par leur attitude, tant à l’église que dans leur vie sociale, leur donnaient la conviction qu’ils étaient restés secrètement dans leur hérésie.

D’après le guide de généalogie des Protestants :
De 1559 à 1685 (avant l’Édit de Fontainebleau) : On trouve des registres paroissiaux réformés en faible nombre car perdus ou détruits.
De 1685 à 1787 (après l’Édit de Fontainebleau) : il existe quelques registres lacunaires tenus par des pasteurs itinérants. Durant cette période, les enfants protestants étaient en général baptisés par les prêtres catholiques pour la raison évoquée plus haut, leur donner une légitimité dans la société.

Les mariages des faux convertis sont parfois célébrés par des prêtres (catholiques). Cela leur donne une apparence d’intégration dans la société catholique.
Depuis l’édit de Fontainebleau, certains époux huguenots font bénir leur mariage clandestinement par des pasteurs (mariages « au Désert »).
Il peut exister cependant des contrats de mariage passés devant notaire, acte civil au demeurant.
A Nitry, à plusieurs reprises, lors du baptême de nouveaux nés, le curé a consigné sur son registre que les parents n’étaient pas mariés. En effet même si le mariage protestant avait été célébré avant l’interdiction de cette religion dite réformée, il n’était cependant pas reconnu par l’Église Catholique.

Mais le point important pour les protestants, qui avaient dû abjurer pour rester en France, était de reprendre leur liberté au moment de mourir. L’idéal, si on peut dire, était de mourir avant l’arrivée du curé. Mais ce n’était pas toujours le cas, et tous les autres membres d’un foyer n’étaient pas toujours protestants.
Ceux qui étaient restés protestants au fond d’eux-même, refusaient toute cérémonie catholique au moment du décès.
C’est à l’approche du décès que se manifestait la persistance dans la religion interdite, donc de la fausse conversion du mourant qui refuse alors la confession et les sacrements.

Ainsi à Mas-Saintes-Puelles dans l’Aude où la généalogie familiale nous a conduits, lieu très touché par le catharisme (12e & 13e siècles) et tout autant plus tard par le protestantisme, comme quoi ce n’est pas par hasard si les « hérésies » se succèdaient en certaines régions, le curé du lieu a consigné nombre de conversions « volontaires ».
S’il est fait état ici de Mas-Saintes-Puelles , c’est parce que dans l’Yonne, il n’a pas été permis de rencontrer l’équivalent, aucun acte d’abjuration « volontaire » dans les registres paroissiaux. Ils n’ont pu cependant qu’avoir lieu. Où étaient-ils consignés ?
Sur Wikipedia : « Durant les guerres de Religion le village (de Mas-Saintes-Puelles) était farouchement Protestant. Au lieu-dit la Planque se trouvait une petite communauté de protestants qui permettait à Henri de Navarre (futur Henri IV) et Catherine de Médicis d’avoir une entrevue secrète.
En 1598, après l’édit de Nantes, une bande huguenote continuait à attaquer les convois marchands. En 1622, Louis XIII fait détruire le village. Il ne reste de vestiges du Moyen Âge que le portail de l’église du XIVe siècle. Le village fut reconstruit et le culte catholique rétabli. »

Les registres de Mas-Saintes-Puelles qui nous sont parvenus ne débutent qu’en 1667.
Joseph DOMERC curé du village dès 1668 reçoit plusieurs abjurations de « l’hérésie de Calvin », et ce bien avant la publication de l’édit de Fontainebleau.
– En janvier 1670 il reçoit l’abjuration de Pierre GARRIGUES, en avril celle de son fils Bernard, en 1672 celle de Marthe BLANCHETI âgée de 19 ans, originaire de Revel.
La date de l’édit de Fontainebleau (18 octobre 1685) approche :
– le 29 septembre 1684 Bernard GARRIGUES âgé de 70 ans « a fait abjuration de l’heresie de calvin dans l’Eglise paroissiale ».
– Le 26 novembre 1684, abjuration de Guillaume GARRIGUES et de ses enfants Guillaume, Marguerite, Susanne et Marie. Leur mère Magdeleine BAILLON se convertira le 15 octobre 1685.
– Le 16 octobre 1685 Guillaume GARRIGUES fils Bernard âgé d’environ 40 ans, et Bernard son fils font acte d’abjuration.

Peu après la proclamation de l’interdiction de la religion protestante (18 octobre 1685), les conversions se multiplient à Mas-Saintes-Puelles. Les actes ne dénotent pas l’usage de pressions particulières ou de coercition sinon celle de la loi, mais on ne sait rien de ce qui s’est passé au préalable. Les abjurations sont réparties sur deux journées :

– Le 20 octobre 1685, Bernard BAILLON, âgé de 55 ans, métayer à la Marail, lieu-dit de Mas-Saintes-Puelles. En marge il est indiqué « mort en huguenot ».
« le meme jour 20 oct. 1685 Bernard
Baillon
chef de famille agé d’environ
55 ans demeurant au marail [note : La marail, lieu-dit de Mas-Saintes-Puelles] a fait
abjuration de l’heresie de calvin [rature]
pardevant moy Joseph Domerc curé
de Mas de ss puelles en presence du
Sr Y gonet ancien curé de sales et
des sieurs Noel groc et Pierre
Espinasse qui ont signé et moy dit
curé »
Signé : Espinasse, Groc, y gonet, Domerc.

– le 20 octobre 1685, Jeanne BAILLON fille de Bernard et de Marguerite DELASSUS femme de Guillaume GARRIGUES, abjure.
– Le 20 octobre 1685 Susane FES femme de Bernard GARRIGUES et mère de Guillaume, « abjure les erreurs de calvin ».
– le 21 octobre 1685 c’est au tour des frères et de la sœur de Jeanne BAILLON : Jean, Jacques, Marthe BAILLON, de leur mère Marguerite DELASSUS, de Paule AURIOL femme de Jean BAILLON.

Lorsque Suzanne SES décède le 08 octobre 1686, elle est qualifiée dans l’acte de « nouvelle convertie » et est inhumée dans le cimetière de la paroisse. Sont présents Bernard et Guillaume GARRIGUES son mari et son fils.
Lorsque autre Guillaume GARRIGUES marié à Magdeleine BAILLON décède le 24 décembre 1691 il n’est pas fait état de sa conversion. Il est enterré au cimetière.
Les actes qui suivent ne font plus mention de l’ancienne religion des intéressés.

Joseph DOMERC est un curé consciencieux. On aurait aimé trouver le même parfois à Sacy où certains d’entre eux ne se souvenaient même pas qui ils avaient marié, baptisé ou inhumé, des emplacements laissés en blanc n’ont jamais été complétés.
Ainsi en 1693, rédige-t-il sur le registre paroissial, chronologiquement aux autres actes :

« memoire que Paule auriol femme de jean baillon
metayer au marail mourut huguenote le 14 sept
et Bernard Baillon après elle aussi huguenot le 20 sept
quoy qu ils eussent abjuré l heresie, furent privez de sepulture
ecclesiastique » Aucune signature.


Là se pose alors la question du lieu de sépulture.

Un cimetière paroissial est une terre sanctifiée destinée aux seuls catholiques. Y sont exclus les juifs, les hérétiques, les suicidés, les enfants morts avant d’être baptisés et les incinérés. L’interdiction pour les incinérés a été levée par décret du 8 mai 1963 autorisant les obsèques religieuses.
Les enfants morts à la naissance sans le sacrement de baptême ne pouvaient accéder au paradis et ne pouvaient reposer en terre sainte ! Plus tard, une parcelle non bénite, située à l’écart du lieu saint leur sera octroyée. Et c’est pour éviter cela, que les sages-femmes, et même un homme présent en l’absence de sage-femme, pouvaient ondoyer (baptême d’urgence où seule l’ablution baptismale est faite) l’enfant en qui, ils avaient décelé, disaient-ils une parcelle de vie avant de mourir.
En 1767, le curé de Nitry, Jean Jacques Louis Rolland avait rédigé un long acte justifiant ses actions lors du suicide présumé de Jeanne RÉTIF (voir article). Les autorités civiles n’ayant pris aucune décision à ce sujet, le curé écrit :

« ne pouvant suivant les Sts Canons, ordonnances du Diocese,
et les declarations de sa Majesté accorder lad Sepulture
Ecclesiastique et Chretienne au Corps de ceux qui volontairement
se sont homicidés eux mêmes ; après toutes dues protestations,
et reserves susdites contre qui il appartiendra, pour ne pas
laisser plus longtemps le Corps ou cadavre de la dite
deffunte Jeanne Retif sans sepulture et en danger de se
corrompre, dans le doute ou Nous, sommes si elle a eté
libre de ses sens et volonté, le sceau et cachet des armes de
la Justice n’ayant point eté mis sur son Corps ; nous nous
serions transportés sans aucun son de cloches cependant avec Notre Surplis, Etole
noire et la Croix processionnelle portée devant Nous, a
la maison de la dite deffunte Jeanne Retif ou elle avoit
eté transportée pour faire la levée de son Corps, le
conduire a l’Eglise, et ensuite luy donner la sepulture
dans un lieu separé ou l’on inhume ordinairement les enfans
morts sans baptême du côté du nord au bas de l’Eglise dans
le cimetiere contre les murs de separation de la Seigneurie,
afin qu’en cas de besoin led Corps puisse etre reconnu. »

A l’analyse de ce texte, le curé ROLLAND a pris la décision d’inhumer Jeanne RÉTIF dans une parcelle non sainte du cimetière, et cela sous le prétexte fallacieux de pouvoir retrouver son corps si nécessaire ! En outre écrire cela dénoterait d’un indescriptible chaos (pour ne pas employer un autre nom) dans son cimetière.

Pour les lieux de sépulture des huguenots, il faut prendre en compte trois périodes : avant, pendant et après l’édit de Nantes d’avril 1598.

Avant l’édit de Nantes de 1598 :
Les renseignements sont peu nombreux et parfois contradictoires.
En fait c’est le chaos. Les édits se suivent et s’annulent.
Un huguenot ou tout autre hérétique, ne peut être inhumé dans la terre sainte d’un cimetière catholique.
La Réforme rejette la notion de purgatoire et donc des rites rencontrés chez les catholiques au moment de la mort, à savoir confession, sacrements, messes et inhumation dans un lieu sanctifié. En bref, la mort n’est qu’un retour à la terre.
Pourtant l’édit de l’édit d’Amboise en 1563 avait autorisé l’enterrement des protestants dans le cimetière paroissial (rappelons qu’il existe des carrés non sanctifiés pour entre autres, les nouveaux nés qui ont eu l’impudence de mourir avant d’être baptisés). Édit annulé quelques années plus tard devant la contestation des catholiques. Puis autorisation des cimetières protestants, puis Henri III révoque tous les édits de tolérance précédents le 07 juillet 1585 par l’édit de Nemours, le culte protestant est interdit, seul choix l’abjuration ou l’exil. La peine de mort est encourue pour les ministres qui ne s’exilent pas.

L’édit de Nantes du 13 avril 1598 :
Henri de Navarre devient Roi de France le 02 août 1589 à la mort (assassiné) de Henri III son beau-frère qui l’a désigné comme son successeur. Nous avons un Roi protestant ce qui ne manque pas de poser des problèmes.
Le 25 juillet 1595 Henri IV se convertit au catholicisme lors d’une cérémonie à la basilique Saint-Denis. Il est sacré Roi le 27 février 1594 à la cathédrale de Chartres.
En avril 1598 le Roi soumet Nantes, dernière ville aux mains des ultra-catholiques.
L’édit de Nantes est signé le même mois. Visiblement la date exacte est sujet à controverses [2] Le document lui-même ne l’indique pas. Ce document est une copie, l’acte original ayant été perdu :
« En témoin de quoi nous avons signé les présentes de notre propre main et à icelles afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, fait mettre et apposer notre scel. Donné à Nantes au mois d’avril, l’an de grace 1598, et de nôtre règne le neuvième.
Signé: HENRY. »

Cet édit dit de tolérance met fin aux guerres de religion et concède aux protestants un certain nombre de droits qui sont pour reprendre le texte du site « Musée Protestant » [3] :
« octroi de la liberté de conscience, respect de l’organisation des synodes, égalité des protestants et des catholiques en matière d’éducation, égalité absolue d’accès à toutes dignités et charges publiques, et la limitation de la liberté de culte autorisé seulement en certains lieux et interdit là où il n’est pas explicitement autorisé, notamment à la cour, à Paris et à moins de cinq lieues de la capitale, ainsi qu’aux armées, amnistie générale sauf cas « exécrables », égalité devant la loi et la justice, liberté d’abjuration, c’est-à-dire possibilité de changer de religion, garantie juridique, grâce à des chambres mixtes, droit de retour des émigrés et de leurs enfants.« 
Le même site précise :
« les curés des paroisses perçoivent la dîme de la part des protestants selon la coutume, les services catholiques sont seuls autorisés dans la plupart des villes, tous les bâtiments ayant servi aux catholiques leur sont rendus, la messe doit être rétablie partout, y compris en Béarn.

Puis comme nous l’avons vu au début de cet article, sous Louis XIII, les protestants perdent les places fortes qui leur avaient été octroyées, et sous Louis XIV un certain nombre de discriminations et perte de droits [1], pour aboutir en 1685 par l’abrogation de l’édit de Nantes.

L’édit de Fontainebleau du 18 octobre 1685
la religion protestante qualifiée alors d’hérétique est interdite. Le calvinisme avait touché bon nombre de bourgeois, artisans et nobles. Il n’y avait que deux choix possibles, s’exiler bien que l’émigration soit interdite ou se convertir.
Il y avait aussi comme déjà mentionné, les faux convertis. Ils devaient cependant se faire baptiser, suivre le catéchisme, se marier à l’église même s’ils faisaient bénir leur mariage par un pasteur.
Le problème était celui de la mort, sujet déjà mentionné.
Si le mourant avait la mauvaise idée d’être toujours en vie lors de l’arrivée du curé ou de son vicaire, s’il persistait dans son hérésie en refusant les sacrements, il ne pouvait être inhumé dans le cimetière paroissial.

C’est ainsi que bien qu’ayant fait acte d’abjuration, Marie Maillet au moment de sa mort le 11 octobre 1719, refusant la confession, se voit refuser l’inhumation au cimetière [comprendre catholique] et fut « encrottée au milieu des champs » :

« L’An mil sept cent dix neuf et le mercredy onzième jour du mois d’octobre est décédée en cette paroisse d’Uchizy une pauvre femme âgée d’environ trente cinq ans, laquelle je n’ay point voulûs faire inhumer en terre sainte, étant de la Religion de Calvin, dans laquelle Religion elle et deux enfants qui étoient avec elle l’un agé d’environ quinze à seize ans, et l’autre d’environ trois à quatre ans ont été élevés et nourris ; et étant morte dans des sentiments calvinistes, comme il m’â parû et consté par ses propres parolles, ne m’ayant jamais voulu entendre lorsque je luy parlois de confession, ny me donner aucunes marques de Religion Catolique Apostolique et Romaine, quoiquelle ait fait preuve d’Abjuration comme elle l’a supposée par un certificat de Mgr François Gaspard Giammont Evéque D’Avethuse, suffragant de l’Archevéché de Besançon, haut Doyen de l’Illustre Chapitre Métropolitain, Abbé de St Vincent de la même Ville, Ecrit et Signé de sa main à Besançon le trente et unième janvier de la susdite année le tout neantmoins bien considéré je soussigné curé du dit lieu en conséquence du refû de confession et instruction catolique, ne voulante mêler le prophane avec le sacré, certifie avoir vu mourir la susdite femme appelée Marie Maillet, le corps de laquelle â été encroté au milieu des champs de ma paroisse d’Uchizy présents toute la maison de François Perrusset l’ancien laboureur et Emilien Petitgonnet tiserier de toille tous voisins du lieu ou elle decedée qui n’ont scus signer. » Signature du curé. [4]

Outre ceux qui dans un environnement catholique avaient simulé abjurer sa religion comme Marie Maillet l’avait fait, la résistance s’est organisée notamment dans le sud de la France, en témoigne la guerre des Cévennes par les Camisards qui dura jusque 1715.

L’inhumation dans les cimetières paroissiaux interdite, les corps des protestants étaient donc enterrés, dans les caves, les vignes, les champs. Dans le midi se sont constitués de petits cimetières familiaux souvent bordés de cyprès. Ces cimetières disparaissent, tout comme les quelques tombes encore existantes de nos soldats de la Grande Armée, que les responsables municipaux qui ont ont l’hypocrisie de parfois parler de traditions n’ont de cesse de faire relever. Ce sont aussi des tombes des soldats de la première guerre mondiale envoyés sans compter, se faire massacrer qui sont relevées dans des cimetières communaux. Il faut réaffecter les emplacements !

Pour terminer ce rappel historique bien trop long, mais sans doute nécessaire pour la compréhension de l’objet de cet article, l’Histoire de France n’étant sciemment plus guère enseignée pour des raisons politiques, le sort des protestants s’est amélioré avec le temps.

– En 1736 les décès des protestants doivent être déclarés devant une autorité civile (juge, Lieutenant, procureur fiscal) qui donne l’autorisation d’inhumer de défunt (en un lieu privé).
– En 1786 de par l’édit de tolérance du 29 novembre 1787 de Louis XVI, l’existence civile des protestants est reconnue. Les mariages non catholiques sont reconnus, les morts peuvent être enterrés à nouveau dans des cimetières [5].
– Puis vient la révolution et le règne de Napoléon 1er. Il est Empereur depuis 1 mois quand le décret impérial du 12 juin 1804 est promulgué. « Le décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804) précise : « Dans les communes où l’on professe plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier ; et dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y aura de cultes différents avec une entrée particulière pour chacune et en proportionnant ces espaces au nombre d’habitants de chaque culte » [6].

Sacy le 15 janvier 1686

Le quinze janvier 1686 s’étaient réunis, entre autres, en l’Église paroissiale de Sacy diocèse d’Auxerre :
Charles Nicolas le Bœuf de la compagnie de Jésus (jésuite), mandaté par « Monseigneur L’illustrissime et Reverendissime Evesque d’Auxerre »,
Jean pandevant curé de Sacy et rédacteur de l’acte,
Juste Ignace Millaut curé de Nitry (il signe Millaud),
Raimond Crenier Lieutenant de Sacy hors les Croix (Lieutenant en la Justice de l’évêque et du Chapitre d’Auxerre, Seigneurs en partie de Sacy),
Guillaume Boujat Lieutenant de Sacy dans les Croix (Lieutenant en la Justice du Commandeur de l’Ordre de Malte d’Auxerre (ex Hospitaliers), Seigneur en partie de Sacy),
Pierre Bérault (signature identifiée), respectivement greffier, notaire, procureur fiscal hors les Croix puis dans les Croix à Sacy,
Pierre Boujat (signature identifiée), respectivement greffier, procureur dans les Croix, procureur fiscal à Sacy.

Lesquels recevaient à haute et intelligible voix de la part des nommés :
Charles Taby âgé de 22 ans, René Taby âgé de 20 ans et Jeanne Taby âgée de 19 ans, tous trois fils et fille des défunts Benjamin Taby et Renée Leseurre (Lesœure dans l’acte), du Val-du-Puits-de-Sacy, décédés dans la «religion prétendue réformée » (dixit l’acte), dont abréviation « R.P.R. »,

« Abjuration de lad. R.P.R, et profession publique de la Religion Catholique et Romaine et la promesse de chacun d’eux de vivre et mourir dans l’exercice de la religion Catholique Apostolique et Romaine.
Absolution leur était alors donnée de « l’excommunication qu’ils avoient encourus par l exersice de l’heresie dans laquelle ils avoient vescu jusqu’alors ».

Transcription de l’acte d’abjuration de Charles, René et Jeanne TABY, Sacy le 15 janvier 1686 :

« Le quinziesme iour de Janvier mil six
cent quatre vingt six sur les 9 heures
du matin en leglise paroissialle de sacy dioceze
d’auxerre se sont pnts [présentés] charles taby aagé de
22 ans rene Taby de 20 ans et Jeanne
taby leur sœur aussy aagée de 19 ans fils
de feu beniamain taby et de renee lesoeure
tous deux morts dans la religion pretendue
reformée lesquels ont tous fait abiuration
de lad[ite] R.P.R. ; et profession publique de
la Religion Catholique et Romaine entre
les mains de Mons Charles nicolas le Boeuf
de la compagnie de JESU a ce Cois [à ce quoi] et
deputé Par Monseigneur L illustrissime
et Reverendissime Evesque d auxerre
suivant sa Commission en datte du vingtiesme
iour du pnt [présent] mois et signée Andre EV [Evêque] Dauxerre
et plus bas par monseigneur Gourvet et apres
la lecture de la profession Catholique apostolique
et romaine. Faite a haute et intelligible voix
par lesd[its] charles rené et Jeanne Taby et la
promesse que chaqu’un d’eux a fait de vivre
et mourir dans lexercice delad[ite] relligion cathol.
apostolique et romaine, nous leurs avons
donné labsolution de l’excommunication qu’ils avoient
encourus par l exersice de l’heresie dans laquelle
ils avoient vescu jusqu’alors en pnce [présence] de
Mons Jean pandevant curé dud[it] Sacy et
de messrs Ignace millaut prestre Curé de
nitry, raimond Crenier lieutenant de Sacy hors
les Croix. Guillaume boujat lieutenant dud[it]
lieu dans les Croix et plusieurs autres qui
ont signes charles et Jeanne taby ont declare
ne scavoir signer »
Signé :
rene tabi
Ignace Millaut, Pandevant
Boujat [Guillaume] , Crenier
Boujat [Pierre], Berault
Charles Nicolas LeBœuf

A l’évidence, il y a une grosse différence entre les abjurations à Mas-Saintes-Puelles qui ont été actées les deuxième et troisième jours suivant la proclamation de l’édit de Fontainebleau et celle-ci qui se produit trois mois après l’interdiction de la religion réformée et après que les intéressés ont été excomuniés .
Les TABY étaient des réfractaires et s’ils se sont présentés à l’église, ce n’est à l’évidence que contraints et forcés. Nous verrons par la suite ce qu’il en a été de cette abjuration qui leur a été extorquée.
Nous sommes bien devant un tribunal de l’Inquisition Romaine (Congrégation Sacrée de l’Inquisition romaine et universelle) crée en 1542 par le pape Paul III afin de lutter contre les hérésies dont la principale à l’époque était le protestantisme. En 1965 le Pape Paul VI rebaptise ce « Saint-Office » « Congrégation pour la doctrine de la foi ».

Il ne faut pas se fourvoyer. Si l’Église catholique n’agit plus de la sorte de nos jours, c’est simplement qu’elle n’en a plus le pouvoir.

Voyons maintenant ce qu’il en est de cette famille TABY.
L’acte d’abjuration est filiatif, ce qui est une chance car les parents son morts dans leur religion et ne font donc l’objet d’aucun acte paroissial. Mais on retrouvera cette filiation dans d’autres actes.

Benjamin TABY & Renée LESEURRE :
– Benjamin TABY était marchand demeurant au Val-du-Puits de Sacy, selon entre autres l’acte de mariage de son fils Jean en 1687 à Nitry.
Il est né avant 1630 et est décédé huguenot entre 1667 (date de naissance calculée de son dernier enfant connu) et avant le 15 janvier 1686 date de l’abjuration de trois de ses enfants. Son décès se situe certainement sous l’édit de Nantes et nous ne savons rien quant au lieu de son inhumation.
Il a épousé avant 1650 donc bien avant l’édit de Nantes :
Renée LESEURRE, patronyme qui possède plusieurs orthographes qui varient selon les rédacteurs. Toutes les estimations des dates de son mari lui sont applicables.
Nous ne savons rien sur ce couple, ni sur son lieu d’origine. Les TABY sont peu représentés dans la région. Se sont-ils mariés catholiquement en un autre lieu pour embrasser par la suite la religion protestante ? Leurs enfants sont-ils nés tous ou en partie protestants ? Il sera impossible de le savoir. En tout cas, aucun baptême des enfants de ce couple ne figure dans les registres de Sacy.
Renée LESEURRE est certainement apparentée aux LESEURRE de Annay-sur-Serein (anciennement Annay-la-Rivière) et de Noyers :
Son fils Charles TABY sera présent au mariage à Annay en 1700 et 1703 de Jacques et Anne LESEURRE, enfants de Jacques, marchand, et de Jeanne VALETTE, Jacques étant fils de Élie et d’Anne PIOCHOT. Il sera également présent en 1704 à l’enterrement de Jeanne SUCHON femme de « Helÿ le Sœurs ».
Jacques LONGPRÉ, père de Anne LONGPRÉ qui deviendra la bru de Renée LESEURRE, avait été présent à Nitry en 1665 au mariage de René LESEURRE couvreur à Noyers avec Françoise MALLET de Nitry. L’acte est sans filiations. René et Renée LESEURRE sont contemporains. Les enfants TABY de Renée naissent autour de cette date de mariage.

Les recherches dans les archives paroissiales leur attribuent quatre enfants :
– Jean TABY (né vers 1650-dcd entre 1708 & 1709)
Charles TABY (né vers 1660-dcd 1730)
René TABY (né vers 1666-dcd après 1706)
Jeanne TABY (née vers 1667- dcd après 1697).

Peu après ces abjurations forcées, retrouvons toute la fratrie TABY à Nitry.
Il faut dire qu’à Sacy les TABY sont la seule famille de huguenots qui apparaît dans les registres paroissiaux. Comme dit précédemment, s’il y a eu des convertions, elles n’apparaissent pas dans les registred. Et il est difficile de déterminer une rupture dans les généalogies de Sacy quand les protestants ne figuraient pas dans les registres de catholicité.
Nitry a plus fortement été touché par le calvinisme. Nous y reviendrons dans un autre article.
Il semble donc bien que les TABY se soient rapprochés d’une « ancienne » communauté protestante et peut-être aussi de René LESEURRE marié en 1665 à Nitry avec une fille du village.

Jean TABY & Catherine BOISSARD puis Annne LONGPRÉ :
Jean TABY est né (peu-être au Val-du-Puits de Sacy) vers 1650 selon l’âge qui est indiqué dans l’acte de son second mariage.
Il avait déjà abjuré quand ses deux frères et sa sœur ont été contraints de le faire en janvier 1686, mais nous ne savons pas quand puisque ces abjurations « volontaires » ne figurent pas dans les registres paroissiaux contrairement à ce qui s’était fait à Mas-Saintes-Puelles. Nous avons un exemple à Nitry de Marie GROS dont l’acte de sépulture indique qu’elle est décédée « long tems apres avoir abjuré la religion pretendue reformée qu’elle avoit long tems professe ». Or son acte d’abjuration ne figure pas dans les registres de Nitry. Marie GROS avait renié son calvinisme avant que son mari Edme CHEMISE n’y soit contraint deux jours après les TABY. Nous y reviendrons dans un autre article.
Jean TABY épouse à Nitry le 04 février 1687 :
Catherine BOISSARD fille de Jean BOISSARD marchand à Nitry et de Françoise PENÉTRAT. Catherine BOISSARD baptisée à Nitry le 13 février 1667 y décèdera le 29 mars 1695.
L’acte de mariage ne fait pas mention de l’ancienne religion du marié ni de ses parents.
L’acte est filiatif et Jean TABY demeure déjà a priori à Nitry et si les publications ont également été faites à Sacy, c’est parce que ses défunts parents y sont dits y demeurer en leur vivant.
Sont présents entre autres ses frères Charles TABY marchand à Nitry et René TABY, qui signent tous deux.
Le prêtre qui a célébré ce mariage, n’est autre que Ignace MILLAUD curé de Nitry, présent un an auparavant à Sacy lors de l’extorsion du reniement de leur foi aux deux frères et de la sœur du marié. Il n’a d’ailleurs pas signé l’acte.
Jean TABY a une signature caractéristique qui permet de l’identifier dans les actes où son nom n’est pas cité.

Le couple Jean TABY & Catherine BOISSARD a quatre enfants répertoriés dans les registes, nés entre 1687 (mariage) et 1694. Deux parviendront à l’âge adulte, Anne TABY qui épousera Nicolas MITOUARD de Nitry et Jean TABY qui épousera Jeanne MAUDINÉ du Val-du-Puits de Sacy. Nous y reviendrons.

Veuf, Jean TABY épousera à Nitry le 03 juin 1695 :
Anne LONGPRÉ / LONGPREY née entre 1655 & 1663 (selon l’âge indiqué dans ses deux actes de mariage !), fille de Jacques LONGPRÉ marchand, procureur fiscal de Lichères & Nitry puis greffier en la prévôté de Nitry, et de Anne ROUSSEAU.
Anne LONGPRÉ est veuve de Jean SAJAT (né vers 1663) depuis le 03 août 1693. Ils s’étaient mariés à Nitry le 06 juillet 1683.
C’est le chaos le plus complet dans le registre, les années rarement indiquées y sont mélangées.
l’Église interdit le mariage d’une personne avec le parrain ou la marraine de l’un de ses enfants.
Ce que la Sainte Église interdit, l’argent l’autorise. Il en est ainsi des dispenses accordées (bans, consanguinité, affinité et autres).
Ainsi Jean TABY et Anne LONGPRÉ pour se marier ont dû obtenir de l’Évêque d’Auxerre une dispense du premier degré d’affinité spirituelle « a cause d’un enfant que lad longprey a tenu sur les sacres fonds du baptesme ». Anne LONGPRÉ est en effet marraine de Anne TABY née en 1695, fille du premier mariage de Jean TABY.
Anne LONGPRÉ avait eu des enfants de son premier mariage, deux des trois que les registres nous ont rapportés sont morts en bas âge. L’aîné Jean SAJAT né en 1684 s’est marié et a eu une descendance.

De l’union de Jean TABY avec Anne LONGPRÉ, deux naissances ont été relevées.
– l’une à Nitry, Charles TABY né le 22 décembre 1695. Le parrain est Charles TABY, oncle paternel de l’enfant. L’enfant est né 9 mois après le décès de Catherine BOISSARD première femme de Jean TABY qui épouse Anne LONGPRÉ 3 mois après ce décès. Visiblement il aimait bien la marraine de son fils Jean.
– l’autre naissance à Sacy. Le couple est dit demeurant à la maison neuve (neufve) paroisse de Sacy. Jeanne TABY y naît le 03 octobre 1697.
Nous ne retrouverons pas par la suite ces deux enfants dans les registres de Nitry ni de Sacy.

Jean TABY ainsi que ses deux épouses ont mené une vie paroissiale somme toute normale. Il est qualifié de « me »(maître) dans les actes. La déférence des prêtres va où est l’argent donc aux marchands et détenteurs d’une charge. S’il est principalement qualifié de laboureur, il est également dit marchand en 1697, ce qu’était également son père.
Il figure dans divers actes paroissiaux, présent à des mariages, ou parrain, et pas seulement dans le cadre familial.
Sa fille Jeanne née de son premier mariage et dont la marraine n’est autre que sa tante maternelle Jeanne TABY, est décédée en 1689 âgée de trois mois, elle a été inhumée dans l’église de Nitry.
Il aurait été intéressant de savoir si l’interaction dans les actes avec ces différentes personnes concerne des anciens protestants. Mais les abjurations « volontaires » ne figurent pas dans les registres.

Nous n’avons pas l’acte d’inhumation de Jean TABY ni celui de Anne LONGPRÉ.
Jean TABY est décédé entre le 20 février 1708, date à laquelle il est présent au mariage de Jean SAJAT fils d’un premier lit de sa seconde femme et le 10 juin 1709, date de mariage de son fils homonyme Jean TABY où il est dit décédé dans l’acte.
Nous n’avons pas non plus l’acte d’inhumation de sa seconde femme Anne LONGPRÉ.
Certes on peut penser à des lacunes, mais l’absence récurrente d’actes de décès chez les TABY peut laisser penser que lui et sa femme sont morts huguenots, et donc que leur acte d’inhumation n’est pas dans registres.
Nous avons aussi le cas de sa fille Anne TABY.

Anne TABY est née le 12 février 1695 à Nitry du premier mariage de son père. Rappelons que sa marraine est Anne LONGPRÉ que son père épousera par la suite moyennant finances, puisque ce mariage a nécessité une dispense du premier degré d’affinité spirituelle.
Un mois avant sa quinzième année, le 28 janvier 1710, elle épouse à Nitry Nicolas MITOUARD né le 17 mai 1682 à Nitry où il est manouvrier. Son père y est qualifié de maître cordonnier.
Les registres ne leur attribuent qu’un enfant, Edmée MITOUARD née en 1716.
Après cette naissance, Le couple et son enfant disparaissent des registres.
L’ensemble des relevés Geneanet ne permet pas de retrouver leur trace en France ni dans les pays protestants de l’Europe.

Il est également pertinent de se questionner sur Jacques LONGPRÉ, père de Anne.
Certes, il est catholique et en tant que greffier et procureur fiscal de Lichères et Nitry, il ne peut que l’être. En effet, l’Abbé de Molesme est Seigneur de Nitry et Lichères qui ne forment qu’une seule paroisse.
Ainsi vers 1560 « Dès les premiers troubles sérieux dans la région, Sébastien Ingrànd « receveur en partie de la terre et seigneurie de Lichères » fut poursuivi et enfermé à la requête d’Antoine de Vienne, abbé de Molême, seigneur de Nitry, pour le fait de son adhésion à la religion réformée. ». [7]

Pour Jacques LONGPRÉ plusieurs actes sèment le doute.
D’abord l’acte d’inhumation de sa seconde femme. La mère de Anne étant décédée, retrouvons son père marié à Antoinette CHAUVOT veuve de François MALLET procureur fiscal de Nitry, charge que reprendra Jacques LONGPRÉ. L’acte de mariage n’est pas dans les registres.
Même s’il laisse parfois des blancs dans quelques actes, il n’est pas concevable que le curé de Nitry Léonard REGNAULD ne connaisse pas le prénom de son procureur fiscal, ni le nom et le prénom de sa femme, veuve au demeurant d’un autre procureur fiscal.
Il pourrait bien s’agir d’une omission volontaire.
Certes, elle est enterrée à l’église comme « il se doit » au vu de la qualité de son mari.
Mais la profusion de témoignages de la catholicité de sa femme est suspecte car inhabituelle. Il dit qu’elle a reçu les sacrements (un curé ne ment pas !) et a montré tous les témoignages d’une véritable chrétienne. Est-ce pour se justifier de cette inhumation en l’église ?
Mai rien ne dit qu’Antoinette CHAUVOT n’était pas catholique. Les couples mixtes existaient. Le pouvoir de l’argent et la condition sociale étaient des raisons de s’unir. Peut-être que le curé n’a-t-il pas voulu associer son nom à Jacques LONGPRÉ. Le couple n’a pas eu d’enfant. Antoinette CHAUVOT a 33 ans à la naissance de son dernier enfant MALLET répertorié dans les registres. En 1664 date possible du décès de Anne ROUSSEAU (acte déchiré) première femme de Jacques LONPREY, et également date du décès de François MALLET premier mari de ladite Antoinette, elle est alors âgée de 46 ans.
le 15 juillet 1680 Jacques LONGPRÉ se remarie avec une veuve Magdelaine BRUNET. Elle est la fille de défunt Robert BRUNET qui a été garde du corps du Roi [8]. Le mariage est célébré à Lichères succursale de Nitry par le desservant du lieu. Les nom (LONG PREY), prénom et qualité du marié sont bien indiquées dans l’acte.

« Ce jourd huy cinquiè Mars aud an [note : 1679] a este inhumée dans
l Eglise de ce lieu honneste femme [BLANC !!]
femme de Mr [BLANC !!] Longpré procureur fiscal du dit
lieu aagée de soixante et un an apres avoit receu
les S.S sacremens de l Eglise et avoir donne tous les
tesmoignages possibles d une veritable chrestienne
et resignée entiere a la volonte de Dieu »
Signé Regnauld « 

Jacques LONGPRÉ a été présent en 1665 à Nitry au mariage de René LESEURRE couvreur à Noyers avec Françoise MALLET. Pour rappel, LESEURRE est le patronyme de la mère de son gendre Jean TABY, Renée LESEURRE décédée huguenote. MALLET est le patronyme du premier mari de Antoinette CHAUVOT qui deviendra sa deuxème femme.

Nous n’avons pas l’acte de décès de Jacques LONGPRÉ. Il est décédé entre 1681 date où naît son fils homonyme et 1690, date à laquelle sa veuve Magdelaine BRUNET se remarie.
Alors est-ce encore une lacune ou bien Jacques LONGPRÉ est mort en huguenot et son décès n’est pas inscrit dans les registres de catholicité, contrairement à ce que faisait Joseph DOMERC à Mas-Saintes-Puelles, avec la mention « pour mémoire ».

Charles TABY & Reine NAULOT
Charles TABY est né vers 1660/1661, peut-être au Val-du-Puits de Sacy. Après l’extorsion de son abjuration à Sacy en 1686, le retrouvons marié à Nitry avec :
Reine NAULOT née vers 1671 selon son âge au décès. Mais ses parents se son mariés en 1673, ou donc il y erreur sur son âge ou bien elle est née avant mariage catholique de ses parents. Elle est la fille de François NAULOT, savetier et de Reine GUINGOIS.
L’acte de mariage de Charles et de Reine n’est pas dans les registres. Leur premier enfant connu naît en août 1701. Charles TABY avait alors une quarantaine d’années.

Charles TABY est qualifié de marchand et de laboureur dans les actes, mais aussi de vigneron et de manouvrier à Nitry.
Son acte d’abjuration en 1695 le disait ne pas savoir signer. Était-ce vrai ou un mensonge pour ne pas valider par sa signature cette conversion forcée ? Toujours est-il que par la suite il signe les actes paroissiaux où il est présent, et sa signature est parfaitement identifiable.

Charles TABY semble mener une vie paroissiale des plus normales. On le voit souvent parrain ou témoin à des mariages le plus souvent dans un cadre familial élargi. Comme pour son frère Jean, il aurait été intéressant se savoir pour les autres actes, si les intéressés appartenaient à l’ancienne communauté protestante.
Comme il l’a été déjà mentionné dans le paragraphe consacré à sa mère Renée LESEURRE, Charles a été présent à plusieurs mariages et un enterrement entre 1700 et 1704 de personnes portant le nom de sa mère. Nous avons là sans nul doute une branche de la famille maternelle de Charles.
Une question se pose cependant, pourquoi son frère Jean TABY n’est pas cité dans ces actes ? La question ne se pose pas pour René TABY leur frère car comme nous le verrons il a émigré en Angleterre. Les femmes étant rarement citées comme témoins, seulement comme marraines, le problème ne se pose pas pour leur sœur Jeanne TABY, qui d’ailleurs ne demeure probablement plus dans la région à ces dates.
Charles TABY sera également présent à Annay-sur-Serein en 1725 pour l’enterrement de Louis REMOND chirurgien de Perrigny, village faisant partie de la paroisse de Annay. Cela dénote un lien qui dure dans le temps avec des gens du lieu, mai aucun lien familial n’a été trouvé avec ledit Louis REMOND.

Charles TABY est inhumé à Nitry le 30 août 1730. L’acte est des plus succinct, comme nous y a habitué Augustin CAVEROT curé du lieu. Charles a-t-il reçu les sacrements ? Certainement trop contraignant pour CAVEROT de l’indiquer. Sa formule consacrée « a son enterrement et convoy se sont trouvé de ses parans et amis qui se sont soussignés » lui fait l’économie d’écrire les noms des gens présents. Deux signatures sont identifiées, celle de son fils Nicolas TABY et celle de son neveu Jean TABY fils de son frère jean et de sa première femme.
Reine NAULOT lui survivra treize ans, elle est inhumée à Nitry le 01 mai 1743. L’acte est rédigé avec la sempiternelle formule, et rien n’indique si elle a reçu les sacrements. Son fils Nicolas TABY a signé l’acte. Son neveu Jean TABY est mort entretemps.

René TABY & Louise BRION
René TABY est né vers 1666 (selon l’âge indiqué sur son acte d’abjuration) peut-être au Val-du- Puits de Sacy, mais rien ne l’indique. Nous ne savons pas quand et pouquoi ses parents se sont installés dans ce village. Étant huguenots, aucun acte familial n’a été enregistré sur les registres paroissiaux de Sacy.
Après qu’il a été contraint d’abjurer en 1686, le retrouvons à Nitry. Le 04 février 1687 il est présent au mariage de son frère Jean avec Catherine BOISSARD. Puis il disparaît des registres.

Retrouvons René TABY tonnelier (cooper) venant de Bourgogne, recensé en 1695 à Bristol (Angleterre) [9]

Dans dans des documents concernant les Huguenots français en Angleterre dont les relevés ont été transcrits par « Familysearch » (Source Familysearch.org) se trouve un René TABY tonnelier originaire de Bourgogne. Et même en l’absence de renseignements comme une filiation ou l’indication de sa paroisse de provenance, il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien de René TABY de Nitry. Le patronyme TABY à lui seul n’est déjà pas très représenté dans la région comme nous le verrons.
René s’est donc expatrié pour pouvoir vivre dans la religion qu’on lui a fait abjurer en France.

En 1695 il épouse dans l’église épiscopale de Bristol (côte Ouest de l’Angleterre) Louise BRION veuve de Louis JAMAIN pilote de navire [10].

« Family Search » a relevé le baptême de trois enfants du couple Henry DULAQ & Marguerite BRION sœur de Louise BRION femme de René TABY. Ces enfants ont été baptisés à l’église épiscopale de Bristol en 1695, 1696 & 1697.

Quant au couple René TABY & Louise BRION, le retrouvons à à Londres.
A-t-il eu des enfants entre la date de son mariage en 1695 et les actes remevés à Londres, le premier connu étant 1701 ? Aucun relevé ne l’indique. Les relevés mentionnent quatre enfants [11] :
Isaiah TABY est décédé le 22 aout 1701, cérémonie à l’église anglicane de Saint-Dunstan (en ruines de nos jours), dans le quartier de Stepney à l’Est de la City de Londres. Son âge n’est pas indiqué.
Ozee TABY est baptisé selon le rite protestant le 09 février 1701 à Threadneedle Street, rue de la Cité de l’Est de Londres.
Pierre TABY fils de Bene [sic] TABY tonnelier et de Louise sa femme, né à Petticoat Lane quartier Est de Londres est baptisé le 11 octobre 1702 en la paroisse de Stepney à Londres.
René TABY fils de René TABY tonnelier et de Louise sa femme de Brick Lane [12] est baptisé en la paroisse de Stepney à Londres le 06 janvier 1706.

Rien n’indique le lieu d’origine de Louise BRION. Avant 1695, date de son mariage, il appert que ce patronyme est connu dans l’Yonne, notamment à Irancy. Le nom de GUILLOT qui est celui de la mère de Louise, est également connu à Irancy. Le nom de JAMIN / JAMAIN qui est celui du premier mari de Louise est également présent dans l’Yonne avant 1695, mais vu sa profession de pilote de navire, il est douteux qu’il en soit originaire.

Perdons la trace de René TABY et de Louise BRION à Londres après janvier 1706.

Jeanne TABY & Hélie André SIMON
Jeanne TABY est née vers 1667, peut-être aussi au Val-du-Puits de Sacy où demeuraient ses parents, mais comme pour ses frères, rien ne l’indique.
Comme eux, elle est partie habiter à Nitry après l’extorsion de son abjuration. En effet quand elle s’y marie le 20 novembre 1691 elle dite y est demeurer depuis quatre ans. Son mari :
Hélie André SIMON de Sacy est qualifié de laboureur sur les actes. Il est fils d’Edme SIMON procureur fiscal en la Justice de Sacy, originaire de Nitry et d’Anne BOUJAT. Le fait de ne pas avoir trouvé à Sacy l’acte de baptême de Hélie André laisse penser qu’il a pu être célébré à Nitry où demeuraient encore ses parents avant que son père ne prenne sa charge à Sacy. Contrairement à Sacy, les registres paroissiaux de cette époque comportent des lacunes.
Edme SIMON fait partie de la notable famille des SIMON de Nitry qui se partage les charges de ce village et d’autres lieux. Rétif de la Bretonne par une branche paternelle descendra des SIMON de Nitry. Edme SIMON a été greffier à Sacy, puis procureur de la Justice de Monsieur le Commandeur (Ordre des hospitaliers /Ordre de Malte), donc de la Justice de Sacy dite « dans les Croix ». Sa femme Anne BOUJAT est issue des non moins notables familles BOUJAT & CORNEVIN. Son père Hélie CORNEVIN (1608-1677) de Sacy a été marchand, greffier, Procureur fabricien de l’église de Sacy, Lieutenant de la Justice de Sacy dans les Croix (pour le Commandeur Seigneur en partie de Sacy).
Cette notoriété des parents vaudra à Hélie André d’être qualifié dans les actes de « maître » ou de « honorable homme » et à sa femme de « Dame Jeanne Taby ».

Le couple SIMON / TABY est installé à Sacy et quatre enfants y sont enregistrés :
Charles SIMON (Sacy 1693-Sacy 1693). Son parrain est Charles TABY frère de la mère de l’enfant.
Edme SIMON (Sacy 1694-Sacy 1694). Son parrain est Edme BOUJAT sans doute le cousin germain côté maternel du père de l’enfant, La marraine est Jeanne SIMON sœur du père de l’enfant.
Jacques SIMON (Sacy 1696-Sacy 1696). Le parrain est Jacques SIMON frère du père de l’enfant. La marraine est Anne BOUJAT (rien ne permet de l’identifier, elle ne peut être la grand-mère paternelle de l’enfant qui est déjà décédée).
Marie Magdeleine SIMON née à Sacy le 22 juillet 1697. Le parrain Nicolas BÉRAULT, il est marié à Anne BOUJAT, cousine germaine du père de l’enfant. La marraine Claudine BOUDIER est une tante côté maternel du père de l’enfant.

Le couple a mène une vie paroissiale peu active.
Jeanne TABY n’est recensée qu’une fois comme marraine, et encore est-ce au sein de sa famille. Elle est en effet marrraine en 1689 de Jeanne TABY fille de son frère Jean TABY et de Catherine BOISSARD sa première femme.
Quant à son mari, il n’a été parrain qu’une fois, en 1678 alors qu’il était encore gaçon.

Après la naissance de leur dernier enfant en 1697, Jeanne TABY et son mari, ainsi que leur dernier enfant survivant, disparaissent des registres. Les recherches effectuées via les relevés Geneanet et autres, n’ont pas permis de les retouver, ni en France, ni dans un pays de religion protestante.

Origine des LESEURRE & TABY du Val-du-Puits de Sacy

LESEURRE et toutes ses variantes que permet la phonétique même approximative, branche maternelle de la famille TABY se rencontre en divers paroisses de la région. Ceux de Annay-sur-Serein, aux actes desquels Charles TABY est présent sont en toute logique de cette branche maternelle. Sans doute aussi René LESEURRE couvreur à Noyers au mariage duquel avec Françoise MALLET, Jacques LONGPRÉ était témoin en 1665 à Nitry. Ce René étant de la même génération que Benjamin TABY et sa femme Renée LESEURRE.
D’ailleurs avons relevé un enfant né du couple René LESEURRE & Françoise MALLET, Pierre LESEURRE né entre 1666 et 1673, mais rien n’indique le lieu. Nous ne savons pas si ses parents se sont installés à Nitry après leur mariage, ou à Noyers, nous n’avons pas leur acte de décès. Pierre LESEURRE se marie se, 1695 à Nitry avec Jeanne BLAIVILLE. Deux enfants sont relevés à Nitry, Marguerite LESEURRE née en1701 et Nicolas LESEURRE né vers 1703. Tous deux fonderont une famille à Nitry, Marguerite épousera en 1723 Edme LAURENT et Nicolas la même année Jeanne MOINE.
Si la fratrie TABY est venue s’installer après les abjurations de 1686 à Nitry, c’est aussi éventuellement pour y retrouver la famille de René LESEURRE qui s’y est peut-être installée.
Edme LAURENT, fils de Edme LAURENT & de Marguerite LESEURRE sera parrain en 1729 à Nitry de Edme TABY petit-fils de Charles TABY & de Reine NAULOT.

Les TABY / TABIT dont il est question ici sont les seuls représentants de ce patronyme à Sacy. Ceux que l’on retrouve à Nitry après l’abjuration sont les mêmes.
L’absence d’actes paroissiaux avant 1686 à Sacy les concernant puisqu’ils sont huguenots ne permet pas de spéculer sur le lieu d’origine de Benjamin. A-t-il hérité de la religion de ses parents ou s’est-il converti au protestantisme ? De toute façon nous sommes pratiquement hors limite des dates que l’on trouve généralement dans les registres paroissiaux qui nous sont parvenus.

Selon Charles Montandon (chronique publiée en 1999) [13] qui est a priori le seul à donner une origine à ce patronyme, « TABY » est une mutation du patronyme valdôtain (Vallée d’Aoste dans le Nord de l’Italie) de « Chabin » devenu « Tabin » en « Taby » dans le Valais frontalier (Suisse), tous deux de la langue « francoprovençale » qu’est le valdôtain.

Alors, simple hypothèse plausible, le Piémont et le Valdôtain étant des régions frontalières, les « Taby » ne seraient-ils pas des descendants de Vaudois ?
A la fin du 14è siècle et au début du 15è, des familles de vaudois du Piémont sont installées dans le Lubéron. Elles venaient notamment du diocèse de Turin (capitale du Piémont). La région de Turin est juste au sud du Val d’Aoste.
Or, en 1532, au synode vaudois de Chanforan (Italie), les Vaudois décident d’adhérer à la Réforme.
Mais en 1545, François 1er commande une croisade contre eux et ils sont massacrés.
Les « Taby » du Val du Puits de Sacy ne seraient-ils pas des descendants de ces Vaudois qui auraient fui les massacres et les combats qui s’en sont suivis jusqu’à l’édit de Nantes ?

Curieusement, en l’état des travaux de généalogie publiés sur internet, qui sont loin d’être exhaustifs, c’est, et de loin, dans le Royaume Uni que le patronyme « Taby » est le plus représenté avant 1700. Seraient-t-ils des TABY protestants qui auraient émigré en Angleterre pour pouvoir vivre dans leur religion ?
On trouve aussi ponctuellement ce patronyme à Corbigny (Nièvre) 1668/1670, Paris 1654, une Taby Renée en 1621 à Paris, Creuse 1692, Dijon 1590 et 1628, dans l’Ain 1672/1697, dans le Nord 1675, Haute Savoie 1673, Une Taby (Tabit) Renée en Maine et Loire en 1634, Mayenne 1677, et Charente Maritime 1428 et 1508.

Plus intéressant car plus proche, le patronyme est représenté :
Dans une famille seigneuriale locale à Merry sur Yonne, fin du XVIè siècle, 1602, 1604, 1637, 1640, mais le lien ne peut être fait avec « nos Taby » protestants.
Dans une famille de Chichée paroisse proche de Nitry on y trouve une famille TABY orthographié TABIT dans les actes dont les premiers actes (mariage et baptême) débutent en 1673 et 1674 mais le lien n’est pas fait avec les TABY du Val-du-Puits de Sacy /Nitry, ce qui au demeurant peut paraître logique,  « nos Taby » du Val-du-Puits, de par leur religion, ne figurent pas sur les registres paroissiaux de Sacy avant 1686.
Les Taby de Poilly-sur Serein sont des descendants de ceux de Chichée.

Il semble intéressant de mentionner l’existence d’un capitaine huguenot du nom de TABY qui après le massacre de la St Barthélémy (1572) fuyant Nevers attaquée, se réfugie avec d’autres à Sancerre qui à son tour est assiégée. [Sources Jean de Léry « L’histoire mémorable du siège et de la famine de Sancerre (1573)], et que du 11 11 1589 au 10 01 1660 à Loudun dans la Vienne, s’est tenu le 29e et dernier synode protestant d’avant la révocation de l’Édit de Nantes, réunissant 56 députés, 29 pasteurs et 27 anciens. Était présent le ministre ou pasteur (selon les sources) de la Charité (sur Loire) Jean TABY.

Quelques mots sur le rang social des TABY. Benjamin, s’il a été qualifié de laboureur est surtout mentionné comme marchand, et, même s’il est déjà mort, il est cité avec une certaine déférence dans les actes des ses enfants. La déférence va où est l’argent et les prêtres et curés traitaient donc avec respect les marchands.
Lors du premier mariage en 1687 de Jean TABY avec Catherine BOISSARD, Jean TABY est qualifié de « honeste Jean fils de deffunt Mre (maître) benjamin Tabit vivant marchand ».
Rien de particulier pour Charles et René TABY.
Quant à Jeanne TABY, elle épouse le fils d’un notable de Nitry et Sacy, et de ce fait a le droit à l’appellation « Dame Jean Taby ».

La descendance des TABY du Val-du-Puits de Sacy

Quatre siècles ont passé depuis la naissance de Benjamin TABY et celle de Renée LESEURRE. Alors qu’en est-il de la descendance des TABY originaires du Val-du-Puits de Sacy ?

A Nitry, la dernière TABY, Agathe TABY (1781-1832), arrière petite-fille de Charles TABY & Reine NAULOT, quitte après son mariage en 1801 la commune de Nitry pour celle Poilly-sur-Serein où elle décédera. Sa mère Marguerite MOINE décédera à Nitry en 1806, mais son père François TABY, toujours en vie à cette date ne figure pas dans les tables décennales de Nitry ni dans celles des communes environnantes.
En 1862, il y aura bien Napoléon Louis Joseph TABY de Lichères-près-Aigremont qui viendra épouser à Nitry une fille de cette commune. Son arrière grand-père descendant de Charles TABY, avait quitté Nitry pour Lichères après son mariage en 1781. A cette époque Lichères était un hameau dépendant de Nitry et est devenue une commune à la Révolution.
Le patronyme de TABY diaparaît de Nitry après ces dates.

A Sacy Médard TABY dernier porteur du nom, décède en 1812 à l’âge de 69 ans. Il est célibataire. Il est l’arrière petit-fils de Jean TABY et de Catherine BOISSARD, couple dont le fils Jean TABY né vers 1650 est revenu habiter au village familial du Val-du-Puits de Sacy après son mariage en 1709 avec Jeanne MAUDINÉ (1685-1758) dudit lieu. Jean TABY qualifié dans un premier temps de manouvrier est par la suite huissier et sergent au Val-du-Puits de Sacy où il décède en 1733. Il a été inhumé dans l’église de Sacy.

Il y avait aussi à Sacy Catherine TABY, arrière petite-fille de Charles TABY & de Reine NAULOT. Catherine est née à Nitry en 1754 et a épousé au même lieu Germain COUCHAT (1750-1806) de Sacy où le couple s’est installé.
Le couple a recueilli Anne Marie Jeanne TABY, jeune sœur de Catherine, leurs parents étant décédés pratiquement à la même date en 1777, sans doute d’une épidémie.
Anne Marie Jeanne TABY âgée de sept ans est décédée le 24 juin 1781 avec cinq autres enfants, tous noyés lors d’un gros orage. parmi les victimes se trouvait également Pierre COUCHAT âgé de 3 ans, fils du couple.
Cet orage n’est pas un cas isolé. On parle des ravages de l’orage de grêle du 13 juillet 1788 dans la généralité de Soissons et d’autres comme celui où il n’y a eu le temps que de monter les chevaux à l’étage, les vaches sont mortes noyées.
De nos jours la presse aux ordres, subventionnée par l’argent qui nous est volé par l’État, pravdas délivrant la propagande de l’endoctrinement idéologique de la république, s’empresserait de parler du réchauffement climatique dû à l’activité humaine à la flattulence des bovins et à celle des huitres de la Baltique.

Catherine TABY est décédée à Sacy le 27 octobre 1804. Son cousin Médard TABY déjà cité et dernier porteur du nom décèdera six ans plus tard.

Si le nom de TABY a disparu à Sacy en 1812, il n’en demeure pas moins que le sang s’est transmis par les femmes jusqu’à aijourd’hui. Il a fallu pour cela faire une généalogie descendante qui a mené à de nombreux voies sans issues.
Descendants à la 7e génération de Jean TABY & de Jeanne MAUDINÉ, donc la 8e de Jean TABY & Catherine BOISSARD :
Camille Marcel CORNEVIN né à Sacy le 14 avril 1898 tué à Épernay (Marne) le 31 mai 1918. « Pour la France ».
Andrée Hélène CORNEVIN est née à Sacy le 16 juillet 1906. Les fichier de l’INSEE qui existent depuis 1970 la disent décédée à Saint-Bris-le-Vineux le 02 avril 2001. Les actes d’état-civil de Sacy mis en ligne par les Archives départementales ne vont pas au-delà de 1910 en cette année 2025.
Il y a peut-être d’autres personnes qui descendent des TABY par les femmes, elles n’ont pas été recherchées.

Mais si le nom de TABY a disparu de Sacy en 1812, il est revenu au 20e siècle par une voie détournée.
Céline TABY, descendaante à la 7e genération de Charles TABY & de Reine NAULOT est née au Val-Saint-Martin de Vermenton en 1890. Elle s’est mariée avec avec Louis Armand MARCEAU de Vermenton, puis le couple s’est installé à Sacy où son nés les enfants du couple. Sa pierre tombale au cimetière de Sacy la dit décédée en 1949.
Pour se retrouver à Sacy via le Val-Saint-Matin de Vermenton, Jean TABY (Nitry 1759-Lichères 1828), petit-fils de Charles TABY & de Reine NAULOT s’est établi à Lichères après son mariage en 1781 avec Catherine LEROUGE (Lichères 1757-Lichères 1829). A cette date, Lichères faisait partie de la paroisse de Nitry. Napoléon Louis Joseph TABY de Lichères, cité plus avant, est l’arrière petit-fils du couple TABY-LEROUGE dont le petit fils Joseph TABY (Lichères 1819-Val-Saint-Martin de Vermenton 1898) s’était établi au Val-Saint-Martin après son second mariage avec Françoise NAULIN du lieu. Céline est la petite-fille du couple.
Joseph TABY s’est marié deux fois et comme son acte de naissance n’a pas été trouvé dans les registres de Lichères, à chaque fois, un acte de notoriété a dû être établi par le juge de Paix du canton de Chablis.

Bien sûr, après Céline TABY, le nom a de nouveau été perdu. Mais en cette année 2025, il existe toujours à Sacy des descendants de Céline.

Deux jours après avoir sévi à Sacy, Charles Nicolas le Bœuf de la compagnie de Jésus, se rendra à Nitry pour y faire abjurer deux personne. A suivre.
Le collège des jésuites d’Auxerre est propriétaire de la métairie de la Loge de Sacy depuis plus de 40 ans. Gageons qu’il y a séjourné.


[1] voir article complet des mesures sur Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_anti-protestante_de_Louis_XIV

[2] L’édit de Nantes est traditionnellement daté du 13 avril 1598. L’historien Jean-Louis Bourgeon a rectifié cette datation et démontré que l’édit avait en fait été signé le 30 avril. Cf. J.-L. Bourgeon, « L’édit de Nantes », dans Nantes dans l’histoire de France, A. Croix (s.d.), Nantes, Ouest-France Éditions, 1991, pp. 67-78.

[3] pour en savoir plus, excellent article du « musée Protestant » dont le résumé historique de cet article est largement inspiré :
https://museeprotestant.org/notice/ledit-de-fontainebleau-ou-la-revocation-1685/

[4] Sources : Archives en ligne de Saône-et-Loire, Uchizy-Baptêmes-Mariages-Sépultures-1718 – 1730, page 21/131 droite]

[5] article complet sur le sujet :
https://museeprotestant.org/notice/l-edit-de-tolerance-29-novembre-1787/

[6] voir :
https://museeprotestant.org/notice/les-lieux-denterrement-des-protestants-3/

[7] LICHÈRES-PRÈS-AIGREMONT, Essai de monographie générale par M. J. Cuillier Directeur d’école honoraire, Ancien Instituteur à Lichères. Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne Année 1987, 91è volume. Bibliothèque Nationale de France, Gallica.

[8] Les Gardes du corps du roi sur Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Garde_du_corps_du_roi

[9] « The Huguenots in Bristol » par Ronald Mayo. « Bristol Branch of the Historical Association the University Bristol 1985 ». Page 16/18 au lien :
https://bristolha.org/wp-content/uploads/2019/09/bha061.pdf

[10] Sources : Vol 20: Registers of the French churches of Bristol, Stonehouse, and Plymouth, Auteur : Huguenot Society of London, Lart, Charles Edmund, Waller, William Chapman, 1850-1917 Edité en 1912.
Relevé par Familysearch page 44 du livre et page 70/182 du relevé au lien suivant :
https://www.familysearch.org/library/books/viewer/576620/?

[11] relevé Famlily Seach et Volume 16 (1637-1685) : The registers of the French Church, Threadneedle Street, London, Author : Eglise de Threadneedle Street (London, England), Huguenot Society of London, Moens, W. J. C. (William John Charles), 1833-1904, Colyer-Fergusson, T. C. (Thomas Colyer), 1865-1951 Published in 1906)

[12] Selon Wikipedia :
« Brick Lane est une longue rue dans l’Est de Londres.
La rue est mentionnée sous ce nom en 1550 car elle passait à proximité d’un endroit où l’on extrayait de la terre pour fabriquer des briques ou des tuiles.
Au cours de l’histoire le quartier a accueilli différentes communautés, flamande, française, juive ; aujourd’hui, elle constitue le cœur du quartier de la communauté bangladaise et indienne de Londres et est surnommée Banglatown. »

[13] https://www.letemps.ch/culture/chronique-charles-montandon-rappelezmoi-nom-1

[14] Lien de la photo Geneanet sur laquelle il est possible de zoomer de la tombe à Sacy de Céline TABY, de son mari et de la mère dudit mari.
https://www.geneanet.org/cimetieres/view/8431769

Autres sources consultées :

– Musée Protestant, patrimoine funéraire
– Tombes et séputures sans les cimetières et autres lieux
– Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (1852-1865)
– Musée du Désert

(2) La Loge de Sacy avant Edme DONDAINE

(2) La Loge de Sacy avant Edme DONDAINE

Les recherches généalogiques sont effectuées par ascendance comme il se doit, mais une meilleure compréhension impose d’en publier les résultats sous la forme descendante.
Dans l’article précédent il a été fait mention des difficultés rencontrées, dues notamment à l’absence de renseignements dans les actes qui n’indiquent que rarement les écarts de la paroisse où avaient lieu les naissances et décès, les cérémonies étant célébrées dans l’église paroissiale avec une exception possible pour les mariages qui pouvaient l’être dans la chapelle d’un hameau comme cela s’est produit dans la chapelle Saint-Léonard du Val-du-Puits de Sacy et à plus grande échelle dans celle de Saint-Barthélémy d’Essert, toutes deux aujourd’hui disparues.

Le premier article sur la Loge indiquait l’importance de ce lieu dans la généalogie familiale qui descend de familles y ayant demeuré et n’ayant pour certaines aucun lien entre elles. Aussi pour en donner un aperçu, chaque personne faisant partie de cette parenté sera indiquée.

L’acte le plus ancien qui ait été relevé avec mention de la Loge est celui du baptême en 1605 de Jean COLLIN. Les actes de baptême des ses frères et sœurs n’indiqueront pas le lieu où demeurent leur parents donc celui de leur naissance.

« Jhan Colin fils Jhan Colin et Philiberte Tilllin
demeurant a la loge a este baptisé
le sixiesme jour de septambre l an mil six cent
et cinq ses parins et marene on esté
Jhan Tillin et Sebastien maudiné Claudine
Cornevin sa mare[ne] tesmoing mon sy
gne » 
[signé] f Cothillon


Couple Jean COLLIN & Philiberte TILLIEN

Jean (Jehan) COLLIN : [ancêtre] demeure à la Loge de Sacy au moins depuis 1605, date de naissance de son premier enfant connu. Jean COLLIN est né avant 1585 (calcul de 20 ans avant la naissance dudit enfant, il est décédé après le 12 septembre 1644. Il a épousé avant 1605 :

Philiberte TILLIEN : [ancêtre], née avant 1585, décédée après mai 1629, date à laquelle naît son septième et dernier enfant inscrit dans les registres.
Il existe en plus une fille dont il n’y a pas d’acte de baptême, mais des renseignements dans divers actes permettent de l’identifier comme enfant du couple.

En 1589 TILLIEN est orthographié TILLAIN, en 1609 THILLIN et en 1614 entre autres, THUYLLYEN, ce qui dénote des différentes interprétations dans la transcription des noms prononcés dans un parler non académique avec le patois local pour assaisonner le tout.

Il existe dans le même temps une autre Philiberte TILLIEN mariée à Léger SERGENT. Elles ne peuvent être confondues car elles ont des enfants sur la même période. Aussi quand une Philiberte TILLIEN est marraine, rien n’indiquant laquelle, il est impossible d’affiner la période leur date de décès par rapport à celle de ces actes.

Toujours dans le même temps existe également un couple Grégoire TILLIEN & Laurence PELLETIER de Sacy, demeurant en 1609 à la métairie de Monsieur de GAND (il s’agit de René de GAND / DEGAN, écuyer, sieur / seigneur de Courtenay hameau de Vermenton, proche la Loge de Sacy).
Deux enfants du couple qui y sont certainement nés, apparaissent dans les registres de Sacy où est célébré leur baptême. On peut être étonné du baptême à Sacy au lieu de Vermenton. Mais la famille DEGAN actait à Sacy ainsi que parfois ses successeurs. On verra plus bas que l’inverse est aussi vrai, enfant né sur la paroisse de Sacy et baptisé à Vermenton.
1) François TILLIEN  : né probablement dans la métairie de « René de Gand » à Courtenay de la paroisse de Vermenton, l’acte ne le précise pas. Il est baptisé à Sacy le 05 novembre  1589.
2) Jacques TILLIEN : né : sans doute dans la métairie de « René de Gand » à Courtenay hameau de Vermenton, ce qui n’est pas précisé dans l’acte, mais il est dit que ses parents y demeurent. Il est baptisé à Sacy 31 mars 1609.

Pour en revenir au couple Jean COLLIN & Philiberte TILLIEN :
Seul l’enfant relevé en 1605 est dit né à la Loge. Rien n’est indiqué pour les autres, mais cela va de soi, notamment quand on examine la fiche de Lazare (fille) COLLIN, mais aussi celle de Jeanne COLLIN également fille de couple. Cette dernière est mariée à Jean VÉZINIER. En 1650, au baptême de leur fils Hélie VÉZINIER, est marraine Renée JASU / JAZU femme de Estienne de la PERRIÈRE, écuyer, Seigneur de Courtenay, proche voisin de la Loge (550 mètres).

Sur leurs huit enfants, le premier étant « Jehan COLLIN » qui a été mentionné plus haut avec la transcription de son acte de baptême, quatre fonderont une famille. Deux d’entre eux [dont un ancêtre] épouseront une fille du bourg et tout laisse penser qu’ils y resteront.
Deux autres se marieront avec des enfants de Vincent MINÉ et de Jeanne GARNIER également de la Loge à savoir :

Couple Nicolas MINÉ & Lazare COLLIN

Lazare COLLIN : (femme) [ancêtre] : baptisée : Sacy 27 04 1607, décédée : après le 30 07 1680 (son acte d’inhumation n’est pas dans les registres). Elle a épousé avant octobre 1631 (date de naissance de son premier enfant connu) :
Nicolas MINÉ : [ancêtre], né vers 1608, décédé le 06 mai 1674 et inhumé le même jour à Sacy. Il est fils de Vincent MINÉ et de Jeanne GARNIER de la Loge. Nous reviendrons sur les parents de Nicolas MINÉ.
Le couple Nicolas MINÉ / Lazare COLLIN demeurera à la Loge de Sacy, au moins pendant la naissance des premiers enfants.

De 1631 à 1648, le couple aura sept enfants dont les actes de baptême figurent dans les registres [2 ancêtres].
Cinq formeront une famille et a priori s’installeront dans le bourg de Sacy. Les deux autres ne sont pas revus dans les registres après leur acte de baptême, sans doute décédés jeunes, mais les actes de sépultures sont rares dans les registres à cette époque et ne concernent avant tout ceux qui font établir un testament de dernières volontés auprès du curé, donc des adultes à l’approche de la mort comme l’a fait Jeanne DEGAN.

En 1631 au baptême de Jeanne MINÉ [ancêtre tout comme ses deux maris], fille du couple, la marraine est Jeanne DEGAN fille de René DEGAN écuyer et seigneur ou sieur de Courtenay paroisse de Vermenton, donc les voisins très proches de la Loge. Mais il ne faut pas occulter que Jeanne DEGAN est également marraine d’enfants de Sacy même :

« le second jour doctobre [note : 1631] a este baptizee Jehanne
miné fille de nicolas mine et de lazarde Colin
ses peres et meres assiste de Jean mine et de
noble Damoiselle Jeanne du Gan ses parains et marines
en foy de ce jai signe le iour ci dessus anno
1631 »
Signature du prêtre J caillou. et « J degan ».


– En 1633 au baptême de Henry MINÉ fils du couple, sera parrain un fils de Olivier BÉRAULT propriétaire de la Loge et avocat en parlement qui demeure à Noyers :

« Le vinguitiesme iour du mois et an que dessus [note : décembre 1633]
a esté baptisé henry fils de Nicolas [rature] miné
et Lazare Colin ses pere et mere le parin a
esté Henry [ou Hely] Berault fils de mestre Olivier Berault
et Damoiselle philiberte renard ses pere et mere
touttefois l anfant a esté presante par mestre
Jan Bouiat procureur fiscal de ceste paroisse
a cause du bas age de parin la marene
a este Jane miné fille de Vincent
mine et Janne garnier [note : sœur du père de l’enfant]ses pere et mere »
Signé : Bouiat.


– En 1635 au baptême de Roch MINÉ [ancêtre], autre enfant du couple, les parents sont dits de « la loge crolo ».

« Roch filz de nicolas mine et de lazare
collin
ses peres et mere de la loge Crolo de ceste
paroisse a este baptize le vingt cinquiesme jour
de febvrier mil six cent trente cinq par moy [rature]
estienne leclerc cure de la dicte eglise
assiste de roch mine [note : frère du père de l’enfant] fils de vincent mine [coin de page corné]
de Jehanne collin [note : sœur de la mère de l’enfant], fille de Jehan collin de ceste
paroisse ses parins et marenes lesquels ont dict
ne scavoir signer ». Signé : E Leclerc.


Si les premiers enfants du couple sont bien nés à la Loge, nous n’en savons rien pour les suivants. Rien ne transpire à ce sujet dans les actes paroissiaux.

Et puis il ne faut pas oublier que le 8 août 1642, la Loge change de propriétaire, Olivier BÉRAULT la donne au Collège des Jésuites d’Auxerre. Que se passe-t-il par la suite ? Le couple est-il resté habiter à la Loge ?
Il semblerait que non au vu de l’acte de décès de Nicolas MINÉ qui est qualifié avec sa femme de laboureur à Sacy (1674) et de vigneron à Sacy (1674, 1676) :

« Le 6 May 1674 est decedé Nicolas Mine
vigneron demeurant en ce lieu agé de 66 Ans
ou environ Lequel est decedé apres avoir receu
en bon chrestien tous ses sacrements [en abrégé] et Inhumé
au Cimetiere dudit Lieu, dont les [rature] enfan[coupé à la pliure du registre]
ont promis a Leglise 40 solz et a esté administré et
inhumé par moy soussigne cure »
Signé : Pottier.

Quant à Lazare COLLIN elle est qualifiée de sage-femme à Sacy (1668, 1670, 1680), de laboureur à Sacy avec son mari, de vigneronne à Sacy (1676).
Nous n’avons pas son acte d’inhumation. Omission ou lacune ponctuelle. C’est le chaos dans les registres de ces années. Les actes originaux et copies sont mélangés par feuillets non chronologiques, années également mélangées. Il a fallu établir un inventaire du registre pour s’y retrouver et ne rien omettre.

Lazare COLLIN est décédée après le 30 juillet 1680, date à laquelle en tant que sage-femme, elle requiert le curé pour baptiser un enfant :

« Le 30 [rature] Juillet 1680 est comparu [sic] pardevant moy
Curé sous signé Lazare Collin Sage femme de ce lieu
qui ma requis d administrer le Baptesme a un enfant
appartenant a Edme Callard vigneron de Vermenton et
a [blanc] sa femme estant pour leure [note : l’heure]
audit Sacy …. » 


Couple Jacques COLLIN & Jeanne MINÉ

Jacques COLLIN est baptisé à Sacy le 10 août 1610. Il décède le 23 septembre 1673, qualifié dans l’acte de « pauvre laboureur » , est inhumé le même jour dans le cimetière de Sacy. Il avait épousé Jeanne MINÉ fille de Vincent MINÉ et de Jeanne GARNIER de la Loge.
Jeanne MINÉ a été baptisée le 23 mars 1623 à Sacy. Son acte d’inhumation ne figure pas dans les registres. Son dernier enfant connu a été baptisé à Sacy le 30 septembre 1663.

Leurs parents demeurent à la Loge, et tous deux y sont logiquement nés, leur acte de baptême ne le précisant pas.
Les actes de baptême de neuf enfants du couple figurent dans les registres. Dans aucun d’entre eux il n’est mentionné que les parents sont de la Loge.
L’acte de décès / inhumation de Jacques COLLIN est sans aucune précision, hormis son âge et la mention de « pauvre laboureur ». Comment faut-il entendre ce mot « pauvre » ? Matériellement ou bien par les malheurs de sa vie ?
En effet, sur les neuf enfants recensés, seule l’aînée Marie COLLIN née en 1641 avant qu’Olivier BÉRAULT ne se sépare de la Loge, fondera une famille. Les autres enfants ne réapparaîtront pas dans les registres, certainement décédés jeunes.

Il faut cependant noter deux détails :
– Au baptême en 1660 de François COLLIN, 8è enfant du couple COLLIN / MINÉ, est parrain François DONDAINE (ca 1620-1700) qualifié dans d’autres actes de laboureur aux métairies du Bois l’Abbé (dépendantes de Lichères et proches de la Loge) et finalement en 1700 de métayer du Bois l’Abbé. Il n’est autre que le frère de Edme DONDAINE, dont les actes familiaux déterminent que venant de Lichères (près-Aigremont), il est arrivé à la Loge, entre 1658 et 1665 pour prendre les fonction d’amodiateur et « recepveur » de la Loge. Il y était donc déjà certainement en 1660.

– Marie COLLIN, première fille du couple, est mariée à Jean GAUTHIER (descend-il des GAUTHIER de Sacy demeurant pour le travail cher Monsieur DEGAN Seigneur de Courtenay proche la Loge ?) . Le 22 août 1663 leur fille Anne GAUTHIER est baptisée à Vermenton. Pourquoi Vermenton et pas Sacy ? La raison n’est pas évoquée dans cet acte en très mauvais état, un tiers à droite est déchiré. Le curé de Vermenton, Germain GALLET était capable du meilleur comme du pire, mais il avait pris l’excellente habitude d’indiquer en marge le lieu de domicile des parents, et ici il est indiqué « de la Loge ».
Cela voudrait-il dire que Jacques COLLIN père de Marie, décédé en 1673 demeurait toujours à la Loge ?

Après ces deux couples de la branche COLLIN mariés à des MINÉ, remontons le temps d’une génération pour nous retrouver au même niveau générationnel que le premier couple étudié Jean COLLIN / Philiberte TILLIEN

Couple Vincent MINÉ & Jeanne GARNIER

Ils sont comme il a été vu précédemment, les parents de Nicolas MINÉ marié à Lazare COLLIN et de Jeanne MINÉ mariée à Jacques COLLIN.

Vincent MINÉ [ancêtre] a été baptisé à Sacy le 06 novembre 1577, fils de Mathieu MINÉ et de Léonarde ROY. Dans son acte de baptême en latin les nom et prénom de sa mère ne sont même pas indiqués.
Vincent MINÉ décédera après le 12 septembre 1644. Il avait épousé avant 1605 (date de naissance de leur premier enfant connu Jeanne GARNIER [ancêtre].
Jeanne GARNIER : Nous en savons peu sur elle, sinon qu’elle est décédée après le 04 juin 1628, date à laquelle est baptisée sa dernière fille connue.
Jean GARNIER marié à Barbe ROSSIGNOL est très certainement son frère. Tous deux seront parrain et marraine d’enfants de Vincent MINÉ et de Jeanne GARNIER, et ils auront des enfants dans la même période qu’eux.
L’étude des actes a permis d’identifier son père Joseph GARNIER, mort a priori après 1606.

Les registres permettent d’attribuer au couple MINÉ / GARNIER neuf enfants nés de 1605 à 1628 [2 ancêtres].
Seuls deux d’entre eux n’ont pas leur acte de baptême dans les registres, sans doute pour cause de lacune. Cela peut aussi être un oubli, cela arrive. Un curé de Sacy en était spécialiste.
Ces deux fils MINÉ ont été identifiés comme enfants de Vincent MINÉ et Marthe GARNIER par l’étude des parrains et marraines de leurs enfants, et inversement, de qui ils étaient parrain (ou de qui leur femme le cas échéant était marraine), ainsi qu’au vu de leur date de naissance calculée par un âge mentionné dans un acte, souvent celui du décès, et voir quels couples MINÉ avaient des enfants. à cette date. Pour cela le relevé exhaustif des actes est nécessaire.

Pour aucun de ces enfants, il n’est fait mention de la Loge dans leur acte de baptême.
Cependant en 1628, au baptême de leur fille Philiberte MINÉ, est marraine « damoiselle philiberde regnard femme de noble homme Olivier berault advocat en parlement » Olivier BÉRAULT n’est autre que le propriétaire de la Loge. Il faut cependant mentionner que ladite REGNARD (RENARD) est également marraine d’autres enfants de Sacy.

En 1615 lorsque Mathieu MINÉ père de Vincent, juste avant de mourir, dicte ses dernière volontés au curé, il n’est pas fait mention non plus de la Loge.

Le 24 aôut 1639, 15 jours avant de mourir, Jeanne DEGAN fille et femme des Seigneurs de Courtenay en Vermenton, dicte ses dernières volontés auprès du curé de Sacy rendu sur place. Parmi les témoins « 
es presence de Vincent mine demeurant a la loge » son proche voisin, qui ne sait pas signer.
A l’évidence, ce témoin de Jeanne DEGAN n’est pas un simple manouvrier de la Loge. Vincent MINÉ en est certainement la plus haute autorité y demeurant, donc le métayer d’Olivier BÉRAULT de Noyers.

Avant 1605 avec la baptême de Jean COLLIN, il n’est plus fait mention de la Loge. Vincent MINÉ est-il né à la Loge ? On ne le saura jamais. Mais il y a une question fondamentale à laquelle il faudrait pouvoir répondre :

Depuis quand existe cette métairie de la Loge de Sacy ?

Nous avons des témoignages dans les archives de l’existence de métairies au Moyen-Age [1]. Mais nombre d’entre elles ont été établies après la Guerre de Cent Ans, et sont d’époque Renaissance dont François 1er est le symbole de cette période en France. Rappelons que les registres paroissiaux de Sacy qui nous sont parvenus, débutent en 1538, des actes de baptêmes uniquement. Mathieu MINÉ est né vers 1543 selon son âge au décès.
L’examen des documents référencés par les Archives Départementales de L’Yonne sur la Loge de Sacy, ne débutent qu’au 18è siècle avec des plans des lieux, et le Cartulaire de l’Yonne ne cite pas la Loge de Sacy.
Nous ne savons pas non plus depuis Claude BÉRAULT père d’Olivier est propriétaire de la Loge.

Il ne sera plus question de mention la Loge avec les enfants de Vincent MINÉ et leur famille. Tous sont dits de Sacy dans les actes. Mais mais nous avons vu précédemment que ses enfants Nicolas et Jeanne MINÉ mariés aux COLLIN pouvaient être rattachés à la Loge.
Le nom de MINÉ réapparaîtra à la Loge quand Pierre MINÉ [ancêtre] (1653-1694), petit-fils de Vincent MINÉ et fils de Jean MINÉ (1616-1676) & de Jeanne COLLINET (1621-1679), laboureur de Sacy épousera en 1677 Anne DONDAINE [ancêtre] (vers 1658-1721) fille de Edme DONDAINE, amodiateur et receveur de la métairie de la Loge. Edme DONDAINE étant mort, Pierre MINÉ, de laboureur à la Loge, sera qualifié par la suite, de fermier ou métais dudit lieu.
Au décès de Pierre MINÉ, sa veuve épousera Pierre BOUTELAT (1671-1743), arrière petit-fils de Vincent MINÉ par sa fille Marie. MINÉ. C’était l’époque où un neveu pouvait être plus âgé que son oncle, les femmes ayant des enfants sur plus de vingt ans.

Le constat que nous retenons de ce qui précède, durant cette longue période où les actes n’indiquent pas le lieu du domicile des gens, est qu’il est difficile de savoir qui est resté à la Loge et qui en est parti. La population de la Loge s’accroissant, il est de toute façon impossible pour tous d’y rester. Et y rester ne veut pas dire y rester toute sa vie, et il faut prendre en compte les conjoints originaires du bourg même. D’autre part, il n’est pas certain que le changement de propriétaire de la Loge en 1642 ait eu une incidence réelle sur la gestion du domaine et ses habitants. Nous n’y voyons pas de nouveaux arrivants hormis le cas du couple GAUTHIER / COLLIN dit de la Loge en 1663 suite au baptême de leur fils Jean GAUTHIER. le 22 août 1663 à Vermenton (voir plus haut). Ce qui veut bien dire que cette carence de renseignements était bien le fait des curés de Sacy. Nous avons là deux générations où il est devenu impossible de localiser les gens via les actes.

On ne peut terminer ce chapitre sans parler des parents de Vincent MINÉ.

Couple Mathieu MINÉ & Léonarde ROY

Mathieu MINÉ : Il est né vers 1543 sous le règne de François 1er (1494-1547), Roi de France de 1515 à 1547. Nous sommes là à 5 ans de la première année représentée dans les registres de Sacy qui nous sont parvenus. Son acte de baptême n’y est pas. Il y a des lacunes, mais surtout il faut savoir que le premier baptême enregistré à Sacy d’un MINÉ date de 1571 (Loup MINÉ fils de Loup et de Estiennette). Rien de 1538 à 1571 ce qui pourrait vouloir dire que les MINÉ viennent d’une autre paroisse.
Il a épousé avant 1577 (date de baptême de son fils Vincent) :
Léonarde ROY : Nous ne savons rien d’elle, sinon qu’elle était présente lorsque le 07 août 1615 son mari dicte ses dernières volontés au curé de Sacy juste avant de mourir.
Du relevé de tous les actes paroissiaux de Sacy (1538 à 1792), il appert qu’aucun baptême au nom de ROY n’y figure. Il y a bien une Germaine ROY marraine en 1614, une Marie ROY marraine en 1624 sans autres renseignement les concernant. Ces dates sont de la même période que celle de Léonarde ROY qui est certainement originaire aussi d’une autre paroisse.
Le testament entre autres, permet d’attribuer trois enfants au couple.
Vincent MINÉ [ancêtre] dont il a été question plus haut.
Jean MINÉ dont nous ne savons rien, rien ne permet de le rattacher à une épouse, tant est qu’il se soit marié.
Perrette MINÉ [ancêtre], née avant 1588, décédée après avril 1643. Elle a épousé avant septembre 1608 Léonard NOLIN / NAULIN [ancêtre] du Val-du-Puits de Sacy, né avant 1588 et décédé avant mars 1636. Il est présent lors du testament de son beau-père.
Le curé qui rédige ce testament n’est pas le même que celui qui en 1639 a recueilli les dernières volontés de Jeanne DEGAN. Ici il n’est nullement fait mention de la Loge.

Testament et décès de Mathieu MINÉ :

« In nomine [en abrégé] domini [en abrégé) amen
Le vendredi septiesme jour du moys d’Aoust 1615 Mathieu
mine
age de soixante et douze ans ou environ apres avoir
este administre des sacrementz de nre [notre] mere Ste Esglise a faict
son testament de derniere volonte a la forme et maniere qui
sensuit premierement recommander son ame a Dieu et ce
la separation faicte de son ame dans son corps veult
et entend estre Inhume en terre saincte au cymytyere de
Sacy proche ses parents son corps estre conduict par son cure
ou aultre pbr [prêtre] luy chantant vigilles a notte avec les suffrages
accoustumes deux grandes messes et six petites avec
vigilles offrans pain et vin aux grandes messes par les
parens et executeurs [note : testamentaires] Item ung libera sur sa sepulture
deux mois par chacun dimanche offran aussy pain par led
parens chascun desdits dimanches selon la coustume du pays
dont les parens et executans sont tombe daccord avec moy
Item et donne cinq sollz a lesglise et cinq solz aux flambaux
Item aux lampes de ladite esglise une choppine dhuylle et
[2 mots non compris] parfaire son testament a ordonne leonarde Roy sa
femme avec ses enfans Vincenz mine Jhan mine et
leonard naulin
qui ont promis 2 satisfaire ausquelz led Mine
testateur a subz suin tous et ung chascun en biens meubles
et immeubles et teres [?] est decede et Inhume led vendedy
7e jour dud moys et an en pnce [présence] des susd [susdits] et [2 mots non compris]
et aultres tesmoings led jour et an que dessus »
Signé : « P Sajat, Muteley [note : curé de Sacy].

– ajout d’une mention en bas du testament :

« led testament a este par
moy cure soubz signe
execute et en suis [?]
satisfaict par leurs serviteurs
au moys de novembre aud an 1615″
Signé : Muteley.



[1] Confirmation par Milon de Noyers de la donation faite à l’abbaye par son aïeul du même nom, et son frère Clairembaut, des métairies de Villiers et d’Aigremont. – 1231

Anne BOURDILLAT

Anne BOURDILLAT

Rétif de la Bretonne  » Monsieur Nicolas – (Mon calendrier – 31 janvier 1750) « 

Identification de Anne BOURDILLAT

Anne est la sœur de Marguerite BOURDILLAT également commémorée par Rétif qui la prénomme Marthe-Marguerite.

Anne BOURDILLAT est née à Sacy (Yonne) le 7 novembre 1738.
Elle est la fille de Étienne BOUDILLAT (1705-1764), couvreur à Sacy et de Marthe GARNIER (1708-1782), troisième d’une fratrie de dix enfants dont seulement trois parviendront à l’âge adulte et auront une descendance. Les autres sont morts dès les premiers mois, sinon dans les toutes premières années de leur vie.

« Le sept novembre mil six cent trente huit nous Curé de Sacy
avons baptisé Anne fille d’Etienne Bourdillat et de Marthe
Garnier
ses pere et mere née le meme jour en legitime
mariage laquelle a eut pour parain Guillaume [ratures] Billout
et pour marainne Anne Rameau qui ont signé »

(Suivent les signatures)


À Sacy, elle n’est connue dans les registres que par son acte de baptême. Nous n’avons rien d’autre à son sujet.

Rétif de la Bretonne la célèbre sur son calendrier le 31 janvier 1750. Elle n’avait pas encore 12 ans, et il songeait déjà à elle comme épouse.
Si on l’en croit, Anne BOURDILLAT avait failli devenir sa belle-sœur. Mais son frère Pierre RÉTIF a épousé en 1765 Françoise PIOCHOT (Fanchon).

Si Anne avait épousé quelqu’un d’une autre paroisse, le mariage aurait été célébré a priori, comme il était coutumier de le faire, dans la paroisse de la femme, donc à Sacy. Les relevés Geneanet et la mise en ligne d’arbres généalogiques par d’éventuels descendants nous auraient renseignés si le mariage avait eu lieu dans une autre paroisse.

Restait la piste parisienne. Déjà à cette époque nombre de gens montaient sur Paris. Nous avons quelques exemples pour Sacy, le plus connu étant justement Rétif de la Bretonne.

L’examen des généalogies parisiennes sur Geneanet n’a rien apporté. Celui de relevés Geneanet d’actes notariés a mis en évidence le contrat de mariage en 1762 d’une Anne BOURDILLAT d’avec Louis PASQUES qui pouvait correspondre. Mais les filiations ne sont pas indiquées, il faut pour cela se rendre à la Bibliothèque Nationale pour visualiser l’acte même.

La poursuite des recherches permettait de découvrir le relevé d’un procès-verbal de découverte du cadavre d’un noyé qui avait été transporté à la basse geôle du Châtelet. Le corps a été identifié comme étant celui de Louis PASQUES veuf de Anne BOURDILLAT. Son âge le faisait naître vers 1737.

Les recherches se sont poursuivies dans le fichier alphabétique en ligne des actes de décès reconstitués (3 millions d’actes de naissances, mariages et décès reconstitués sur les 8 millions qui se sont consumés lors de l’incendie de l’Hôtel de Ville de Paris sous la Commune en mai 1871), déterminer les Anne BOURDILLAT dont la date de décès pouvait correspondre, puis consulter les liasses par dates de décès.

L’acte de décès de notre Anne BOURDILLAT faisait partie des actes reconstitués. Elle était dite femme de Louis PASQUES et native de Sacy dans l’Yonne (il existe plusieurs Sacy en France). Son âge au décès la fait naître vers 1739. Anne exerçait la profession de sage-femme et est décédée en son domicile 8 rue de Thionville à Paris 19è actuel, anciennement 11è.


Transcription de son acte de décès reconstitué :

« RECONSTITUTION
DES ACTES DE L’ÉTAT CIVIL DE PARIS

Expédition délivrée sur papier libre, en exécution de la loi du 12 février 1872,
par Me Meunié Notaire à Paris
soussigné, le [non renseigné] mil huit cent soixante, d’une Copie
authentique d’acte de Décès annexée à la minute, étant en sa possession,
d’une Notoriété reçue le quinze Germinal
an sept [note : 04 04 1799] par Me Boursier

Extrait des registres des actes de Décès.
Du vingt six thermidor an six de la République [note : 13 08 1798]
Acte de décès de Anne Bourdillat sage femme
agée de cinquante neuf ans native de Sacy département de
l’Yonne, domiciliée à Paris rue de Thionville N°8, Division
du théatre Français mariée à Louis Pasques, decédée
cejourd’hui à onze heures et demie du matin demeure susdite
Sur la déclaration faite par les témoins dénommés au registre
qui ont signé avec L.M. Gauthier officier public.
Collationné par moi soussigné officier public de
l’état civil pour le onzieme arrondissement de Paris.
Signé : Merigot.

Délivré par moi secrétaire en chef le présent extrait pour
lequel il a été payé un franc, compris le timbre.
A Paris, le vingt neuf frimaire de l’an sept [note : 19 12 1798] de la
République française une et indivisible.
Signé illisiblement
Expedie et collationné.
Signé meunié »


Transcription de la copie du procès-verbal de constations et d’identification du corps de Louis PASQUES :

« L’an huit de la République 
française une et indivisible et le lundi trois
Germinal [note : 24 03 1800] dix heures du matin Pardevant nous
Jean Le Sévre, Juge de Paix et officier de Police
Judiciaire du Canton de Paris Division du museum,
assisté de François philippe Bemage nôtre Secretaire
Greffier

Sont Comparus
Eustache Claude Pasques, marchand fruitier
demeurant à paris rue de thionville n°8 Division
du theâtre Français,
Pierre Nicolas Francois Poulain, fourbisseur
demeurant à paris rue thibaut a Dée n°11 [note : rue Thibaud au dé n’existe plus]
Et Paschal Bossu, marchand de vin, demeurant
à Paris rue de Thionville n°8
Lesquels nous ont requis de nous transporter
avec eux à la Basse Geole du cidevant Chatelet
à l’effet de reconnoître un cadavre masculin qui y
est deposé et qu’ils presument être celui de Louis
Pasques, ancien fourbisseur, natif de Paris, agé de
soixante trois ans, veuf d’anne Bourdillat, domiciliée
à Paris rue Pierre Sarazin n°5 qui est disparu depuis
le trente pluviose dernier [note : 19 02 1800] et ont signé, ainsi signé à
la minutte des présentes Pasques, Poulain, Bossu,
Au quel requisitoire obtentemperant
nous Juge de Paix dusdit nous sommes transportés
avec les susnommés à la basse geole du cidevant Chatelet, ou
Etant nous avons trouvé le citoyen Daude concierge et
Greffier de la dite geole que nous avons requis d’en
faire ouverture et de nous donner les renseignements
qui sont à sa connoissance concernant ledit cadavre,
à quoi obtemperant ledit Daude nous a dit que ledit
cadavre a été déposé à la dite Geole le jour d’hyer
en conséquence d’un ordre du Juge de Paix de la Division
des invalides en datte du même jour portant que le dit
cadavre a été trouvé noyé dans la rivière de Seine près
Le gros Caillou, qui avoit sur lui une chemise marquée
L.P. Une redingotte de draps bleu a collet rouge,
Un gilet de velours de côton rayé, une culotte de velours
de coton et une paire de bas de laine à côtes
couleur brune, les quels effets ledit Daude a representés,
Et à l’instant les témoins susnommés ont déclaré
quils reconnoissent ledit cadavre pour être celui dudit Louis
Pasques cidevant nommé quil connoissaient parfaitement
de son vivant particulierement ledit Eustache Claude Pasques
comme Etant son Pere, quils reconnoissent egalement les
effets représentés pour lui appartenir.
Et de tout ce que dessus nous avons donné acte
et dressé le présent Procès Verbal que les dits témoins et
le dit Daude, après en avoir entendu lecture ont
signé avec nous et nôtre secretaire greffier lesdits
jour et an que dessus, ainsi signé à la minutte en
présentes, Pasques, Poulain, Bossu, Daude, Le Sévre,
Juge de Paix, Bernage Secretaire Greffier.

Pour expedition [signature] Bernage
Enregistré [en abrégé] a Paris le 4 Germinal
an 8 [note : 25 03 1800] Recu un f 10 [1 f [note : franc] 10 [note : centimes?]mot non compris].C.
Suit une signature. »


Note : L’hypothèse du suicide peut être envisagée.

La poursuite des recherches a permis de relever trois enfants du couple. Il peut y en avoir d’autres dont les actes n’ont pas été reconstitués, et nombre d’actes de décès de personnes mariées sont sans filiation.
Thomas PASQUES né le 10 septembre 1763 à Paris 06.
Eustache Claude PASQUES tailleur puis marchand fruitier, né le 17 mai 1766 à Paris 06, marié à Suzanne BOSSU le 07 février 1789 paroisse Notre-Dame de Versaielles, dont enfants.
Marie Catherine PASQUES née le 01 mars 1773 à Paris 06, où elle est décédée le 18 décemebre 1836. Elle avait épousé à Paris 06 Jean François LELANDAIS imprimeur.

De nos jours, existent des descendants du couple PASQUES / BOURDILLAT, via le couple LELANDAIS / PASQUES, comme en témoigne un seul arbre mis en ligne sur Geneanet dont la branche ne remonte pas au-delà de dudit couple.

Marie-Jeanne Carré-Lévêque citée dans le texte est célébrée dans le calendrier de l’auteur et fera l’objet d’un article.






(1) La Loge Croulot de Sacy. Synthèse des Recherches

(1) La Loge Croulot de Sacy. Synthèse des Recherches

Quand la généalogie vous lie dans les registres presque trois siècles à la Loge de Sacy – et peut-être bien plus si les actes paroissiaux qui nous sont parvenus avaient été correctement renseignés par les prêtres, à supposer évidemment qu’elle existât déjà – cette métairie devient un centre d’intérêt où gravitent certaines familles que l’on peut ainsi reconstituer et y localiser certains membres lorsqu’aucun acte ne le précise.
Ces familles de la Loge, initialement non apparentées et appartenant à des milieux sociaux divers (amodiateur, employés, métayers), à l’issue de presque trois siècles, ont fini par se lier, et leurs descendants en sont la résultante. Les recherches sur les autres habitants de cette métairie ont permis en outre de compléter la généalogie familiale. On apprend en effet souvent beaucoup plus par les renseignements complémentaires que par les actes eux-mêmes.

La Loge de Sacy était à l’origine une métairie, terme employé quand les propriétaires n’en étaient pas les exploitants et d’ailleurs n’y vivaient pas. Elle prend l’appellation ferme quand les propriétaires en deviennent les exploitants. C’est le cas également ailleurs. Edme RÉTIF, père de Rétif de la Bretonne, acquiert la métairie de la Bretonne en 1740. Le propriétaire était de Vermenton. La famille RÉTIF ne vient l’habiter qu’en 1742 : « 1742-J’avais huit ans, lorsque mon père quitta la maison de la porte Là-bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat, pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier » [Monsieur Nicolas].

Quant à la Loge, les actes le plus souvent la désignent par « la Loge ». En 1605 « la loge ». En 1635 « la loge Crolo ».
Le 24 août 1639, Vincent MINÉ (baptisé à Sacy le 6 novembre 1577), demeurant à « la loge » est présent lors de l’enregistrement du testament de Jeanne DEGAN à Courtenay, hameau de Vermenton, sis à 550 mètres de la Loge. Cette découverte récente, faite lors du déchiffrement (euphémisme) dudit testament, nous apprend donc que les MINÉ en la personne de Vincent, étaient déjà à la Loge à cette date, et si on tient compte de la suite et du rang qui doit être le sien le faisant l’un des témoins des dernières volontés de Jeanne DEGAN, il devait être le métayer de la Loge. La suite est que son petit-fils Pierre MINÉ (1653-1694) et arrière-petit-fils Pierre BOUTELAT (1671-1743) ont été les métayers de la Loge : ils avaient épousé Anne DONDAINE (ca 1658-1721) la fille de Edme, l’amodiateur et receveur des terres de la Loge.
Dans un acte paroissial du 20 février 1670, il est fait mention de la « Metairie de la loge »
En 1677 deux actes paroissiaux désignent le lieu par « la Loge Crouslot ». Puis ce sera sur des plans cadastraux du début du 18è siècle que cette appellation se rencontrera avec des variantes orthographiques. L’appellation disparaîtra par la suite et il ne restera que « la Loge ».

Deux problèmes se sont posés pour ces recherches :
D’abord les propriétaires de la Loge ne sont jamais nommés en tant que tels dans les actes paroissiaux. Et c’est souvent le même cas ailleurs, la métairie de la Femme Morte à Vermenton par exemple et bien d’autres.
Ensuite, ce problème maintes fois soulevé, est que dans les actes, la paroisse de Sacy est sous-entendue dans sa globalité. Le même problème se rencontre ailleurs et également après la révolution. Il n’est pas toujours fait mention du lieu de domicile des gens cités. Ainsi, la population du Val-du-Puits de Sacy étant bien supérieure à celle de la Loge, proportionnellement il y a plus d’actes qui indiquent parfois que certains habitants demeurent dans ce hameau, et ces quelques actes permettent d’y localiser leur famille.
Le problème s’est nettement aggravé de nos jours, car il n’est plus question de hameaux ou lieux-dits d’une paroisse ou d’une commune, mais de communes associées ou communes nouvelles. Pour des raisons économiques, des communes ont été absorbées par d’autres. Essert en 1972 est devenu Lucy-sur-Cure et administrativement n’a plus aucune existence. Ainsi les personnes qui y décèdent (sauf accident plus personne ne naît dans les villages) sont déclarées décédées à Lucy-Sur-Cure dans le fichier de l’INSEE. Seule leur tombe à Essert permettra de localiser le décès à Essert le cas échéant, puisque l’acte de décès même ne nous est pas accessible dans des temps proches (40 ans pour Paris, 100 ans pour l’Yonne dans les Archives en ligne). De plus, les registres paroissiaux et d’état-civil d’Essert en ligne ont été intégrés à ceux de Lucy-sur-Cure, et de nombreuses erreurs sont commises dans les généalogies, indiquant les lieux des actes à Lucy-sur-Cure alors qu’il s’agit des registres d’Essert. Ce n’est quand même pas pareil !
Il en est de même pour Sacy devenu en 2015 Vermenton !
Ainsi les gens de Sacy deviennent les Vermentonnais (source : Wikipedia).
Ainsi les personnes décédées à Sacy sont enregistrées comme décédées à Vermenton. Ils sont inhumés dans le cimetière de Vermenton à Sacy !
Ainsi la fondation du patrimoine, pour la nouvelle cloche et autres travaux, fera un appel aux dons pour l’église de Vermenton à Sacy !
N’est pas loin le temps où il sera écrit que Rétif de la Bretonne est né à Vermenton.
Ainsi, devrions-nous dorénavant parler de la Loge de Vermenton. Était-ce prémonitoire quand il y a deux générations les plaques des colliers des chiens de chasse de la Loge étaient gravées à « La loge Vermenton » ?
Bref, ce sujet a amplement été développé dans un autre article. Revenons à la Loge.

En remontant le temps et en fonction des quelques très rares renseignements que pouvaient contenir certains actes, il a fallu formuler des hypothèses qui restaient valables tant que rien ne venait les contredire, tout comme en sciences, afin tenter de déterminer qui était propriétaire de la Loge.

La métairie de la Loge de Sacy est située sur un « plateau » peut-on dire, en limite de trois autres paroisses, maintenant de quatre communes qui sont Vermenton, Saint-Cyr les Colons, Lichères-près-Aigremont et Nitry. Avant la Révolution Lichères était paroisse de Nitry et leur Seigneur était l’Abbé de Molesme.

En règle générale, les métairies étaient implantées soit en limite des terres de la paroisse soit en sortie du village comme celle de la Bretonne à Sacy.
Ainsi il y avait par exemple la métairie de la Femme Morte à Vermenton à la limite des terres de Sacy et d’Essert. Il y avait à Essert une métairie appartenant aux religieux de Reigny. Il y avait aussi une métairie au Val-du-Puits de Sacy.
Cela est encore plus parlant avec Nitry et ses métairies, celle de Grille en limite des terres de Lichères-près-Aigremont, celle de Vormes en limite des terres de Sacy, celle de Noiret en limite des terres de Noyers et celle non nommée à la sortie de Nitry en direction de Joux-la-Ville. Il y en avait d’autres qui ont disparu, comme ont disparu celles de la Femme Morte et celle d’Essert. Il y avait même une métairie de la Loge à Nitry qui n’existe plus.

Ce « plateau » donne sur des vallées, au Sud celle des Fontaines qui descend à Sacy, à L’Ouest celle qui descend vers Vermenton, au Nord de Saint-Cyr les Colons une vallée qui mène à Saint-Bris-le-Vineux, au Nord-Est de Lichères une vallée qui mène en direction d’Auxerre et bien au Sud de Nitry cette grande descente vers Joux-la-Ville qui rejoint Sacy par une autre vallée, la route actuelle Sacy-Joux.

À 550 mètres de la Loge se situe le hameau de Courtenay dépendant de Vermenton. Jeanne DEGAN / DE GAN, fille de René écuyer et Seigneur de Courtenay, est souvent marraine à Sacy. Elle l’est aussi pour des enfants nés à la Loge et en 1624 pour la bénédiction de la petite cloche à sonner la passion, le parrain n’étant autre que Olivier BÉRAULT qui s’avérera être à l’époque le propriétaire de la Loge. Jeanne DEGAN a été enterrée dans l’église de Sacy à Vermenton, devrions-nous dire dorénavant, en 1639. Un article lui est consacré.
Très proches de la Loge sont les métairies du Bois-l’Abbé sur les terres de Lichères paroisse de Nitry. Il ne reste qu’un bâtiment de nos jours. Les autres sont en ruines. François DONDAINE (ca 1620-1700), métayer du Bois-L’Abbé est le frère de Edme DONDAINE (ca 1619-1679) originaire de Lichères qui sera amodiateur et receveur des terres de la Loge de Sacy de 1661/1665 à 1679 date de son décès.
Un peu plus loin au Nord-Ouest, à un peu plus de 2 km en ligne droite de la Loge est implanté le hameau de Vau-Germain (les Vaux Germains sur les vieux actes) dépendant de Saint-Cyr-les Colons.

La Loge, carte d’état-major 1820-1866 :

La progression des recherches se résume comme suit :
En remontant le cours du temps dans le cadre de la généalogie familiale, les recherches nous amènent aisément à Edme DONDAINE (ca 1619-La Loge 1679), déjà cité, qualifié d’amodiateur et receveur des terre de la Loge, charge qu’il occupe entre 1661 & 1665. Mais aucun acte n’en indique le propriétaire. Son frère François est métayer au Bois-l’Abbé de Lichères et son autre frère Léonard est à l’origine des DONDAINE de Sacy où il exerce la profession de maréchal. La famille DONDAINE vient de Lichères mais n’y est pas y originaire. Le sujet a été traité dans un autre article, celui de Edme RÉTIF, père de l’écrivain.

Avant Edme DONDAINE, les curés se précèdent sans citer la Loge pendant près d’un demi-siècle. Le testament de Jeanne DEGAN déchiffré récemment réduit ce temps à plus de deux décennies, mais il n’en demeure pas moins que les baptêmes et autres actes n’indiquent plus la Loge pendant une cinquantaine d’années.
Le 29 octobre 1616, la Loge réapparaît dans nos recherches dans un acte testamentaire établi par le curé de Sacy pour Jean DROIN, un habitant de Sacy qui demeure « a la methairie de monsr de Gan pres la loge ». René DEGAN est le Seigneur de Courtenay cité plus haut. Jeanne DEGAN est sa fille.
Enfin le 06 septembre 1605 est baptisé à l’église de Sacy « Jhan Colin fils Jhan et Philiberte Tillin demeurant à la loge »
La Loge n’apparaîtra plus dans les actes avant cette date. Le registres de Sacy remontent, avec malheureusement de grandes lacunes, un an avant l’édit de 1639 de Villers-Cotterets de François 1er [1]. La Loge donc, a priori n’est plus citée avant 1605. Les actes en latin sont réduits à leur plus simple expression. Aucun zèle de la part des prêtres qui ne signent même pas.

Edme DONDAINE décède à la Loge en 1679 après avoir fait son testament auprès de Guillaume BOUJAT, Lieutenant de Sacy dans les Croix, à savoir Lieutenant de Sacy pour le Commandeur d’Auxerre de l’Ordre de Malte (ex Ordre des Hospitaliers), Seigneur en partie de Sacy (l’autre Seigneur à cette époque est l’Évêque d’Auxerre et son Chapitre) dite Justice de Sacy hors les Croix.
Le fait qu’il ait fait appel au Lieutenant du Commandeur pour établir ce testament a fait supposer que la Terre de la Loge relevait de l’Ordre de Malte du Saulce d’Auxerre, peut-être même propriétaire. La suite des recherches montrera que l’Ordre n’en est pas propriétaire et que rien n’indique que la Loge relevait de la seigneurie de l’Ordre, ni de celle de l’Évêque d’Auxerre et son Chapitre.
Peut-être la Loge était-elle une Terre de franc-aleu roturier (également franc alleu) et ne relevait donc d’aucun seigneur [2]
Tout cela est compliqué. Que penser de ces baux des revenus de la terre de Sacy-hors-les-Croix, indivise entre le chapitre et l’évêque d’Auxerre en 1584, à Claude BÉRAULT, pour 500 livres ? Il n’est pas précisé si ce sont les terres de la Loge ou autres, mais Claude BÉRAULT que l’on trouve parfois qualifié de Seigneur de la Loge, n’est autre que le père de Olivier dont il a été question plus haut.

Les recherches auprès des Archives en ligne de l’Yonne, permettent de découvrir quelques plans de la Loge, et d’apprendre qu’un bornage à la demande des gens de Sacy en 1724 y a été effectué par Simon MARAT, arpenteur de Noyers « des terres, brossailles et bruaires faisant parthye d’un domaine proche ledict Sacy tenant du nord a lorrient aux terres et finage dudict lieu vulgairement dict la loge Croulot ».

Le premier plan cadastral que nous avons des terres de la Loge est de 1724, date à laquelle le Collège des Jésuites d’Auxerre en est dit propriétaire. D’autres plans ont été établis par la suite courant 18è siècle qui confirment cette propriété.

Certains éléments portés à notre connaissance et les questions qui s’en sont suivies ont permis de formuler des hypothèses qui se sont révélées vraies pour certaines, fausses pour d’autres :
Pourquoi n’y a-t-il pas de plans avant 1724 ? Peut-être simplement parce que les Jésuites n’en étaient pas propriétaires (ce qui était faux) et que ce bornage de 1724 semble résulter d’un différent d’avec les gens de Sacy (ce qui est vrai). La supposition « nouveau propriétaire, nouveau bornage » était également fausse.
L’Ordre des Jésuites n’existant que depuis 1540, il ne pouvait en être propriétaire avant cette date. (Cela ne peut qu’être vrai, ils n’ont pas tardé et en sont propriétaires depuis août 1642).
Le testament de Edme DONDAINE ayant été recueilli par le Lieutenant de l’Ordre de Malte, semblait déterminer que l’Ordre était propriétaire de la Loge. (faux, on ne sait même pas si la Loge relevait de l’Ordre, de l’Évêque d’Auxerre et son Chapitre, ou était une terre de franc-aleu).
Ajouté à cela un une longue période à partir de 1722 où la Loge n’est plus citée dans les actes. Pierre BOUTELAT, fermier de la Loge s’étant remarié à cette date avec une veuve de Nitry, Marguerite PETIT. Il est qualifié dans l’acte de laboureur demeurant à la métairie de la Loge. Sa femme décède en 1731 à Saint-Cyr-les-Colons d’où elle est originaire. Pierre BOUTELAT y décédera en 1743. Donc en 1731 et avant, le couple demeurait a priori à Saint-Cyr.
Ce départ de Pierre BOUTELAT de la Loge semblait confirmer l’hypothèse du changement récent de propriétaire de la métairie ce qui était faux. Nous ne lui connaissons qu’une fille née de son premier mariage d’avec Anne DONDAINE et qui épouse en 1713 à Sacy Simon PETIT de Saint-Cyr. L’absence de fils pour reprendre la métairie, lui-même vieillissant explique plus certainement son départ de la Loge.
Entre 1739 et 1741, Edme CARRÉ, venant avec femme, enfants de Oudun hameau de Joux-la-ville où il est laboureur débarque à la Loge pour y prendre la fonction de métais.

La Loge, carte de Cassigny vers 1750 :

Il aura fallu torturer pendant une longue période le moteur de recherches internet, varier les questions, poser inlassablement les mêmes, pour qu’un jour, finalement sorte un document [3] indiquant que :
« Le 8 Août 1642, donation faite par le Sieur Olivier Berault Avocat, en faveur du Collège [note : des Jésuite d’Auxerre], pour en augmenter le revenu, d’une Métairie sise à la Loge Paroisse de Sacy, à cinq lieues d’Auxerre ». Notons que sous la dénomination « d’une métairie », il s’agit de la Métairie de la Loge.
L’Ordre de Malte est en décadence contrairement à celui des Jésuites qui acquièrent de nouvelles terres, placement financier de l’époque. Ainsi « Les ci-devant, soi-disans Jésuites ont acquis à Sacy de la veuve Perriere, par contrat du 19 Février 1664, un arpent de vignes, moyennant 110 liv. » Les de la PERRIÈRE, originaire de Lichères, sont les successeurs des DEGAN & TOUTEFAIRE à Courtenay [3]. A noter l’appellation des « soi-disant Jésuites », l’expression était utilisée pour les huguenots « la soi-disant religion réformée ».

Avant de terminer ce premier volet sur la Loge de Sacy, il serait pertinent de déterminer ce que signifient ou peuvent signifier le mot « Loge » ainsi que celui de « Coslot ou Crouslot ».

Pour Loge, c’est finalement facile. De très nombreux lieux en France sont composés de ce mot. Nombre de fermes aussi.
Le mot viendrait du vieux-francique, langue originelle des Francs saliens (Clovis) « laubia » ou « laubja » qui est abri de feuillages, et par extension dans le temps, une hutte, une petite cabane ou un cabanon.
Selon le dictionnaire de la Langue Française « llf » le mot « loge » est un terme devenu désuet signifiant petite construction sommaire, telle qu’une cabane ou une hutte, une cahutte.
Le dictionnaire de l’Académie Française va dans le même sens. Le terme « loge » daterait du 13e siècle et son origine est incertaine, le terme est vieilli de nos jour et signifiait  petite cabane ou abri rudimentaire.
Donc tous les lieux contenant le mot « loge » n’étaient à l’origine qu’une petite cabane.

Pour « Croulot » et ses autres orthographes « Crolot », c’est plus complexe.
Est-ce un nom de lieu ?
Le cadastre n’en a gardé aucun souvenir.

Il y a quelques années, un dictionnaire en ligne maintenant inaccessible, donnait à « Croulot » la définition d’un terme ancien pour désigner le cri de la corneille. Les terres de la Loges étaient-elles envahies par les corneilles ?

Il existe une ruelle Crolot à Étivey dans l’Yonne à 28 km de Sacy par la route. Mais, incroyable, la mairie de cette commune ne sait pas d’où vient son nom ! Comment un maire rural peut-il ne pas connaître a minima l’Histoire de son village [4] ? Depuis l’important exode de la ruralité vers les grandes villes dans la première moitié du 20è siècle, exode qui a commencé bien avant, même si certains ont gardé attache avec leur village, et y ont gardé ou acquis une maison, s’y sont fait enterrer, de nos jours la majeure partie des habitants ruraux n’y ont aucun ancêtre. On habite là comme on aurait pu habiter ailleurs. Et les nouveaux maires sont issus de ce grand remplacement rural.

Mais surtout CROLOT et CROULOT et autres variantes sont aussi deux patronymes que l’on trouve en France dont dans l’Yonne.
Sur la base Geneanet non exhaustive, dans l’Yonne le nom CROULOT apparaît en 1650.à Épineuil, celui de CROLOT en 1668, 1685 à Chéroy et 1809 (recensement) à Dracy.

Les prochains articles sur la Loge reprendront chronologiquement les différentes époques marquées par les personnes qui ont administré cette métairie. Les BÉRAULT feront l’objet également d’un chapitre.

Entée de la Ferme de la Loge de Sacy sur la route Vermenton-Lichères.

La ferme de la Loge de Sacy :


[1] source Wikipedia :
L’ordonnance d’août 1539 sur le fait de la justice, dite l’ordonnance de Villers-Cotterêts, aussi appelée l’ordonnance Guillemine, est un texte normatif édicté par le roi de France François Ier, entre le 10 et le 25 août 1539 à Villers-Cotterêts (dans le département actuel de l’Aisne), enregistré au Parlement de Paris le 6 septembre 1539. Cette ordonnance est le plus ancien texte normatif encore en vigueur en France, ses articles 110 et 111 (concernant la langue utilisée par la justice) n’ayant jamais été abrogés.

« art. 110. Que les arretz soient clers et entendibles
Et afin qu’il n’y ayt cause de doubter sur l’intelligence desdictz arretz. Nous voulons et ordonnons qu’ilz soient faictz et escriptz si clerement qu’il n’y ayt ne puisse avoir aulcune ambiguite ou incertitude, ne lieu a en demander interpretacion.»
(Que les arrêts soient clairs et compréhensibles, et afin qu’il n’y ait pas de raison de douter sur le sens de ces arrêts, nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement qu’il ne puisse y avoir aucune ambiguïté ou incertitude, ni de raison d’en demander une explication.)

« art. 111. De prononcer et expedier tous actes en langaige françoys
Et pource que telles choſes sont souuenteſfoys aduenues ſur l’intelligence des motz latins cõtenuz eſdictz arreſtz. Nous voulons q~ doreſenauãt tous arreſtz enſemble toutes autres procedeures ſoient de noz cours souueraines ou autres ſubalternes et inferieures, soyent de regiſtres, enqueſtes, contractz, commiſſions, ſentẽces, teſtamens et autres quelzconques actes & exploictz de iuſtice, ou qui en dependent, ſoient prononcez, enregistrez & deliurez aux parties en langage maternel francoys, et non autrement. »
(De prononcer et rédiger tous les actes en langue française
Et parce que de telles choses sont arrivées très souvent, à propos de la [mauvaise] compréhension des mots latins utilisés dans lesdits arrêts, nous voulons que dorénavant tous les arrêts ainsi que toutes autres procédures, que ce soit de nos cours souveraines ou autres subalternes et inférieures, ou que ce soit sur les registres, enquêtes, contrats, commissions, sentences, testaments et tous les autres actes et exploits de justice qui en dépendent, soient prononcés, publiés et notifiés aux parties en langue maternelle française, et pas autrement.)

[2] Source : Centre National de Ressources textuelles et lexicales.
Il y eut deux sortes de franc-aleu : le noble et le roturier, le noble étoit celui qui entraînoit justice, censive ou mouvance, le roturier celui auquel toutes ces conditions manquoient, ce dernier, le plus ancien des deux, représentoit le foible reste de la propriété romaine (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 3, 1831, p. 372).Cf. al(l)eu ex. 1.

En fait c’est bien plus compliqué que cela comme l’exprime Monsieur Étienne MEUNIER dans un courriel.
Étienne MEUNIER historien et généalogiste, est cofondateur en 1981 de cette société savante qu’est la Société Généalogique de l’Yonne. Il a rédigé de nombreux cahiers généalogiques et autres ouvrages nous plongeant dans le Moyen-Age. Actuellement il travaille sur la publication de 1550 pages de contribuables dans la cité de Troyes entre 1374 & 1595.
Il a obtenu, à l’unanimité du jury, le Prix littéraire de la Fédération Française de Généalogie en 2013 pour son ouvrage : « 32 études de familles patriciennes de Sens du 12e au 15e siècle ».

Voici ce qu’il écrit dans son courriel au sujet de la Seigneurie de la Loge (Claude BÉRAULT) :
En ce qui concerne le statut de la terre de La Loge.
« Il n’y a aucun rapport entre canton de terre – hameau – paroisse – et seigneurie.

Le fief est une « enclave » territoriale au statut civil particulier, pouvant remonter à plus d’un millénaire (les fiefs sont connus depuis les Mérovingiens). Il n’a pas besoin d’habitants, de tourelles, de pont-levis et d’armures bricolées. Et des fiefs, il y en a énormément (ex. une dixaine à Fleurigny au XIIIe). Avec le temps, ils ont eu tendance à s’agréger, ce qui fait que la lecture des fiefs se simplifie au XVIIIe. Mais ils sont encore très nombreux dans la première moitié du XVIIe. A l’origine, le fief est un revenu, concédé par un puissant ou un égal à un fieffé, dont le comportement doit être irréprochable. Le fieffé doit le conseil, la loyauté, et plus si la concession d’origine l’a exigé (ex. le service armé qui n’est pas en soi obligatoire). Il existe « des fiefs en l’air » qui sont une affectation de recette par exemple sur les revenus d’un pont ou d’un marché (très en faveur en Champagne comtale). Il n’y a pas alors d’assiette foncière.

La seigneurie n’est pas obligatoirement un fief. C’est un territoire qui a la capacité juridique « de justice ». Qu’elle soit petite, grande ou moyenne (rien à voir avec les hectares, mais avec le niveau judiciaire exercé). Il faut au minimum y trouver un lieu abrité pour rendre justice (un auditoire grand comme un clapier suffit !) et y incarcérer (un trou en terre suffit). Bien entendu, la seigneurie peut être aussi un fief, mais, j’insiste, les deux notions sont distinctes.

On connaît très mal l’organisation des fiefs et des seigneuries de l’Auxerrois, et je dirai même, surtout au Sud-Est d’Auxerre. Donc, chez vous.

Par exemple, un grand féodal du XVIe, pressé par des besoins d’argent, a très pu ériger en fief une métairie, et même lui conférer des droits judiciaires (ex. de basse justice) pour en faire une seigneurie. Et racheter le tout plus tard. J’ai des exemples précis en tête. Cette réalité est mouvante.

Profitant de ce chaos, des bourgeois urbains, en ont profité, pour se titrer sieur de X. Le maximum de ce mouvement se repère sous Louis XIII. Les apparences de noblesse qu’on se donne alors provoque une fuite massive d’imposables vers le statut d’exempts. Louis XIV réagira. Je rappelle que vers 1670, sur 12.000 habitants à Romilly-sur-Seine, 10.000 se disent « nobles ». D’où le marché des offices royaux … Colbert lâchera ses « chiens » et les délateurs rémunérés l’aideront à ramener tout le monde à la niche fiscale : lourdement taxés, ils sortiront ruinés. Molière s’en moquera.

Les institutions religieuses, mises à mal depuis le concordat de Bologne, vont activement pousser à l’émergence de nouveaux fiefs (ex. voir mon étude concernant Lailly et le patrimoine de l’abbaye de Vauluisant). Victimes de la Monarchie, et ayant perdu toute autonomie depuis François Ier, elles vont créer de très nombreux fiefs. Certains seront rachetés dans un délai de 99 ans après leur création … mais pas tous.

Il faut donc aborder le cas de La Loge avec ces données en tête. »

[3] Source : « Recueil par ordre de dates, Contenant tous les Comptes rendus par MM. les Commissaires du Parlement, au sujet des Collèges & autres Etablissemens, que possédoient dans le ressort de la Cour, les ci-devant soi-disans Jésuites. Tome sixième. A Paris Chez P.G. Simon, Imprimeur du Parlement, rue de la Harpe, à l’Hercule. M. DCC. LXVI. (page 553)

[4] Il ne faut pas en arriver à cette autre extrémité, comme l’a fait la mairie suzeraine de Vermenton : pondre une Histoire de Sacy bourrée de débilités qui n’ont pas été retirées malgré la démonstration faite ces inepties. Ce sujet a été traité dans un autre article. Pour l’instant il n’y a pas d’arrêté municipal pour contestation de l’Histoire Officielle de Sacy !

La « fumée du vin » cause le décès de deux enfants à Vermenton en 1682

La « fumée du vin » cause le décès de deux enfants à Vermenton en 1682

Le 12 octobre 1682 alors que le vin fermentait, les émanations de gaz carbonique « la fumée de vin » qui s’accumule au fond de la cave causé le décès de deux enfants.

«  Le mesme Jour et an que dessus [note : 12 10 1682] moururent Louys
aagé de 5 ans, et Alexandre aagé de 3 ans
ou environt enfans du sieur Gisles Bertran
No.re [Notaire] et ancien Praticien de Vermenton Inhumés
dans nre [notre] Cimetiere, ayants esté surpris de la fumée
du vin dans la cave dud. Sr Bertrant a son Insceu
Et apres les avoir faict chercher environt deux heures.
C’est l’assurance que nous en donnons ce 13e Octobre
mil six cent octante deux. »
Signature de :
– Gilles BERTRAND [père des enfants]
– Germain GALLET [curé de Vermenton]
– DELAGOUTTE [vicaire de Vermenton]
– Edme POULEINE [oncle maternel des enfants]

Gilles BETRAND également orthographié Gisles BERTRAN[T], est qualifié respectivement dans les registres paroissiaux de Vermenton tout le long de sa vie, de greffier en la Justice de Reigny, greffier en la Prévôté Royale de Vermenton, procureur de la Justice Royale de Vermenton, et notaire royal. En 1674 ,il est élu syndic [1]
Il a été baptisé à Vermenton le 6 janvier 1636. Ses parents nés avant 1606 sont Nicolas BERTRAND également notaire royal & Barbe COMPAGNOT dont sept enfants sont relevés sur les registres, nés de 1626 à 1644.
Nous sommes à ce stade à la limite de ce que les registres paroissiaux de Vermenton qui nous sont parvenus peuvent nous offrir. Cela est assez frustrant.
Gilles BERTRAND épouse avant 1658 Marie POULAINE également orthographié POULEINE. Aucun acte de mariage de Vermenton avant 1664 ne nous est parvenu.
Marie POULAINE a été baptisée à Vermenton le 22 juillet 1639. Elle est la fille de Jean POULAINE marchand (né vers 1604 sous Henri IV-décédé à Vermenton le 18 mars 1684) et de Philiberte QUINCY (née avant 1612).
Nous avons relevé cinq enfants du couple POULAINE-QUINCY de 1629 à 1639.
Onze enfants du couple Gilles BERTRAND-Marie POULAINE sont relevés entre 1658 et
1680, dont les deux décédés dans la cave le 12 octobre 1682.
Louys BERTRAND avait été baptisé à Vermenton le 25 décembre 1678.
Alexandre BERTRAND est né le 03 mai 1680 à Vermenton et y a été baptisé deux jours plus tard.
Gilles BERTRAND épouse à Vermenton le 26 novembre 1697 en secondes noces Jeanne LACONCHE née vers 1654, inhumée à Vermenton le 12 juin 1697, fille de Edme LACONCHE et de Jeanne PETIT. Jeanne LACONCHE a alors environ 43 ans et aucun enfant n’est né de ce remariage.
Il s’agit également d’un second mariage pour Jeanne LACONCHE. Elle avait épousé le 7 mai 1679 à Vermenton Edme DUCROT/DU CROT, huissier audiencier, décédé entre 1693 et 1697.
L’acte de décès de Marie POULAINE ne se trouve pas dans les registres de Vermenton (oubli, lacune ?) Elle est décédée entre mai 1680 et 1697 date du remariage de son mari.
Gilles BERTRAND sera inhumé le 02 mai 1722 en l »église de Vermenton. Il avait 86 ans.
Jeanne LACONCHE lui survivra deux années, et sera inhumée à Vermenton le 12 juin 1724, le lieu n’est pas précisé, donc certainement au cimetière de la paroisse, ce qui n’aurait probablement pas été le cas si elle était morte avant son mari.

Ursule BERTRAND, baptisée à Vermenton le 13 novembre 1672, fille du couple BERTRAND-POULAINE, épousera à Vermenton le 10 janvier 1701 François HUOT, né vers 1663 à Bessy-sur-Cure, décédé le 26 juin 1731 à Lucy-sur-Cure, qualifié de laboureur puis de greffier à Lucy-sur-Cure. La famille est originaire de Arcy-sur-Cure


Anne HUOT (Lucy 1744- Essert 1816) petite-fille du couple épousera en 1666 Lazare BOUDILLAT (Essert 1739) dont on n’a pas le décès. Lors du mariage en 1808 de leur fils Lazare BOURDILLAT,il est indiqué que Anne HUOT est autorisée par jugement du juge de paix du canton de Vermenton du 02.05.1806 qui constate que son mari Lazare BOURDILLAT est absent depuis courant février 1805, et la déclare « en état de régire et de gouverne les états et affaires dudit BOURDILLAT jusque son retour ou qu’il donne de ses nouvelles… »). Lazare BOURDILLAT ne réapparaîtra pas à Essert.


Barthélémy BOUDILLAT (1770-1859) fils du couple BOURDILLAT-HUOT, cultivateur, vigneron, maître d’école et maire d’Essert de 1815 à 1848) est médaillé de Sainte-Hélène [2]

Lazare BOUDILLAT (1778-1825) vigneron, propriétaire à Essert, autre fils du couple et marié en 1808 à Félicité BOURDILLAT, est qualifié à son décès à Essert en 1825 de militaire pensionné. S’il n’a pas reçu la médaille de Sainte-Hélène [2] c’est qu’il fallait être en vie à l’époque où elle a été instaurée (1857). Ce couple a eu pour fils Joseph Marie Pauline dit Eugène BOUDILLAT qui épousera en 1845 Julie RÉTIF (1821-1901) dont il existe une photo, et qui fait partie des donateurs pour les vitraux « Vermonet »de l’église de Essert avec la famille PIAULT de l’un de ses gendres. Julie RÉTIF est la petite-nièce de Rétif de la Bretonne, et il a été plusieurs fois question d’elle dans d’autres articles. Leur tombe est toujours visible à Essert en cette année 2025.


[1] En France sous l’Ancien Régime, le syndic est un notable chargé de représenter, d’administrer et de défendre les intérêts d’une paroisse ou d’une communauté rurale. Dans le cas d’une paroisse, il est généralement élu par une assemblée de communiers, constitués de chefs de famille de la paroisse. (sources : Wikipedia).

[2] La médaille de Sainte-Hélène est instituée par décret de Napoléon III, le 12 août 1857, sous le Second Empire. Elle est dédiée aux « compagnons de gloire » de Napoléon Ier dans les « campagnes de 1792 à 1815 », afin de satisfaire en partie les dernières volontés de Napoléon Bonaparte telles que rédigées dans son testament à Sainte-Hélène. Elle est considérée comme la première « médaille commémorative » française.








Décès d’un salpêtrier royal à Sacy

Décès d’un salpêtrier royal à Sacy

Décès Léonard Luinet, 1668

Le huictiesme novemb. 1668 est arrive un
accident de feu en les maisons appelles gauterot
qui ont este bruslées dans lesquelles estoit logé un
nômé Leonard Luinet salpestrier qui y fut bruslé
lui et sa femme, et le dixiesme du mesme
mois apres en avoir cômunique a nos superieurs et en
suitte de leur permission, et ayant este Informe des
vies et maleurs desdits desfuncts Jay procedé a leur
sepultures a la requisition d’Andre Luynet salpestrier
[rature] ordinaire du Roy son fils demeurant a
voutenet lequel André a desire estre faite
pour le repos des ames de ses pere et mere les
services qui sensuivent scavoir un service solennel
de trois grandes messes au jour le plus cômode
d apres leur sepulture avec un libera qui sera chanté
tous les dimâches pandant un an sur la fosse et
ledit Andre sest oblige a ce que dessus fait
ledit jour et an es presences de Leonard Piault maistre descolle
Ledit Luiney sest (mot non compris) [1] de tout ce que dessus »
Signé : A Luynet, Pottier [note : curé de Sacy]

Sources : [Sacy : BMS ( 1644-1684 ) – 5 Mi 709/ 4 page 105 droite, 1er acte]permalien

Le salpêtrier :
« Anciennement. Ouvrier qui collectait le salpêtre ou travaillait à sa fabrication, notamment pour les
poudreries. Sous l’Ancien Régime, les salpêtriers avaient le droit de pénétrer dans les habitations pour récolter le salpêtre. » (Dictionnaire de l’académie Française)

Le salpêtre, ou nitrate de potassium, servait à fabriquer la poudre noire ou poudre à canon, une des rares
matières explosives connues depuis la fin du Moyen Âge en Europe .
« Sous l’Ancien régime la charge de salpêtrier du roi permettait de vivre très confortablement en étant payé par la ferme générale des salpêtres. Le monopole d’état du salpêtre ne prit fin qu’en 1819 ». (Wikipedia)

« Avant la Révolution, plus de la moitié du salpêtre employé en France provenait de l’Inde par l’entremise
d’importateurs anglais. Cette source était désormais interdite. » Sources : « Les pharmaciens et la récolte du salpêtre sous la Convention » éditions Persée.

Pendant les guerres révolutionnaires, il y eut pénurie de salpêtre, due notamment au refus d’autoriser les
fouilles par les habitants. Aussi le 5 juin 1793 est promulguée une loi autorisant les salpêtriers pendant la durée de la guerre la recherche de salpêtre dans les diverses dépendances (caves, cellier, granges, écuries… sans nuire à la solidité des murs et des bâtiments). [2]
La même année tous les citoyens sont autorisés à établir des nitrières artificielles. [2]
Le 9 nivôse du calendrier révolutionnaire était le jour dédié au salpêtre.

Le patronyme LUYNET n’est pas originaire de l’Yonne, il est y inconnu sur toute la base Geneanet, hormis
le cas de ces deux salpêtriers appartenant à une même famille et qui ont été inscrits sur Geneanet à l’occasion de cet article. Sans doute se sont-ils déplacés dans la région le temps nécessaire à la récolte du salpêtre, et ont-ils œuvré dans d’autres villages. Sans ce décès et cet incendie, leur présence ne serait pas connue.
Avant le 18è siècle, la base Geneanet enregistre le nom de LUYNET en 1698 à Montluçon (Allier), en 1625
à Les Neyrolles (Ain), en 1630 à Champdor (Ain), en 1598 à Saint-Arigne (Nièvre)

Les GAUTHEROT à Sacy, également orthographié GAUT(H)EREAU, GAUTROT, GAULTHEROT, et
autres variantes, nous avons :

Le couple Simon GAUTHEROT (né ?- dcd 1640), couvreur de lames et de tuiles, marié à Jeanne
PAILLOT
(vers . 1569-dcd 1639) dont 5 enfants sont relevés sur les registres, nés de 1606 à 1615. Perrette
GAUTHEROT est marraine en 1609 de l’un d’entre eux.
Anne GAUTHEROT fille du couple, sera marraine en 1631 d’un enfant du couple Edme FAUVIN &
Jeanne GAUTHEROT sa sœur, en 1633 d’un enfant de Nicolas LONGPRÉ & Jeanne VIARD, en 1635 d’un enfant de Laurent COUCHAT & de Chrétienne GAUTHEROT sa sœur, en 1638 d’un enfant de Hugues COLLINET & Magdelaine MENANT ainsi que d’un enfant de Jean TILLIEN & Jeanne MILLETAT, et en 1639 d’un enfant de Jean GAUTHIER & Jeanne MIDÉE et aussi d’un enfant de Thomas ROUARD & de Jeanne BERAULT.

Anne épousera Jean DUMONT. Un enfant né en 1644 est relevé.
Jeanne GAUTHEROT autre fille, épousera Edme FAUVIN du Val-du-Puits de Sacy. 6 enfants du couple
sont inscrits sur les registres de 1626 à 1638. Bastienne (Sébastienne) GAUTHEROT est marraine en 1626 de l’un d’eux, Simon GAUTHEROT, grand-père est parrain d’un autre en 1627, Ledit Simon GAUTHEROT est parrain en 1611 d’un enfant de Jean GUERAULT, en 1622 d’un enfant de Blaise MARCEAU et de Marie ROUARD, et en 1627 d’un enfant de Edme FAUVIN & Jeanne GAUTHEROT sa
fille.

Chrétienne GAUTHEROT (1615-1684), également fille de Simon et de Jeanne PAILLOT est mariée à
Laurent COUCHAT (1605-avant 1677). 7 enfants du couple sont relevés de 1633 à 1648. Le parrain en 1637 est le père de Chrétienne. La marraine en 1633 est Jeanne PAILLOT sa mère. Ladite Chrétienne sera marraine en 1641 d’un enfant du couple Jean COUCHAT et Jeanne BONNET ainsi que d’un enfant de Jean TILLIEN & Nicolas BRÉVIN.

Jeanne GAUTHEROT & Jean CORNEVIN se marient en 1611 à Sacy. L’acte succinct en latin est
malheureusement sans filiations.
Quatre enfants du couple sont relevés de 1613 à 1617. Nous n’en savons pas plus sur ladite Jeanne. Elle est de lamême génération que Simon GAUTHEROT marié à Jeanne PAILLOT. Elle pourrait être sa sœur.

Mariage Jean Cornevin & Jeanne GAUTHEROT 09 octobre 1611, Sacy

Toujours de la même génération que Simon et Jeanne GAUTHEROT épouse CORNEVIN, nous avons
Thomasse GAUTHEROT marraine en 1626 d’un enfant de François MILLETAT et de Jeanne COLLINET.
Thomasse s’est mariée avant 1606 à Sébastien MILLETAT (aussi MILLETARD & MILTARD) du Val-du-Puits de Sacy. L’exploitation des registres détermine (nous n’avons que 3 actes de baptême de 1606 à 1615) la naissance de 5 enfants.

Sébastienne GAUTHEROT est marraine en 1626 d’un enfant du couple Edme FAUVIN & Jeanne
GAUTHEROT et d’un enfant de Jean MIDÉE et Noée (Noëlle) BOUJAT. Elle se mariera à François COUCHAT,
dont enfant né en 1635. Sébastienne pourrait être la fille de Simon & de Jeanne PAILLOT, mais aucun acte ne l’indique.

Ces GAUTHEROT de Sacy semblent bien être a priori les membres d’une seule famille. Avec le décès en
1684 de Chrétienne, le nom disparaîtra des registres. Il réapparaîtra plus d’un demi-siècle plus tard lors du décès à Sacy le 7 août 1740, où elle est certainement placée en nourrice, mais l’acte ne le précise pas, de Elisabeth GAUTHEROT née à Vermenton le 14 mai 1740, fille de Edme GAUTHEROT (fils Gabriel et Marie ANCEAU) de Vermenton et de Edmée Morache qui décèdera à Vermenton. 2 jours après la naissance de sa fille. Le couple s’était marié à Vermenton le 28 février 1724.

Et si le nom des GAUTHEROT a disparu de Sacy à la fin du 17è siècle, il n’en demeure pas moins que de
nos jours des gens en descendent.

Il aurait été intéressant de savoir dans quelle partie du village se situait cette maison GAUTHEROT. Nous
avons une idée de où demeuraient certaines familles de Sacy dans la première moitié du 18è siècle quand Rétif de la Bretonne écrit « J’avais huit ans, lorsque 1742 mon père quitta la maison de la porte Là-bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat, pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier. Je fus ainsi éloigné de M’lo, de toute la longueur du village : car la Bretonne est à la porte Là-haut, et hors des murs, à plus de trois cents pas. Les eaux de la Farge coulaient alors ; ce qui suffisait pour interrompre la communication entre le bourg et moi. Je ne vis plus mon premier camarade ; ce fut Etienne Dumont, fils d’une bru de Christophe Berthier, qui le remplaça » (Monsieur Nicolas).

« La porte Là-bas » est la maison natale de l’écrivain, sise en face de l’église. La métairie de la Bretonne
« La porte Là-haut » est située à l’autre bout du village sur la route de Joux-la-Ville. Mais rien ne permet de déterminer dans quelle partie du village était située la maison GAUTHEROT.

Si quelques noms ont survécu à Sacy depuis le premier registre de cette paroisse qui nous sont parvenus
avec malheureusement des lacunes, et qui remontent à la fin du règne de François 1er, à savoir le milieu du 16è siècle [3], il est édifiant de constater le nombre de patronymes qui ont disparu sans être restés dans la mémoire des habitants « de souche » du village. Il faut savoir aussi que nombre de noms de ces habitants « de souche » ne sont apparus qu’au cours des siècles suivants ce premier registre.

La disparition des patronymes historiques des villages s’est accentuée dans la première moitié du 20è siècle. Le partage des terres dans les familles ne suffisait plus à leur subsistance et a entraîné une migration importante dans les grandes villes. Néanmoins, l’attache de ces gens à leur village ancestral, où certains y étaient nés se constate souvent parce qu’ils s’y sont fait enterrer. Et pour certains noms qui ne sont pas du cru, un peu de généalogie montre qu’ils y sont parfois originaires par leur mère.

Mais de nos jours, de par l’achat de résidences secondaires par les « parisiens », mais aussi de résidences
principales par des gens qui travaillent dans les environs, il ressort qu’il ne reste que très peu de noms historiques dans le village de Sacy (comme ailleurs), et dans une génération il n’en restera plus.



[1] mot non compris. Une autre personne qui déchiffre très bien les écritures lit également « mocque », mais cela n’a aucun sens car André Luynet est le demandeur. D’autre part le mot est coiffé d’un trait, ce qui déterminerait qu’il s’agit d’une abréviation.
[2] voir article complet sur le sujet d’où sont extraits ces renseignements ; « La Gazette Web, l’Almanach Paysan, Nos ancêtres ruraux au fils des saisons : La Révolution Française : La naissance du patriotisme (4e chapitre) – www.histoire-genealogie.com
[3] Plus précisément la date du premier acte du plus ancien registre de Sacy qui nous soit parvenu est 1538.
L’ordonnance de Villers-Cotterêts date de 1539.
« Par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée en 1539, François Ier déclare le français langue officielle
la place du latin) et décide la création des registres de naissance, de mariage et de décès dans les paroisses. Pour la première fois, la population peut être évaluée avec précision. Cette ordonnance marque une étape dans la centralisation du pouvoir et l’importance de l’administration.
» Source : Bibliothèque Nationale de France

Finalement, cette ordonnance n’a été que la généralisation de la tenue de registres paroissiaux dans tout le royaume, car dans d’autres lieux comme Auxerre, des registres d’avant l’ordonnance nous sont parvenus. Même à Sacy, le plus ancien registre qui nous soit parvenu débute avant l’ordonnance.
Quant au latin, il a continué à être employé par nombre de prêtres dans la rédaction des actes, bien
longtemps après l’ordonnance.

Marthe-Marguerite Bourdillat

Marthe-Marguerite Bourdillat

Rétif de la Bretonne  » Monsieur Nicolas – (Mon calendrier – 30 janvier 1746)

Marguerite BOURDILLAT apparaît également dans « Monsieur Nicolas » :

J’ai dit que les filles continuaient à me poursuivre. L’aînée de celles de ma nourrice, voisine de Mme Rameau, avait entrevu quelque chose de la scène de l’écurie-aux-mules : elle leur fit un jour des reproches, en leur représentant que je n’étais plus un enfant et que leur conduite à mon égard pouvait donner d’elles une mauvaise idée. — « Vous êtes bien bon ! » me dit-elle ; « quand elles viendront pour vous embrasser, r’broussez-vous, comme avec Nannette ; … mais pas si fort ! et vous ne l’aurez pas fait deux fois, qu’ell’vous laisseront de repos »… Les filles regardèrent la remontrance comme suggérée par ma nourrice. Une d’entre elles, la jolie Marguerite Bourdillat, qui n’avait que mon âge, m’ayant trouvé seul le soir, osa bien me dire, qu’elle « allait me mettre une fille à la joue ! » Elle s’approche : je ne fuis pas ; elle me prend : je la serre ; elle m’embrasse : je le rends ; je triple, je quadruple ; enfin l’audacieuse petite assailleuse, d’abord obligée de se défendre, est bientôt réduite à s’enfuir, en disant : « Ha mâs ! j’craijos qu’c’était vous qui aligne vou’ ensauver ! » Je lui répondis, que « depuis quelque temps… je ne m’ensauvais » plus, et que j’embrassais trois fois toutes les filles. » — Ho ben, all’y seront toute ettrappées ; car je ne m’en vantehai pas… » Je fus assez content de cet essai.

Identification de Marthe-Marguerite BOURDILLAT

Naissance de Marguerite Bourdillat


Il s’agit de Marguerite BOURDILLAT née à Sacy le 18.07.1736, fille de Étienne (couvreur) et de Marthe
Garnier, décédée à Sacy le 03.06.1785, où elle avait épousé le 13.07.1756 Edme PIAULT (charron, buraliste, greffier, notaire, substitut du procureur), camarade d’enfance de Rétif [1] qui le nomme « M’lo ou M’lo le notaire », né à Sacy le 20.11.1730, fils de Thomas (charron, et selon Rétif receveur pour l’Évêque & son Chapitre, Seigneurs hors les Croix de Sacy & associé à Edme RÉTIF père dudit écrivain) et d’Agathe ROUARD, décédé à Sacy le 24.05.1780).
Marguerite BOURDILLAT est l’aînée d’une fratrie de dix enfants dont seulement trois parviendront à l’âge adulte et auront une descendance. Les autres sont mort dès les premiers mois, sinon dans les toutes premières années de leur vie.

De son union avec Edme PIAULT, sont nés 11 enfants.
Il est à noter qu’aucun acte des registres paroissiaux de Sacy ne lui attribue ces prénoms de « Marthe
Marguerite », mais uniquement celui de « Marguerite ».
Marthe est le prénom de sa mère, aussi cet ajout de filiation par Rétif peut s’expliquer pour la différencier
d’homonymes, comme sa tante paternelle et marraine Marguerite BOURDILLAT (Sacy 1707-Sacy 1779) mariée en 1749 à Jean CORNEVIN.

– Anne BOURDILLAT, sœur de Marguerite, ainsi que Marie, Madeleine et Anne PIAULT, sœurs de Edme PIAULT son mari. sont également célébrées dans le calendrier de Rétif.

Le couple Edme PIAULT et Marguerite BOURDILLAT deux siècles plus tard

Ce couple Edme PIAULT / Marguerite BOURDILLAT est à l’origine des PIAULT d’Essert [2]:

Dont leur arrière arrière petit fils PIAULT Étienne Anselme né à Essert en 1846 où il décède en 1922. Sa
tombe est toujours existante.

PIAULT Étienne Anselme exercera la profession de cultivateur mais aussi de domestique à Savigny-sur-
Orge (Essonne) et marchand de vin à Paris.

Sa fille Berthe (1880-1957) inhumée à Essert, a assisté enfant à la construction de la Tour Eiffel pour
l’Exposition Universelle de 1889. Cela a déjà été mentionné dans un autre article.
Berthe est la petite fille de Julie RÉTIF (1821-1901). Julie est la petite fille de Pierre RÉTIF, frère de
l’écrivain Rétif de la Bretonne. Pierre avait repris la ferme de la Bretonne. La tombe de Julie RÉTIF se trouve toujours à Essert, en très mauvais état [3], près de celle de son frère Pierre Jacques RÉTIF (1812-1880), cultivateur à Essert et maire du village. [4]


[1] « Les années s’accumulent. J’avais huit ans, lorsque 1742 mon père quitta la maison de la porte Là-
bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat, pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier. Je fus ainsi éloigné de M’lo, de toute la longueur du village : car la Bretonne est à la porte Là-haut, et hors
des murs, à plus de trois cents pas. Les eaux de la Farge coulaient alors ; ce qui suffisait pour interrompre
la communication entre le bourg et moi. Je ne vis plus mon premier camarade ; ce fut Etienne Dumont,
fils d’une bru de Christophe Berthier, qui le remplaça » (Monsieur Nicolas).

Naissance d’Edme Piault


[2] Il y eu d’autres PIAULT à Essert :
Edme PIAULT originaire de Précy-le-Sec (ca 1684-Essert 1759). Veuf d’un premier mariage en
1718 à Précy-le-Sec, il s’est remarié en 1728 avec Brigide MARCEAU d’Essert (1697-1757). Le baptême
de 4 enfants de 1728 à 1732 a été relevé à Vermenton. Essert n’a été doté de fonds baptismaux seulement courant 1786, aussi les baptêmes étaient célébrés dans les proches paroisses. Cette branche a disparu des registres paroissiaux. Nous avons l’acte de sépulture du dernier enfant à Essert. Sans doute les 3 autres sont-ils décédés à Essert, le registre d’avant 1737 est très lacunaire.
Il y a eu également une Jeanne PIAULT (Sacy 1643-Essert 1719) mariée à Toussaint
BOURDILLAT, laboureur à Essert.

Les Piault d’Essert


[3] https://www.geneanet.org/cimetieres/view/11652657


[4] https://www.geneanet.org/cimetieres/view/11666748

Note : Le Vau Rainin est une vallée encaissée débouchant à environ 1km de Sacy sur la route actuelle
menant à Vermenton et remonte en direction de la ferme de la Loge de Sacy. S’il y avait des vignes à
l’époque de Rétif, la nature a depuis repris ses droits.

Le Vau Rainin

Les hameaux disparus de Sacy

Les hameaux disparus de Sacy

Le conseil municipal de Sacy, pour qui, visiblement, il y a des sujets trop sérieux pour les laisser à l’appréciation de la populace, a pris la décision de rattacher la commune à celle de Vermenton, et le 1er janvier 2016 Sacy est devenue une commune déléguée de Vermenton.

Commune déléguée. L’expression est trompeuse, car il n’y a plus de maire délégué à Sacy, les permanences à la mairie ont finalement été supprimées. Sacy n’existe plus administrativement. Les habitants qui décèdent à Sacy, sont enregistrés à l’INSEE comme décédés à Vermenton. Le cas est le même pour Essert, rattaché depuis 1972 à Lucy-sur-Cure. Donc, depuis 2016 on ne peut plus naître (accidentellement), se marier et mourir à Sacy.

Pour les enterrements, les pompes funèbres indiquent : « cimetière de Vermenton, anciennement Sacy » ! Quel culot !

Lors de l’appel aux dons pour la création et l’installation d’une nouvelle cloche dans l’église de Sacy, la Fondation du Patrimoine a indiqué « église de Sacy à Vermenton » !

D’ici peu, Rétif de la Bretonne sera né à Vermenton, Jacques Lacarrière aura habité à Vermenton et Henri Moine, grand-père d’Eddy Mitchel sera né à Vermenton.

Autre conséquence, tout pour Vermenton. Les fleurs, les bacs de compostage etc.

Nous avions un employé communal à temps plein, il a été accaparé par Vermenton.

Bref, élire c’est désigner des maîtres qui vont tout décider à notre place pendant le temps du mandat, c’est renoncer à voter soi-même les décisions. Élire des représentants est un acte de servitude.

Depuis cette annexion, une page consacrée à l’Histoire de Sacy a été mise en ligne par la Municipalité suzeraine.

Il convient d’en corriger quelques inepties, dignes de commérages de bistrots ou de lavoirs, et, le plus triste, avalisées à plusieurs reprises par la municipalité !

En 2020 il y était dit :

« En dehors du bourg, deux écarts : le hameau du Val du Puits jadis dénommé Merry et la ferme de la Loge ayant appartenu aux Jésuites. » 

« Le Val du Puits (Merry) quant à lui dépendait de la seigneurie de Bessy. Il sera rattaché à Sacy à la Révolution. »

Inculture ! À l’évidence, il y a confusion entre l’entité administrative qu’est une paroisse et les différents propriétaires des terres de ladite paroisse, propriétaires qui n’y demeurent pas forcément.

Il faut malheureusement rappeler pour certains que la paroisse est, sous l’ancien régime, le plus petit territoire d’une collectivité. Les paroisses sont réunies en diocèses, puis évêchés. À la révolution, les paroisses sont devenues des communes, réunies en cantons, puis départements et maintenant régions. A chaque entité administrative, un conseil grassement rémunéré par nos impôts. L’État, ce créateur d’inutiles coûteux !

Aussi loin que les registres de catholicité de Sacy peuvent nous mener, à savoir le 15e siècle, le Val-du-Puits (de Sacy) faisait partie de la paroisse de Sacy. Les baptêmes, mariages et sépultures des habitants du Val-du-Puits étaient célébrés dans l’église paroissiale de Sacy. Les gens étaient inhumés dans le cimetière paroissial de Sacy (autour de l’église), et ce malgré l’existence, depuis la Renaissance, de la chapelle du Val-du-Puits (voir article sur cette chapelle). Les mariages peuvent néanmoins être célébrés dans une chapelle. Un seul a été relevé dans les registres paroissiaux de Sacy, il a été célébré le 12 octobre 1615 dans la chapelle Saint-Léonard du Val-du-Puits de Sacy.

« Le lundy 12 jour du moys d’octobre 1615 ont este espousez en
la chapelle du Vault du puis paroisse de sacy Jhan fauvin et
Thoinette minee led fauvin dud Vault du puis et ladite Minee dud Sacy
par moy cure soubz signe led jour et an que dessus »
Signé : Muteley

À la révolution, le Val-du-Puits, hameau de la paroisse de Sacy n’a fait que rester dans le giron de Sacy, Donc il n’y a eu aucun changement, ce qui n’a pas été le cas partout [1]. Il est inadmissible de dire que le Val-du-Puits a été rattaché à Sacy à la Révolution. Certes, dans le remaniement des territoires, le Val-du-Puits de Sacy aurait pu devenir avec sa chapelle une commune comme cela a été pour Essert, ou bien rattaché à une autre commune. Mais cela n’a pas été le cas.

L’historien communal, de toute évidence, n’a jamais pris le temps d’ouvrir un seul des registres paroissiaux de Sacy et cartulaires de l’Yonne. Ils sont pourtant en ligne sur internet.

Le Val-du-Puits de Sacy et Merry étaient deux bourgs biens distincts. Ils sont cités concomitamment dans le Cartulaire de L’Yonne qui précise « Merry était un fief situé commune de Sacy, et un lieu aujourd’hui détruit ».

Le Val-du-Puits existe toujours et il ne peut donc y avoir de confusion,

Nous savons que Sacy appartenait depuis le Moyen-Age classique (période allant du début du XIème-fin du 13ème) à l’évêque d’Auxerre et à son Chapitre d’une part, et aux Hospitaliers devenus aux 16è siècle l’Ordre de Malte, du Saulce d’Auxerre d’autre part [2].

Ces deux Seigneurs d’Auxerre possédaient d’autres Seigneuries dans d’autres paroisses.

Ils étaient donc chacun Seigneur en partie de Sacy. Les terres afférentes à ces deux seigneuries étaient soumises à la justice de chacune d’elles. Pour ce, il y avait deux lieutenants, l’un dit « Lieutenant de Monsieur le Commandeur » et aussi « Lieutenant dans les croix », pour les hospitaliers, et « Lieutenant hors les croix » pour l’évêque d’Auxerre et son Chapitre. Ils avaient également leur receveur.

Quand l’Ordre des Hospitaliers a décliné, il a vendu ses terres et à Sacy après le premier tiers du XVIIIè siècle, il ne restait plus qu’un Lieutenant et il représentait l’autorité royale.

L’Ordre des hospitaliers a été fondé au XIème siècle. Les terres auparavant appartenaient évidemment à d’autres seigneurs et les hospitaliers les ont acquises avec les serfs qui y étaient attachés et la justice qui y était afférente.

Pour le Val-du-Puits de Sacy, paroisse de Sacy, il y avait d’autres seigneurs. Certains noms ont été relevés dans des actes sur les registres paroissiaux de la paroisse de Sacy :

Nicolas ALEXANDRE, Sergent Royal, receveur de Monseigneur le Révérend Évêque d’Auxerre et Messieurs du Chapitre en ce lieu hors les Croix, Seigneur du Val-du-Puits et Pailleau (cité de 1615 à 1627) et Germaine BERGER, sa femme (citée de 1621 à 1627).

Le 19 septembre 1622, « nicolas alexandre seigneur du vault du puis et pailleau » requiert le curé de Sacy pour donner baptême à un enfant trouvé sur son finage de Pailleau.

Philippe CAMBRON Écuyer et Seigneur du Val-du-Puits et sa femme Françoise de CULAN sont cités en 1628.

Louise Madeleine BARDET qualifiée de « Dame du Vau du puis de Sacy » en 1729, marraine à Vermenton d’un enfant dont le parrain est Antoine Fourdriat, curé de Sacy.

– Lors de la bénédiction de la cloche de la Chapelle Saint-Léonard en 1758, le parrain est Jacques Germain Edme MARTINEAU Seigneur du Val-du-Puits de Sacy, Seigneur de Soleine et Charmoy, avocat en parlement pourvu de la charge de conseiller honoraire en titre au bailliage et siège présidial d’Auxerre exerçant la justice par le fait des aides tailles droits, et autres impositions de sa majesté en ladite ville et comté d’Auxerre, Conseiller du Roy en la Cour des Monnaies de Paris.

La marraine est sa fille Marie qui donne son nom à la cloche.

Quant à l’affirmation que Le Val du Puits quant à lui dépendait de la seigneurie de Bessy, elle vient de ce que l’auteur fait de ces deux hameaux distincts un seul lieu.

Cela est grave, dans une histoire qui se veut officielle, d’affirmer que le Val-du-Puits de Sacy a été rattaché à la commune à la Révolution et que Merry et le Val-du-Puits ne font qu’un. Honte aux auteurs et à ceux qui ont avalisé ce texte !

En 2020 une note détaillée contenant toutes les informations dont l’identification du lieu de Merry, a donc été adressée au maire de Vermenton. Toute la partie historique de Sacy a alors été supprimée.

En 2023, lors de la consultation à nouveau du site, il apparaît que toutes ces idioties avaient été remises en ligne. Un mail pour les dénoncer a été adressé, sans effet, à la mairie.

A ce jour, mars 2025 le texte a été remanié, et il est toujours dit « Le Val du Puits quant à lui dépendait de la seigneurie de Bessy. Il sera rattaché à Sacy à la Révolution ». Désespérant !

« Errare humanum est, perseverare diabolicum »

Quelques mots sur la métairie ou ferme de la Loge de Sacy puisqu’elle est citée dans l’ « Histoire officielle » de Sacy par la municipalité de Vermenton.

De son vrai nom, la Loge Croslot a bien appartenu un temps au Collège des Jésuites d’Auxerre. L’Ordre des Jésuites a été créé en 1540. En 1764 il est interdit et les jésuites sont expulsés de France. C’est son propriétaire Olivier BERAULT (1576-après 1658), avocat en parlement demeurant à Noyers qui la leur a donnée le 8 août 1642. Il la tenait de son père, Claude BERAULT décédé entre 1614 & 1616, originaire de Cravant, personnage important d’Auxerre, tant par ses fonctions militaires (nous sommes en pleine guerre de religion), que civiles. Il est parfois nommé « Seigneur de la Loge Croslot », le terme Sieur serait plus approprié.

Nous avons déjà cité Olivier BERAULT dans d’autres articles, car à Sacy le 19 mai 1624, il a été le parrain lors de la bénédiction de « la petite cloche à sonner la passion ». La marraine était la proche voisine de la Loge, Jeanne DEGAN fille de René, Seigneur de Courtenay. Un article a été consacré à Jeanne DEGAN, inhumée en 1639 dans l’église de Sacy. Sa pierre tombale et quelques inscriptions sont encore visibles, mais pour combien de temps encore si la municipalité ne prend aucune mesure de précaution pour la protéger, dernier de ses soucis dans cette société du spectacle en ces temps du grand vide, de l’insanité, de la vacuité, de l’imposture et du néant.

Après la Révolution, la Loge, paroisse de Sacy, devient comme il l’est écrit parfois dans les actes d’état-civil, un hameau de la commune de Sacy.

Des articles sur la Ferme de la Loge de Sacy seront publiés.

Revenons à Merry.

Selon le Cartulaire « Merry, commune de Sacy, fief seigneurial, au faubourg de ce village, sur le chemin de Joux ». On le trouve cité sous différentes appellations dans le Cartulaire :

Madriacum, vers 1156, Marriacum, 1167, Merriacum, 1176, Marre, 1180, Merry, 1566.

Vers l’an 1156, Ascelin est seigneur de Merry, sa femme se nomme Autissiodora et ses fils Herbert, marié à Reine, et Gaucher.

Le seigneur de Merry possède des terres et les serfs qui y sont attachés, dans plusieurs paroisses (Bessy, Sacy, Cravant, Lichères, Nitry, etc.). Les terres des paroisses appartenaient à plusieurs seigneurs dont celui de Noyers « (an 1176). La comtesse [note : de Noyers] raconte comment depuis la mort du comte Gui, son mari, noble homme Herbert de Merry et son fils envahirent la maison des moines de Molême à Nitry, et les en chassèrent violemment. Sur les plaintes de l’abbé, la comtesse ayant fait faire une enquête, il fut établi que Herbert avait eu tort dans ses actes. Celui-ci le reconnut également et renonça à toute prétention sur les terres de Lichères et de Nitry, où il n’avait que quelques serfs. Il se transporta à Nitry, fit amende honorable, mit sept deniers dans la main de l’abbé et répara les dommages causés par son envahissement. » (Cartulaire de l’Yonne)

Le Cartulaire fait état pour la dernière fois de Merry en 1566. Qu’en restait-il à cette date ? Merry n’est pas cité dans les registres paroissiaux de Sacy.

On ne sait pas de laquelle des deux Justices de Sacy elle tenait par la suite.

Ce lieu-dit de Merry est selon le Cartulaire sur la route de Joux. La route goudronnée actuelle n’existait pas dans l’ancien temps, comme le montre le Cadastre Napoléonien.

La route de Joux et Précy-le-Sec était ce chemin situé juste au-dessus de l’ancienne porcherie (sortie de Sacy vers le Val-du Puits). Ce chemin est grossièrement parallèle à la route actuelle qui mène à proximité du Val-du-Puits. Mais depuis quand ce chemin existe-t-il ?

Au départ de Sacy, à gauche le vieux chemin menant à Joux-la-Ville en passant au Val-du-Puits. A droite, le départ de la Vallée de la Creuse.

Il n’a pas été difficile de déterminer où se situait Merry. Le nom de l’endroit en a gardé en effet un souvenir.

À Sacy, à la sortie du village, sur la route de Joux, il y avait une chapelle Sainte-Madeleine citée par Rétif de la Bretonne (né en 1734) et qui figure sur la carte de Cassini (1750). Cette chapelle est aujourd’hui disparue. L’endroit a pris le nom de « La Chapelle ». Et il en est de même pour d’autres lieux (La métairie de la Femme Morte à Vermenton, la chapelle Saint Antoine à Cravant qui figurent sur la carte de Cassini.

Au-dessus de l’ancienne décharge de Sacy, un lieu-dit sur la carte IGN « La Chapelle St-Thibault ». Il subsiste dans le bois un long muret mais rien en l’état ne permet de le dater. Sans doute une limite de parcelle et/ou une bordure de chemin.

Muret dans le bois de La Chapelle Saint-Thibault

Cette appellation « La Chapelle St-Thibault » n’est pas anodine. Il devait bien y avoir une chapelle sur ce site pour donner son nom à l’endroit. Elle ne figure pas sur la carte de Cassini donc n‘existait déjà plus en 1750.

Autre photo du muret dans le bois de La Chapelle Saint-Thibault

Rappelons que le Cartulaire fait état pour la dernière fois de Merry en 1566, relevé sur le terrier (registre) de Palluau-Vau-du-Puits, archives de l’Yonne. (Le livre terrier ou terrier s’imposent au XVè siècle comme outil de l’administration seigneuriale).

Dans le bois de la Chapelle Saint-Thibault

Or le lieu « La Chapelle St-Thibault » se situe bien dans la section dite « du Bois Pailleau » sur le cadastre Napoléonien. Le Val-du-Puits est à la limite Est de cette section. Le chemin « ligne des Tremblats » sépare dans les bois communaux de Sacy la partie Val-du-Puits de celle de la « La Chapelle St-Thibault ».

La Chapelle St Thibault vue de la route actuelle menant au Val-du-Puits de Sacy

« La Chapelle St-Thibault » est bien située sur la route de Joux (400m). Ce lieu ne peut qu’être l’endroit où était établi le bourg de Merry. L’emplacement était bien situé. Il permettait en étant sur place de cultiver ces terres assez éloignées de Sacy et du Val-du-Puits. L’ancienne route de Joux, si elle existait bien à cette époque permettrait de venir à Sacy. Mais ce qui est certain, la vallée de la Creuse qui est bien large et en pente douce et régulière, permettait de se rendre à Sacy. Cette vallée aboutit à une extrémité de Sacy côté Joux.

De l’autre côté, le coteau du Vau-Franc (côté sud de la vallée homonyme) permettait d’accéder à l’ancienne route menant à Vermenton. La vallée du Vau-Franc est boisée, très encaissée, un sentier peu large et peu sécuritaire. Il existe un vieux chemin qui est parallèle à la vallée et débouche au même endroit. Mais rien ne permet de dire depuis quand ce chemin existe.

Prairie après le bois de la Chapelle Saint-Thibault. La vallée du Vau-Franc est juste à gauche

Les siècles, le remembrement, les machines agricoles ont fait disparaître nombre de chemins. On peut encore par exemple repérer un vieux chemin dans le bois du Tremblat situé juste avant la plongée dans le Val-du-Puits.

Pour finir sur Merry, un ancien de Sacy, aujourd’hui disparu, disait qu’il avait connu une source à La Chapelle Saint-Thibault.

Il y avait un autre village aujourd’hui disparu. Le site de la Mairie de Vermenton n’en parle pas. Pour en avoir connaissance, il faut mettre le nez dans le Cartulaire de l’Yonne.

« Saint-Quentin près Sacy, lieu détruit, com. Sacy, Yonne » (Sanctus – Quintinus subtus Saciacum, Saint-Quentin sous Sacy).

« Entre 1146 et 1151 Oudier, fils de Jean Chapel, fait don à l’abbaye de Reigny de tout son aleu [3] de Sacy, situé au-dessous du village de Saint-Quentin. Cet acte est attesté par de nombreux témoins ». Ce lieu-dit de Sacy n’est pas localisé.

Les terres de Sacy n’ont pas gardé le souvenir de ce nom.

Où pouvait être situé Saint-Quentin ? On peut tenter de raisonner et émettre une hypothèse.

Les métairies étaient situées ou bien en sortie de village comme « La Bretonne » à Sacy, ou bien en limite des terres des autres paroisses comme la Loge de Sacy située à la confluence des limites de Vau-Germain paroisse de Saint-Cyr-les-Colon, Courtenay paroisse de Vermenton, les métairies du Bois-l’Abbé de Lichères et du bois de Nitry. Cette répartition des métairies est flagrante à Nitry.

Nous avions la métairie de la Femme Morte paroisse de Vementon en limite de Sacy et d’Essert, et il y a eu une métairie à Essert qui aurait pu être située près de la Femme Morte, au lieu-dit les Chapoutins. Mais rien pour Sacy.

Saint-Quentin aurait pu être en limite d’Essert et de Vermenton.

Limites d’entre Sacy, Essert et Vermenton

De plus, on peut supposer qu’il est plus pertinent de faire don à l’Abbaye de Reigny d’une terre qui lui est proche, que située à plusieurs kilomètres à l’autre bout de Sacy.

Les agriculteurs exploitant ces terres éloignées de Sacy ont été contactés, mais ils n’ont rien remarqué qui puisse faire penser à un ancien lieu d’occupation.

L’archéologie exhume régulièrement nombre d’anciens lieux d’occupation de toutes les époques de l’histoire et préhistoire dont rien n’indiquait l’existence. Il est très possible qu’il ait existé à Sacy d’autres endroits habités ne serait-ce que par quelques foyers. Par exemple, l’acte par lequel en 1622, « nicolas alexandre seigneur du vault du puis et pailleau » requiert le curé de Sacy pour donner baptême à un enfant trouvé sur son finage de Pailleau, qui de nos jours est le bois entre Essert et le Val-du-Puits, laisse penser que le lieu était habité. On ne trouve pas comme ça un nouveau-né au milieu des bois.


[1] Ce qui n’était pas le cas partout :

Aigremont qui faisait partie de la paroisse de Sainte-Vertu est devenu une commune.

Lichères devenu Lichères-près-Aigremont faisait partie de la paroisse de Nitry dont le seigneur était l’Abbé de Molesme. Lichères doté d’une église (Notre-Dame) avait un desservant, vicaire, qui officiait lors des baptêmes, mariages et décès, sauf quand il y a eu un interdit (les habitants ayant refusé de payer son dû au prêtre desservant). Lors de cet interdit ces actes se faisaient à Nitry ce qui n’a pas été sans causer des problèmes de par l’opposition de certains habitants. Le sujet a été traité dans un autre article.

Il en est différemment d’Essert qui appartenait à l’Abbaye de Reigny. À la révolution, Essert est devenu une commune. Reigny, qui possédait des moulins est devenu hameau de Vermenton. La Terre de l’Abbaye de Reigny provenait de toute façon de Vermenton. Le 14 mars 1791, les ossements du cimetière de Reigny où étaient inhumés les gens d’Essert ont été relevés et le lendemain ont été transférés et inhumés dans le nouveau cimetière de la paroisse (sic) (la première République date du 22 septembre 1792). Pour la Petite Histoire locale, Jacques Rétif, neveu de Rétif de la Bretonne, a été meunier quelque temps au hameau de Reigny sous la première république. Il déclarait la naissance et le décès de ses enfants à Vermenton. Il est le père de Julie Rétif (1821-1901) et de Pierre Jacques Rétif (1812-1880) dont les tombes existent toujours à Essert, mais pour combien de temps encore ? La promesse faite par un adjoint municipal de faire restaurer la tombe de Julie Rétif, celle de son frère aîné n’avait pas encore été identifiée à l’époque, n’a pas été tenue.

[2] Pour Sacy, il est fait mention en 1208 d’une Maison de l’Hôpital. Le Commandeur était seul seigneur de Sacy, tous les habitants étaient ses vassaux. Les Commanderies locales dépendaient du Saulce d’Auxerre. A la fin du XVIIè siècle, la maison des Hospitaliers de Sacy située dans la rue des Fontaines touchant aux murs de la ville, était déjà toute en ruines et inhabitable.

Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France, Eugène Mannier, Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris).

[3] Domaine en pleine propriété, libre de toute redevance, opposé au fief.

Edme RÉTIF « L’Honnête Homme », père de « Restif de la Bretonne »

Edme RÉTIF « L’Honnête Homme », père de « Restif de la Bretonne »

Rétif de la Bretonne débute son Calendrier par la célébration des ses parents à la date de 1734, année de sa naissance. Ainsi écrit-il :

JANVIER

1. – Edme RESTIF, mon respectable père; et mon aïeul Pierre. (On a lu leur Vie).
Barbare FERLET de BERTRO, ma digne mère, la meilleure des femmes – 1734

Retif de la Bretonne – Mon Calendrier

Edme Rétif dit L’Honnête Homme, père de Rétif

Dans son œuvre, Rétif de la Bretonne a longuement parlé de son père qu’il surnomme « l’Honnête Homme »  à qui il consacre un livre « La vie de mon père ».

Statut social

Il y a quelques années, Wikipedia écrivait que Rétif était « fils d’un pauvre laboureur de l’Yonne » Il a fallu intervenir via le module discussion de site pour expliquer avec preuves à l’appui que le père de l’écrivain n’était ni pauvre, ni laboureur.

Le mot « pauvre » a depuis été ôté du texte, mais le reste demeure, et ce, malgré une seconde intervention. Ainsi il est toujours écrit en 2024 « Fils d’un laboureur de l’Yonne », mais également dans la rubrique « Jeunesse » du même site : « Nicolas Edme Restif est le fils aîné d’Edme Rétif, lieutenant du bailliage de Sacy, et de Barbe Ferlet », ce qui là est exact, et aussi quelques lignes plus bas dans cette même rubrique « Riche laboureur, Edme acquiert la maison et le domaine de La Bretonne, à l’est de Sacy, le 12 mars 1740  ; la famille s’y installe en 1742 ».

Effectivement, le 12 mars 1740, un Bail à rente de la maison et du domaine de La Bretonne à Sacy est pris par Edme RÉTIF, Lieutenant de Sacy, de Philippe HOLLIER et de Jeanne DELACOUR, couple de Vermenton, en l’étude de Jean Baptiste François COLLET, notaire à Vermenton.

Ces interventions sur Wikipédia sont vérifiables via l’historique du sujet, ce qui permet de voir qu’en 2019 et avant il était écrit « Fils de riches paysans de l’Yonne ». Quel sérieux ! Le laboureur sous l’Ancien Régime possédait terres et tout ce qui était nécessaire pour les exploiter (animaux de trait et matériel agricole). Les autres étaient des manouvriers.

Certes, les curés n’ont pas toujours respecté dans leurs actes cette définition. Il faut avoir conscience qu’à cette époque la terre était un placement pour tout le monde, à la ville comme à la campagne, et Edme RÉTIF n’a pas dérogé à cette règle.

Qu’en dit Rétif ?

Edme Rétif, fils de PIERRE, et d’ANNE SIMON, naquit le 16 novembre 1692 [note : faux, le 25 août 1690], à Nitri, terre dépendante de l’abbaye de Molène dans le Tonnerrois. Son Père avait une fortune honnête.

Rétif de la Bretonne – La Vie de Mon Père

Il y a d’autres possibilités de vérifier le réel statut social de Edme RÉTIF, l’honnête homme, ce sont les archives, tant paroissiales que notariales. Et à l’évidence, ce ne sont pas les auteurs de l’article de Wikipedia qui les ont consultées, ils se sont visiblement greffés lrd travaux des autres.

Du relevé intégral des actes paroissiaux de Sacy, il appert que jamais Edme RÉTIF n’a été qualifié de laboureur.

  • De 1711 à 1727 il est dit Bourgeois de Sacy
  • Marchand, notaire en 1734
  • Puis il est nommé le 20 avril 1735 Lieutenant du bailliage de Sacy, jusqu’à sa mort en 1763.

De plus il est devenu propriétaire de la métairie de la Bretonne en 1740 alors qu’il était Lieutenant de Sacy et s’y est installé en 1742.

1742 – J’avais huit ans, lorsque mon père quitta la maison de la porte Là-bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat (nous reviendrons sur ce frère utérin), pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier

Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas

Quand Marie DONDAINE, première femme de l’honnête homme décède en 1730, elle est nommée « Madame Marie Dondaine ». Quand il se remarie avec Barbe FERLET, mère de l’écrivain, il est désigné « Mr Retif ve [veuf] de deffunte honneste femme Marie Dondaine »

Selon l’auteur, son père a aussi été receveur pour le Seigneur de Sacy hors les Croix [1], associé à Thomas PIAULT qu’il orthographie ici « Piôt ». Cette fonction de receveur n’apparaît pas pour Edme RÉTIF dans les registre paroissiaux, mais Thomas PIAULT qui est charron est effectivement également qualifié de receveur. Il est le père de Edme PIAULT (que Rétif nomme « Mlo le notaire ») qui épousa Marguerite BOURDILLAT à qui Rétif arracha un baiser dans les vignes du Vaurainin (déjà cité dans d’autres articles et que nous retrouverons dans le calendrier sur Marguerite BOURDILLAT). Les PIAULT d’Essert descendent de ce couple.

Thomas Piôt, l’associé de mon père, dans la recette du village, pour les anciens Évêque et Chapitre d’Auxerre

Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas

Mon père était appelé Monsieur le Lieutenant ma mère, Madame la Lieutenante.

Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas

Pierre Rétif dit Le Fier, grand-père de Rétif

Le père de l’Honnête HommePierre RÉTIF surnommé par son petit-fils l’écrivain « Le Fier » était quant à lui laboureur, ce qui indique déjà un certain statut social, mais il était aussi marchand, marchand tonnelier, syndic, « blatier, blatayer » (négoce du blé) et procureur fiscal et receveur en partie de la seigneurie dont dépend Nitry [l’Abbaye de Molesme]. Il a été inhumé dans l’église de Nitry en 1713 tout comme Edme RÉTIF, maître tonnelier et marchand (certainement de tonneaux) son père en 1687.

Marguerite Simon, grand-mère de Rétif

Sa mère Marguerite SIMON descendante de la famille des SIMON de Nitry qui détenait les charges importantes de la paroisse de ce village et d’ailleurs.

Marguerite a pour frères Gilles SIMON, certes laboureur, mais surtout marchand, lieutenant en la Justice de Nitry et receveur de la même paroisse et Claude SIMON, laboureur bien sûr mais également « blatier, blatayer » et praticien (emploi ou charge liée au droit).


L’un des membres de cette famille , François SIMON (né avant 1643-1694) , greffier à Nitry, procureur de la Prévôté de Nitry & Lichères, Lieutenant local de la Justice de Nitry, s’est marié à Merry-sur-Yonne en 1663 avec Renée de la BUSSIÈRE (1632-après 1693) fille du Seigneur en partie de la Rippe et de Anne DEGAN / DE GAND sœur de Jeanne DEGAN Dame de Courtenay en Vermenton qui a fait l’objet d’un article.


La fiabilité de Rétif en question

Problèmes chronologiques et récits incohérents

Rétif raconte qu’après le terrible hiver de 1709/1710 Edme RÉTIF qui aurait sauvé par son savoir-faire les cultures de son père Pierre le Fier, est envoyé chez un parent RÉTIF.

Avocat à Noyers, Homme habile, d’une probité, et d’une raideur encore célèbres. Il était fort riche, ses Petits-fils occupent aujourd’hui des places importantes dans le Dauphiné. Ce fut à cet Homme que Pierre confia un Fils, qu’il aurait pu former lui-même, s’il avait moins aimé le plaisir : mais à une condition ; c’est qu’après avoir employé l’hiver à l’étude, ce Fils reviendrait au printemps tenir la charrue, et conduire les travaux. 

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

À l’évidence, Edme RÉTIF savait labourer, rien de plus normal pour le fils d’un laboureur et sans doute pour la majeure partie des ruraux pour qui les travaux des champs étaient question de survie.

L’écrivain poursuit :

À la fin de ce semestre, Edmond ne retourna pas à Noyers chez l’Avocat Rétif : On voulut qu’il vît la Capitale. Il partit pour Paris le 11 novembre 1712, et entra Clerc chez un Procureur au Parlement, nommé Me Molé

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

Nous n’avons rien qui puisse confirmer le récit de l’auteur, d’autant plus qu’il y a un sérieux problème de dates. La période suivante à laquelle nous pouvons nous référer est celle de son mariage.

À cette date il est revenu de Paris. Or, Rétif écrit quand son père revient de Paris :

Il y avait alors deux ans et demi qu’Edmond était dans la Capitale ; et il allait atteindre sa vingtième année

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

S’il part pour Paris en novembre 1712 et revient pour se marier (27 avril 1713) il n’a passé que quelques mois dans la capitale et il va sur ses 23 ans.

Des erreurs dans les noms, les âges, les fratries

Mon père s’est marié deux fois : la première avec Marie Dondéne, dont il eut sept enfants ; la seconde, avec Barbe Ferlet-de-Bertrô. . Il en eut également sept enfants, dont je suis le premier.

Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas

La consultation des actes paroissiaux permet de dire que :

De son mariage avec Marie DONDAINE, Edme RÉTIF a eu huit et non sept enfants. Il n’a pas compté le dernier qui est décédé à la naissance (25 avril 1730), après avoir été ondoyé à la maison par la sage-femme et a été inhumé dans l’église le même jour sans être prénommé. Un mois et demi plus tard décédait Marie DONDAINE.

La mère de l’écrivain se nomme Barbe FERLET et non « Ferlet-de-Bertrô », et il se trompe également quand au nombre d’enfants nés du second mariage de son père. Nous y reviendrons.

Rétif narre à sa façon le premier mariage de son père, union décidée par les pères respectifs, ce qui n’a rien d’étonnant :

Je vous ai mandé pour vous marier mon Fils. Au lieu des Coquettes perfides et corrompues des Villes, je vous donne une Fille vertueuse, qui ne chérira que son Mari ….. Je vous parle ainsi, parce que vous n’avez pas encore vu Celle que je vous destine, avec la grâce du Compère, qui a bien voulu par amitié pour moi, vous agréer pour Gendre, avant même de savoir si vous lui conviendrez.

Pierre expliqua à son Fils la suite de ses projets : savoir : Qu’il demeurerait à Saci, avec son Beau-père ; parce que cela était nécessaire pour leur entreprise. Il lui parla des fonds que Thomas Dondaine devait fournir.

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

Mais Pierre « le Fier » décède juste avant le mariage de son fils, il est inhumé le 25 avril 1713 dans l’église de Nitry. Un blanc a été laissé pour son âge sur l’acte original. L’acte copie le dit âgé de 48 ans, ce qui le fait naître vers 1665. Rétif le dit âgé de 42 ans, ce qui est peu probable au vu de la date de naissance calculée de sa femme Marguerite SIMON née vers 1657.

Pierre Rétif expira, sur les une heure après-midi, âgé de quarante-deux ans.

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

Nous avons encore une preuve de l’inexactitude du récit de Rétif :

Il épousa Marie Dondaine devant le corps vénérable de son Père […] Après la cérémonie, on acheva les funérailles.

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

Or selon les registres, le mariage a été célébré à Sacy le 27 avril 1713 et Pierre a été inhumé à Nitry le 25 avril.


Si nous pouvons douter des écrits de Rétif, ses demi-frères et sœurs ont pu témoigner avoir habité, ou non, chez leur grand-père maternel.

Les tensions dans la maison de Thomas Dondaine

La vie du couple chez Thomas DONDAINE n’a certainement pas été des plus joyeuses.

Edmond connaissait Thomas Dondaine, et ne l’aimait pas … Je ne prétends pas ici tenir registre de toutes les actions de mon Père : il en est qui rentrent dans le cours ordinaire de la vie. Je dirai seulement qu’il alla demeurer à Saci : qu’il y servit son Beau-père sept années, durant lesquelles, il eut sept Enfants de Marie Dondaine [note : faux : 17 ans et 8 enfants]: Qu’il eut beaucoup à souffrir de l’humeur dure de Thomas son Beau-père : mais qu’il le supporta avec une héroïque patience, à cause de son Épouse, qui était véritablement une excellente Femme

Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père

Arrêtons-nous sur Thomas Dondaine le père de Marie, première femme d’Edme RÉTIF.

Si Rétif idolâtre ses parents et ses aïeux, il est beaucoup plus critique envers Thomas DONDAINE, aïeul de ses demi-frères et sœurs.

Sur Marie DONDAINE, première femme de son père il écrira «Je ne suis pas instruit parfaitement des détails qui concernent Marie Dondaine ; je n’ai eu là-dessus que des notions générales. A l’égard de ma Mère, je suis beaucoup plus au fait, ayant été témoin oculaire » [La vie de mon père].

Les origines et le statut de Thomas Dondaine

Thomas DONDAINE est né vers 1656 selon son âge au décès. Son acte de baptême ne nous est pas parvenu contrairement à ceux de ses frères et sœurs nés avant et après lui. Il épouse en 1682 Marie BÉRAULT fille de Pierre BÉRAULT de Sacy qui fut praticien, notaire royal, greffier, procureur en les Justices hors et dans les Croix [1]Marie BÉRAULT décède des suites de son dernier accouchement, l’enfant lui-même est mort peu après sa naissance. Elle est inhumée le 28 janvier 1695 dans l’église de Sacy. Quatre mois plus tard Thomas DONDAINE se remarie à Vermenton avec Anne FERLET.

« Ce M. Dondaine était un richard de Saci ; homme d’un grand bon sens, laborieux, économe, entendu, et qui ne devait l’espèce de fortune dont il jouissait qu’à ses bras, à son intelligence. Dignes et honorables moyens d’amasser des richesses ! Mais cet Homme était dur, d’une figure rebutante, et d’une force qui passait pour prodigieuse, même dans son pays, où tous les Habitants sont des chevaux. Les défauts de Thomas Dondaine étaient pourtant moins les siens, que ceux de sa Patrie : la grossièreté, la dureté y sont comme innées : ce qui vient, je crois, de deux causes ; de l’air épais qu’on respire dans le Village, situé dans un vallon, marécageux les trois quarts de l’année ; et du contraste subit qu’éprouvent les Habitants, dès qu’ils en sortent, en allant travailler à leurs vignes et à leurs champs, situés sur des collines où l’air est dévorant » [La vie de mon père].

« Il est impossible de rendre le grossier langage de Thomas ; le patois de ce Pays répond à l’âpreté du sol et à la figure des Hommes : il est sourd, grossier, informe : tandis que le parler de Nitri est délicat, sonore ; ce qu’on pourra facilement comprendre, quand on saura, qu’on y fait sonner les voyelles nasales à la manière des Grecs » [La vie de mon père].

Rétif n’avait pas 6 ans au décès de Thomas DONDAINE. Donc il ne l’a pas vraiment connu, et surtout pas assez pour s’être fait lui-même cette opinion sur l’aïeul de ses demi-frères et sœurs.

Mais un élément intéressant est abordé dans ce texte, celui de l’origine de cette branche DONDAINE.

La migration des Dondaine : De Lichères à Sacy

Les DONDAINE de Sacy, comme le dit Rétif, viennent d’ailleurs.

Ce que nous dit la généalogie via les registres paroissiaux : Nous avons trois frères venant de Lichères-près-Aigremont et fils de Urbain / Urbin DONDAINE du même lieu.

Edme DONDAINE : né vers 1619, devient amodiateur et receveur de la métairie de la Loge de Sacy entre 1661 et 1665. Il y décède en 1679. Son nom ne se transmettra pas à Sacy puisque le fils qu’on lui connaît s’installera à Lichères.

François DONDAINE : né vers 1620. Il est laboureur aux métairies du Bois-l’Abbé (1673), métairies dépendant de Lichères. A son décès en 1700 (une épidémie avait fait beaucoup de victimes sur Lichères) il est qualifié de métayer au Bois-L’Abbé.

Une de ses filles, Marie DONDAINE s’établira à Sacy après avoir épousé en 1694 Jean ROUARD puis en 1707 Sébastien GAUTHIER.

Léonard DONDAINE, né vers 1623 épousera avant 1651 Marguerite DUMONT de Sacy où il s’établira après son mariage. Tous les DONDAINE de Sacy descendent de lui. Il est le père de .

Thomas DONDAINE. Il exerce la profession de maréchal, profession qui place très souvent celui qui l’exerce en haut de la classe sociale du village. Il sera inhumé dans l’église de Sacy en 1673.

Seule cette famille DONDAINE figure sur les registres paroissiaux de Lichères (ceux qui nous sont parvenus ne débutent qu’en 1671), ce qui laisse présumer qu’ils n’y sont pas originaires. Malheureusement Rétif ne dit pas quel est ce village « où tous les habitants sont des chevaux ». Pensait-il à Lichères ? Peu probable car Lichères ne correspond pas à sa description géographique.

Les recherches entreprises pour remonter plus avant cette branche DONDAINE n’ont pas permis de trouver de lien entre nos DONDAINE de Lichères et ceux par exemple de la paroisse de Lucy-le-Bois où existe notamment un Urbain DONDAINE pouvant correspondre en âge à celui de Lichères. Il a fondé famille à Lucy-le-Bois, les enfants ne sont pas ceux que l’on retrouve à Lichères et nous n’avons pas son acte de sépulture. Cependant Lucy-le-Bois est à même de correspondre à la description géographique de Rétif. Après 17ans de mariage et 8 enfants plus tard, le 11 juin 1730, un mois et demi après avoir accouché de son dernier enfant mort à la naissance, « Madame Marie Dondaine en son vivant Epouse de Mr Retif » décède. Elle est inhumée dans l’église de Sacy. Elle avait 42 ans.

Enfants d’Edme Rétif et de Marie Dondaine


Des huit enfants qu’a eus le couple, un seul est mort à Sacy, le dernier décédé à la naissance.
1) Anne RÉTIF [2] (174-1769) épouse de Michel LINARD (1716-?), taillandier à Vermenton où elle décède. C’est elle que Rétif, tout jeune enfant avait accompagnée en famille à Vermenton au domicile de son mari après son mariage en 1737 à Sacy.

2) Nicolas Edme RÉTIF [3] (1715-1800) est d’abord vicaire à Vermenton puis fin 1744 curé de Courgis. Il y décède en 1800 dans sa maison, le presbytère. Il est qualifié dans son acte de décès de « Ministre du culte catholique ».

3) Marie RÉTIF [4] (1716-1808) s’installe à Paris où elle y épouse en 1741 Louis BEAUCOUSIN, pâtissier. Le couple est domicilié 21 rue de Charenton à Paris 12è (anciennement 8è) près de la Bastille. Louis né vers 1700, décède en 1778. Il est qualifié dans l’acte de « patissier préféré du Roy ». C’est sans doute la raison pour laquelle il est inhumé dans la cave de la chapelle de la Sainte-Vierge de la paroisse Sainte-Marguerite, Faubourg Saint-Antoine, paroisse dont dépend son domicile. Est présent à l’enterrement Jacques MARSIGNY (1756-1810), originaire de Joux-la-Ville, pâtissier fils Marie Anne RÉTIF (qui suit) sœur de Marie RÉTIF.

Jacques MARSIGNY demeure à la même adresse que ses oncles et tantes Marie RÉTIF et Marguerite Anne RÉTIF (à venir), qui veuve de Jean Melon François BIZET s’installera à cette adresse.

Marie RÉTIF âgée de 92 ans décède en 1808 à cette même adresse. Jacques MARSIGNY déclarera le décès.

Jacques MARSIGNY décédera en 1810 à cette adresse, qualifié de rentier.

4) Marie Anne RÉTIF (1718-1784) épouse en 1744 Jacques MARSIGNY (1715-1789), tonnelier à Joux-la-Ville où elle décède en 1784.Son fils Jean Baptiste MARSIGNY (1761-1809) est l’une des deux personnes qui déclarera le décès en 1800 de Nicolas Edme RÉTIF, curé de Courgis. Un autre fils Jacques MARSIGNY (1756-1810) dont il a déjà été question, rejoint ses tantes Marie et Marguerite Anne RÉTIF à Paris 12è actuel où il décédera.

5) Thomas RÉTIF [5] (1720-1786) Clerc tonsuré, précepteur et gouverneur des enfants de la Maison et Hôpital de Bicêtre, vient en dernier lieu s’installer à Courgis et devient l’assistant de son frère Nicolas Edme qui en est le curé. Il y décède en 1786. En 1746, il est le parrain à Paris 12è de Marie Madeleine BEAUCOUSIN fille de sa sœur Marie RÉTIF.

6) Marie Madeleine (1723-1775) devient la gouvernante de son frère Nicolas Edme curé de Courgis où elle décède en 1775 qualifiée dans l’acte d’institutrice à l’école des fille de Courgis. Sa présence est attestée en 1747 à Paris 12 car elle y est la marraine de Marie Madeleine BEAUCOUSIN fille de sa sœur Marie RÉTIF.

7) Marguerite Anne RÉTIF dite Margot (1727-1808). Elle épouse à Paris 04 actuel en 1763 Jean Melon François BIZET (1737-1778) marchand mercier à son mariage, marchand bijoutier à son décès en 1778 dans le même arrondissement. Au mariage sera témoin Louis BEAUCOUSIN époux de Marie RÉTIF. Après le décès de son mari Marguerite Anne ira demeurer 21 rue de Charenton à Paris 12, près de la Bastille où demeurent déjà sa sœur Marie RÉTIF et son neveu Jacques MARSIGNY.

Marguerite Anne, âgée de 81 ans décède moins de deux mois après sa sœur Marie. Jacques MARSIGNY son neveu déclarera également son décès.

8) Un enfant non prénommé, simplement ondoyé par la sage-femme meurt à la naissance le 25 avril 1730. Un mois et demi plus tard, Marie DONDAINE sa mère décède.

L’honnête homme est veuf. Ce que narre rétif de cette période reflète-t-elle la vérité ou est-ce affabulation ?

« Dès qu’Edme R. fut veuf, la prudence, et ce qu’il devait à sa Jeune famille, ne lui permirent pas de demeurer davantage avec son Beau-père. Il s’en sépara, et se mit à travailler pour lui-même ; ce qu’il n’avait pas encore fait ; contre sa conscience, Thomas Dondaine étant riche, et un Père se devant à ses Enfants : mais la complaisance pour son Épouse avait dirigé sa conduite : exemple rare, qu’un Homme qui se sacrifie à la tranquillité et à la satisfaction d’une Femme qu’il n’a prise que par obéissance ».

L’auteur ne précise pas où est parti habiter son père.

Mariage d’Edme Rétif et de Barbe Ferlet

Le 25 janvier 1734 Edme RÉTIF épouse Barbe FERLET que Rétif surnomme « Bibi ».

BARBE FERLET DE BERTRO, est née à Accolai, petit Bourg situé à la jonction des rivières d’Ionne et de Cure, en 1713. Son Père, Nicolas Ferlet, descendu d’une très bonne Famille, était un excellent homme ; sa probité, la douceur de son caractère et sa piété le faisaient chérir de toute la Paroisse. Son Épouse, mon aïeule, mourut fort jeune : il s’était remarié ; mais à une bonne Femme, qui regarda comme siennes deux Filles de son Mari. Ma Mère était la plus jeune [note : faux, trois enfants la suivent, deux décédés jeunes, l’autre on ne sait pas car il n’apparaît plus dans les registres après son baptême] : c’était une blonde de la plus aimable figure : mais d’une vivacité, et même d’une pétulance, que l’éducation ne réprima pas. C’était l’enfant gâté de la maison …. 

La vie de mon père

Barbe Ferlet : Une figure complexe et romancée

Barbe FERLET naît à Accolay (Yonne) le 22 janvier 1703 et non en 1713 comme l’écrit son fils, qui déjà ne connaît pas sa propre date de naissance.

Il s’agit de FERLET et non FERLET de BERTRO. Rétif s’est constitué une généalogie fantaisiste remontant jusqu’à Pertinax Empereur Romain. [note : Publius Helvius Pertinax né en 126 à Alba Italie, Empereur le 1er janvier 193, assassiné le 28 mars 193]

Barbe FERLET est la fille de Jean FERLET (ca 1658- Accolay 20 06 1740) (aucun acte paroissial ne le prénomme Nicolas) et de Marie CHARREAU (Accolay 18 03 1673-Accolay 05 04 1717).

Jean Ferlet (père de Barbe Ferlet)

Jean FERLET est qualifié de « vigneron » dans tous les actes paroissiaux qui ont été relevés ici pour établir sa généalogie ainsi que celle de ses proches. En l’absence de sources citées, dire qu’il est « Fermier du château de Bertreau » n’est qu’affabulation.

Barbe FERLET a pour parrain « mre françois degrillet fils de messire Jean degrillet seigneur de Trucy, bertereau et autres lieux ». Voilà d’où provient son nom dans les écrits de son fils. Elle est certainement née à Berthereau (orthographe actuelle), hameau d’Accolay où son père devait y être vigneron.

Berthereau est un petit hameau situé sur la route menant de Vermenton à Cravant et dépend d’Accolay. En venant de Vermenton, sur la gauche en contrebas, se situe le château masqué par les arbres.

Jean FERLET s’est marié quatre fois dont avec deux Marie CHARREAU. La mère de Barbe est la seconde.

Rétif avait 6 ans quand son grand-père est mort et ce qu’il en dit ne paraît pas vraiment correspondre avec la réalité. Alors que Jean FERLET était marié à sa première femme, la première Marie CHARREAU, il a été le père le 14 juin 1698 d’un enfant illégitime né avant terme :

« X  fils de Claudine JUILLET femme de René
Tabar absent depuis environ un an est accouchée
au bout d’environ six mois de terme d’un enfant
qu’elle a déclaré estre des œuvres de Jean ferlet
mary de Marie charreau qui m’a esté apporté la
nuit du quatorze juin [note : 1698] par Jeanne Juillet
femme d’Estienne Lepage et tante de lad[ite] claudine
Juillet accompagnée de Toussine Sautereau et
de Marie dautel je l’ai baptisé en leur p[rése]nce en
ma chambre et est ensuitte décéddé et lay inhumé
au cimetiere vingt quatre heures après avec les
cérémonies accoutumée les jour et an que dessus. » Signé F[rançois] Grenan curé d’Accolay.

Selon Rétif, Barbe FERLET, après l’incendie de la maison d’Accolay qui a diminué l’aisance de son père qui dut engager ses terres pour rebâtir sa maison, est envoyée chez une parente Madame PANDEVANT à Auxerre .

« et Bibi alla demeurer à Auxerre chez sa Parente, qu’elle suivit ensuite à Paris, où elle resta deux ans.
Ce fut dans cette dernière Ville, que Bibi essuya différentes attaques, causées par sa figure et par sa vivacité. Tous ceux qui l’approchaient, devenaient ses amants ; mais incapable d’attachement, elle riait de leurs soupirs, ou si elle faisait attention à eux, ce n’était qu’à raison de l’établissement qu’ils pouvaient lui procurer. Dans le nombre, il se trouva un Homme d’environ quarante-cinq ans ; d’une belle figure, jouissant d’une fortune honnête, d’un caractère aimable, et d’une Famille connue. Cet Homme s’annonça tout d’un coup à la Jeune personne, comme prétendant à sa main. Bibi le trouva ce qu’il lui fallait (car elle voulait une maison faite), et le pria de s’adresser à Madame Pandevant. Enchantée des avantages que cet Homme faisait à sa Protégée, cette Dame accueillit le Prétendant. Le mariage fut conclu en huit jours. Immédiatement après la célébration, les deux Époux allèrent demeurer en Province. Bibi, devenue Madame Bovjat, eut un Fils, que son Mari mit en nourrice à Pourrain, à dix lieues de sa résidence, quoiqu’il y eût des Nourrices dans le Pays » [La vie de mon père].

Ce long extrait de « La vie de mon père » est nécessaire pour la compréhension de la suite.

Il ne faut pas oublier que de minutieuses vérifications étaient effectuées dans les paroisses au préalable d’un mariage. Il est douteux que Edme BOUJAT ait pris le risque d’être bigame. Le récit de Rétif est à l’évidence fantaisiste. Rétif tente de disculper sa mère d’avoir couché avec Edme BOUJAT, homme marié, et d’en avoir eu un enfant. Il invente donc ce premier mariage.

L’acte de baptême de l’enfant suffit pour démontrer que Rétif falsifie la réalité. En effet l’enfant est né « enfant naturel » et non « enfant légitime », et de plus il naît en la paroisse de Saint-Eusèbe d’Auxerre où demeure BOUJAT et non dans une ville de Province à 40 km d’Auxerre (Pourrain est à 15 km d’Auxerre) :

« Le seize ianvier mil sept cent vingt trois a esté baptizé
edme né le mesme iour fils naturel du sieur edme boujat
bourgeois, et de barbe frarlay Le parein iean ducousoid mtre
cordonnier, La maraine edmée sery qui a declaré ne scavoir signer  » Suivent les signatures.

D’autre part « Madame Pandevant » dont parle Rétif comme étant la parente qui a accueilli Bibi est dans la réalité le nom de la femme de Edme BOUJAT. Dans le récit il ne nomme pas la femme de BOUJAT qui bien sûr découvre la bigamie de son mari. La femme de BOUJAT et Madame PANDEVANT sont en fait une seule et même personne.

Et que faisait Barbe FERLET chez les BOUJAT pendant toutes ces années ? A l’évidence elle était à leur service.

Il est inutile de poursuivre le récit de Rétif sur ce fantaisiste premier mariage de sa mère. Cependant une phrase intéressante est à relever, Rétif parle de Edme BOUJAT :

« Les raisons qui l’avaient dégoûté de son Épouse, c’est d’abord qu’elle était plus âgée que lui : ensuite, il n’en avait point eu d’Enfant et il brûlait d’envie d’en avoir ».

Magdelaine PANDEVANT a environ 12 ans de plus que son mari et aucun enfant du couple n’a jamais été relevé. Magdeleine avait déjà environ 38 ans quand elle épouse Edme BOUJAT. À Sacy le 21 novembre1698. C’est le curé de Sacy Jean Baptiste PANDEVANT, très certainement de la famille, qui célèbre le mariage. Magdelaine y est dite « fille de deffunt Noble Mary pandevant officier de la panneterie du Roy et Dame perrete prevost ».

Rétif parlera du deuxième mariage de sa mère avec Edme BOUJAT.

« Madame B. mourut au bout de deux ans : et pour marquer la sincérité de ses dispositions à l’égard de Bibi et de son Fils, elle leur laissa tout ce qu’elle pouvait leur laisser, même des biens fonds. M. B. devenu veuf, fit faire des propositions à Bibi, par Madame Pandevant, chez laquelle elle s’était retirée, avec son Fils. Cette Dame conseilla le mariage à sa Pupille, et celle-ci consentit à tout ce qu’on voulut. Elle épousa donc une seconde fois M. B., avec lequel elle vécut heureuse (car il l’adorait), jusqu’à la mort de cet Homme, arrivée en 1732 » [La vie de mon père].

En fait, Magdelaine PANDEVANT épouse de Edme BOUJAT décède six ans après la naissance du fils adultérin de son mari, le 21 avril 1729 à Saint-Eusèbe. Elle est inhumée le lendemain dans l’église.

Dans son testament du 12 Août 1726, elle lègue ses biens à « Edme BOUJAT fils naturel du sieur BOUJAT son mari pour la bonne amitié qu’elle a pour lui ».

Le mariage BOUJAT-FERLET est célébré en cette même paroisse de Saint-Eusèbe le 25 novembre 1729. Barbe FERLET est dite dans l’acte demeurant en la Paroisse de Saint-Laurent de Paris. Il est logique qu’après la naissance du fils, Barbe ne soit pas restée chez les BOUJAT.

Dans les différents actes paroissiaux Edme BOUJAT (Sacy 1672-Sacy 1733) est qualifié de de « bourgeois d’Auxerre puis de Sacy, marchand, procureur d’office ».

Edme BOUJAT meurt à Sacy 4 ans plus tard, le 03 novembre 1733 (et non en 1732 comme l’écrit Rétif vraiment fâché avec les dates) et fut inhumé le lendemain dans l’église.

Le couple a eu trois enfants, le premier Edme BOUJAT, comme son père, né hors mariage, celui que Rétif nomme son frère utérin. Les deux autre décèdent en bas âge.

Les trois enfants du couple Edme BOUJAT & Barbe FERLET :

  •  Edme BOUJAT [6]. : né le 16 janvier 1723 à Saint-Eusèbe d’Auxerre, maître chirurgien, s’est marié le 27 janvier 1750 à Pringy (Seine & Marne) avec Marie Catherine PATRIS où il est décédé d’une chute de cheval le 21 juin 1750.
  • Edme BOUJAT né à Sacy le 06 septembre 1730 où il décède le 29 août 1731.
  • Marie BOUJAT née à Sacy le 10 novembre 1732 où elle décède le 7 avril 1733.

Le 25 janvier 1734 Edme RÉTIF épouse Barbe FERLET en l’église de Sacy. Effectivement, comme le précise l’auteur, il y a dispense des deux derniers bans.

Selon Rétif, c’est le curé de Sacy, Antoine FOUDRIAT, qui sert d’entremetteur entre

Edme RÉTIF et Barbe FERLET, jeune veuve du vieux Edme BOUJAT.

« son Ami [note : le curé] le pressait vivement ; il ne refusa pas, et demanda du temps pour se déterminer.

— Oui, je vous donne vingt-quatre heures, dit le Curé ; encore, est-ce parce que cela ne retardera rien. Dimanche un ban ; dispense des deux autres : mariés à quatre heures du matin le premier jour possible. 

Edme R. sortit de cette entrevue rêveur. Sept Enfants ! mais c’est la jeune Femme que cela devait effrayer, et non pas lui. Par générosité, il résolut de la refuser, et de tout employer pour la servir. Il alla même en parler à son Beau-père sur ce ton. Thomas Dondaine fut effarouché de l’idée seule de ce mariage. Il fulmina, et dès le lendemain, il fit faire un inventaire en faveur de ses Petits-enfants. Edme R. n’en parut point affecté ; au contraire ; voyant les droits de ses Enfants en sûreté ; considérant l’avantage que sa fortune et la leur pouvaient retirer d’un second mariage avec une Femme qui avait beaucoup de droits certains, il retourna chez le Curé moins décidé à refuser.» [La vie de mon père].

C’est peut-être pour cette raison que Thomas DONDAINE n’est pas cité dans l’acte de remariage de son gendre comme étant présent et sa signature ne figure pas non plus sur le document, ce qui n’aurait manqué d’être, au vu de sa situation sociale. La présence au remariage d’une personne veuve, de membres de la famille de la personne défunte, était un signe d’acceptation du remariage.

Le couple s’installe dans la maison où demeurait Barbe FERLET, en face de de l’église qui appartient désormais au seul héritier survivant de Edme BOUJAT.

Edme RÉTIF et Barbe FERLET, nouveaux mariés n’ont pas perdu de temps. Deux jours avant les neuf mois anniversaire de leur mariage, naît celui qui deviendra Rétif de la Bretonne.

Les tensions entre les enfants du premier mariage et la nouvelle épouse

Selon Rétif, il y aurait eu des dissensions entre les enfants du premier mariage de son père et sa nouvelle épouse, et on peut que le croire :

« Sa nouvelle Épouse, tandis qu’il s’occupait à recueillir ses biens, rétablissait l’ordre et l’abondance dans le ménage : elle voulut gouverner des Filles déjà grandes, accoutumées à l’indépendance : elle n’y réussit pas, et elle souffrit en cette occasion, du vice de son éducation personnelle : n’ayant jamais été contredite, elle alla sans doute trop loin : mais ce fut lorsqu’on eut passé les bornes avec elle. Cependant, jamais le Mari ne s’aperçut de ces dissensions domestiques. Sa Femme reprenait un air serein, dès qu’il paraissait, et ne se plaignait que rarement. Ce fut une autre Personne qui instruisit un Père de Famille de ce qui se passait chez lui. C’était après ma naissance ; car je suis le premier fruit du second mariage de mon Père …..

Une Sœur de mon Père (c’était Marie, la plus jeune) eut occasion de passer quelques jours à la maison : le premier et le second jour, tout le monde se contraignit : mais la patience échappa aux grandes Filles le troisième dès le matin. Elles avaient tort ; la Tante surprise de cet orage, prit le parti de sa Belle-sœur contre ses Nièces. Mais ce ne fut pas le moyen de rétablir la paix : On pleura ; on dit, qu’on était abandonnées de tout le monde, depuis que cette belle Dame était venue leur enlever le cœur de leur Père. Les jours suivants, la même scène recommença. Pour lors la Tante, bien convaincue que des Personnes si peu faites pour vivre ensemble se rendaient mutuellement malheureuses, en parla à son Frère.

— C’est ce que j’avais prévu, répondit-il, et je me suis trop tôt applaudi de m’être heureusement trompé : mais je sais un remède. Ce sont les grandes Filles qui causent tout le mal : on me demande l’Aînée en mariage ; le Parti est avantageux, mais j’hésitais ; je vais la marier. La Seconde souhaite d’aller en apprentissage à la Ville ; elle ira. Mon Beau-père Dondaine me demande la Troisième ; je la lui donnerai. Il a déjà la Quatrième : je ne garderai donc ici que la plus Jeune, qui est d’un caractère doux, et qui d’ailleurs n’est qu’une enfant. Quant à mes deux Fils, je ne sais pas si leurs Sœurs les ont mis de leur parti : mais en tout cas, l’Aîné, qui est un homme fait, malgré sa jeunesse, est au séminaire ; le Cadet sur le point d’y aller ; il est d’ailleurs d’un si excellent caractère, que je n’en ai rien à redouter. Voilà des arrangements naturels. Mais, croyez, ma Sœur, que si je m’étais trouvé dans une autre position, j’aurais su parler en Père et en Maître, et mettre à la raison toutes ces petites Personnes. Elles abusent de ma bonté ! »

Il est étonnant qu’une si petite maison ait pu loger autant de personnes.

Les dynamiques familiales après le second mariage

Reprenons une citation déjà relevée plus avant :

« Mon père s’est marié deux fois : la première avec Marie Dondéne, dont il eut sept enfants ; la seconde, avec Barbe Ferlet-de-Bertrô. . Il en eut également sept enfants, dont je suis le premier.  » [Monsieur Nicolas].

Encore une fois Rétif est dans l’erreur, il ne compte pas ses deux frères, l’un décédé âgé de deux mois et demi, l’autre à la naissance. Le couple RÉTIF-FERLET a eu neuf enfants.

Sur leurs deux mariages respectifs, Edme RÉTIF comptabilise dix-sept enfants et Barbe FERLET douze.

Les enfants du second mariage de chacun :

  • Nicolas Edme RÉTIF dit Rétif de la Bretonne (Sacy 23 octobre 1734 – Paris Ve, le 03 février 1806), imprimeur typographe, écrivain, épouse le 22 avril 1760 en la paroisse Saint-Loup d’Auxerre Agnès LEBÈGUE (Saint-Eusèbe d’Auxerre 13 juillet 1738 – Paris 1er le 29 août 1808). Leur divorce est prononcé le 04 février 1794 par le Tribunal de Paris. Sa fille Agnès née Rétif, décédera à Paris sous le nom de « Agnès Rétif de la Bretonne ».
  • Thomas Pierre RÉTIF (Sacy 02 juillet 1736- Sacy 18 septembre 1736).
  • Un garçon non prénommé RÉTIF (Sacy 20 juillet 1737-Sacy 20 juillet 1737).
  • Catherine RÉTIF (Sacy 26 décembre 1738 – Nitry 30 août 1787), jumelle de la suivante, épouse à Sacy le 16 novembre 1762 Pierre Nicolas RÉTIF (ca 1743-Val-du-Puits de Sacy 30 avril 1795).

    Leur fille Geneviève RÉTIF, ex cantinière, décédera à Paris 02e le 31 mars 1857 sous le nom de Geneviève RÉTIF de la Bretonne. Cet acte de décès la dit née à La Bretonne et veuve BOIRON. Son acte de baptême à Nitry ne précise pas son lieu de naissance. Laurent RÉTIF leur petit-fils installé à Paris, prendra également le nom de RÉTIF de la Bretonne.
  • Marie Geneviève RÉTIF (Sacy 26 12 1738-La Bretonne 14 06 1825), jumelle de la précédente, épouse à Saint-Sulpice à Paris 06è le 24 septembre 1772 (Le registre original de Sacy comporte une copie émanant de Saint Sulpice, de cet acte) Léonard Laurent TILLIEN [7].(Sacy 09 11 1729-La Bretonne 28 10 1795), qualifié de bourgeois à Paris sur ledit acte de mariage et que Rétif dit être cocher à Paris. Effectivement les témoins audit mariage sont des loueurs de carrosses dont Pierre et Edme DONDAINE. Le couple reviendra vivre et finir leur vie à la ferme de la Bretonne.
  • Jean Baptiste RÉTIF [8] (Sacy 12 03 1740-1754/1755). Son acte de décès n’est pas dans les registres de Sacy. C’est Rétif qui nous apprend que son frère est mort à l’âge de 14 ans.
  • Marie Anne RÉTIF [9] (Sacy 18 03 1741- Paris 06e, anciennement 11e, le 22 02 1825). Qualifiée de sœur de charité, elle est décédée à son domicile 49 rue Saint-André des Arts, certainement local du bureau de charité, à moins de 500mètres du domicile de son frère Rétif de la Bretonne où il est décédé en 1806). Il est intéressant de noter qu’un des déclarants, est administrateur au bureau de charité. Il s’agit de Antoine Issac SILVESTRE de SACY, « Baron d’Empire, linguiste, philologue et orientaliste-arabisant selon Wikipedia ». L’acte de décès [9] lui ajoute d’autres qualifications. Il est né SILVESTRE mais ayant hérité de son père des terres de Sacy ayant appartenu à l’Ordre de Malte (ex Hospitaliers), il a ajouté « de SACY » à son nom.

    Selon une chronologie de la vie de Rétif la Bretonne aux éditions Garnier (accès libre), Marie Anne est dite « Élisabeth », elle est « religieuse à l’abbaye de Crisenon, puis aux Bernardines d’Auxerre, gouvernante du curé de Courgis après le décès de sa demi-sœur Madeleine, enfin sœur de charité à Paris ».
  • Charles RÉTIF [10].(Sacy 19 02 1743-Hanovre, Allemagne 1759/1760), clerc chez un notaire parisien avant de devenir soldat au Régiment d’Auvergne.
  • Pierre RÉTIF [11].(Sacy 21 08 1744-La Bretonne 31 07 1778). Son parrain est son frère le futur écrivain, il a 10 ans et ne sait pas encore signer, sa marraine est sa demi-sœur Marguerite Anne qui signe. Pierre épouse à Annay-la-Rivière (de nos jours Annay-sur-Serein) 1e 29 janvier 1765 Françoise PIOCHOT (Annay-la-Rivière 10 03 1739-La Bretonne 21 03 1811). Pierre RÉTIF succédera à son père à la Bretonne, où l’ont rejoints comme nous l’avons vu, sa sœur Marie Geneviève RÉTIF et son mari Laurent TILLIEN après leur vie parisienne.

Leur fils Nicolas Edme RÉTIF (La Bretonne 1770-Accolay 1862) sera médaillé de Sainte-Hélène.

Leur fils Edme Étienne RÉTIF (La Bretonne 1769-La Bretonne 1794) dit « Edmond le pulmonique par Rétif de la Bretonne, son oncle et beau-père. Il épouse en effet le 21 mai 1791 à Paris sa cousine germaine Jean Thomas Marie Anne RÉTIF dite Marianne et également Marion (la Bretonne 1764-Paris 1836), fille de l’écrivain et d’Agnès LEBÈGUE.

Leur fils Jacques RÉTIF (La Bretonne 1773-Essert 1855) est à l’origine de la branche RÉTIF d’Essert. Sa fille Julie RÉTIF [12] (Essert 1821-Essert 1901) ainsi que son fils Pierre Jacques RÉTIF [13] (Reigny devenu hameau de Vermenton à la Révolution 1812-Essert 1880), Maire d’Essert de 1848 à 1871, y ont toujours leur tombe en 2024.

Revenons à Thomas DONDAINE.

Anne FERLET sa seconde femme décède le 29 octobre 1738 à Sacy. Elle est inhumée dans l’église le lendemain.

Le 07 juillet 1726, est bénite « la petite cloche qui est audessus du Maitre Autel, elle eu pour Parain Maitre Edme Boujat Bourgeois d’Auxerre, et pour Marainne honneste femme Anne Ferlet Epouse de Mtre Thomas Dondaine. ».

Les inscriptions sur la cloche nous apprennent que Thomas DONDAINE est maire de Sacy.

Il est à noter également que le parrain n’est autre que Edme BOUJAT qui épousera Barbe FERLET trois ans plus tard.

Décès et testaments

Thomas DONDAINE décède le 29 février 1744, il est également inhumé dans l’église.

Edme RÉTIF et Barbe FERLET décéderont en toute logique à La Bretonne.

Edme RÉTIF le 16 décembre 1763, il sera inhumé le lendemain au cimetière. Pour Rétif, son père est mort en 1764.

Le 18 décembre 1763 à Sacy, a lieu l’inventaire de la communauté d’entre feu Edme RÉTIF, Lieutenant de Sacy et Barbe FERLET, sa femme [Archives de l’Yonne].

Dans un mur au 03 de la rue des Prés à Sacy est incrusté un morceau de sa pierre tombale. Le cimetière autour de l’église de Sacy a été relevé fin 19e et début 20e siècle. Il y a d’ailleurs une erreur sur la date de décès [13].

Barbe FERLET meurt le 06 juillet 1771 et non en juillet 1772 comme l’écrit Rétif. Elle sera inhumée le lendemain dans l’église.

Barbe FERLET a fait enregistrer son testament le 02 juillet 1771 :

Par devant Nous
Jean baptiste françois Maujot avocat
en parlement notaire royal au baillage resident
a vermenton, assisté d’Edme et Jacques Cornevin
tous deux laboureurs demeurans a Sacy
nos temoins soussignez le deux Juillet mil
sept cent soixante et onze après midy nous
sommes au mandement de dame barbe ferlet
veuve de Me Edme Retif lieutenant audit
baillage de Sacy demeurante ladite veuve
Retif en sa maison de la bretonne
 près et
Paroisse de Sacy transporté en la susdite
maison en une chambre elevée ayant son
escalier et entrée sur la cour et ses vues face
le jardin dependant de ladite maison ou nous
avons trouvé lad. dame ferlet veuve dudit Me
Retif, en son lit malade de Corps neanmoins
saine d esprit memoire et entendement
[fin de la 1ère page]

Testament Barbe Ferlet – 2 juillet 1771


Résumé de la suite :
« Elle détaille les biens qu’elle laisse à ses cinq enfants, dont son fils aîné Nicolas-Edme qui reçoit quelques arpents de terres et des vignes, le montant de quatre rentes et une somme de 11 livres qui lui sera payée par sa sœur Marie Anne. Les meubles et effets mobiliers seront partagés à parts égales… « Je declare que j’ai fait les presentes distributions de mes biens avec la plus parfaite égalité. J’espere que mes enfants s’en trouveront contens je les prie et leur ordonne même de n’y donner aucune atteinte et de conserver la paix et l’union que je leur ai toujours inspiré »…. »

La distribution des biens comprend un peu plus de 6000 livres de biens-fonds, environ 2000 Livres de rentes. La Bretonne comptant dans le partage pour 1500 livres. On est bien loin d’un « pauvre laboureur »

Testament de Barbe Ferlet

En 1773 Rétif vendra sa part de patrimoine à son frère Pierre qui reprend l’exploitation de La Bretonne.

Destin de la fratrie et de sa descendance

Des huit enfants du premier mariage de Edme RÉTIF, deux s’établiront à Paris et y décéderont. La présence de deux autres à Paris est attestée, mais ils n’y resteront pas.

Des neuf enfants de son second mariage, deux également s’installeront dans la capitale où ils mourront. Une fille après des années passées à Paris reviendra à La Bretonne avec son mari originaire de Sacy.

Des petits enfants de Edme RÉTIF s’établiront aussi à Paris.

Edme RÉTIF lui même était à Paris avant de revenir pour se marier (selon Rétif).

Barbe FERLET demeurait à Paris avant de revenir à Auxerre pour se marier avec le père de son enfant.

Edme BOUJAT, le fils adultérin né des relations adultérines de Edme BOUJAT avec Barbe FERLET, s’était installé à Pringy en Seine et Marne, à 47 km de Paris (estimation actuelle).

Le voyage Sacy/Paris/Sacy était fait plusieurs fois au cours d’une vie.

L’exode rural vers Paris était déjà important aux 18e et 19e siècles. Rappelons que deux DONDAINE, loueurs de carrosses étaient témoins au mariage à Paris en 1772 de Marie Geneviève, sœur de l’écrivain. Le mouvement ne fera que s’amplifier au 20e.


[1] À cette époque Sacy a deux Seigneurs et donc deux Justices : celle du Commandeur de l’Ordre de Malte du Saulce d’Auxerre, anciennement Ordre des Hospitaliers, Justice dite dans les Croix et celle de l’Évêque d’Auxerre et de son Chapitre dite hors les Croix.

[2] Anne RÉTIF : « Anne R., Fille aînée, et déjà mariée, fut louée pour sa bonne conduite en ménage, avec un Mari très dissipé, peu laborieux, dont elle avait fait un bon Mari par sa douceur, ses complaisances, les encouragements qu’elle lui donnait, et l’ardeur incroyable avec laquelle elle lui épargnait une partie des peines, en faisant elle-même autant, et plus qu’elle ne pouvait ». [La vie de mon père].

[3] Nicolas Edme RÉTIF : « Parmi les cinq Filles du premier lit, quelques-unes avaient de la figure, et étaient assez bien, surtout la Seconde, qui est le portrait de son Frère aîné, comme celui-ci l’est de son Père ». [La vie de mon père].

« L’Aîné surtout, aujourd’hui l’un des plus respectables Pasteurs du second ordre qu’ait l’Église, peut être regardé comme la récompense des vertus d’Edmond et de sa soumission aux ordres de son Père dans le choix d’une Épouse ». [La vie de mon père].

[4] Marie RÉTIF : « Parmi les cinq Filles du premier lit, quelques-unes avaient de la figure, et étaient assez bien, surtout la Seconde, qui est le portrait de son Frère aîné, comme celui-ci l’est de son Père ».

« Marie R., quoiqu’absente, et étant alors à Paris, fut louée pour sa conduite dans cette Ville, sur le témoignage de ses Maîtresses, et d’une de nos Tantes : comme elle était jolie, elle avait été exposée à quelques épreuves, dont elle s’était tirée avec autant de modestie que de courage ». [La vie de mon père].

[5].Thomas RÉTIF :  « Le second Fils de la Première femme, nommé Thomas, comme son Aïeul maternel, ressemble à sa Mère, et en a la bonté, unie à la candeur d’Edme R. Je ne pourrai parler du Frère aîné, sans dire un mot du Cadet ; ils vivent ensemble, et l’on verra dans ce que j’en rapporterai, un exemple des vertus les plus sublimes et les plus douces de la morale évangélique ». [La vie de mon père].

« Quant au Fils cadet du premier lit, je n’ai pas non plus ouï-dire, que notre Père ait été obligé de le traiter durement : Cependant il était paresseux, et son excessive bonté, dont aujourd’hui tous ceux qui le connaissent tirent tant de fruit, pouvait alors passer pour le défaut qui en est l’excès. Aussi n’était-il pas aimé de Thomas Dondaine son Aïeul et son parrain [note : vrai], qui était entièrement subjugué par les qualités brillantes de l’Aîné : mais Edme R. encourageait ce second Fils, et lui marquait la plus tendre affection ».[La vie de mon père].

« Thomas R., plus jeune de quelques années que le Curé de Courgis, est un de ces caractères heureux, tels qu’on nous peint les Hommes de l’âge d’or. La candeur et la modestie siègent sur son front, et dès qu’il a parlé, on se sent porté à lui donner toute sa confiance. Ce digne Ecclésiastique, est si humble, qu’il n’a jamais voulu accepter l’ordination, que M. De Caylus lui a fait offrir plusieurs fois ». [La vie de mon père].

[6].Edme BOUJAT : « Je n’ai pas eu occasion de parler du Fils aîné de ma Mère, dans le cours de cet Ouvrage Il avait pris un art aussi utile aux Hommes, qu’il est noble par l’évidence et la sûreté des secours qu’il procure, la Chirurgie. Il s’y distingua : Il connaissait surtout si bien le tempérament de mon Père et de ma Mère, qu’il ne les traita jamais en vain ; soit que sa méthode fût infaillible ; soit plutôt, que la confiance en lui fît plus que le remède. Cet excellent Garçon était mort à vingt-six ans, d’une chute de cheval, laissant une jeune Veuve, qui lui a donné un Fils posthume. Durant tout le cours de sa maladie, Edme R. ne disait autre chose dans ses souffrances, sinon, — Hélas ! si j’avais ici mon pauvre Bovjat ! Ce fut la seule plainte qu’il se permit ». [La vie de mon père].

[7].Laurent TILLIEN : « Marie Droinc. Sœur cadette de Madeleine, et que Laurent Tilhien, frère d’Agathe, qui avait six à sept ans plus que nous, força de nous montrer, à tous, de nous laisser examiner et toucher sa nudité sexuelle … Hé ! l’on parle de l’innocence des campagnes ! » [Monsieur Nicolas, Mon Calendrier, 28 janvier 1743].

[8].Jean Baptiste RÉTIF : « Jean-Baptiste R., le second des Fils du second lit, est mort à quatorze ans. Son esprit était borné ; mais il aurait fait un jour un second Thomas R. : son ingénuité et sa bonhomie ont fait pendant toute sa jeunesse l’amusement de la Maison, sans que pour cela il en fût le jouet : notre Père, qui riait lui-même de ses naïvetés, ne l’aurait pas souffert ».[La vie de mon père].

[9].Marie Anne RÉTIF : transcription de son acte de décès reconstitué de Paris :

«  RECONSTITUTION
DES ACTES DE L’ÉTAT CIVIL DE PARIS
Expédition délivrée sur papier libre, en exécution de la loi du 12 février 1872,
par Me harly Perraud Notaire à Paris,
soussigné, le vingt Décembre mil huit cent soixante-treize, d’une Copie
authentique d’acte de decès annexée à la minute, étant en sa possession,
d’un acte reçu le vingt neuf mars mil
huit cent vingt cinq par Me Deprez notaire à Paris
Prefecture du département de la Seine
Ville de Paris
onzième Mairie
Estrait du Registre des actes de décès de l’an mil
huit cent vingt cinq
L’an mil huit cent vingt cinq, le vingt deuxième jour
du mois de février onze heures du matin
Pardevant Nous marie Guillaume de Bure adjoint
à Monsieur le Maire du onzième arrondissement de Paris faisant
les fonctions d’officier public de l’état civil sont comparus Messieurs
Antoine Isaac Baron Silvestre de Sacy, membre de l’Institutroyal de france, administrateur au bureau de charité onzièmearrondissement de Paris, commandeur de l’ordre royal de lalégion d’honneur et chevalier de l’ordre de Sainte anne de Russieseconde classe, âgé de soixante et six ans demeurant à Paris ruehautefeuille numéro 9 et Jean hyppolite Pelletier agent comptable
du bureau de charité dudit arrondissement, âgé de trente quatre ans
demeurant à Paris rue saint andré des arts numéro 49 lesquels nous ont
déclaré que ce jourd’hui cinq heures du matin Madame Marie Anne Rétif
sœur du bureau de charité du onzième arrondissement de Paris, agée de quatre vingt quatre ans
native de Sacy, département de l’yonne demeurant à Paris rue Saint andré des arts
numéro 49, quartier de l’école de médecine, est décédée en ladite demeure.
Et ont les déclarants signé avec nous le présent acte de décès après qu’il leur en a été
fait lecture, le décès ayant été dument constaté. Signé au registre le baron silvestre de Sacy
Pelletier M de Bure. Pour extrait conforme au registre délivré par nous maire.
Paris ce deux mars mil huit cent vingt cinq Signé Baron de Lagonde
Expédié et collationné
harly Perraud »

[10].Charles RÉTIF : « Charles R. est le troisième des Fils. C’était le portrait vivant de mon Père pour la figure, et pour la tournure d’esprit : mais il était inventif, ardent ; en un mot c’était l’esprit de Pierre R. avec la vivacité de notre Mère, dans le corps d’Edme R. Cet Enfant d’une si grande espérance, fut tué en 1757, en Hanover, fut pris en affection chez un Notaire de Paris, qui fut si charmé de ses qualités, qu’il se proposait de lui donner un jour sa Nièce. Nous avons encore la Lettre qu’il écrivit à mon Père à ce sujet, après l’engagement du Jeune homme ; engagement qui ne fut pas l’effet du libertinage, mais d’une sorte d’enthousiasme qui saisit Charles, et lui fit désirer de servir l’État, en payant de sa personne. Il était dans le Régiment d’Auvergne, et n’avait pas dix-sept ans ».[La vie de mon père]. Notons que Charles est mort vers 1760 date à laquelle il a ses 17 ans, et non 1757 comme le dit Rétif toujours fâché avec les dates.

[11].Pierre RÉTIF : « Pierre R. le plus jeune, occupait la maison paternelle. Son éducation s’est trop ressentie, comme je le disais, de l’indulgente vieillesse de notre Père. Il est mort le 5 auguste 1778 [note : 31 07 1778], laissant sept Enfants, dont quatre garçons. J’ajouterai seulement que l’on nous écrit beaucoup de bien de son Fils aîné (qui n’a que douze ans) pour l’entente des travaux rustiques, pour le goût de l’économie et de l’occupation. Puisse cet Enfant retracer la conduite d’Edme R., et le faire revivre dans le pays qu’il a si longtemps et si utilement servi ! » [La vie de mon père].

[12].Tombe de Julie RÉTIF, (celle de gauche). Il est possible de zoomer :

Restif de la Bretonne – 1

Restif de la Bretonne – 1

Nicolas Edme RÉTIF dit Nicolas Edme Restif de la Bretonne, est né à Sacy (Yonne) le 23 octobre 1734 dans une maison en face de l’église qui appartenait à Edme BOUJAT (Sacy 1672- Sacy 1733), premier mari de Barbe FERLET (Accolay 1703- Sacy 1771) mère de l’écrivain. Rétif comme il sera nommé ici, est décédé le 3 février 1806 au 10 rue de la Bûcherie à Paris 05. Ces deux adresses portent une plaque commémorative. Il existe également une plaque commémorative rue des Bernardins à Paris 05 sur la façade d’un immeuble où se trouvait l’atelier d’imprimerie de l’écrivain qui s’y installa en 1781, c’était à l’époque le numéro 10 de la rue. Un atelier de reliure se trouve de nos jours dans cette même rue à quelques mètres de ce lieu historique.

L’écrivain a été inhumé au cimetière Sainte-Catherine [1] qui a été fermé en 1824. A partir de 1785, les cimetières parisiens ont été relevés, pour insalubrité ou pour travaux d’urbanisme. Les ossement ont alors été transportés dans les catacombes. Les derniers dépôts datent de 1860. 

faire-part de décès de Rétif de la Bretonne

Voyez mon Calendrier, morceau important de mon Histoire, dans lequel je célèbre la 
mémoire des 366 femmes principales avec qui je me suis trouvé en relation. Cette 
espèce de Table de ma Vie, est destinée à les réunir toutes sous un seul point de vue. 
Quelques-unes ne sont pas indiquées dans l’Histoire alors le Calendrier entre dans les 
détails nécessaires, et devient ainsi partie intégrante de l’Ouvrage. Quand plusieurs 
femmes n’ont qu’un trait, elles sont au même jour

Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé – Restif de la Bretonne

 MON CALENDRIER

Hier, 14 septembre 1790, l’âme encore émue, la tête encore
remplie du vingt-unième anniversaire de la rue Saintonge
que je célébrais ce jour-là, il me vint en idée d’écrire mon
CALENDRIER, c’est-à-dire la liste des femmes et des hommes dont il
est parlé, soit dans cet ouvrage-ci, soit dans le Drame de la Vie.
Après y avoir réfléchi mûrement, il m’a paru que mon Calendrier,
tel que je le concevais, formerait une table utile, et peut-être
nécessaire. L’ordre sera chronologique : ce qui veut dire que
mes plus anciennes connaissances rempliront les premiers mois.
Je ne répéterai pas les détails déjà consignés dans cet ouvrage-ci.
Souvent, il y aura deux femmes sous un seul jour. La raison en est
que, mon Calendrier embrassant plus de soixante ans, plusieurs
femme y peuvent coïncider. En marge seront par première et
dernière les années qu’aura duré la connaissance *. J’aurais donc
à commémorer beaucoup plus de trois cent soixante-six femmes
Je citerai quelquefois la page où se trouvent les personnages
commémorés.
Voilà quel est l’ordre que je vais suivre. J’ajoute que je diffé-
rencierai par la grosseur du caractère les Objets les plus intéres-
sans, tels que JEANNETTE, COLETTE *.

Mon Calendrier – Restif de la Bretonne

 Les deux premières personnes célébrées par Rétif sont ses père et mère.

Rétif de la Bretonne, portrait de 1787

[1] Le cimetière Sainte-Catherine se trouvait dans le 13ème Arrondissement de Paris, dans l’espace compris entre le Boulevard Saint-Marcel, la rue des Fossés Saint-Marcel et la rue du Fer à Moulin. Le cimetière ouvert et béni le 02 octobre 1783 recevait 4000 corps par an était saturé à la fin du 1er Empire. Il sera fermé le 25 juillet 1824. Plusieurs personnalités et exécutés y ont été inhumés. Voir Wikipedia