Le conseil municipal de Sacy, pour qui, visiblement, il y a des sujets trop sérieux pour les laisser à l’appréciation de la populace, a pris la décision de rattacher la commune à celle de Vermenton, et le 1er janvier 2016 Sacy est devenue une commune déléguée de Vermenton.
Commune déléguée. L’expression est trompeuse, car il n’y a plus de maire délégué à Sacy, les permanences à la mairie ont finalement été supprimées. Sacy n’existe plus administrativement. Les habitants qui décèdent à Sacy, sont enregistrés à l’INSEE comme décédés à Vermenton. Le cas est le même pour Essert, rattaché depuis 1972 à Lucy-sur-Cure. Donc, depuis 2016 on ne peut plus naître (accidentellement), se marier et mourir à Sacy.
Pour les enterrements, les pompes funèbres indiquent : « cimetière de Vermenton, anciennement Sacy » ! Quel culot !
Lors de l’appel aux dons pour la création et l’installation d’une nouvelle cloche dans l’église de Sacy, la Fondation du Patrimoine a indiqué « église de Sacy à Vermenton » !
D’ici peu, Rétif de la Bretonne sera né à Vermenton, Jacques Lacarrière aura habité à Vermenton et Henri Moine, grand-père d’Eddy Mitchel sera né à Vermenton.
Autre conséquence, tout pour Vermenton. Les fleurs, les bacs de compostage etc.
Nous avions un employé communal à temps plein, il a été accaparé par Vermenton.
Bref, élire c’est désigner des maîtres qui vont tout décider à notre place pendant le temps du mandat, c’est renoncer à voter soi-même les décisions. Élire des représentants est un acte de servitude.
Depuis cette annexion, une page consacrée à l’Histoire de Sacy a été mise en ligne par la Municipalité suzeraine.
Il convient d’en corriger quelques inepties, dignes de commérages de bistrots ou de lavoirs, et, le plus triste, avalisées à plusieurs reprises par la municipalité !
En 2020 il y était dit :
« En dehors du bourg, deux écarts : le hameau du Val du Puits jadis dénommé Merry et la ferme de la Loge ayant appartenu aux Jésuites. »
« Le Val du Puits (Merry) quant à lui dépendait de la seigneurie de Bessy. Il sera rattaché à Sacy à la Révolution. »
Inculture ! À l’évidence, il y a confusion entre l’entité administrative qu’est une paroisse et les différents propriétaires des terres de ladite paroisse, propriétaires qui n’y demeurent pas forcément.
Il faut malheureusement rappeler pour certains que la paroisse est, sous l’ancien régime, le plus petit territoire d’une collectivité. Les paroisses sont réunies en diocèses, puis évêchés. À la révolution, les paroisses sont devenues des communes, réunies en cantons, puis départements et maintenant régions. A chaque entité administrative, un conseil grassement rémunéré par nos impôts. L’État, ce créateur d’inutiles coûteux !
Aussi loin que les registres de catholicité de Sacy peuvent nous mener, à savoir le 15e siècle, le Val-du-Puits (de Sacy) faisait partie de la paroisse de Sacy. Les baptêmes, mariages et sépultures des habitants du Val-du-Puits étaient célébrés dans l’église paroissiale de Sacy. Les gens étaient inhumés dans le cimetière paroissial de Sacy (autour de l’église), et ce malgré l’existence, depuis la Renaissance, de la chapelle du Val-du-Puits (voir article sur cette chapelle). Les mariages peuvent néanmoins être célébrés dans une chapelle. Un seul a été relevé dans les registres paroissiaux de Sacy, il a été célébré le 12 octobre 1615 dans la chapelle Saint-Léonard du Val-du-Puits de Sacy.
« Le lundy 12 jour du moys d’octobre 1615 ont este espousez en la chapelle du Vault du puis paroisse de sacy Jhan fauvin et Thoinette minee led fauvin dud Vault du puis et ladite Minee dud Sacy par moy cure soubz signe led jour et an que dessus » Signé : Muteley
À la révolution, le Val-du-Puits, hameau de la paroisse de Sacy n’a fait que rester dans le giron de Sacy, Donc il n’y a eu aucun changement, ce qui n’a pas été le cas partout [1]. Il est inadmissible de dire que le Val-du-Puits a été rattaché à Sacy à la Révolution.
L’historien communal, de toute évidence, n’a jamais pris le temps d’ouvrir un seul des registres paroissiaux de Sacy et cartulaires de l’Yonne. Ils sont pourtant en ligne sur internet.
Le Val-du-Puits de Sacy et Merry étaient deux bourgs biens distincts. Ils sont cités concomitamment dans le Cartulaire de L’Yonne qui précise « Merry était un fief situé commune de Sacy, et un lieu aujourd’hui détruit ».
Le Val-du-Puits existe toujours et il ne peut donc y avoir de confusion,
Nous savons que Sacy appartenait depuis le Moyen-Age classique (période allant du début du XIème-fin du 13ème) à l’évêque d’Auxerre et à son Chapitre d’une part, et aux Hospitaliers devenus aux 16è siècle l’Ordre de Malte, du Saulce d’Auxerre d’autre part [2].
Ces deux Seigneurs d’Auxerre possédaient d’autres Seigneuries dans d’autres paroisses.
Ils étaient donc chacun Seigneur en partie de Sacy. Les terres afférentes à ces deux seigneuries étaient soumises à la justice de chacune d’elles. Pour ce, il y avait deux lieutenants, l’un dit « Lieutenant de Monsieur le Commandeur » et aussi « Lieutenant dans les croix », pour les hospitaliers, et « Lieutenant hors les croix » pour l’évêque d’Auxerre et son Chapitre. Ils avaient également leur receveur.
Quand l’Ordre des Hospitaliers a décliné, il a vendu ses terres et à Sacy après le premier tiers du XVIIIè siècle, il ne restait plus qu’un Lieutenant et il représentait l’autorité royale.
L’Ordre des hospitaliers a été fondé au XIème siècle. Les terres auparavant appartenaient évidemment à d’autres seigneurs et les hospitaliers les ont acquises avec les serfs qui y étaient attachés et la justice qui y était afférente.
Pour le Val-du-Puits de Sacy, paroisse de Sacy, il y avait d’autres seigneurs. Certains noms ont été relevés dans des actes sur les registres paroissiaux de la paroisse de Sacy :
– Nicolas ALEXANDRE, Sergent Royal, receveur de Monseigneur le Révérend Évêque d’Auxerre et Messieurs du Chapitre en ce lieu hors les Croix, Seigneur du Val-du-Puits et Pailleau (cité de 1615 à 1627) et Germaine BERGER, sa femme (citée de 1621 à 1627).
Le 19 septembre 1622, « nicolas alexandre seigneur du vault du puis et pailleau » requiert le curé de Sacy pour donner baptême à un enfant trouvé sur son finage de Pailleau.
– Philippe CAMBRON Écuyer et Seigneur du Val-du-Puits et sa femme Françoise de CULAN sont cités en 1628.
– Louise Madeleine BARDET qualifiée de « Dame du Vau du puis de Sacy » en 1729, marraine à Vermenton d’un enfant dont le parrain est Antoine Fourdriat, curé de Sacy.
– Lors de la bénédiction de la cloche de la Chapelle Saint-Léonard en 1758, le parrain est Jacques Germain Edme MARTINEAU Seigneur du Val-du-Puits de Sacy, Seigneur de Soleine et Charmoy, avocat en parlement pourvu de la charge de conseiller honoraire en titre au bailliage et siège présidial d’Auxerre exerçant la justice par le fait des aides tailles droits, et autres impositions de sa majesté en ladite ville et comté d’Auxerre, Conseiller du Roy en la Cour des Monnaies de Paris.
La marraine est sa fille Marie qui donne son nom à la cloche.
Quant à l’affirmation que Le Val du Puits quant à lui dépendait de la seigneurie de Bessy, elle vient de ce que l’auteur fait de ces deux hameaux distincts un seul lieu.
Cela est grave, dans une histoire qui se veut officielle, d’affirmer que le Val-du-Puits de Sacy a été rattaché à la commune à la Révolution et que Merry et le Val-du-Puits ne font qu’un. Honte aux auteurs et à ceux qui ont avalisé ce texte !
En 2020 une note détaillée contenant toutes les informations dont l’identification du lieu de Merry, a donc été adressée au maire de Vermenton. Toute la partie historique de Sacy a alors été supprimée.
En 2023, lors de la consultation à nouveau du site, il apparaît que toutes ces idioties avaient été remises en ligne. Un mail pour les dénoncer a été adressé, sans effet, à la mairie.
A ce jour, mars 2025 le texte a été remanié, et il est toujours dit « Le Val du Puits quant à lui dépendait de la seigneurie de Bessy. Il sera rattaché à Sacy à la Révolution ». Désespérant !
« Errare humanum est, perseverare diabolicum »
Quelques mots sur la métairie ou ferme de la Loge de Sacy puisqu’elle est citée dans l’ « Histoire officielle » de Sacy par la municipalité de Vermenton.
De son vrai nom, la Loge Croslot a bien appartenu un temps au Collège des Jésuites d’Auxerre. L’Ordre des Jésuites a été créé en 1540. En 1764 il est interdit et les jésuites sont expulsés de France. C’est son propriétaire Olivier BERAULT (1576-après 1658), avocat en parlement demeurant à Noyers qui la leur a donnée le 8 août 1642. Il la tenait de son père, Claude BERAULT décédé avant 1614, originaire de Cravant, personnage important d’Auxerre, tant par ses fonctions militaires (nous sommes en pleine guerre de religion), que civiles. Il est parfois nommé « Seigneur de la Loge Croslot », le terme Sieur serait plus approprié.
Nous avons déjà cité Olivier BERAULT dans d’autres articles, car à Sacy le 19 mai 1624, il a été le parrain lors de la bénédiction de « la petite cloche à sonner la passion ». La marraine était la proche voisine de la Loge, Jeanne DEGAN fille de René, Seigneur de Courtenay. Un article a été consacré à Jeanne DEGAN, inhumée en 1639 dans l’église de Sacy. Sa pierre tombale et quelques inscriptions sont encore visibles, mais pour combien de temps encore si la municipalité ne prend aucune mesure de précaution pour la protéger, dernier de ses soucis dans cette société du spectacle en ces temps du grand vide, de l’insanité, de la vacuité, de l’imposture et du néant.
Après la Révolution, la Loge, paroisse de Sacy, devient comme il l’est écrit parfois dans les actes d’état-civil, un hameau de la commune de Sacy.
Des articles sur la Ferme de la Loge de Sacy seront publiés.
Revenons à Merry.
Selon le Cartulaire « Merry, commune de Sacy, fief seigneurial, au faubourg de ce village, sur le chemin de Joux ». On le trouve cité sous différentes appellations dans le Cartulaire :
Vers l’an 1156, Ascelin est seigneur de Merry, sa femme se nomme Autissiodora et ses fils Herbert, marié à Reine, et Gaucher.
Le seigneur de Merry possède des terres et les serfs qui y sont attachés, dans plusieurs paroisses (Bessy, Sacy, Cravant, Lichères, Nitry, etc.). Les terres des paroisses appartenaient à plusieurs seigneurs dont celui de Noyers « (an 1176). La comtesse [note : de Noyers] raconte comment depuis la mort du comte Gui, son mari, noble homme Herbert de Merry et son fils envahirent la maison des moines de Molême à Nitry, et les en chassèrent violemment. Sur les plaintes de l’abbé, la comtesse ayant fait faire une enquête, il fut établi que Herbert avait eu tort dans ses actes. Celui-ci le reconnut également et renonça à toute prétention sur les terres de Lichères et de Nitry, où il n’avait que quelques serfs. Il se transporta à Nitry, fit amende honorable, mit sept deniers dans la main de l’abbé et répara les dommages causés par son envahissement. » (Cartulaire de l’Yonne)
Le Cartulaire fait état pour la dernière fois de Merry en 1566. Qu’en restait-il à cette date ? Merry n’est pas cité dans les registres paroissiaux de Sacy.
On ne sait pas de laquelle des deux Justices de Sacy elle tenait par la suite.
Ce lieu-dit de Merry est selon le Cartulaire sur la route de Joux. La route goudronnée actuelle n’existait pas dans l’ancien temps, comme le montre le Cadastre Napoléonien.
La route de Joux et Précy-le-Sec était ce chemin situé juste au-dessus de l’ancienne porcherie (sortie de Sacy vers le Val-du Puits). Ce chemin est grossièrement parallèle à la route actuelle qui mène à proximité du Val-du-Puits. Mais depuis quand ce chemin existe-t-il ?
Au départ de Sacy, à gauche le vieux chemin menant à Joux-la-Ville en passant au Val-du-Puits. A droite, le départ de la Vallée de la Creuse.
Il n’a pas été difficile de déterminer où se situait Merry. Le nom de l’endroit en a gardé en effet un souvenir.
À Sacy, à la sortie du village, sur la route de Joux, il y avait une chapelle Sainte-Madeleine citée par Rétif de la Bretonne (né en 1734) et qui figure sur la carte de Cassini (1750). Cette chapelle est aujourd’hui disparue. L’endroit a pris le nom de « La Chapelle ». Et il en est de même pour d’autres lieux (La métairie de la Femme Morte à Vermenton, la chapelle Saint Antoine à Cravant qui figurent sur la carte de Cassini.
Au-dessus de l’ancienne décharge de Sacy, un lieu-dit sur la carte IGN « La Chapelle St-Thibault ». Il subsiste dans le bois un long muret mais rien en l’état ne permet de le dater. Sans doute une limite de parcelle et/ou une bordure de chemin.
Muret dans le bois de La Chapelle Saint-Thibault
Cette appellation « La Chapelle St-Thibault » n’est pas anodine. Il devait bien y avoir une chapelle sur ce site pour donner son nom à l’endroit. Elle ne figure pas sur la carte de Cassini donc n‘existait déjà plus en 1750.
Autre photo du muret dans le bois de La Chapelle Saint-Thibault
Rappelons que le Cartulaire fait état pour la dernière fois de Merry en 1566, relevé sur le terrier (registre) de Palluau-Vau-du-Puits, archives de l’Yonne. (Le livre terrier ou terrier s’imposent au XVè siècle comme outil de l’administration seigneuriale).
Dans le bois de la Chapelle Saint-Thibault
Or le lieu « La Chapelle St-Thibault » se situe bien dans la section dite « du Bois Pailleau » sur le cadastre Napoléonien. Le Val-du-Puits est à la limite Est de cette section. Le chemin « ligne des Tremblats » sépare dans les bois communaux de Sacy la partie Val-du-Puits de celle de la « La Chapelle St-Thibault ».
La Chapelle St Thibault vue de la route actuelle menant au Val-du-Puits de Sacy
« La Chapelle St-Thibault » est bien située sur la route de Joux (400m). Ce lieu ne peut qu’être l’endroit où était établi le bourg de Merry. L’emplacement était bien situé. Il permettait en étant sur place de cultiver ces terres assez éloignées de Sacy et du Val-du-Puits. L’ancienne route de Joux, si elle existait bien à cette époque permettrait de venir à Sacy. Mais ce qui est certain, la vallée de la Creuse qui est bien large et en pente douce et régulière, permettait de se rendre à Sacy. Cette vallée aboutit à une extrémité de Sacy côté Joux.
Le haut de la Vallée de la Creuse, à droite de la lisière boisée, comme on le voit de La Chapelle (zoom)Vallée de la CreuseVallée de la CreuseVallée de la CreuseVallée de la Creuse
De l’autre côté, le coteau du Vau-Franc (côté sud de la vallée homonyme) permettait d’accéder à l’ancienne route menant à Vermenton. La vallée du Vau-Franc est boisée, très encaissée, un sentier peu large et peu sécuritaire. Il existe un vieux chemin qui est parallèle à la vallée et débouche au même endroit. Mais rien ne permet de dire depuis quand ce chemin existe.
Prairie après le bois de la Chapelle Saint-Thibault. La vallée du Vau-Franc est juste à gauche
Les siècles, le remembrement, les machines agricoles ont fait disparaître nombre de chemins. On peut encore par exemple repérer un vieux chemin dans le bois du Tremblat situé juste avant la plongée dans le Val-du-Puits.
Pour finir sur Merry, un ancien de Sacy, aujourd’hui disparu, disait qu’il avait connu une source à La Chapelle Saint-Thibault.
Il y avait un autre village aujourd’hui disparu. Le site de la Mairie de Vermenton n’en parle pas. Pour en avoir connaissance, il faut mettre le nez dans le Cartulaire de l’Yonne.
« Saint-Quentin près Sacy, lieu détruit, com. Sacy, Yonne » (Sanctus – Quintinus subtus Saciacum, Saint-Quentin sous Sacy).
« Entre 1146 et 1151 Oudier, fils de Jean Chapel, fait don à l’abbaye de Reigny de tout son aleu [3] de Sacy, situé au-dessous du village de Saint-Quentin. Cet acte est attesté par de nombreux témoins ». Ce lieu-dit de Sacy n’est pas localisé.
Les terres de Sacy n’ont pas gardé le souvenir de ce nom.
Où pouvait être situé Saint-Quentin ? On peut tenter de raisonner et émettre une hypothèse.
Les métairies étaient situées ou bien en sortie de village comme « La Bretonne » à Sacy, ou bien en limite des terres des autres paroisses comme la Loge de Sacy située à la confluence des limites de Vau-Germain paroisse de Saint-Cyr-les-Colon, Courtenay paroisse de Vermenton, les métairies du Bois-l’Abbé de Lichères et du bois de Nitry. Cette répartition des métairies est flagrante à Nitry.
Nous avions la métairie de la Femme Morte paroisse de Vementon en limite de Sacy et d’Essert, et il y a eu une métairie à Essert qui aurait pu être située près de la Femme Morte, au lieu-dit les Chapoutins. Mais rien pour Sacy.
Saint-Quentin aurait pu être en limite d’Essert et de Vermenton.
Limites d’entre Sacy, Essert et Vermenton
De plus, on peut supposer qu’il est plus pertinent de faire don à l’Abbaye de Reigny d’une terre qui lui est proche, que située à plusieurs kilomètres à l’autre bout de Sacy.
Les agriculteurs exploitant ces terres éloignées de Sacy ont été contactés, mais ils n’ont rien remarqué qui puisse faire penser à un ancien lieu d’occupation.
L’archéologie exhume régulièrement nombre d’anciens lieux d’occupation de toutes les époques de l’histoire et préhistoire dont rien n’indiquait l’existence. Il est très possible qu’il ait existé à Sacy d’autres endroits habités ne serait-ce que par quelques foyers. Par exemple, l’acte par lequel en 1622, « nicolas alexandre seigneur du vault du puis et pailleau » requiert le curé de Sacy pour donner baptême à un enfant trouvé sur son finage de Pailleau, qui de nos jours est le bois entre Essert et le Val-du-Puits, laisse penser que le lieu était habité. On ne trouve pas comme ça un nouveau-né au milieu des bois.
[1] Ce qui n’était pas le cas partout :
Aigremont qui faisait partie de la paroisse de Sainte-Vertu est devenu une commune.
Lichères devenu Lichères-près-Aigremont faisait partie de la paroisse de Nitry dont le seigneur était l’Abbé de Molesme. Lichères doté d’une église (Notre-Dame) avait un desservant, vicaire, qui officiait lors des baptêmes, mariages et décès, sauf quand il y a eu un interdit (les habitants ayant refusé de payer son dû au prêtre desservant). Lors de cet interdit ces actes se faisaient à Nitry ce qui n’a pas été sans causer des problèmes de par l’opposition de certains habitants. Le sujet a été traité dans un autre article.
Il en est différemment d’Essert qui appartenait à l’Abbaye de Reigny. À la révolution, Essert est devenu une commune. Reigny, qui possédait des moulins est devenu hameau de Vermenton. La Terre de l’Abbaye de Reigny provenait de toute façon de Vermenton. Le 14 mars 1791, les ossements du cimetière de Reigny où étaient inhumés les gens d’Essert ont été relevés et le lendemain ont été transférés et inhumés dans le nouveau cimetière de la paroisse (sic) (la première République date du 22 septembre 1792). Pour la Petite Histoire locale, Jacques Rétif, neveu de Rétif de la Bretonne, a été meunier quelque temps au hameau de Reigny sous la première république. Il déclarait la naissance et le décès de ses enfants à Vermenton. Il est le père de Julie Rétif (1821-1901) et de Pierre Jacques Rétif (1812-1880) dont les tombes existent toujours à Essert, mais pour combien de temps encore ? La promesse faite par un adjoint municipal de faire restaurer la tombe de Julie Rétif, celle de son frère aîné n’avait pas encore été identifiée à l’époque, n’a pas été tenue.
[2] Pour Sacy, il est fait mention en 1208 d’une Maison de l’Hôpital. Le Commandeur était seul seigneur de Sacy, tous les habitants étaient ses vassaux. Les Commanderies locales dépendaient du Saulce d’Auxerre. A la fin du XVIIè siècle, la maison des Hospitaliers de Sacy située dans la rue des Fontaines touchant aux murs de la ville, était déjà toute en ruines et inhabitable.
Sources : les commanderies du Grand-Prieuré de France, Eugène Mannier, Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris).
[3] Domaine en pleine propriété, libre de toute redevance, opposé au fief.
Rétif de la Bretonne débute son Calendrier par la célébration des ses parents à la date de 1734, année de sa naissance. Ainsi écrit-il :
JANVIER
1. – Edme RESTIF, mon respectable père; et mon aïeul Pierre. (On a lu leur Vie). Barbare FERLET de BERTRO, ma digne mère, la meilleure des femmes – 1734
Retif de la Bretonne – Mon Calendrier
Edme Rétif dit L’Honnête Homme, père de Rétif
Dans son œuvre, Rétif de la Bretonne a longuement parlé de son père qu’il surnomme « l’Honnête Homme » à qui il consacre un livre « La vie de mon père ».
Statut social
Il y a quelques années, Wikipedia écrivait que Rétif était « fils d’un pauvre laboureur de l’Yonne » Il a fallu intervenir via le module discussion de site pour expliquer avec preuves à l’appui que le père de l’écrivain n’était ni pauvre, ni laboureur.
Le mot « pauvre » a depuis été ôté du texte, mais le reste demeure, et ce, malgré une seconde intervention. Ainsi il est toujours écrit en 2024 « Fils d’un laboureur de l’Yonne », mais également dans la rubrique « Jeunesse » du même site : « Nicolas Edme Restif est le fils aîné d’Edme Rétif, lieutenant du bailliage de Sacy, et de Barbe Ferlet », ce qui là est exact, et aussi quelques lignes plus bas dans cette même rubrique « Riche laboureur, Edme acquiert la maison et le domaine de La Bretonne, à l’est de Sacy, le 12 mars 1740 ; la famille s’y installe en 1742 ».
Effectivement, le 12 mars 1740, un Bail à rente de la maison et du domaine de La Bretonne à Sacy est pris par Edme RÉTIF, Lieutenant de Sacy, de Philippe HOLLIER et de Jeanne DELACOUR, couple de Vermenton, en l’étude de Jean Baptiste François COLLET, notaire à Vermenton.
Ces interventions sur Wikipédia sont vérifiables via l’historique du sujet, ce qui permet de voir qu’en 2019 et avant il était écrit « Fils de riches paysans de l’Yonne ». Quel sérieux ! Le laboureur sous l’Ancien Régime possédait terres et tout ce qui était nécessaire pour les exploiter (animaux de trait et matériel agricole). Les autres étaient des manouvriers.
Certes, les curés n’ont pas toujours respecté dans leurs actes cette définition. Il faut avoir conscience qu’à cette époque la terre était un placement pour tout le monde, à la ville comme à la campagne, et Edme RÉTIF n’a pas dérogé à cette règle.
Qu’en dit Rétif ?
Edme Rétif, fils de PIERRE, et d’ANNE SIMON, naquit le 16 novembre 1692 [note : faux, le 25 août 1690], à Nitri, terre dépendante de l’abbaye de Molène dans le Tonnerrois. Son Père avait une fortune honnête.
Rétif de la Bretonne – La Vie de Mon Père
Il y a d’autres possibilités de vérifier le réel statut social de Edme RÉTIF, l’honnête homme, ce sont les archives, tant paroissiales que notariales. Et à l’évidence, ce ne sont pas les auteurs de l’article de Wikipedia qui les ont consultées, ils se sont visiblement greffés lrd travaux des autres.
Du relevé intégral des actes paroissiaux de Sacy, il appert que jamais Edme RÉTIF n’a été qualifié de laboureur.
De 1711 à 1727 il est dit Bourgeois de Sacy
Marchand, notaire en 1734
Puis il est nommé le 20 avril 1735 Lieutenant du bailliage de Sacy, jusqu’à sa mort en 1763.
De plus il est devenu propriétaire de la métairie de la Bretonne en 1740 alors qu’il était Lieutenant de Sacy et s’y est installé en 1742.
1742 – J’avais huit ans, lorsque mon père quitta la maison de la porte Là-bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat (nous reviendrons sur ce frère utérin), pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier
Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas
Quand Marie DONDAINE, première femme de l’honnête homme décède en 1730, elle est nommée « Madame Marie Dondaine ». Quand il se remarie avec Barbe FERLET, mère de l’écrivain, il est désigné « Mr Retif ve [veuf] de deffunte honneste femme Marie Dondaine »
Selon l’auteur, son père a aussi été receveur pour le Seigneur de Sacy hors les Croix [1], associé à Thomas PIAULT qu’il orthographie ici « Piôt ». Cette fonction de receveur n’apparaît pas pour Edme RÉTIF dans les registre paroissiaux, mais Thomas PIAULT qui est charron est effectivement également qualifié de receveur. Il est le père de Edme PIAULT (que Rétif nomme « Mlo le notaire ») qui épousa Marguerite BOURDILLAT à qui Rétif arracha un baiser dans les vignes du Vaurainin (déjà cité dans d’autres articles et que nous retrouverons dans le calendrier sur Marguerite BOURDILLAT). Les PIAULT d’Essert descendent de ce couple.
Thomas Piôt, l’associé de mon père, dans la recette du village, pour les anciens Évêque et Chapitre d’Auxerre
Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas
Mon père était appelé Monsieur le Lieutenant ma mère, Madame la Lieutenante.
Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas
Pierre Rétif dit Le Fier, grand-père de Rétif
Le père de l’Honnête Homme, Pierre RÉTIF surnommé par son petit-fils l’écrivain « Le Fier » était quant à lui laboureur, ce qui indique déjà un certain statut social, mais il était aussi marchand, marchand tonnelier, syndic, « blatier, blatayer » (négoce du blé) et procureur fiscal et receveur en partie de la seigneurie dont dépend Nitry [l’Abbaye de Molesme]. Il a été inhumé dans l’église de Nitry en 1713 tout comme Edme RÉTIF, maître tonnelier et marchand (certainement de tonneaux) son père en 1687.
Marguerite Simon, grand-mère de Rétif
Sa mère Marguerite SIMON descendante de la famille des SIMON de Nitry qui détenait les charges importantes de la paroisse de ce village et d’ailleurs.
Marguerite a pour frères Gilles SIMON, certes laboureur, mais surtout marchand, lieutenant en la Justice de Nitry et receveur de la même paroisse et Claude SIMON, laboureur bien sûr mais également « blatier, blatayer » et praticien (emploi ou charge liée au droit).
L’un des membres de cette famille , François SIMON (né avant 1643-1694) , greffier à Nitry, procureur de la Prévôté de Nitry & Lichères, Lieutenant local de la Justice de Nitry, s’est marié à Merry-sur-Yonne en 1663 avec Renée de la BUSSIÈRE (1632-après 1693) fille du Seigneur en partie de la Rippe et de Anne DEGAN / DE GAND sœur de Jeanne DEGAN Dame de Courtenay en Vermenton qui a fait l’objet d’un article.
La fiabilité de Rétif en question
Problèmes chronologiques et récits incohérents
Rétif raconte qu’après le terrible hiver de 1709/1710 Edme RÉTIF qui aurait sauvé par son savoir-faire les cultures de son père Pierre le Fier, est envoyé chez un parent RÉTIF.
Avocat à Noyers, Homme habile, d’une probité, et d’une raideur encore célèbres. Il était fort riche, ses Petits-fils occupent aujourd’hui des places importantes dans le Dauphiné. Ce fut à cet Homme que Pierre confia un Fils, qu’il aurait pu former lui-même, s’il avait moins aimé le plaisir : mais à une condition ; c’est qu’après avoir employé l’hiver à l’étude, ce Fils reviendrait au printemps tenir la charrue, et conduire les travaux.
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
À l’évidence, Edme RÉTIF savait labourer, rien de plus normal pour le fils d’un laboureur et sans doute pour la majeure partie des ruraux pour qui les travaux des champs étaient question de survie.
L’écrivain poursuit :
À la fin de ce semestre, Edmond ne retourna pas à Noyers chez l’Avocat Rétif : On voulut qu’il vît la Capitale. Il partit pour Paris le 11 novembre 1712, et entra Clerc chez un Procureur au Parlement, nommé Me Molé
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
Nous n’avons rien qui puisse confirmer le récit de l’auteur, d’autant plus qu’il y a un sérieux problème de dates. La période suivante à laquelle nous pouvons nous référer est celle de son mariage.
À cette date il est revenu de Paris. Or, Rétif écrit quand son père revient de Paris :
Il y avait alors deux ans et demi qu’Edmond était dans la Capitale ; et il allait atteindre sa vingtième année
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
S’il part pour Paris en novembre 1712 et revient pour se marier (27 avril 1713) il n’a passé que quelques mois dans la capitale et il va sur ses 23 ans.
Des erreurs dans les noms, les âges, les fratries
Mon père s’est marié deux fois : la première avec Marie Dondéne, dont il eut sept enfants ; la seconde, avec Barbe Ferlet-de-Bertrô. . Il en eut également sept enfants, dont je suis le premier.
Rétif de la Bretonne – Monsieur Nicolas
La consultation des actes paroissiaux permet de dire que :
De son mariage avec Marie DONDAINE, Edme RÉTIF a eu huit et non sept enfants. Il n’a pas compté le dernier qui est décédé à la naissance (25 avril 1730), après avoir été ondoyé à la maison par la sage-femme et a été inhumé dans l’église le même jour sans être prénommé. Un mois et demi plus tard décédait Marie DONDAINE.
La mère de l’écrivain se nomme Barbe FERLET et non « Ferlet-de-Bertrô », et il se trompe également quand au nombre d’enfants nés du second mariage de son père. Nous y reviendrons.
Rétif narre à sa façon le premier mariage de son père, union décidée par les pères respectifs, ce qui n’a rien d’étonnant :
Je vous ai mandé pour vous marier mon Fils. Au lieu des Coquettes perfides et corrompues des Villes, je vous donne une Fille vertueuse, qui ne chérira que son Mari ….. Je vous parle ainsi, parce que vous n’avez pas encore vu Celle que je vous destine, avec la grâce du Compère, qui a bien voulu par amitié pour moi, vous agréer pour Gendre, avant même de savoir si vous lui conviendrez.
Pierre expliqua à son Fils la suite de ses projets : savoir : Qu’il demeurerait à Saci, avec son Beau-père ; parce que cela était nécessaire pour leur entreprise. Il lui parla des fonds que Thomas Dondaine devait fournir.
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
Mais Pierre « le Fier » décède juste avant le mariage de son fils, il est inhumé le 25 avril 1713 dans l’église de Nitry. Un blanc a été laissé pour son âge sur l’acte original. L’acte copie le dit âgé de 48 ans, ce qui le fait naître vers 1665. Rétif le dit âgé de 42 ans, ce qui est peu probable au vu de la date de naissance calculée de sa femme Marguerite SIMON née vers 1657.
Pierre Rétif expira, sur les une heure après-midi, âgé de quarante-deux ans.
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
Nous avons encore une preuve de l’inexactitude du récit de Rétif :
Il épousa Marie Dondaine devant le corps vénérable de son Père […] Après la cérémonie, on acheva les funérailles.
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
Or selon les registres, le mariage a été célébré à Sacy le 27 avril 1713 et Pierre a été inhumé à Nitry le 25 avril.
Si nous pouvons douter des écrits de Rétif, ses demi-frères et sœurs ont pu témoigner avoir habité, ou non, chez leur grand-père maternel.
Les tensions dans la maison de Thomas Dondaine
La vie du couple chez Thomas DONDAINE n’a certainement pas été des plus joyeuses.
Edmond connaissait Thomas Dondaine, et ne l’aimait pas … Je ne prétends pas ici tenir registre de toutes les actions de mon Père : il en est qui rentrent dans le cours ordinaire de la vie. Je dirai seulement qu’il alla demeurer à Saci : qu’il y servit son Beau-père sept années, durant lesquelles, il eut sept Enfants de Marie Dondaine [note : faux : 17 ans et 8 enfants]: Qu’il eut beaucoup à souffrir de l’humeur dure de Thomas son Beau-père : mais qu’il le supporta avec une héroïque patience, à cause de son Épouse, qui était véritablement une excellente Femme
Rétif de la Bretonne – La Vie de mon Père
Arrêtons-nous sur Thomas Dondaine le père de Marie, première femme d’Edme RÉTIF.
Si Rétif idolâtre ses parents et ses aïeux, il est beaucoup plus critique envers Thomas DONDAINE, aïeul de ses demi-frères et sœurs.
Sur Marie DONDAINE, première femme de son père il écrira «Je ne suis pas instruit parfaitement des détails qui concernent Marie Dondaine ; je n’ai eu là-dessus que des notions générales. A l’égard de ma Mère, je suis beaucoup plus au fait, ayant été témoin oculaire » [La vie de mon père].
Les origines et le statut de Thomas Dondaine
Thomas DONDAINE est né vers 1656 selon son âge au décès. Son acte de baptême ne nous est pas parvenu contrairement à ceux de ses frères et sœurs nés avant et après lui. Il épouse en 1682 Marie BÉRAULT fille de Pierre BÉRAULT de Sacy qui fut praticien, notaire royal, greffier, procureur en les Justices hors et dans les Croix [1]. Marie BÉRAULT décède des suites de son dernier accouchement, l’enfant lui-même est mort peu après sa naissance. Elle est inhumée le 28 janvier 1695 dans l’église de Sacy. Quatre mois plus tard Thomas DONDAINE se remarie à Vermenton avec Anne FERLET.
« Ce M. Dondaine était un richard de Saci ; homme d’un grand bon sens, laborieux, économe, entendu, et qui ne devait l’espèce de fortune dont il jouissait qu’à ses bras, à son intelligence. Dignes et honorables moyens d’amasser des richesses ! Mais cet Homme était dur, d’une figure rebutante, et d’une force qui passait pour prodigieuse, même dans son pays, où tous les Habitants sont des chevaux. Les défauts de Thomas Dondaine étaient pourtant moins les siens, que ceux de sa Patrie : la grossièreté, la dureté y sont comme innées : ce qui vient, je crois, de deux causes ; de l’air épais qu’on respire dans le Village, situé dans un vallon, marécageux les trois quarts de l’année ; et du contraste subit qu’éprouvent les Habitants, dès qu’ils en sortent, en allant travailler à leurs vignes et à leurs champs, situés sur des collines où l’air est dévorant » [La vie de mon père].
« Il est impossible de rendre le grossier langage de Thomas ; le patois de ce Pays répond à l’âpreté du sol et à la figure des Hommes : il est sourd, grossier, informe : tandis que le parler de Nitri est délicat, sonore ; ce qu’on pourra facilement comprendre, quand on saura, qu’on y fait sonner les voyelles nasales à la manière des Grecs » [La vie de mon père].
Rétif n’avait pas 6 ans au décès de Thomas DONDAINE. Donc il ne l’a pas vraiment connu, et surtout pas assez pour s’être fait lui-même cette opinion sur l’aïeul de ses demi-frères et sœurs.
Mais un élément intéressant est abordé dans ce texte, celui de l’origine de cette branche DONDAINE.
La migration des Dondaine : De Lichères à Sacy
Les DONDAINE de Sacy, comme le dit Rétif, viennent d’ailleurs.
Ce que nous dit la généalogie via les registres paroissiaux : Nous avons trois frères venant de Lichères-près-Aigremont et fils de Urbain / Urbin DONDAINE du même lieu.
Edme DONDAINE : né vers 1619, devient amodiateur et receveur de la métairie de la Loge de Sacy entre 1661 et 1665. Il y décède en 1679. Son nom ne se transmettra pas à Sacy puisque le fils qu’on lui connaît s’installera à Lichères.
François DONDAINE : né vers 1620. Il est laboureur aux métairies du Bois-l’Abbé (1673), métairies dépendant de Lichères. A son décès en 1700 (une épidémie avait fait beaucoup de victimes sur Lichères) il est qualifié de métayer au Bois-L’Abbé.
Une de ses filles, Marie DONDAINE s’établira à Sacy après avoir épousé en 1694 Jean ROUARD puis en 1707 Sébastien GAUTHIER.
Léonard DONDAINE, né vers 1623 épousera avant 1651 Marguerite DUMONT de Sacy où il s’établira après son mariage. Tous les DONDAINE de Sacy descendent de lui. Il est le père de .
Thomas DONDAINE. Il exerce la profession de maréchal, profession qui place très souvent celui qui l’exerce en haut de la classe sociale du village. Il sera inhumé dans l’église de Sacy en 1673.
Seule cette famille DONDAINE figure sur les registres paroissiaux de Lichères (ceux qui nous sont parvenus ne débutent qu’en 1671), ce qui laisse présumer qu’ils n’y sont pas originaires. Malheureusement Rétif ne dit pas quel est ce village « où tous les habitants sont des chevaux ». Pensait-il à Lichères ? Peu probable car Lichères ne correspond pas à sa description géographique.
Les recherches entreprises pour remonter plus avant cette branche DONDAINE n’ont pas permis de trouver de lien entre nos DONDAINE de Lichères et ceux par exemple de la paroisse de Lucy-le-Bois où existe notamment un Urbain DONDAINE pouvant correspondre en âge à celui de Lichères. Il a fondé famille à Lucy-le-Bois, les enfants ne sont pas ceux que l’on retrouve à Lichères et nous n’avons pas son acte de sépulture. Cependant Lucy-le-Bois est à même de correspondre à la description géographique de Rétif. Après 17ans de mariage et 8 enfants plus tard, le 11 juin 1730, un mois et demi après avoir accouché de son dernier enfant mort à la naissance, « Madame Marie Dondaine en son vivant Epouse de Mr Retif » décède. Elle est inhumée dans l’église de Sacy. Elle avait 42 ans.
Enfants d’Edme Rétif et de Marie Dondaine
Des huit enfants qu’a eus le couple, un seul est mort à Sacy, le dernier décédé à la naissance. 1) Anne RÉTIF [2] (174-1769) épouse de Michel LINARD (1716-?), taillandier à Vermenton où elle décède. C’est elle que Rétif, tout jeune enfant avait accompagnée en famille à Vermenton au domicile de son mari après son mariage en 1737 à Sacy.
2) Nicolas EdmeRÉTIF[3] (1715-1800) est d’abord vicaire à Vermenton puis fin 1744 curé de Courgis. Il y décède en 1800 dans sa maison, le presbytère. Il est qualifié dans son acte de décès de « Ministre du culte catholique ».
3) MarieRÉTIF[4] (1716-1808) s’installe à Paris où elle y épouse en 1741 Louis BEAUCOUSIN, pâtissier. Le couple est domicilié 21 rue de Charenton à Paris 12è (anciennement 8è) près de la Bastille. Louis né vers 1700, décède en 1778. Il est qualifié dans l’acte de « patissier préféré du Roy ». C’est sans doute la raison pour laquelle il est inhumé dans la cave de la chapelle de la Sainte-Vierge de la paroisse Sainte-Marguerite, Faubourg Saint-Antoine, paroisse dont dépend son domicile. Est présent à l’enterrement Jacques MARSIGNY (1756-1810), originaire de Joux-la-Ville, pâtissier fils Marie Anne RÉTIF (qui suit) sœur de Marie RÉTIF.
Jacques MARSIGNY demeure à la même adresse que ses oncles et tantes Marie RÉTIF et Marguerite Anne RÉTIF (à venir), qui veuve de Jean Melon François BIZET s’installera à cette adresse.
Marie RÉTIF âgée de 92 ans décède en 1808 à cette même adresse. Jacques MARSIGNY déclarera le décès.
Jacques MARSIGNY décédera en 1810 à cette adresse, qualifié de rentier.
4) Marie AnneRÉTIF (1718-1784) épouse en 1744 Jacques MARSIGNY (1715-1789), tonnelier à Joux-la-Ville où elle décède en 1784.Son fils Jean Baptiste MARSIGNY (1761-1809) est l’une des deux personnes qui déclarera le décès en 1800 de Nicolas Edme RÉTIF, curé de Courgis. Un autre fils Jacques MARSIGNY (1756-1810) dont il a déjà été question, rejoint ses tantes Marie et Marguerite Anne RÉTIF à Paris 12è actuel où il décédera.
5) ThomasRÉTIF[5] (1720-1786) Clerc tonsuré, précepteur et gouverneur des enfants de la Maison et Hôpital de Bicêtre, vient en dernier lieu s’installer à Courgis et devient l’assistant de son frère Nicolas Edme qui en est le curé. Il y décède en 1786. En 1746, il est le parrain à Paris 12è de Marie Madeleine BEAUCOUSIN fille de sa sœur Marie RÉTIF.
6) Marie Madeleine (1723-1775) devient la gouvernante de son frère Nicolas Edme curé de Courgis où elle décède en 1775 qualifiée dans l’acte d’institutrice à l’école des fille de Courgis. Sa présence est attestée en 1747 à Paris 12 car elle y est la marraine de Marie Madeleine BEAUCOUSIN fille de sa sœur Marie RÉTIF.
7) Marguerite AnneRÉTIF dite Margot (1727-1808). Elle épouse à Paris 04 actuel en 1763 Jean Melon François BIZET (1737-1778) marchand mercier à son mariage, marchand bijoutier à son décès en 1778 dans le même arrondissement. Au mariage sera témoin Louis BEAUCOUSIN époux de Marie RÉTIF. Après le décès de son mari Marguerite Anne ira demeurer 21 rue de Charenton à Paris 12, près de la Bastille où demeurent déjà sa sœur Marie RÉTIF et son neveu Jacques MARSIGNY.
Marguerite Anne, âgée de 81 ans décède moins de deux mois après sa sœur Marie. Jacques MARSIGNY son neveu déclarera également son décès.
8) Un enfant non prénommé, simplement ondoyé par la sage-femme meurt à la naissance le 25 avril 1730. Un mois et demi plus tard, Marie DONDAINE sa mère décède.
L’honnête homme est veuf. Ce que narre rétif de cette période reflète-t-elle la vérité ou est-ce affabulation ?
« Dès qu’Edme R. fut veuf, la prudence, et ce qu’il devait à sa Jeune famille, ne lui permirent pas de demeurer davantage avec son Beau-père. Il s’en sépara, et se mit à travailler pour lui-même ; ce qu’il n’avait pas encore fait ; contre sa conscience, Thomas Dondaine étant riche, et un Père se devant à ses Enfants : mais la complaisance pour son Épouse avait dirigé sa conduite : exemple rare, qu’un Homme qui se sacrifie à la tranquillité et à la satisfaction d’une Femme qu’il n’a prise que par obéissance ».
L’auteur ne précise pas où est parti habiter son père.
Mariage d’Edme Rétif et de Barbe Ferlet
Le 25 janvier 1734 Edme RÉTIF épouse Barbe FERLET que Rétif surnomme « Bibi ».
BARBE FERLET DE BERTRO, est née à Accolai, petit Bourg situé à la jonction des rivières d’Ionne et de Cure, en 1713. Son Père, Nicolas Ferlet, descendu d’une très bonne Famille, était un excellent homme ; sa probité, la douceur de son caractère et sa piété le faisaient chérir de toute la Paroisse. Son Épouse, mon aïeule, mourut fort jeune : il s’était remarié ; mais à une bonne Femme, qui regarda comme siennes deux Filles de son Mari. Ma Mère était la plus jeune [note : faux, trois enfants la suivent, deux décédés jeunes, l’autre on ne sait pas car il n’apparaît plus dans les registres après son baptême] : c’était une blonde de la plus aimable figure : mais d’une vivacité, et même d’une pétulance, que l’éducation ne réprima pas. C’était l’enfant gâté de la maison ….
La vie de mon père
Barbe Ferlet : Une figure complexe et romancée
Barbe FERLET naît à Accolay (Yonne) le 22 janvier 1703 et non en 1713 comme l’écrit son fils, qui déjà ne connaît pas sa propre date de naissance.
Il s’agit de FERLET et non FERLET de BERTRO. Rétif s’est constitué une généalogie fantaisiste remontant jusqu’à Pertinax Empereur Romain. [note : Publius Helvius Pertinax né en 126 à Alba Italie, Empereur le 1er janvier 193, assassiné le 28 mars 193]
Barbe FERLET est la fille de Jean FERLET (ca 1658- Accolay 20 06 1740) (aucun acte paroissial ne le prénomme Nicolas) et de Marie CHARREAU (Accolay 18 03 1673-Accolay 05 04 1717).
Jean Ferlet (père de Barbe Ferlet)
Jean FERLET est qualifié de « vigneron » dans tous les actes paroissiaux qui ont été relevés ici pour établir sa généalogie ainsi que celle de ses proches. En l’absence de sources citées, dire qu’il est « Fermier du château de Bertreau » n’est qu’affabulation.
Barbe FERLET a pour parrain « mre françois degrillet fils de messire Jean degrillet seigneur de Trucy, bertereau et autres lieux ». Voilà d’où provient son nom dans les écrits de son fils. Elle est certainement née à Berthereau (orthographe actuelle), hameau d’Accolay où son père devait y être vigneron.
Berthereau est un petit hameau situé sur la route menant de Vermenton à Cravant et dépend d’Accolay. En venant de Vermenton, sur la gauche en contrebas, se situe le château masqué par les arbres.
Jean FERLET s’est marié quatre fois dont avec deux Marie CHARREAU. La mère de Barbe est la seconde.
Rétif avait 6 ans quand son grand-père est mort et ce qu’il en dit ne paraît pas vraiment correspondre avec la réalité. Alors que Jean FERLET était marié à sa première femme, la première Marie CHARREAU, il a été le père le 14 juin 1698 d’un enfant illégitime né avant terme :
« X fils de Claudine JUILLET femme de René Tabar absent depuis environ un an est accouchée au bout d’environ six mois de terme d’un enfant qu’elle a déclaré estre des œuvres de Jean ferlet mary de Marie charreau qui m’a esté apporté la nuit du quatorze juin [note : 1698] par Jeanne Juillet femme d’Estienne Lepage et tante de lad[ite] claudine Juillet accompagnée de Toussine Sautereau et de Marie dautel je l’ai baptisé en leur p[rése]nce en ma chambre et est ensuitte décéddé et lay inhumé au cimetiere vingt quatre heures après avec les cérémonies accoutumée les jour et an que dessus. » Signé F[rançois] Grenan curé d’Accolay.
Selon Rétif, Barbe FERLET, après l’incendie de la maison d’Accolay qui a diminué l’aisance de son père qui dut engager ses terres pour rebâtir sa maison, est envoyée chez une parente Madame PANDEVANT à Auxerre .
« et Bibi alla demeurer à Auxerre chez sa Parente, qu’elle suivit ensuite à Paris, où elle resta deux ans. Ce fut dans cette dernière Ville, que Bibi essuya différentes attaques, causées par sa figure et par sa vivacité. Tous ceux qui l’approchaient, devenaient ses amants ; mais incapable d’attachement, elle riait de leurs soupirs, ou si elle faisait attention à eux, ce n’était qu’à raison de l’établissement qu’ils pouvaient lui procurer. Dans le nombre, il se trouva un Homme d’environ quarante-cinq ans ; d’une belle figure, jouissant d’une fortune honnête, d’un caractère aimable, et d’une Famille connue. Cet Homme s’annonça tout d’un coup à la Jeune personne, comme prétendant à sa main. Bibi le trouva ce qu’il lui fallait (car elle voulait une maison faite), et le pria de s’adresser à Madame Pandevant. Enchantée des avantages que cet Homme faisait à sa Protégée, cette Dame accueillit le Prétendant. Le mariage fut conclu en huit jours. Immédiatement après la célébration, les deux Époux allèrent demeurer en Province. Bibi, devenue Madame Bovjat, eut un Fils, que son Mari mit en nourrice à Pourrain, à dix lieues de sa résidence, quoiqu’il y eût des Nourrices dans le Pays » [La vie de mon père].
Ce long extrait de « La vie de mon père » est nécessaire pour la compréhension de la suite.
Il ne faut pas oublier que de minutieuses vérifications étaient effectuées dans les paroisses au préalable d’un mariage. Il est douteux que Edme BOUJAT ait pris le risque d’être bigame. Le récit de Rétif est à l’évidence fantaisiste. Rétif tente de disculper sa mère d’avoir couché avec Edme BOUJAT, homme marié, et d’en avoir eu un enfant. Il invente donc ce premier mariage.
L’acte de baptême de l’enfant suffit pour démontrer que Rétif falsifie la réalité. En effet l’enfant est né « enfant naturel » et non « enfant légitime », et de plus il naît en la paroisse de Saint-Eusèbe d’Auxerre où demeure BOUJAT et non dans une ville de Province à 40 km d’Auxerre (Pourrain est à 15 km d’Auxerre) :
« Le seize ianvier mil sept cent vingt trois a esté baptizé edme né le mesme iour fils naturel du sieur edme boujat bourgeois, et de barbe frarlay Le parein iean ducousoid mtre cordonnier, La maraine edmée sery qui a declaré ne scavoir signer » Suivent les signatures.
D’autre part « Madame Pandevant » dont parle Rétif comme étant la parente qui a accueilli Bibi est dans la réalité le nom de la femme de Edme BOUJAT. Dans le récit il ne nomme pas la femme de BOUJAT qui bien sûr découvre la bigamie de son mari. La femme de BOUJAT et Madame PANDEVANT sont en fait une seule et même personne.
Et que faisait Barbe FERLET chez les BOUJAT pendant toutes ces années ? A l’évidence elle était à leur service.
Il est inutile de poursuivre le récit de Rétif sur ce fantaisiste premier mariage de sa mère. Cependant une phrase intéressante est à relever, Rétif parle de Edme BOUJAT :
« Les raisons qui l’avaient dégoûté de son Épouse, c’est d’abord qu’elle était plus âgée que lui : ensuite, il n’en avait point eu d’Enfant et il brûlait d’envie d’en avoir ».
Magdelaine PANDEVANT a environ 12 ans de plus que son mari et aucun enfant du couple n’a jamais été relevé. Magdeleine avait déjà environ 38 ans quand elle épouse Edme BOUJAT. À Sacy le 21 novembre1698. C’est le curé de Sacy Jean Baptiste PANDEVANT, très certainement de la famille, qui célèbre le mariage. Magdelaine y est dite « fille de deffunt Noble Mary pandevant officier de la panneterie du Roy et Dame perrete prevost ».
Rétif parlera du deuxième mariage de sa mère avec Edme BOUJAT.
« Madame B. mourut au bout de deux ans : et pour marquer la sincérité de ses dispositions à l’égard de Bibi et de son Fils, elle leur laissa tout ce qu’elle pouvait leur laisser, même des biens fonds. M. B. devenu veuf, fit faire des propositions à Bibi, par Madame Pandevant, chez laquelle elle s’était retirée, avec son Fils. Cette Dame conseilla le mariage à sa Pupille, et celle-ci consentit à tout ce qu’on voulut. Elle épousa donc une seconde fois M. B., avec lequel elle vécut heureuse (car il l’adorait), jusqu’à la mort de cet Homme, arrivée en 1732 » [La vie de mon père].
En fait, Magdelaine PANDEVANT épouse de Edme BOUJAT décède six ans après la naissance du fils adultérin de son mari, le 21 avril 1729 à Saint-Eusèbe. Elle est inhumée le lendemain dans l’église.
Dans son testament du 12 Août 1726, elle lègue ses biens à « Edme BOUJAT fils naturel du sieur BOUJAT son mari pour la bonne amitié qu’elle a pour lui ».
Le mariage BOUJAT-FERLET est célébré en cette même paroisse de Saint-Eusèbe le 25 novembre 1729. Barbe FERLET est dite dans l’acte demeurant en la Paroisse de Saint-Laurent de Paris. Il est logique qu’après la naissance du fils, Barbe ne soit pas restée chez les BOUJAT.
Dans les différents actes paroissiaux Edme BOUJAT (Sacy 1672-Sacy 1733) est qualifié de de « bourgeois d’Auxerre puis de Sacy, marchand, procureur d’office ».
Edme BOUJAT meurt à Sacy 4 ans plus tard, le 03 novembre 1733 (et non en 1732 comme l’écrit Rétif vraiment fâché avec les dates) et fut inhumé le lendemain dans l’église.
Le couple a eu trois enfants, le premier Edme BOUJAT, comme son père, né hors mariage, celui que Rétif nomme son frère utérin. Les deux autre décèdent en bas âge.
Les trois enfants du couple Edme BOUJAT & Barbe FERLET :
Edme BOUJAT[6]. : né le 16 janvier 1723 à Saint-Eusèbe d’Auxerre, maître chirurgien, s’est marié le 27 janvier 1750 à Pringy (Seine & Marne) avec Marie Catherine PATRIS où il est décédé d’une chute de cheval le 21 juin 1750.
Edme BOUJAT né à Sacy le 06 septembre 1730 où il décède le 29 août 1731.
Marie BOUJAT née à Sacy le 10 novembre 1732 où elle décède le 7 avril 1733.
Le 25 janvier 1734 Edme RÉTIF épouse Barbe FERLET en l’église de Sacy. Effectivement, comme le précise l’auteur, il y a dispense des deux derniers bans.
Selon Rétif, c’est le curé de Sacy, Antoine FOUDRIAT, qui sert d’entremetteur entre
Edme RÉTIF et Barbe FERLET, jeune veuve du vieux Edme BOUJAT.
« son Ami [note : le curé] le pressait vivement ; il ne refusa pas, et demanda du temps pour se déterminer.
— Oui, je vous donne vingt-quatre heures, dit le Curé ; encore, est-ce parce que cela ne retardera rien. Dimanche un ban ; dispense des deux autres : mariés à quatre heures du matin le premier jour possible.
Edme R. sortit de cette entrevue rêveur. Sept Enfants ! mais c’est la jeune Femme que cela devait effrayer, et non pas lui. Par générosité, il résolut de la refuser, et de tout employer pour la servir. Il alla même en parler à son Beau-père sur ce ton. Thomas Dondaine fut effarouché de l’idée seule de ce mariage. Il fulmina, et dès le lendemain, il fit faire un inventaire en faveur de ses Petits-enfants. Edme R. n’en parut point affecté ; au contraire ; voyant les droits de ses Enfants en sûreté ; considérant l’avantage que sa fortune et la leur pouvaient retirer d’un second mariage avec une Femme qui avait beaucoup de droits certains, il retourna chez le Curé moins décidé à refuser.» [La vie de mon père].
C’est peut-être pour cette raison que Thomas DONDAINE n’est pas cité dans l’acte de remariage de son gendre comme étant présent et sa signature ne figure pas non plus sur le document, ce qui n’aurait manqué d’être, au vu de sa situation sociale. La présence au remariage d’une personne veuve, de membres de la famille de la personne défunte, était un signe d’acceptation du remariage.
Le couple s’installe dans la maison où demeurait Barbe FERLET, en face de de l’église qui appartient désormais au seul héritier survivant de Edme BOUJAT.
Edme RÉTIF et Barbe FERLET, nouveaux mariés n’ont pas perdu de temps. Deux jours avant les neuf mois anniversaire de leur mariage, naît celui qui deviendra Rétif de la Bretonne.
Les tensions entre les enfants du premier mariage et la nouvelle épouse
Selon Rétif, il y aurait eu des dissensions entre les enfants du premier mariage de son père et sa nouvelle épouse, et on peut que le croire :
« Sa nouvelle Épouse, tandis qu’il s’occupait à recueillir ses biens, rétablissait l’ordre et l’abondance dans le ménage : elle voulut gouverner des Filles déjà grandes, accoutumées à l’indépendance : elle n’y réussit pas, et elle souffrit en cette occasion, du vice de son éducation personnelle : n’ayant jamais été contredite, elle alla sans doute trop loin : mais ce fut lorsqu’on eut passé les bornes avec elle. Cependant, jamais le Mari ne s’aperçut de ces dissensions domestiques. Sa Femme reprenait un air serein, dès qu’il paraissait, et ne se plaignait que rarement. Ce fut une autre Personne qui instruisit un Père de Famille de ce qui se passait chez lui. C’était après ma naissance ; car je suis le premier fruit du second mariage de mon Père …..
Une Sœur de mon Père (c’était Marie, la plus jeune) eut occasion de passer quelques jours à la maison : le premier et le second jour, tout le monde se contraignit : mais la patience échappa aux grandes Filles le troisième dès le matin. Elles avaient tort ; la Tante surprise de cet orage, prit le parti de sa Belle-sœur contre ses Nièces. Mais ce ne fut pas le moyen de rétablir la paix : On pleura ; on dit, qu’on était abandonnées de tout le monde, depuis que cette belle Dame était venue leur enlever le cœur de leur Père. Les jours suivants, la même scène recommença. Pour lors la Tante, bien convaincue que des Personnes si peu faites pour vivre ensemble se rendaient mutuellement malheureuses, en parla à son Frère.
— C’est ce que j’avais prévu, répondit-il, et je me suis trop tôt applaudi de m’être heureusement trompé : mais je sais un remède. Ce sont les grandes Filles qui causent tout le mal : on me demande l’Aînée en mariage ; le Parti est avantageux, mais j’hésitais ; je vais la marier. La Seconde souhaite d’aller en apprentissage à la Ville ; elle ira. Mon Beau-père Dondaine me demande la Troisième ; je la lui donnerai. Il a déjà la Quatrième : je ne garderai donc ici que la plus Jeune, qui est d’un caractère doux, et qui d’ailleurs n’est qu’une enfant. Quant à mes deux Fils, je ne sais pas si leurs Sœurs les ont mis de leur parti : mais en tout cas, l’Aîné, qui est un homme fait, malgré sa jeunesse, est au séminaire ; le Cadet sur le point d’y aller ; il est d’ailleurs d’un si excellent caractère, que je n’en ai rien à redouter. Voilà des arrangements naturels. Mais, croyez, ma Sœur, que si je m’étais trouvé dans une autre position, j’aurais su parler en Père et en Maître, et mettre à la raison toutes ces petites Personnes. Elles abusent de ma bonté ! »
Il est étonnant qu’une si petite maison ait pu loger autant de personnes.
Les dynamiques familiales après le second mariage
Reprenons une citation déjà relevée plus avant :
« Mon père s’est marié deux fois : la première avec Marie Dondéne, dont il eut sept enfants ; la seconde, avec Barbe Ferlet-de-Bertrô. . Il en eut également sept enfants, dont je suis le premier. » [Monsieur Nicolas].
Encore une fois Rétif est dans l’erreur, il ne compte pas ses deux frères, l’un décédé âgé de deux mois et demi, l’autre à la naissance. Le couple RÉTIF-FERLET a eu neuf enfants.
Sur leurs deux mariages respectifs, Edme RÉTIF comptabilise dix-sept enfants et Barbe FERLET douze.
Les enfants du second mariage de chacun :
Nicolas Edme RÉTIF dit Rétif de la Bretonne (Sacy 23 octobre 1734 – Paris Ve, le 03 février 1806), imprimeur typographe, écrivain, épouse le 22 avril 1760 en la paroisse Saint-Loup d’Auxerre Agnès LEBÈGUE (Saint-Eusèbe d’Auxerre 13 juillet 1738 – Paris 1er le 29 août 1808). Leur divorce est prononcé le 04 février 1794 par le Tribunal de Paris. Sa fille Agnès née Rétif, décédera à Paris sous le nom de « Agnès Rétif de la Bretonne ».
Thomas Pierre RÉTIF (Sacy 02 juillet 1736- Sacy 18 septembre 1736).
Un garçon non prénommé RÉTIF (Sacy 20 juillet 1737-Sacy 20 juillet 1737).
Catherine RÉTIF (Sacy 26 décembre 1738 – Nitry 30 août 1787), jumelle de la suivante, épouse à Sacy le 16 novembre 1762 Pierre Nicolas RÉTIF (ca 1743-Val-du-Puits de Sacy 30 avril 1795).
Leur fille Geneviève RÉTIF, ex cantinière, décédera à Paris 02e le 31 mars 1857 sous le nom de Geneviève RÉTIF de la Bretonne. Cet acte de décès la dit née à La Bretonne et veuve BOIRON. Son acte de baptême à Nitry ne précise pas son lieu de naissance. Laurent RÉTIF leur petit-fils installé à Paris, prendra également le nom de RÉTIF de la Bretonne.
Marie Geneviève RÉTIF (Sacy 26 12 1738-La Bretonne 14 06 1825), jumelle de la précédente, épouse à Saint-Sulpice à Paris 06è le 24 septembre 1772 (Le registre original de Sacy comporte une copie émanant de Saint Sulpice, de cet acte) Léonard Laurent TILLIEN[7].(Sacy 09 11 1729-La Bretonne 28 10 1795), qualifié de bourgeois à Paris sur ledit acte de mariage et que Rétif dit être cocher à Paris. Effectivement les témoins audit mariage sont des loueurs de carrosses dont Pierre et Edme DONDAINE. Le couple reviendra vivre et finir leur vie à la ferme de la Bretonne.
Jean Baptiste RÉTIF[8] (Sacy 12 03 1740-1754/1755). Son acte de décès n’est pas dans les registres de Sacy. C’est Rétif qui nous apprend que son frère est mort à l’âge de 14 ans.
Marie Anne RÉTIF[9] (Sacy 18 03 1741- Paris 06e, anciennement 11e, le 22 02 1825). Qualifiée de sœur de charité, elle est décédée à son domicile 49 rue Saint-André des Arts, certainement local du bureau de charité, à moins de 500mètres du domicile de son frère Rétif de la Bretonne où il est décédé en 1806). Il est intéressant de noter qu’un des déclarants, est administrateur au bureau de charité. Il s’agit de Antoine Issac SILVESTRE de SACY, « Baron d’Empire, linguiste, philologue et orientaliste-arabisant selon Wikipedia ». L’acte de décès [9] lui ajoute d’autres qualifications. Il est né SILVESTRE mais ayant hérité de son père des terres de Sacy ayant appartenu à l’Ordre de Malte (ex Hospitaliers), il a ajouté « de SACY » à son nom.
Selon une chronologie de la vie de Rétif la Bretonne aux éditions Garnier (accès libre), Marie Anne est dite « Élisabeth », elle est « religieuse à l’abbaye de Crisenon, puis aux Bernardines d’Auxerre, gouvernante du curé de Courgis après le décès de sa demi-sœur Madeleine, enfin sœur de charité à Paris ».
Charles RÉTIF[10].(Sacy 19 02 1743-Hanovre, Allemagne 1759/1760), clerc chez un notaire parisien avant de devenir soldat au Régiment d’Auvergne.
Pierre RÉTIF[11].(Sacy 21 08 1744-La Bretonne 31 07 1778). Son parrain est son frère le futur écrivain, il a 10 ans et ne sait pas encore signer, sa marraine est sa demi-sœur Marguerite Anne qui signe. Pierre épouse à Annay-la-Rivière (de nos jours Annay-sur-Serein) 1e 29 janvier 1765 Françoise PIOCHOT (Annay-la-Rivière 10 03 1739-La Bretonne 21 03 1811). Pierre RÉTIF succédera à son père à la Bretonne, où l’ont rejoints comme nous l’avons vu, sa sœur Marie Geneviève RÉTIF et son mari Laurent TILLIEN après leur vie parisienne.
Leur fils Nicolas Edme RÉTIF (La Bretonne 1770-Accolay 1862) sera médaillé de Sainte-Hélène.
Leur fils Edme Étienne RÉTIF (La Bretonne 1769-La Bretonne 1794) dit « Edmond le pulmonique par Rétif de la Bretonne, son oncle et beau-père. Il épouse en effet le 21 mai 1791 à Paris sa cousine germaine Jean Thomas Marie Anne RÉTIF dite Marianne et également Marion (la Bretonne 1764-Paris 1836), fille de l’écrivain et d’Agnès LEBÈGUE.
Leur fils Jacques RÉTIF (La Bretonne 1773-Essert 1855) est à l’origine de la branche RÉTIF d’Essert. Sa fille Julie RÉTIF[12] (Essert 1821-Essert 1901) ainsi que son fils Pierre Jacques RÉTIF[13] (Reigny devenu hameau de Vermenton à la Révolution 1812-Essert 1880), Maire d’Essert de 1848 à 1871, y ont toujours leur tombe en 2024.
Revenons à Thomas DONDAINE.
Anne FERLET sa seconde femme décède le 29 octobre 1738 à Sacy. Elle est inhumée dans l’église le lendemain.
Le 07 juillet 1726, est bénite « la petite cloche qui est audessus du Maitre Autel, elle eu pour Parain Maitre Edme Boujat Bourgeois d’Auxerre, et pour Marainne honneste femme Anne Ferlet Epouse de Mtre Thomas Dondaine. ».
Les inscriptions sur la cloche nous apprennent que Thomas DONDAINE est maire de Sacy.
Il est à noter également que le parrain n’est autre que Edme BOUJAT qui épousera Barbe FERLET trois ans plus tard.
Décès et testaments
Thomas DONDAINE décède le 29 février 1744, il est également inhumé dans l’église.
Edme RÉTIF et Barbe FERLET décéderont en toute logique à La Bretonne.
Edme RÉTIF le 16 décembre 1763, il sera inhumé le lendemain au cimetière. Pour Rétif, son père est mort en 1764.
Le 18 décembre 1763 à Sacy, a lieu l’inventaire de la communauté d’entre feu Edme RÉTIF, Lieutenant de Sacy et Barbe FERLET, sa femme [Archives de l’Yonne].
Dans un mur au 03 de la rue des Prés à Sacy est incrusté un morceau de sa pierre tombale. Le cimetière autour de l’église de Sacy a été relevé fin 19e et début 20e siècle. Il y a d’ailleurs une erreur sur la date de décès [13].
Barbe FERLET meurt le 06 juillet 1771 et non en juillet 1772 comme l’écrit Rétif. Elle sera inhumée le lendemain dans l’église.
Barbe FERLET a fait enregistrer son testament le 02 juillet 1771 :
Par devant Nous Jean baptiste françois Maujot avocat en parlement notaire royal au baillage resident a vermenton, assisté d’Edme et Jacques Cornevin tous deux laboureurs demeurans a Sacy nos temoins soussignez le deux Juillet mil sept cent soixante et onze après midy nous sommes au mandement de dame barbe ferlet veuve de Me Edme Retif lieutenant audit baillage de Sacy demeurante ladite veuve Retif en sa maison de la bretonne près et Paroisse de Sacy transporté en la susdite maison en une chambre elevée ayant son escalier et entrée sur la cour et ses vues face le jardin dependant de ladite maison ou nous avons trouvé lad. dame ferlet veuve dudit Me Retif, en son lit malade de Corps neanmoins saine d esprit memoire et entendement [fin de la 1ère page]
Testament Barbe Ferlet – 2 juillet 1771
Résumé de la suite : « Elle détaille les biens qu’elle laisse à ses cinq enfants, dont son fils aîné Nicolas-Edme qui reçoit quelques arpents de terres et des vignes, le montant de quatre rentes et une somme de 11 livres qui lui sera payée par sa sœur Marie Anne. Les meubles et effets mobiliers seront partagés à parts égales… « Je declare que j’ai fait les presentes distributions de mes biens avec la plus parfaite égalité. J’espere que mes enfants s’en trouveront contens je les prie et leur ordonne même de n’y donner aucune atteinte et de conserver la paix et l’union que je leur ai toujours inspiré »…. »
La distribution des biens comprend un peu plus de 6000 livres de biens-fonds, environ 2000 Livres de rentes. La Bretonne comptant dans le partage pour 1500 livres. On est bien loin d’un « pauvre laboureur »
Testament de Barbe Ferlet
En 1773 Rétif vendra sa part de patrimoine à son frère Pierre qui reprend l’exploitation de La Bretonne.
Destin de la fratrie et de sa descendance
Des huit enfants du premier mariage de Edme RÉTIF, deux s’établiront à Paris et y décéderont. La présence de deux autres à Paris est attestée, mais ils n’y resteront pas.
Des neuf enfants de son second mariage, deux également s’installeront dans la capitale où ils mourront. Une fille après des années passées à Paris reviendra à La Bretonne avec son mari originaire de Sacy.
Des petits enfants de Edme RÉTIF s’établiront aussi à Paris.
Edme RÉTIF lui même était à Paris avant de revenir pour se marier (selon Rétif).
Barbe FERLET demeurait à Paris avant de revenir à Auxerre pour se marier avec le père de son enfant.
Edme BOUJAT, le fils adultérin né des relations adultérines de Edme BOUJAT avec Barbe FERLET, s’était installé à Pringy en Seine et Marne, à 47 km de Paris (estimation actuelle).
Le voyage Sacy/Paris/Sacy était fait plusieurs fois au cours d’une vie.
L’exode rural vers Paris était déjà important aux 18e et 19e siècles. Rappelons que deux DONDAINE, loueurs de carrosses étaient témoins au mariage à Paris en 1772 de Marie Geneviève, sœur de l’écrivain. Le mouvement ne fera que s’amplifier au 20e.
[1] À cette époque Sacy a deux Seigneurs et donc deux Justices : celle du Commandeur de l’Ordre de Malte du Saulce d’Auxerre, anciennement Ordre des Hospitaliers, Justice dite dans les Croix et celle de l’Évêque d’Auxerre et de son Chapitre dite hors les Croix.
[2]Anne RÉTIF : « Anne R., Fille aînée, et déjà mariée, fut louée pour sa bonne conduite en ménage, avec un Mari très dissipé, peu laborieux, dont elle avait fait un bon Mari par sa douceur, ses complaisances, les encouragements qu’elle lui donnait, et l’ardeur incroyable avec laquelle elle lui épargnait une partie des peines, en faisant elle-même autant, et plus qu’elle ne pouvait ». [La vie de mon père].
[3]Nicolas Edme RÉTIF : « Parmi les cinq Filles du premier lit, quelques-unes avaient de la figure, et étaient assez bien, surtout la Seconde, qui est le portrait de son Frère aîné, comme celui-ci l’est de son Père ». [La vie de mon père].
« L’Aîné surtout, aujourd’hui l’un des plus respectables Pasteurs du second ordre qu’ait l’Église, peut être regardé comme la récompense des vertus d’Edmond et de sa soumission aux ordres de son Père dans le choix d’une Épouse ». [La vie de mon père].
[4]Marie RÉTIF : « Parmi les cinq Filles du premier lit, quelques-unes avaient de la figure, et étaient assez bien, surtout la Seconde, qui est le portrait de son Frère aîné, comme celui-ci l’est de son Père ».
« Marie R., quoiqu’absente, et étant alors à Paris, fut louée pour sa conduite dans cette Ville, sur le témoignage de ses Maîtresses, et d’une de nos Tantes : comme elle était jolie, elle avait été exposée à quelques épreuves, dont elle s’était tirée avec autant de modestie que de courage ». [La vie de mon père].
[5].Thomas RÉTIF : « Le second Fils de la Première femme, nommé Thomas, comme son Aïeul maternel, ressemble à sa Mère, et en a la bonté, unie à la candeur d’Edme R. Je ne pourrai parler du Frère aîné, sans dire un mot du Cadet ; ils vivent ensemble, et l’on verra dans ce que j’en rapporterai, un exemple des vertus les plus sublimes et les plus douces de la morale évangélique ». [La vie de mon père].
« Quant au Fils cadet du premier lit, je n’ai pas non plus ouï-dire, que notre Père ait été obligé de le traiter durement : Cependant il était paresseux, et son excessive bonté, dont aujourd’hui tous ceux qui le connaissent tirent tant de fruit, pouvait alors passer pour le défaut qui en est l’excès. Aussi n’était-il pas aimé de Thomas Dondaine son Aïeul et son parrain [note : vrai], qui était entièrement subjugué par les qualités brillantes de l’Aîné : mais Edme R. encourageait ce second Fils, et lui marquait la plus tendre affection ».[La vie de mon père].
« Thomas R., plus jeune de quelques années que le Curé de Courgis, est un de ces caractères heureux, tels qu’on nous peint les Hommes de l’âge d’or. La candeur et la modestie siègent sur son front, et dès qu’il a parlé, on se sent porté à lui donner toute sa confiance. Ce digne Ecclésiastique, est si humble, qu’il n’a jamais voulu accepter l’ordination, que M. De Caylus lui a fait offrir plusieurs fois ». [La vie de mon père].
[6].Edme BOUJAT : « Je n’ai pas eu occasion de parler du Fils aîné de ma Mère, dans le cours de cet Ouvrage Il avait pris un art aussi utile aux Hommes, qu’il est noble par l’évidence et la sûreté des secours qu’il procure, la Chirurgie. Il s’y distingua : Il connaissait surtout si bien le tempérament de mon Père et de ma Mère, qu’il ne les traita jamais en vain ; soit que sa méthode fût infaillible ; soit plutôt, que la confiance en lui fît plus que le remède. Cet excellent Garçon était mort à vingt-six ans, d’une chute de cheval, laissant une jeune Veuve, qui lui a donné un Fils posthume. Durant tout le cours de sa maladie, Edme R. ne disait autre chose dans ses souffrances, sinon, — Hélas ! si j’avais ici mon pauvre Bovjat ! Ce fut la seule plainte qu’il se permit ». [La vie de mon père].
[7].Laurent TILLIEN : « Marie Droinc. Sœur cadette de Madeleine, et que Laurent Tilhien, frère d’Agathe, qui avait six à sept ans plus que nous, força de nous montrer, à tous, de nous laisser examiner et toucher sa nudité sexuelle … Hé ! l’on parle de l’innocence des campagnes ! » [Monsieur Nicolas, Mon Calendrier, 28 janvier 1743].
[8].Jean Baptiste RÉTIF : « Jean-Baptiste R., le second des Fils du second lit, est mort à quatorze ans. Son esprit était borné ; mais il aurait fait un jour un second Thomas R. : son ingénuité et sa bonhomie ont fait pendant toute sa jeunesse l’amusement de la Maison, sans que pour cela il en fût le jouet : notre Père, qui riait lui-même de ses naïvetés, ne l’aurait pas souffert ».[La vie de mon père].
[9].Marie Anne RÉTIF : transcription de son acte de décès reconstitué de Paris :
« RECONSTITUTION DES ACTES DE L’ÉTAT CIVIL DE PARIS Expédition délivrée sur papier libre, en exécution de la loi du 12 février 1872, par Me harly Perraud Notaire à Paris, soussigné, le vingt Décembre mil huit cent soixante-treize, d’une Copie authentique d’acte de decès annexée à la minute, étant en sa possession, d’un acte reçu le vingt neuf mars mil huit cent vingt cinq par Me Deprez notaire à Paris Prefecture du département de la Seine Ville de Paris onzième Mairie Estrait du Registre des actes de décès de l’an mil huit cent vingt cinq L’an mil huit cent vingt cinq, le vingt deuxième jour du mois de février onze heures du matin Pardevant Nous marie Guillaume de Bure adjoint à Monsieur le Maire du onzième arrondissement de Paris faisant les fonctions d’officier public de l’état civil sont comparus Messieurs Antoine Isaac Baron Silvestre de Sacy, membre de l’Institutroyal de france, administrateur au bureau de charité onzièmearrondissement de Paris, commandeur de l’ordre royal de lalégion d’honneur et chevalier de l’ordre de Sainte anne de Russieseconde classe, âgé de soixante et six ans demeurant à Paris ruehautefeuille numéro 9 et Jean hyppolite Pelletier agent comptable du bureau de charité dudit arrondissement, âgé de trente quatre ans demeurant à Paris rue saint andré des arts numéro 49 lesquels nous ont déclaré que ce jourd’hui cinq heures du matin Madame Marie Anne Rétif sœur du bureau de charité du onzième arrondissement de Paris, agée de quatre vingt quatre ans native de Sacy, département de l’yonne demeurant à Paris rue Saint andré des arts numéro 49, quartier de l’école de médecine, est décédée en ladite demeure. Et ont les déclarants signé avec nous le présent acte de décès après qu’il leur en a été fait lecture, le décès ayant été dument constaté. Signé au registre le baron silvestre de Sacy Pelletier M de Bure. Pour extrait conforme au registre délivré par nous maire. Paris ce deux mars mil huit cent vingt cinq Signé Baron de Lagonde Expédié et collationné harly Perraud »
[10].Charles RÉTIF : « Charles R. est le troisième des Fils. C’était le portrait vivant de mon Père pour la figure, et pour la tournure d’esprit : mais il était inventif, ardent ; en un mot c’était l’esprit de Pierre R. avec la vivacité de notre Mère, dans le corps d’Edme R. Cet Enfant d’une si grande espérance, fut tué en 1757, en Hanover, fut pris en affection chez un Notaire de Paris, qui fut si charmé de ses qualités, qu’il se proposait de lui donner un jour sa Nièce. Nous avons encore la Lettre qu’il écrivit à mon Père à ce sujet, après l’engagement du Jeune homme ; engagement qui ne fut pas l’effet du libertinage, mais d’une sorte d’enthousiasme qui saisit Charles, et lui fit désirer de servir l’État, en payant de sa personne. Il était dans le Régiment d’Auvergne, et n’avait pas dix-sept ans ».[La vie de mon père]. Notons que Charles est mort vers 1760 date à laquelle il a ses 17 ans, et non 1757 comme le dit Rétif toujours fâché avec les dates.
[11].Pierre RÉTIF : « Pierre R. le plus jeune, occupait la maison paternelle. Son éducation s’est trop ressentie, comme je le disais, de l’indulgente vieillesse de notre Père. Il est mort le 5 auguste 1778 [note : 31 07 1778], laissant sept Enfants, dont quatre garçons. J’ajouterai seulement que l’on nous écrit beaucoup de bien de son Fils aîné (qui n’a que douze ans) pour l’entente des travaux rustiques, pour le goût de l’économie et de l’occupation. Puisse cet Enfant retracer la conduite d’Edme R., et le faire revivre dans le pays qu’il a si longtemps et si utilement servi ! » [La vie de mon père].
[12].Tombe de Julie RÉTIF, (celle de gauche). Il est possible de zoomer :
Nicolas Edme RÉTIF dit Nicolas Edme Restif de la Bretonne, est né à Sacy (Yonne) le 23 octobre 1734 dans une maison en face de l’église qui appartenait à Edme BOUJAT (Sacy 1672- Sacy 1733), premier mari de Barbe FERLET (Accolay 1703- Sacy 1771) mère de l’écrivain. Rétif comme il sera nommé ici, est décédé le 3 février 1806 au 10 rue de la Bûcherie à Paris 05. Ces deux adresses portent une plaque commémorative. Il existe également une plaque commémorative rue des Bernardins à Paris 05 sur la façade d’un immeuble où se trouvait l’atelier d’imprimerie de l’écrivain qui s’y installa en 1781, c’était à l’époque le numéro 10 de la rue. Un atelier de reliure se trouve de nos jours dans cette même rue à quelques mètres de ce lieu historique.
L’écrivain a été inhumé au cimetière Sainte-Catherine [1] qui a été fermé en 1824. A partir de 1785, les cimetières parisiens ont été relevés, pour insalubrité ou pour travaux d’urbanisme. Les ossement ont alors été transportés dans les catacombes. Les derniers dépôts datent de 1860.
faire-part de décès de Rétif de la Bretonne
Voyez mon Calendrier, morceau important de mon Histoire, dans lequel je célèbre la mémoire des 366 femmes principales avec qui je me suis trouvé en relation. Cette espèce de Table de ma Vie, est destinée à les réunir toutes sous un seul point de vue. Quelques-unes ne sont pas indiquées dans l’Histoire alors le Calendrier entre dans les détails nécessaires, et devient ainsi partie intégrante de l’Ouvrage. Quand plusieurs femmes n’ont qu’un trait, elles sont au même jour
Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé – Restif de la Bretonne
MON CALENDRIER
Hier, 14 septembre 1790, l’âme encore émue, la tête encore remplie du vingt-unième anniversaire de la rue Saintonge que je célébrais ce jour-là, il me vint en idée d’écrire mon CALENDRIER, c’est-à-dire la liste des femmes et des hommes dont il est parlé, soit dans cet ouvrage-ci, soit dans le Drame de la Vie. Après y avoir réfléchi mûrement, il m’a paru que mon Calendrier, tel que je le concevais, formerait une table utile, et peut-être nécessaire. L’ordre sera chronologique : ce qui veut dire que mes plus anciennes connaissances rempliront les premiers mois. Je ne répéterai pas les détails déjà consignés dans cet ouvrage-ci. Souvent, il y aura deux femmes sous un seul jour. La raison en est que, mon Calendrier embrassant plus de soixante ans, plusieurs femme y peuvent coïncider. En marge seront par première et dernière les années qu’aura duré la connaissance *. J’aurais donc à commémorer beaucoup plus de trois cent soixante-six femmes Je citerai quelquefois la page où se trouvent les personnages commémorés. Voilà quel est l’ordre que je vais suivre. J’ajoute que je diffé- rencierai par la grosseur du caractère les Objets les plus intéres- sans, tels que JEANNETTE, COLETTE *.
Mon Calendrier – Restif de la Bretonne
Les deux premières personnes célébrées par Rétif sont ses père et mère.
Rétif de la Bretonne, portrait de 1787
[1] Le cimetière Sainte-Catherine se trouvait dans le 13ème Arrondissement de Paris, dans l’espace compris entre le Boulevard Saint-Marcel, la rue des Fossés Saint-Marcel et la rue du Fer à Moulin. Le cimetière ouvert et béni le 02 octobre 1783 recevait 4000 corps par an était saturé à la fin du 1er Empire. Il sera fermé le 25 juillet 1824. Plusieurs personnalités et exécutés y ont été inhumés. Voir Wikipedia
Décès de Marie BERNEAU enceinte de six mois et demi –
Marie BERNEAU / BRENEAU (le verlan était déjà en usage à cette époque) est née le 15 février 1731 à Arcy-sur-Cure, fille de Simon (1682-1762), vigneron, et de Anne BOIVIN (1687-1762).
Marie épouse à Arcy-sur-Cure le 05 février 1754 Edme GUILLON (1730-1757). Aucun enfant n’est né de cette union.
Veuve depuis le 10 mai 1757, Marie épouse le 26 janvier 1762 Thomas ROBINEAU (1737-1786).
le 29 septembre 1762 décède Anne BOIVIN la mère de Marie. Le 03 octobre de la même année décède son père Simon BERNEAU.
Marie décède le 04 octobre 1762, enceinte d’environ six mois et demi. Le corps est ouvert, un enfant en vie est sorti du corps de la mère et aussitôt ondoyé par le chirurgien.
Transcription de l’acte : [1]
Marie Berneau Epouse en secondes nôces de Thomas Robineau man[ouvrier] de cette paroisse, âgée de trente et un ans, sept mois et dix neuf jours, decedée ce jourd’hui vers les onze heures du matin, munie des sacrements de peni- tence, viatique et extrême-onction, enceinte de six mois et demi, + a été ouverte aussitôt par le Sr Claude Leblanc, me [maître] chirurgien demt en cette paroisse qui a trouvé dans le seing de la susditte marie Berneau un enfant * [« male » a été raturé] vivant auquel il a doné le Batême à cause du danger come il nous l’a assuré et s’est soussigné **, le quel enfant est decedé quelques moments après, a été à cause de la coruption vers les six heures du soir le quatre octobre mil sept cent soixante et deux inhumé avec sa mere dans le cimetiere avec les prieres et ceremonies ordi- naires en presence de son susdit mari, de marie huot épouse de jâque Berneau sa belle sœur, d’armand fointiat son neveu, des soneurs, et du Sr Edme joublin Recteur des Ecolles et autres qui ont decla- rés ne savoir signer de ce enquis à la reserve des soussignes. + ou environ – * femelle ** et ledit Batême doné par le susdit me claude Lebranc Me chirurgien demeurant en cette paroisse, et en presence de jeanne francoise Trubert, Epouse du Sr Leblanc, l’un et l’autre soussignés et aussi en presence de marie Saussé [*] veuve en premières nôces d’Edme Rouzier vi- vant vigneron + qui a declaré ne savoir signer de ce enquise suivant l’ordonnance. + Sage femme de cette paroisse.
Simon HENRY curé (1668-1776), originaire de Coulanges-la-Vineuse, est très consciencieux. Ses actes sont clairs et bien rédigés. Les personnes présentes et les liens familiaux sont indiqués, permettant ainsi de reconstituer des familles entières. Il a établi des tables de plus en plus élaborées (catégories hommes mariés, veufs, garçons et idem pour les femmes) des baptêmes, mariages et sépulture durant non seulement ses fonctions mais aussi pour certaines années d’avant. Son successeur n’a pas poursuivi la tache. Simon HENRY annotait en marge des actes de baptêmes les dates de décès de ses paroissiens. Les âges très précis (ans, mois, jours) qu’il indiquait, permettent non seulement d’identifier formellement une personne quand il y a doute (mariages sans filiations de certains de ses prédécesseurs) mais aussi de calculer exactement les dates des naissances dans les années qui sont manquantes dans les registres qui nous sont parvenus.
Ici l’acte est quelque peu chaotique, certainement en regard des circonstances peu habituelles. En témoignent les quelques renvois à d’autres précisions.
Claude LEBLANC (1718-?) est le fils de David LEBLANC (1679-1722), laboureur et vigneron à Arcy-sur-Cure et de Edmée Marie GAUTHERIN / GAUTRIN , fille de François (ca 1645-1725) originaire de Lichères-près-Aigremont et de Élizabeth de la PERRIÉRE (ca 1653-1728).
Élisabeth est la fille de Étienne de la PERRIÈRE (décédé avant 1671), Écuyer, Seigneur en partie de Courtenay paroisse de Vermenton, hameau à 300 mètres de la métairie de la Loge de Sacy, et de Renée JASU / JAZU (ca 1617-1677), tous deux originaires de Lichères-près-Aigremont.
Les de la PERRIÈRE sont indéniablement liés à leurs prédécesseurs les DEGAN / DE GAND.
Jeanne DEGAN fille de René (ca 1562-après 1639) Écuyer et Seigneur de Courtenay, mariée à Hélie de TOUTEFAIRE ( ? – 1638), Écuyer, devenu par ladite union Seigneur en partie de Courtenay, est décédée à Courtenay en 1639 et a été inhumée dans l’église de Sacy. Sa tombe y est toujours visible, les inscriptions de plus en plus effacées. Elle a fait précédemment l’objet d’un article.
Louis (ca 1680-1743), l’un des frères de Edmée Marie GAUTRIN (orthographe la plus employée) a été musicien et chantre à la Cathédrale Saint-Pierre de Troyes (une de ses filles de son premier mariage y est inhumée) puis à celle de Saint-Étienne-d’Auxerre. Il a été inhumé le 18 octobre 1743 en la Chapelle Saint-Martin de la dite Cathédrale d’Auxerre.
Thérèse Louise GAUTRIN (1713- entre 1747 & 1751), fille de Louis, a épousé le 07 février 1736 en la paroisse Saint-Pierre-en-Vallée d’Auxerre Pierre BOREL de MIRACLE (Versailles 1711-après 1770) musicien [2] successivement à la Cathédrale Saint-Pierre de Troyes, en celle de Saint-Étienne d’Auxerre, puis du Roi de Pologne à Lunéville (Meurthe & Mosellle), en l’église métropolitaine Saint-Gratien de Tours (1751), et finalement à Luçon en Vendée (à partir de 1752). Il est le fils de Jean BOREL de MIRACLE (ca 1646-Versailles 1728) musicien et chantre du Roi à Versailles (1703 à 1728) [Louis XIV & Louis XV] et de Marie MATHIEU.
Marie SAUSSÉ la sage-femme est peut-être la marraine de la défunte Marie BERNEAU. Le manque de renseignements dans les actes ne permet pas d’être formel sur la personne.
Il nous reste ce pauvre veuf Thomas ROBINEAU (1737-1786), manouvrier. Il est le fils de Edme (1709-1740), laboureur et manouvrier au Val-Sainte-Marie hameau de Arcy-sur-Cure et de Élisabeth BOIROT (1707-1777). Il se remarie en 1765 avec Marie JOUBLIN (1739-après 1790).
Une de ses filles, Clotilde ROBINEAU (1772-1838) du prénom de sa marraine, puis prénommée usuellement Claudine, sonorité approchante, sans doute difficilement différenciable dans le parler local peu académique de l’époque, a épousé en 1796 Guillaume MICHEL du Val-de-Mâlon, hameau de Joux-la-Ville.
De cette union sont nés Léonard (1796-1879) & Marie MICHEL (1804-1835) qui se sont mariés à des BÉRAULT, également sœur et frère, seront les grands-parents de Joséphine dite Nathalie (grand-mère Thalie) BÉRAULT (1857-1935), mère de Félix Amable dit Octave PRÉAU (1880-guerre 1915) marié à Berthe Eugénie PIAULT (1880-1957), qui toute jeune, avait vu la Tour Eiffel en construction. (voir article). Ces unions ne sont qu’un détail des consanguinités qu’il pouvait y avoir dans les familles.
Cet article est un témoignage qui n’est pas confirmé par des sources vérifiables. Les informations contenues dans ce récit sont donc d’un niveau de fiabilité assez faible.
Voici un vieux récit qui, par la tradition orale, a parcouru pas moins de sept générations.
Ma mère le tient de sa grand-mère Jeanne : grand-mère Annette (Anne MICHEL, 1833-1909) disait à sa fille grand-mère Nathalie (Joséphine BERAULT, 1857-1935) avoir souvent entendu sa grand-mère raconter le passage des cosaques dans son village du Vau-de-Mâlon (aujourd’hui Val-de-Mâlon) du temps de Louis XVIII.
Elle se souvenait avoir eu très peur. On racontait que les cosaques coupaient les doigts pour récupérer les bagues. Elle avait fait coucher ses deux filles « qui étaient déjà grandes, 11 et 13 ans » pour les faire passer pour des malades contagieuses. Tout le village s’était barricadé, les gens s’étaient cachés, on avait peur des francs-tireurs. Au final les cosaques sont bien passés, mais ne s’y sont pas arrêtés.
Au vu de l’arbre généalogique il semble qu’il s’agisse de Clotilde ROBINEAU (1772-1838) qui a eu ses enfants au Val-de-Mâlon et y est décédée.
Jeanne Préau
1901-1994 Mon arrière-grand-mère
Félix Préau
1880-1915 Père de Jeanne Préau
Joséphine Bérault
1857-1935 Mère de Félix Préau
Anne Michel
1833-1909 Mère de Joséphine Bérault
Léonard Michel
1796-1879 Père d’Anne Michel
Clotilde Robineau
1772-1838 Mère de Léonard Michel Mère des deux filles déguisées en malades contagieuses pendant le passage des Cosaques
Les cosaques sont bien arrivés à Paris en 1815, ils campaient sur les Champs-Elysées.
Pour les enfants de Clotilde, on trouve un garçon et une seule fille, Marie, née le 27 prairial an 12 (16 avril 1804). Elle avait donc bien 11 ans en 1815. Aucune trace de l’aînée n’a été retrouvée dans les registres.
Dons à l’église de Lucy-sur-Cure par l’Abbesse de l’Abbaye Royale de Crisenon – 1667
Dans le registre paroissial de Lucy-sur-Cure [1], se trouve l’acte suivant écrit à l’envers, pour le dissocier des autres :
le tabernacle le calice avec la patene
trois chasubles une blanche noire et
violete avec les bourses de pareilles
couleur et les pales et voiles ont estez
donnez a l’eglise de lucy par haute
et puissante dame Madame claude
larcher abbesse de l’abbaye royale
de crisenon, ce 10.me Juin 1667
sa depositaire S.r anne de la porte
dicte la mere de l’assomption, la
quelle y a aussi contribué.
L’acte n’est pas signé. Il a été rédigé par Eusèbe MAUNOIR, qui a été curé de Lucy-sur-Cure de 1657 à 1669 et de Prégibert de 1676 à 1703.
En 1677, François CALMEAU (né vers 1629-1699), marié à Antoinette POUPIN (née vers 1633-1699) demeurant à Lucy-sur-Cure est qualifié de « Receveur de Madame de Crisenon ». Rien n’indique depuis quand il occupe cette fonction qu’il exercera jusqu’à son décès en 1699.
L’abbesse de Crisenon est Dame [8] de la paroisse de Lucy-sur-Cure et y a toute justice haute, moyenne et basse, à la réserve d’une petite portion appartenant au sieur de Chastenay d’Arcy-sur-Cure appelée la Justice de Lye (du nom du petit bief situé sur la commune de Lucy-sur-Cure).
François CALMEAU est inhumé dans l’église de Lucy-sur-Cure le 18 avril 1699 toujours qualifié de « Receveur de Madame de Crisenon ».
Dans certains actes il était dit receveur de Lucy-sur-Cure, sous entendu pour l’Abbaye de Crisenon Seigneur de la paroisse.
Claude LARCHER [2] est Abbesse de Crisenon dès 1656 :
En 1656, préparant sa succession, Angélique de Chastellux obtient du roi la nomination comme co-adjutrice de Claude Larcher, sa religieuse la plus exemplaire, et meurt cette année-là. Claude Larcher prend sa succession à la tête de l’abbaye, et maintient celle-ci en bon état temporel et spirituel. Mais quand elle meurt avant la fin du XVIIe siècle, les mœurs à l’abbaye se relâchent notablement
Wikipédia
Claude LARCHER meurt avant le 25 février 1698, date à laquelle celle qui lui succède, Marie Placide APOIL de ROMAINVAL est marraine à Lucy-sur-Cure de Marie Catherine CALMEAU, fille de son receveur Jean CALMEAU, qui avait été aussi celui de Claude LARCHER et qui ne savait pas signer. Dans cet acte de baptême elle est qualifiée de « tres Illustre tres digne tres haute et puissante Dame marie Catherine placide de Rominvale abesse de Labbaye Royale de nostre dame de crisenon » et s’est fait représenter par une fille du village.
Intérieur de l’église de Lucy-sur-Cure
Le 13 septembre 1712, est baptisée à Lucy-sur-Cure « Placide fille d’honnorable homme Simon Saunier Receveur de Lucy, et d honneste femme marie anne Chevanne …. La marene honneste fille Damoiselle Barbe Daulmay d auxerre La quelle a nommé Le dit enfant au Lieu et place de tres Digne et tres Illustre abbesse marie placide apoil de rominval abbesse de Labbaye Royale de notre Dame de Crisenon …. »
La nouvelle abbesse, Apoil de Romainval, fait venir une amie portant le voile des bénédictines de Mantes (diocèse de Chartres), une madame d’Hairval ou d’Hornal. Les deux commères mènent ensemble une vie « scandaleuse », dissipant les biens de l’abbaye et la grevant de dettes, répandant des faveurs indues sur leurs religieuses préférées et traitant très mal les autres religieuses. Des religieuses s’en plaignent à l’évêque à plusieurs reprises ; en 1699 un mémoire à ce sujet est adressé à André Colbert, 102e évêque d’Auxerre 1676-1704. Le curé de Cravant, chargé d’enquêter sur place, n’est même pas reçu par l’abbesse ; mais une religieuse réussit à lui parler en aparté, lui faisant part des maux et griefs des religieuses. Toutefois les efforts de l’évêque d’Auxerre pour expulser la fauteuse de troubles de son diocèse, sont aussi impuissants que ceux de l’évêque de Chartres pour la réintégrer dans son diocèse
Wikipedia
Le 9 juillet 1724 est bénie la grosse cloche de l’église de Lucy-sur-Cure. Contrairement à ce que l’on verra par la suite, la marraine n’est pas l’abbesse de Crisenon [3] :
L’an mil sept cens vint quatre, le dimanche neuviême
juillet, Fête de la dédicace de notre Eglise, a été benie
solennèlement dans la nef de ladite Eglise la grosse cloche,
pesant environ neuf cens, par moi Jean Lamotte prêtre Curé
de Bessi sur Cure comis à la susdite Bénédiction par Mre
Archambaut Vicaire general de ce diocèze d’Auxerre, et sur
la priére de Mre Claude Maujot prêtre Curé de cette paroisse
de Lici [sic]sur Cure. A laquele Bénédiction ont assisté, en qualité
de diacre Mre Eme Berdin, es corre [?] soudiacre, le sieur Jâque
Gilot demeurant tous les deux audit Bessi. Le Parein a été
Mr Charle Le Clerc âgé de dix ans, fils de Mre Charle Leclerc
marchand de bois demeurant à Vermenton, et de dlle jenne
Bardet fille de Mre Eme Bardet aussi marchand de bois et
demeurant audit Vermenton, et de dlle Blanche de La Cour, ses
pére et Mére. Tous les quels ont signé avec moi
le 1er août 1760, l’Abbesse de Crisenon pose (fictivement car elle se fait représenter) la 1ère pierre du chœur de l’église de Lucy-sur-Cure [4].
L’An mil sept cent soixante, le premier Août
[ratures] nous soussigné
Desservant cette paroisse, en vertu de la comission
à nous adressée par monsieur
l’Abé De Lysle grand vicaire
de Monseigneur l’Evêque d’Auxerre en datte
de ce jour, signé De Lyle # [rajout en marge] nous avons fait la
bénédiction solennéle de la premiére pierre [5] du chœur
de cette église qui a été posée par madame
De Senevoy, abbesse de Crisenon, et en cette qualité
Dame de ce lieu, representée par Mre Edme
Maillïaut, gradué, Juge de ce lieu en presence
des habitans de cette paroisse, les quels ont signé,
exceptés ceux desdits habitans qui ont déclaré ne
sçavoir signer.
# « a la prière et du consentement de mre françois Poirier Curé de cette paroisse » [6]
Deux mois plus tard est bénie Marie, première cloche de l’église et la marraine en est l’Abbesse de Crisenon. [7].
L’an mil sept cent soixante le vint neuviême d octobre
nous Edme Berdin Prêtre Curé de Bessy en vertu
du pouvoir doné par messieurs les Grands Vicaires
de Monseigneur l’Evêque d’Auxerre en datte du
vingt trois août de la presente année signées
de L’Île et d’Aimard et du consentement de Monsieur
françois Poirier Curé de cette paroisse avons fait la bene-
diction solemnelle de la preniere cloche # [rajout en marge] dont le
parain a été Dom jean baptiste Basset Prieur de
l’abbaïe de Rigni et la maraine Dame Marie
de Senevoy Abbesse de Crisenon et en cette qualité
Dame [8] de ce lieu lesquels ont été representés par
Nicolas Roy et Marie Gregoire, à ce comis pour les
susdits parain et maraine à laquelle ont assistés
Mr Simon henry Prêtre Curé d’Arcy sur Cure
de Mr françois Bessin Directeur de l’abbaïe de
Crisenon, de Mr Edme Maillault juge dudit
Lucy, de claude moreau procureur fiscal, d’Amator
Poinsot Moreau procureurs fabriciens, de françois
Gregoire notaire et greffier et autres habitans
dudit lieu qui ont declarés ne savoir signer de ce
enquis à la réserve des soussignés.
# « sous le nom et protection de la Bienheureuse Vierge Marie »
Suivent les signatures dont en tête celles du prieur de Reigny et de l’Abbesse de Crisenon, ce qui signifie que le registre leur a été amené.
Le mode de nomination des curés dans les paroisses est très complexe. On peut en avoir un aperçu sur ce lien [9]. selon lequel : « On considère que les évêques disposent au mieux du tiers, voire du quart des cures de leur diocèse ».
Les registres paroissiaux de Lucy-sur-Cure de 1761 nous renseignent à ce sujet :
François POIRIER est décédé le 06 décembre 1760. En janvier 1761 un nouveau curé, Antoine LOUVRIER qui desservait Lichères paroisse de Nitry, prend sa succession, il indique en préambule de son premier acte, sa nomination par l’abbesse de Crisenon [10] :
Le deux janvier mil sept cent soixante et un
je soussigné pretre devant desservant de licheres
maitre des arts de L université de paris, nommé a cette
Cure part Madame de Sennevoy abbesse de Crisenon
le sept decembre mil sept cent soixante et mis en
possession le dix dud. mois ay Baptisé …
[la suite concerne l’acte de baptême]
signé : Louvrier Curé.
Pour revenir au don de l’Abbesse de Crisenon, il s’avère que le tabernacle est détenu en trois morceaux par le musée Saint-Germain d’Auxerre. Il n’y est pas exposé.
Ce renseignement provient de l’Association des Amis de l’Église de Lucy-sur-Cure, qui en avait été informée par une personne des Monuments Historiques.
Les demandes légitimes faites au musée par l’association de venir voir le tabernacle sont restées sans suite, de même que notre demande de renseignements et de photo.
Nous ne savons donc pas à quel titre le musée détient cet objet (achat, don, prêt ou autre) et depuis quand.
Travaux église Lucy-sur-CureTravaux église Lucy-sur-Cure
[1]
– [Archives en ligne de l’Yonne, Lucy-sur-Cure : BMS ( 1645-1699 ) – 5 Mi 535/ 2, page 53/212 (acte à l’envers)].
Il s’agit d’un remaniement selon l’inventaire de 1972 du Ministère de la Culture dont l’adresse du dossier inventaire : Conseil régional de Bourgogne – Service Patrimoine et Inventaire 17, bd de la Trémouille BP 23502 – 21035 Dijon cedex
François POIRIER, le curé de Lucy-sur-Cure est malade depuis quelque temps. Le curé de Bessy-sur-Cure, Edme BERDIN qui le remplace, parle d’une infirmité qui l’empêche de procéder aux diverses tâches de sa cure. François POIRIER décédera le 06 décembre de cette même année 1760.
[7]
– [Archives en ligne de l’Yonne, Lucy-sur-Cure : BMS ( 1700-1760 ) – 5 Mi 535/ 3, page 284/285 gauche, 1er acte].
Nous retrouvons ici Jean Jacques Louis ROLLAND, curé de Nitry, confronté à un nouveau problème qu’il relatera sur le registre de sa paroisse, d’autant plus qu’il est afférent à un acte de sépulture.
Sous l’Ancien Régime, Lichères faisait partie de la paroisse de Nitry dont l’Abbaye de Molesme était le Seigneur. À ce titre un receveur était nommé par l’Abbé pour l’ensemble des Terres de Nitry et Lichères. Puis le terme de fermier a remplacé celui de receveur, à l’instar des Fermiers Généraux de l’Ancien Régime. À l’époque qui nous intéresse pour la présente affaire, il y a un fermier à Nitry et un autre à Lichères.
Jean-Jacques Louis ROLLAND, curé de Nitry de 1751 à son décès survenu en 1790, qualifie dans ses actes ce hameau d’écart et de succursale de Nitry.
Lichères possède une église dédiée à « Notre Dame », une chapelle selon le curé précité, ainsi qu’un cimetière attenant. Mais il s’agit bien d’une église [1] et elle est pourvue de Fonts Baptismaux. Tous les actes peuvent donc y être célébrés. Un prêtre desservant y officie le plus souvent. Quand il n ‘y a pas de desservant, c’est le curé de Nitry qui se déplace à Lichères qui possède ses propres registres.
À ce propos il est dit dans Geneawiki concernant Lichères « La population augmentant, un prêtre résidant (natif d’Auxerre) établit en 1672 les premiers registres paroissiaux de Lichères ». Ce qui n’est pas exact. Il ne peut s’agir du premier registre de Lichères, mais du premier registre qui nous est parvenu, et qui est tenu par Louis Claude d’AULMAY se qualifiant dans les actes de « Prédicateur théologien, notaire apostolique, prêtre, recteur, curé de Notre Dame de Lichères ». Le premier acte du registre est du 12 mars 1671.
Le premier registre qui nous est parvenu de Nitry débute en 1646. Lichères étant de la paroisse de Nitry, si ce que dit Geneawiki était vrai, les actes d’avant 1671 concernant les habitants de Lichères devraient être enregistrés sur le registre de Nitry, or ce n’est pas le cas.
C’est surtout que la population augmentant, la difficulté pour le curé de Nitry d’assurer les deux villages, il y a 6,5km à vol d’oiseau entre Nitry et Lichères, la nécessité de la présence d’un desservant à Lichères s’est fait sentir. Ce premier registre à nous parvenu a été ouvert avec ce desservant. Louis Claude d’AULMAY, déjà rencontré le 19 juin 1666 à Vermenton où il a célébré un baptême et consigné l’acte en latin dans le registre. On le revoit le 7 juillet, rédigeant cette fois un acte en français. Son dernier acte à Lichères est du 11 juin 1673 s’il n’y a pas de lacunes. En attendant son remplaçant, le service est assuré par le curé de Nitry et Lichères.
Les 8 et 9 mai 1673, Louis Claude D’AULMAY fit porter solennellement deux croix de bois fabriquées par François LANGLOIS, charron à Lichères. [2]
(6è ligne) … lune desquelles apres avoir receu la Benediction publiquement a este plantée sur le grand chemin de Nitry lieu dit mont rosier, et l’autre en la vallée du vaulx charme lieu dit vaulx charme affin d’obliger le peuple passant en les honorant se ressouvenir comme la rédemption du genre humain a été aportée par la Croix a laquelle Jésus de Nazareth a esté attaché et mis en qualité de fils de Dieu et Sauveur des hommes …
Le 20 mai de la même année, une autre croix fabriquée également par François Langlois fut plantée au milieu du village.
Même si le village de Lichères dépendait de la paroisse de Nitry, il possédait néanmoins tout ce qu’il fallait pour être une paroisse à part entière : église, cimetière [3], fonts baptismaux. Et de fait, Lichères se considérait comme une paroisse à part entière. Il est arrivé que Lichères soit qualifiée de paroisse dans des actes établis ailleurs. D’ailleurs, l’ouverture et le paraphe des feuillets par l’Officier Royal de Villeneuve-le-Roi, en-tête de chaque nouvelle année était « pour la paroisse de Lichères ».
À la Révolution Lichères deviendra la commune de « Lichères-près-Aigremont ».
Il y avait des gens importants à Lichères :
Claude Griffe (1629-1709) receveur de l’Abbé de Molesme pour les Terres de Nitry et Lichères y possédait une des métairies du Bois-l’Abbé. Charles de la ROCHEFOUCAULD, Chevalier de l’Ordre de Malte et Abbé de Molesmes est venu à Nitry en 1665 au baptême de sa filleule Charlotte Jeanne GRIFFE fille de son receveur.
Robert BRUNET dit Bataille (1618-1673), a été « garde du Corps du Roy » [4] Louis XIII ou Louis XIV, ou les deux.
François DONDAINE (ca 1620-1700), laboureur aux métairies du Bois-l’Abbé en 1673, métayer audit lieu en 1700 était le frère de Edme DONDAINE (ca 1619-1679), amodiateur et receveur de la métairie de la Loge de Sacy pour le Collège des Jésuites d’Auxerre qui à l’époque en était le propriétaire. Il était également le frère de Léonard DONDAINE (ca 1623-1673) maréchal à Sacy qui est à l’origine des DONDAINE de Sacy.
Étienne de la PERRIÈRE (décédé avant 1671) marié à Renée JASU/JAZU (ca 1617-1677), Écuyer, deviendra seigneur en partie de Courtenay, hameau dépendant de Vermenton, voisin de la Ferme de la Loge de Sacy et des fermes du Bois-l’Abbé de Lichères. Il succédera aux DEGAN/DE GAND et TOUTEFAIRE. Sur le plan de bornage des Terres de la métairie de la Loge de Sacy de 1724 par Simon Marat, arpenteur de Noyers, apparaît en limite du domaine de la Loge « Maison de Mr la perriere ».
Robert AMELIN/HAMELIN (ca 1633-1708), originaire de Lichères, deviendra sieur/seigneur de Courtenay par son mariage avec Marie Edmée de la PERRIÈRE ( ?-1684) fille du couple précédent. Il signera dès lors « Courtenay ».
Mais, de la fin de l’année 1762 à janvier 1764, l’église et son cimetière sont fermés. Il y a interdiction d’y célébrer des actes. Les baptêmes, mariages et sépultures doivent se faire à Nitry.
Sur le registre original nous pouvons lire à la fin de l’année 1762 [5] :
Le Registre a fini ici attendu qu’il n’y a point eu de Pretre vicaire desservant a Licheres, les actes de Baptemes Mariages et Sepultures de Licheres Ecart de la Paroisse de Nitry sont dans les Registres de l’Eglise Paroissiale de Nitry depuis le quatorze Decembre mille sept cens soixante deux, jusqu’au mois d’Avril mille sept cens soixante quatre
Signe : Rolland Cure de Nitry et Licheres.
Sur le double des registres il est indiqué à la fin de l’année 1762 : [6]
Le Registres [sic] de Licheres finit ici attendu qu’il n’y a plus de Prêtre desservant à Lichères par la faute des habitans dud hameau, les actes suivants sont aux Registres de L’Eglise Paroissiale de Nitry arrêté ce trentième janvier 1762 [comprendre 1763]
Signé : Rolland Curé de Nitry.et [Licheres].
La raison de cette fermeture est indiquée dans l’acte qui va suivre. La présence d’un vicaire desservant était subordonnée à l’accord tacite et coutumier du don par chaque habitant d’une certaine quantité de blé. Les habitants n’ont plus voulu honorer cet accord arguant qu’il n’avait jamais été autorisé par l’Intendant de la Généralité de Paris.
De ce fait l’Évêque d’Auxerre a retiré le prêtre desservant qu’il leur avait accordé et a interdit d’exercer dans la chapelle de Lichères toute fonction curiale.
Peu après cette fermeture de la chapelle et de son cimetière, le 26 janvier 1763 J-JL ROLLAND, Curé de Nitry, est informé par Marie BÈGUE du décès de son enfant à Lichères. Il lui prescrit d’amener le corps à Nitry afin lui donner une sépulture religieuse. Mais un mouvement de révolte s’est formé contre cette obligation de devoir aller à Nitry.
Transcription de l’acte original : [7]
En marge : « Acte de Sepulture de Jaques Berthaud fils legitime d’autre Jaques Berthaud et de Marie Begue vacher de l’hameau de Licheres. ».
Le texte :
L’an mille sept cens soixante trois Et le vingt huitiême Jour du mois de Janvier a sept heures avant midy Je Jean-Jaques Louis Rolland Pretre Curé de la Paroisse de Nitry Diocese d’Auxerre, Etant à l’hameau de Licheres Ecart et Dependance de madite Paroisse, ou Je me suis exprés trans porté accompagné des sousnommés pour prendre acte du decés Et de la Sepulture de l’enfant des nommés Jaques Berthaud Pâtre vacher dudit hameau de Licheres, Et de Marie Begue Epoux ainsi qu’il s’ensuit : Moy dit Curé de Nitry ayant Eté averti à Nitry le vingt sixieme du courrant par ladite Marie Begue Epouse dudit Jaques Berthaud Patre habitant dudit Licheres qu’un de leurs petits enfans Etoit decedé le Jour precedent vingt cinquiême dudit mois de Janvier au hameau de Licheres, aurois Exhorte Et sommé verbalement ladite Marie Begue femme dudit Jaques Berthaud, conformement à l’acte que moy dit Curé de Nitry ay fait signifier aux habitans dudit hameau de Licheres par Guignebert Sergent le quinziême octobre dernier mille sept cens soixante deux duement controllé à Chablis par le Tors Commis le même Jour, d’apporter le Corps de leur Enfant à leur Eglise Paroissiale de Nitry pour luy faire donner par mon ministere la Sepulture Ecclesiastique dans le cimetiere de ladite Eglise, à quoy ladite Marie Begue femme dudit Jaques Berthaud sur les Representations Douces et Charitables de moy dit Curé auroit paru acquiescer ; Et le même jour vingt sixième Janvier, un peu après, moy dit Curé de Nitry ayant eté appellé pour aller au hameau de Licheres confesser et administrer la nommée Barbe Rossignol Epouse de Edme Maitre Laboureur habitant dudit hameau de Licheres, dangereusement malade, m’y serois sur le champ transporté, Et après avoir confessé Et administré ladite Barbe Rossignol, aurois Eté me reposer dans la maison du nommé Edme Ritton Procureur fabricien de la chapelle dudit hameau de Licheres ou ladite Marie Begue femme dudit Jaques Berthaud Patre seduite par les conseils 2è feuillet : pernicieux du nommé Edme Gounot fermier de la Seigneurie de Licheres partie de celle de Nitry, Et de Edmée Droin sa femme, seroït venu me trouver accompagnée de Marie Chartraire Mere dudit Jacques Berthaud, sa belle mere, et m’auroit declaré qu’elle Et son Mari auroient voulu Et auroient Ete bien disposes d’apporter le Corps de leur enfant a leur Eglise Paroissiale de Nitry pour l’y faire Enterrer, mais que ledit Edme Gounot Et Edmée Droin sa femme, Et plusieurs autres habitans de Licheres les En empechoient par des menaces violentes, Et qu’etant Patre vacher dudit hameau de Licheres Et ayant besoin de gaigner leur vie, ils n’osoient les contredire, sur quoy moy dit Curé de Nitry aurois alors representé à ladite Marie Begue femme dudit Jaques Berthaud, lequel Etoit alors dans les champs à garder les vaches, Et à Marie Chartraire Mere dudit Jaques Berthaud, que les habitans dudit hameau de Licheres sont tenus et obligés de venir à leur Eglise Paroissiale de Nitry pour les Baptêmes, Mariages et Sepultures, Et que, tant pour moy que pour mes successeurs, moy dit Curé de Nitry, ne suis tenu Et obligé d’exercer les fonctions curiales que dans ma dite Eglise Paroissiale de Nitry ; que d’ailleurs, attendu le refus opiniatre que lesdits habitans dudit hameau de Licheres ont fait Et continuent de faire, de contribuer a l’Entretien d’un Prêtre pour desservir audit hameau de Licheres, dont ils se sont privés, par leur propre Et pure faute, En surprenant la Religion de Monseigneur l’Intendant de la Generalité de Paris, pour obtenir une ordonnance par laquelle Inhibitions Et deffenses sont faites aux dits habitans de Licheres de continuer le supplement d’un boisseau de bled qu’il avoient coutume de faire annuellement, par chaque habitant d’un tems immemoré pour avoir la faculté d avoir un Pretre, sans y Etre autorisés de la Part de Mondit Seigneur Intendant ; Mgr l’Evêque d’Auxerre forcé par là, de retirer le Pretre desservant qu’il leur avoit accordé, avoit fait deffenses Expresses de faire aucunes fonctions curiales dans la Chapelle dudit hameau de Licheres ; Je dit Curé de Nitry aurois de plus declaré En presence de Catherine fournier Epouse dudit Edme Ritton Procureur fabricien de ladite Chapelle de l’hameau de Licheres, de francoise Le Seur sa niece, de Cristophe Pichenot Recteur des Ecoles habitans audit Licheres, de Jean Retif manouvrier, et de Edme Daiguemorte Laboureur habitans dudit Nitry casuellement trouvés audit Licheres, à ladite Marie Begue Epouse, Et ladite Marie Chartraire Mere dudit Jaques Berthaud que pour les soulager, je leur donnois Et les dechargeois de tous les honnoraires a moy dus pour Droits d’obit Et de Sepulture de leur Enfant, avec offres même 3è feuillet : de leur donner après la Sepulture de leur enfant une collation dans ma maison curiale audit Nitry ; sur quoy ladite Marie Begue femme, Et ladite Marie Chartraire Mere dudit Jaques Berthaud auroient representé qu’il Etoit trop tard pour aller à Nitry donner la Sepulture au Corps de leur Enfant, Et auroient promis Et assuré à moy dit Curé en presence des sus nommés Et de plusieurs autres, que le landemain de grand matin vingt septieme du courrant, ils porteroient le Corps de leur dit enfant a leur Eglise Paroissiale dudit Nitry, pour par mon ministere luy faire donner la Sepulture Ecclesiastique, En consequence des quelles promesses moy dit Curé de Nitry aurois attendu à Nitry le jour d’hier pour faire ledit Enterrement, mais inutilement : Et moy dit Curé m’etant transporté le jour d’hier à l’Entrée de la nuit au domicile de francois Adine laboureur demeurant a Nitry pour m’informer de l’etat ou Etoit la sudite malade Barbe Rossignol femme de Edme Maitre habitant dudit Licheres sa belle sœur, et ayant Ete informé et instruit par Catherine Rossignol Epouse dud françois Adine soeur de ladite Barbe Rossignol malade, que se retirant de Licheres le même jour vers les trois heures après midy, ou Elle Etoit allé visiter sa sœur, elle auroit Entendu sonner les cloches de la Chapelle dudit hameau, Et qu’on luy auroit dit que ledit Jaques Berthaud vacher, Et Marie Begue sa femme Excités par les dits Gounot, Edmée Droin sa femme Et autres leurs adherans habitans de Licheres, portaient leur irreligion au scandale, En privant le Corps de leur Enfant Chretien, de la Sepulture Ecclesiastique, Et l’enterrant dans le cimetiere joignant la Chapelle dudit hameau de Licheres, seuls Et sans le ministere d’aucun Prêtre. Sur le quel avis, Je Curé de Nitry, pour m’assurer de la verité des faits, prendre acte Et constater dans les Registres de mon Eglise Paroissiale de Nitry du jour du décès, de celuy Et du genre de la Sepulture du Corps de l’Enfant des dits Jaques Berthaud vacher, Et Marie Begue, Epoux, me serois transporté, portant les Registres doubles de mon Eglise Paroissiale de Nitry, ce jourd huy sudit vingt huitiême Janvier mille sept cens soixante trois, audit hameau de Licheres, Et environ sept heures du matin, En la maison desdit Jaques Berthaud vacher, et Marie Begue Epoux, accompagné de Sr Edme Lemoine Marchand, dudit Pierre Nicolas Retif Recteur des Ecoles de Nitry, habitans audit Nitry, du Sr Jean Baptiste Sardine Marchand, et de Cristophe Pichenot Recteur des Ecoles dudit Licheres, habitans audit Licheres, Et aurois demandé auxdits Jaques Berthaud vacher Et Marie Begue Epoux, le nom de Baptême, le sexe l’age, le jour du decès de leur Enfant decedé, En quel lieu, par qui, Et 4è feuillet : Comment le Corps de leur dit enfant decedé avoit Eté inhumé ; lequel Jaques Berthaud vacher auroit repondu grossierement Et brutalement avec gestes même menaçans que son Enfant s’appelloit comme son Parrain, que peu importoit que ce fut un garçon ou une fille, que pour savoir son age, je navois qu’à aller chercher le jour de sa naissance, Et qu’il l’avoit Enterré ou il avoit voulu ; Mais ladite Marie Begue Epouse dudit Jaques Berthaud aux Instantes prieres Et representations de moy Curé Et des temoins susnommés Et soussignés, auroit dit Et declaré que leur enfant decedé, Etoit un fils legitime, qu’il s’appelloit Jaques Berthaud comme son Pere, qu’il etoit decedé le vingt cinquiême du courrant, agé de vingt un mois, qu’ils l’avoient Enterré dans le cimetiere joignant la Chapelle dudit hameau de Licheres, sans le ministere d’aucune Prêtre, le jourd’hier vingt septiême janvier mille sept cens soixante trois, y ayant Eté contraints Et forcés par ledits Edme Gounot fermier, Edmée Droin sa femme Et autres leurs adherans habitans de Licheres qui les avoient Empechés avec menaces de porter le Corps de leur enfant a leur Paroisse a Nitry pour y Etre inhumé : De la quelle declaration Et de tout ce que dessus j’ay dressé acte audit Licheres, sous toutes reserves Et protestations de Droit Et de Justice, dont lecture a eté faite auxdits Jaques Berthaud, Et Marie Begue Epoux, En presence desdits Srs Edme Lemoine, Pierre Nicolas Retif, Jean Baptiste Sardine Et Cristophe Pichenot soussignés avec moy dit Curé de Nitry, Et de plusieurs autres qui avec lesdits Jaques Berthaud, Et Marie Begue Epoux ont declaré ne savoir signer de ce Enquis et requis.
Le récit du curé ROLLAND est explicite et se passe de commentaires. Il a le mérite de nous transmettre un épisode de l’Histoire de Lichères.
Par contre ce que ne précise pas le Prêtre, est s’il a béni ou non la tombe de l’enfant pour lui conférer une sépulture ecclésiastique. Si on s’en tient au récit il semblerait bien que non.
Le registre de Lichères est rouvert en 1764. et si le premier acte est de mars 1764, l’ouverture du registre par les autorités Royales de Villeneuve-le-Roi pour l’année 1764 est daté du 30 janvier 1764 pour dixit la « paroisse de Lichères ».
Le registre de Nitry contient en janvier 1764 des actes concernant des habitants de Lichères.
Tant sur le registre de Nitry que celui de Lichères, les raisons de la réouverture des « fonctions curiales » à Lichères ne sont pas indiquées. Un prêtre desservant assure à nouveau la permanence.
[1]
Une plaque sur sa façade indique « Eglise Notre-Dame. Ancienne dépendance de l’abbaye de Molesme (Côte-d’Or) . Chœur de la fin du XIIIe siècle remanié aux VVIe et XIX siècles. Nef unique, façade et clocher repris en 1778. » Cette église fait 33,6 mètres de long sur 11 de large.
[2]
Ces actes ont été consignés sur le registre paroissial de Lichères et illustrés de dessins de croix.
[Archives en ligne de l’Yonne, Lichères-près-Aigremont : BMS ( 1741-1792 ) – 5 Mi 516/ 2, pages 22 gauche pour le 1er acte, et 23 gauche pour le second]
Le cimetière est désaffecté en 1886, un nouveau est crée à la sortie du village au niveau de la route menant à Chablis. Il ne reste rien de l’ancien cimetière reconverti en pelouse, sinon peut-être la grande croix de pierre dont rien n’indique l’âge.
Le Mercredy sept.me May aud. an [note : 1681] fut Inhumée dans notre Cimetiere Francoise Tremeau femme d’Edme Cornille aagée de 40 ans ou environt apres avoir receu les sacremens de Penitence et d’Eucharistie Dimanche dernier elle tomba du haut de la Muraille de la ville allans de la porte de la fontaine chez elle, tombans dans le Jardin de Jacque Boudard elle mourut le lendemain on ne peut estre allez a temps pour luy donner L’extreme-Onction elle est morte fort contente [2] et avec de grands sentimens de Devotion. Personne du Parentage n’a pû signer
Signé : G Gallet [note : curé], JBoudard
Acte de décès de Françoise Tremeau
Il y avait des fortifications en 1681 à Vermenton. Selon l’Histoire de Vermenton mise en ligne par la mairie [3] : « La deuxième enceinte, construite en 1514 avec l’autorisation du roi Louis XII, entourait l’agglomération actuelle ».
Il serait plus juste de dire que l’agglomération actuelle est sortie des limites des fortifications.
Il existe une carte postale [4] représentant Vermenton en 1781 d’après une gravure de Lallemand [5]. La carte indique « Les anciens seigneurs de Vermenton étaient les comtes d’Auxerre et les rois de France depuis Charles V. Les Anglais s’emparèrent de cette ville en 1358, et, quelques années après, elle fut entourée de murailles avec trois portes et plusieurs tours et fossés. De cet appareil défensif, il reste une ancienne tour ronde, dit Tour du méridien qui date exactement de 1368, et sert aujourd’hui d’auditoire à la Justice de Paix »
Carte postale – Vermenton à la fin du XVIIIème siècle
Sur ce dessin, on voit la Tour du Méridien, toujours présente de nos jours, et qui devait se trouver à un angle des remparts (voir photo actuelle).
Sur la gauche se trouve la porte du bourg gardée par deux tours. De nos jours il ne reste qu’une entrée de rue, la rue principale de Vermenton, rue du Général Leclerc qui mène au hameau de Courtenay, puis à la ferme de la Loge de Sacy et à Lichères-près-Aigremont. Et comme on le voit sur le dessin, cette rue est en côte.
À gauche, une tour qui semble être un autre angle des fortifications. Un carrosse circule sur la route menant d’Avallon à Auxerre (via Arcy-sur-Cure et Cravant). Il s’agit de l’actuelle RN6, nommée rue du Général de Gaulle pour la section dans Vermenton. Deux millénaires de régression par rapport aux routes des Romains. Il faut dire que la route menant à Auxerre via Cravant, reconnu comme premier port de l’Yonne en 1384, a perdu de son importance depuis que le pont enjambant l’Yonne, pont déjà cité au XIIIe siècle, finit par s’écrouler en 1726, faute d’entretien, les copropriétaires, comme on dirait de nos jours, ne voulant pas mettre la main à la poche. Le nouveau pont n’a été achevé qu’en 1775, et dorénavant le trafic passe par Saint-Bris. [6]
Tour du Méridien (2023)Vermenton, 2023Vermenton, 2023
Revenons à la victime. Françoise TRÉMEAU est née vers 1641 selon son son âge approximatif figurant dans son acte d’inhumation. Son acte de baptême ne figure pas dans le registre des baptêmes de Vermenton de cette période, ce qui laisse supposer qu’elle n’en n’est pas originaire.
Quant à son mari Edme CORNILLE, exerçant la profession de voiturier par eau, il se remarie 5 mois plus tard, le 22 octobre 1681 avec Marie GINNE. A nouveau veuf, il se remarie le 21 mai 1685, toujours à Vermenton avec Marie ROBELIN. Il décédera à Vermenton le 03 décembre 1687. Il était âgé de 57 ans ou environ. Le seul Edme CORNILLE trouvé à Vermenton dans cette période y a été baptisé le 22 juin 1635. Son âge au décès le faisait naître vers 1630.
On peut aussi se demander ce que faisait Françoise TRÉMEAU en haut de ces murailles. Était-ce un itinéraire qui la menait chez elle ? En tout cas, dans l’acte, il n’y a aucune interrogation du curé à ce sujet.
Note : depuis Juin 2023, la consultation des Archives en ligne de l’Yonne n’est plus assortie d’une acceptation des conditions d’utilisation des documents, utilisation qui était soumise à une demande d’autorisation, et payante dans certains cas.
[2] Ce mot pose problème. On pourrait lire contrite. Mais dans l’acte, ainsi que dans les autres, il ne manque aucun point sur les « i ». Ici il n’y en a pas. Il écrit la lettre « e » en début de mot de la même façon que ses « r » (voir les mots « elle », « estre »). Les « e » à l’intérieur d’un mot sont écrits soit comme il le fait en début de mot, soit normalement. Si on regarde le mot « Penitence » (4è ligne) par deux fois il y a « en » dans ce mot « P(en)it(en)ce » et [en] est tracé exactement comme dans le mot « cont(en)te ». Il s’agit bien de contente.
[5] Jean Baptiste LALLEMAND (Dijon 1716-Paris 1803). Parmi ses œuvres « Pillage des armes des Invalides le matin du 14 juillet 1789 », « La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 ». Lien Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Lallemand
Essert, petit village parfois qualifié de hameau dans certains actes paroissiaux. Il est situé près de Vermenton et dépendait de l’Abbaye de Reigny. À la Révolution il est devenu une commune à part entière. En 1972 il a fusionné avec Lucy-sur-Cure. Il serait plus pertinent de dire qu’il a été annexé par Lucy-sur-Cure qui est devenu le nom administratif d’Essert. Donc administrativement Essert n’existe plus. On ne peut plus naître ou mourir à Essert. L’acte et donc l’INSEE indiqueront la naissance ou le décès comme étant survenus à Lucy-sur-Cure. Le cimetière d’Essert est devenu un cimetière de Lucy-sur-Cure. Cette oblitération administrative d’un village est des plus regrettable.
Deux textes intéressants traitent, malheureusement trop sommairement du village. Le premier est tiré de l’Histoire des Communes de L’Yonne par Maurice PIGNARD-PÉGUET [1]
Essert (ESSARTAE)
Cette terre fut défrichée à partir du XIe siècle par des religieux du lieu dit Fontemoi, commune de Joux-la-Ville [2] mais le village était situé primitivement à environ 150 mètres plus haut, à la Commotte [3]. Ce n’est qu’après la guerre de Cent Ans, vers la fin du XVe siècle, que les frères convers de Fontemoi [4] où il reste des vestiges de leur chapelle [5], vinrent s’installer à Essert où ils créèrent le village actuel. En 1520, ces mêmes moines se transportèrent à l’abbaye de Reigny, ordre de Citeaux, qui existait depuis le XIIe siècle, qui leur appartenait peut-être déjà, mais dont ils construisirent en tout cas les bâtiments qu’on y voit encore. En 1529, l’abbé, Jacques de Clavette donne la seigneurie d’Essert à bail à Jehan Bourdillat. Au XVIIe siècle en 1672, ce bail à vie fut transformé en bail emphythéotique [sic] (Voir le monographie d’Aigremont) par Haret Fouquet, aumônier et conseiller du roi, devenu abbé commendataire de Reigny. Ayant pris fin en 1771, ce bail fut-il renouvelé ? Nous l’ignorons, mais c’est probable, car en 1816 intervinrent des décrets analogues à ceux qui ont régi les fermiers de l’abbaye de Pontigny à Aigremont. Ces décrets dévoluèrent aux fermiers d’Essert les biens qu’ils détenaient.
L’Eglise n’est qu’une insignifiante chapelle qui a été bâtie lors de la constitution de la commune après la Révolution. Antérieurement, les habitants allaient entendre la messe à Reigny [6]
Histoire des Communes de L’Yonne par Maurice PIGNARD-PÉGUET
Église d’Essert
Le second texte émane de la Fondation du Patrimoine. Il y a quelques années, un texte historique sur Essert accompagnait un appel aux dons mis en ligne pour la réfection du toit de l’église. Les travaux terminés, le document a été retiré et n’est donc plus en ligne.
Église d’Essert
Église Saint Barthélémy d’Essert
L’église Saint Barthélémy a été bâtie en 1843 sur les vestiges d’une ancienne chapelle, à l’époque de la constitution de la commune après la Révolution. Nous avons très peu d’ informations quant à sa fondation. Essert fut défrichée à partir du Xle siècle par des religieux du lieu-dit Fontemoi à Joux la Ville. Ce n’est qu’après la guerre de Cent Ans, vers la fin du XVe siècle, que les frères convers de Fontemoi vinrent s’installer à Essert. Ils créèrent le village actuel et édifièrent une grange pour entreposer les dîmes et quelques chaumières pour loger les serfs. En 1520, ces mêmes moines se déplacèrent à l’abbaye de Reigny et firent construire une chapelle en lieu et place de la grange d’Essert.
Fondation du Patrimoine
Église d’Essert
Essert est cité par trois fois dans le deuxième des trois volumes du Cartulaire Général de l’Yonne [7]. Ces textes nous ramènent au début de la fondation du hameau qui ne devait être habité que par les serfs de l’Abbaye, dans leur cabane au lieu de la Commotte si on en croit Maurice PIGNARD-PÉGUET.
Pages 61 et 62 : Donation par Ascelin-de-Chatel-Censoir à l’Abbaye de Reigny (Vers l’an 1145).
Ascelin fait don à l’abbaye d’Aisances dans toute sa terre, tant en plaine qu’en bois, située au-delà de la Cure. Au-delà du chemin qui conduit d’Avallon à Auxerre par Joux, par la Vallée auxerroise et Sacy, il concède le pâturage seulement, et entre ledit chemin et la Cure, le pacage pour les troupeaux et l’usage des bois, avec certaines réserves. Ces usages sont donnés pour les granges de Fontemoy, Porly [note : Pouly paroisse de Joux], Essert (Eisars dans le texte latin) et Reigny
Page 171 : Privilège du Pape Alexandre III, en faveur de l’Abbaye de Reigny (An 1164).
Le pape prend l’abbaye sous sa protection et énumère les nombreux domaines qui en dépendent, savoir: les granges de Fontemoy, Oudun, Essert (Essarz dans le texte latin), Charbonnières, Lichères, Chaux, Beanvoir, la maison de Champlevis, le cellier de Vaux, et divers domaines donnés par des personnes qui sont dénommées dans la charte.
Page 465 : Donation de Gérard d’Arcy pour l’Abbaye de Reigny (An 1194).
Le seigneur d’Arcy confirme le don fait par Geoffroy, son père, aux moines de Reigny, du droit de pâturage dans toute sa terre des deux côtés de la Cure ; Geoffroy et Joscelin ses frères, sa mère et ses sœurs ont approuvé cet acte. Il leur abandonne aussi la propriété du boutoir d’Arcy indivis avec les religieuses de Crisenon, et il renonce aux droits d’usage qu’il réclamait dans les bois d’Essert (Essars dans le texte latin) et de Fontemoy.
L’abbaye de Reigny n’est pas dotée de fonts baptismaux. Essert – qui à l’époque des premiers registres nous étant parvenus (ils débutent en 1699 avec, jusque 1736 de nombreuses années manquantes, jusqu’à la construction en 1783 de l’église Saint-Barthélémy) – est doté d’une chapelle qui acquerra en 1786 des dits fonts. Avant cette date, les baptêmes sont célébrés dans les paroisses des environs, Vermenton, Lucy-sur-Cure, Sacy et dans une mesure moindre Joux-la-Ville [8]. Le 18 décembre 1786, Essert célèbre son premier baptême.
Avant que le village ne soit pourvu des fonts baptismaux, les fiançailles et mariages étaient principalement célébrés dans l’église de L’Abbaye de Reigny, exceptionnellement dans la chapelle d’Essert. En 1786, Essert devient donc une paroisse à part entière ce qu’elle n’était pas vraiment jusque-là. Les actes de baptêmes d’enfants d’Essert célébrés dans les autres paroisses ne mentionnaient pas toujours que la famille était de la « paroisse d’Essert » ou de la « paroisse de Reigny ». A partir de 1786 il est écrit dans les actes que le mariage est célébré dans la paroisse, ou dans la paroisse d’Essert, ou dans la paroisse de Reigny (Essert dépendait de Reigny).
Avant l’acquisition des fonts baptismaux, le village était desservi par des Prêtres Religieux de Reigny qui parfois se qualifiaient à tort de « curé d’Essert ».
Essert a été orthographié de maintes façons, d’autant plus que le nombre de rédacteurs qui ont eu à écrire le nom du village était important du fait des baptêmes dans les autres paroisses notamment à Vermenton où les vicaires, assistants du curé se succédaient avant d’aller prendre un autre poste ou une cure ailleurs. Nous rencontrons ces différentes appellations, elle sont phonétiques, chaque prêtre, même ceux de l’abbaye de Reigny, transcrivait à sa façon le son qu’il entendait dans le parler local. Il en était de même pour les nom des gens (Peneau = Oppeneau, Pourciau = Pulseau). En en voici une liste non exhaustive : [9]
« Esser »
« Essaire » (1693),
« village de la Grange dEsurf » et dans le même acte (1722) « Grange d’Esserf »
« Insert » 1702
« des Cers »
« Ecer » (1658)
« Essert près Rigny » (1745) (Reigny était presque toujours orthographié Rigny)
« Paroisse des serfs » (1747)
« Essert les Rigny » (1750, 1754)
« Esseres la Grange » (1755 et autres dates)
« Esseres paroisse de Rigny (1757)
« Essers » (1759)
« Essert la Grange » (1765 et autres dates antérieures)
« La grange du Serf »
« la Grange du Cerf »
Jusque la Révolution, le village n’a pas de cimetière. Les corps des défunts sont transportés dans celui de l’Abbaye de Reigny. Le cimetière d’Essert fera l’objet d’un autre article.
À noter que les actes d’inhumation des religieux de l’Abbaye de Reigny ne figurent pas dans les registres d’Essert [10]. Il devait exister un registre dédié qui a priori ne nous est pas parvenu.
Essert est petit et, proportionnellement aux autres villages, l’implantation de gens venus des environs est importante. Malgré cela, nombre de mariages sont assortis sous l’Ancien Régime de dispenses de consanguinité.
Les patronymes à Essert sont donc sans cesse renouvelés. De toute façon les premiers serfs qui ont défriché et créé Essert venaient bien d’ailleurs. Des noms apparaissent puis disparaissent. Certains noms ne sont pas arrivés jusqu’au 1er registre qui nous est parvenu. Ainsi il existait les couples CALLARD/MARCEAU (1609, 1615), BOUDIER / SAUNOIS (Sonnois) (1615 à 1632), FAUDEAU/GIRARD (de 1616 à 1629), BOURDILLAT/GIRARD (1621), BOURDILLAT/DELAGOUTTE (1638), PINSARD/BIÉ (années 1642/1650), BOURDILLT/GILLOT (1657), et Antoine RIOLLET, cordonnier à Essert (années 1670).
Le nom de SAUNOIS (Sonnois) se rencontre de 1615 à la première moitié du XVIIè siècle. Celui de TARDY (Tardif) de 1617 jusque également a première moitié du XVIIè siècle.
Par contre, le nom de BOURDILLAT a traversé les siècles jusqu’au XXe. En 1529, l’abbé Jacques de Clavette donne la seigneurie d’Essert à bail à Jehan Bourdillat (l’Abbaye de Reigny est Seigneur d’Essert). Des baptêmes à Sacy d’enfants BOURDILLAT d’Essert sont enregistrés dès 1610. Il n’est pas possible de savoir quand est décédé à Essert le dernier BOURDILLAT car même si les acte de décès sont communicables jusque 1986, les Archives en ligne de l’Yonne ne nous les communiquent que jusque 1922. Par l’INSEE nous savons que depuis 1970 aucun BOURDILLAT n’est décédé à ESSERT. Natifs d’Essert, ils sont décédés dans d’autres communes du département. Une BOURDILLAT née en 1927 à Essert est décédée en 2008 à Auxerre. Y demeurait-elle ou bien est-elle décédée à l’hôpital de cette ville ? Nous avons aussi deux BOUDILLAT nés à Essert en 1893 et 1902. Ils sont dits, sur le fichier de l’INSEE décédés respectivement en 1974 et 1987 dans la (nouvelle) commune de Lucy-sur-Cure. Était-ce à Essert ?
Il ne faut pas oublier le patronyme MARCEAU. Il constitue avec BOURDILLAT la très grande majorité des noms que l’on trouve à Essert. Il a existé un nombre important de couples MARCEAU/BOUDILLAT mais aussi BOURDILLAT/BOURDILLAT et MARCEAU/MARCEAU.
Les MARCEAU d’Essert sont très liés avec ceux de Joux-la-Ville.
Aussi loin que l’on puisse remonter, le 20 janvier 1615, Blaise MARCEAU d’Essert épouse à Sacy Marie ROUARD de la paroisse de Sacy. L’acte est très succinct, sans filiation. Il n’existe que parce que les ordonnances royales contraignaient le prêtre de l’inscrire sur un registre :
Le Mardy Jour de Sct [note : abréviation de Sainct] Sebastien vingtiesme Jour de Janvier 1615 ont este espousés Blaise marceau dessert avec Marie Rouard de ceste paroisse par moy (signature) E Muteley
Pour les raisons évoquées plus haut nous ne pouvons consulter les registres en ligne d’Essert que jusque 1922. Le dernier décès MARCEAU qui y est enregistré est de 1921. Les recherches généalogiques d’autres personnes, mises en ligne (Via Geneanet) nous indiquent que nombre de MARCEAU nés à Essert sont décédés avant 1950 dans d’autres communes de l’Yonne ou dans la région Parisienne. Aucun MARCEAU n’est décédé à Essert depuis 1970. Aucun MARCEAU né à Essert n’est décédé à Lucy-sur-Cure depuis la même date.
Avec cet acte de mariage de 1615 de Blaise MARCEAU, qui est donc né avant 1595 (20 ans avant son mariage, calcul qui s’est révélé très pertinent) tout comme le baptême à Sacy le 10 septembre 1610 de Antoinette BOURDILLAT fille de Antoine et de Jeanne BOURDILLAT, date qui fait naître les parents de la baptisée avant 1590, nous nous rapprochons de Jehan BOURDILLAT qui a reçu Essert à bail en 1529.
Cependant il n’est pas possible de reconstituer les familles avant les années 1670, date à laquelle nous pouvons encore faire le lien avec les registres d’Essert qui nous sont parvenus. Il nous manque pour aller plus loin les actes des mariages des gens d’Essert avec les filiations, tant est que les desservants les avaient indiquées. L’acte de mariage à Sacy de Blaise MARCEAU est un cas exceptionnel, car les registres de cette paroisse, même s’ils sont très lacunaires au niveau des mariages justement, remontent à la fin du règne de François 1er, ce qui n’est pas le cas des autres paroisses des alentours qui enregistraient aussi des actes de baptêmes des enfants d’Essert.
L’apport de population venue des environs engendrant aussi l’apport d’autres patronymes quand il s’agissait d’hommes s’est fait surtout via les hameaux des autres paroisses proches d’Essert.
Pour Joux-la-Ville : Le Val-de-Mâlon, Pourly et Fontemoy, mais aussi Joux qui est proche de Fontemoy. Nous y trouvons les DUMONT, BONNARD, DUCROT, OPPENEAU, BARRAUT, et PREAU (originaires initialement de Arcy-sur-Cure) mais aussi BOURDILLAT et MARCEAU. Essert est très lié à Joux-la-Ville.
Pour Arcy-sur-Cure : Le Beugnon, et Arcy même il y a entre autres FOINTIAT (Foinquiat), BAILLY, RÉGNIER, JOUBLIN, NIQUET.
Pour Sacy nous avons le Val-du-Puits de Sacy et Sacy lui-même, avec principalement les PIAULT et RÉTIF (nous y reviendrons) et SAUTEREAU.
Pour Vermenton nous avons le Val-du-Puits de Vermenton et Vermenton lui-même avec AUBERT et RIOLLET, qui apparaissent grâce au baptêmes célébrés à Vermenton avant 1699 (date du premier registre d’Essert). Il y a aussi la métairie de la Femme Morte de Vermenton située en limite du finage d’Essert et certainement proche de la métairie d’Essert. Il existait en effet une métairie dite métairie d’Essert ou métairie de Messieurs les Religieux de Reigny ou plus simplement métairie de Reigny. Elle est citée dans les actes de baptêmes à Vermenton d’enfants d’Essert à la fin du XVIIè siècle [11].
Nous avons aussi Lucy-sur-Cure avec entre autres DESAMOINE (Des Amoines), POINSOT et HUOT, municipalité qui depuis 1972 a imposé son nom à Essert. De nombreux baptêmes d’enfants d’Essert y étaient enregistrés.
Il y a aussi Bessy-sur-Cure, avec THUMARAS et bien sûr d’autres lieux, mais à un degré moindre plus on s’éloigne du village. Nous avons par exemple Émiland ou selon les actes Milan PULSEAU (1701-1762) de Magny près d’Avallon qui épousera deux habitantes d’Essert en 1725 puis 1744. Nous avons Louis Michel VAREY né en 1844 à Montillot au sud de Mailly-la-Ville qui fondera famille à Essert. Et d’autres encore comme Jean Baptiste DIOGÈNE, déposé a l’hôpital des enfants trouvés de Paris dans les premiers jours de mai mil huit cent neuf qui a épousé une fille d’Essert et y a fondé famille (notez le nom qui lui a été attribué !).
Nous ne savons rien sur la chapelle d’Essert que l’église actuelle a remplacée en 1843. Nous n’en avons aucune représentation, et pourtant des gens qui ont vécu au XXè siècle l’ont connue.
Maurice PIGNARD-PÉGUET qualifie cette l’église de « insignifiante chapelle ». Son Histoire d’Essert est sommaire et perfectible comme nous l’avons vu (voir [6]). Son livre «L’Histoire des Communes de L’Yonne » a été édité en 1898 donc il n’a pas vu, tant est encore qu’il soit venu à Essert, certains des vitraux de cette église dédiée à Saint-Barthélémy.
Vitrail de l’église d’Essert
Vitrail de « Notre-Dame de Lourdes », un Vermonet, Reims 1896. Albert Vermonet est un célèbre peintre et vitrailliste de Reims [12]. Il s’agit d’un don de Mr et Mme Péault [note : comprendre PIAULT ».
Vitrail « Saint-Joseph » Vermonet Pomery Reims 1895, don de Julie Rétif.
Vitrail « Saint-Barthélémy » sans date.
Vitrail « Saint-Blaise » 1895 don de la famille Rétif.
Vitrail « François de Sales » 1895 sans indication du donateur.
Au-dessus de la porte, un vitrail « Saint-Antoine de Padoue » de 1909.
Julie RÉTIF est née le 24 octobre 1821 à Essert, quelques mois après la mort de Napoléon 1er. Elle est la fille de Jacques RÉTIF (Sacy 30/07/1773-Essert 20/11/1855) et de sa seconde femme Reine BOURDILLAT (Essert 09/10/1777-Essert 16/07/1854 du choléa-morbus).
Julie Rétif
Jacques RÉTIF est le fils de Pierre RÉTIF, frère de l’écrivain Rétif de la Bretonne et de Françoise PIOCHOT originaire d’Annay-sur-Serein. Pierre RÉTIF a repris la Ferme de la Bretonne au décès de son père. Jacques RÉTIF, d’abord propriétaire et cultivateur à Sacy où il demeurait avec sa première femme Jeanne Barbe BOURDILLAT (Essert 09/05/1776-Essert 23/01/1807). Au décès de Jeanne Barbe à Essert, le couple habitait en tant que meuniers, à Reigny devenu après la Révolution un hameau de Vermenton.
Le 9 janvier 1809 Jacques épouse à Essert la future mère de Julie. Le couple est installé à Reigny. Les acte de naissance et décès de leurs enfants jusque 1814 sont enregistrés à Vermenton dont dépend Reigny. Le couple s’installera ensuite à Essert où les actes le qualifient de laboureur, cultivateur, propriétaire et cabaretier. Reine Bourdillat a 44 ans quand naît à Essert Julie RÉTIF.
Julie épouse à Essert le 29 janvier 1845 Joseph Marie Pauline BOURDILLAT (Essert 04/03/1820-Essert 30/11/1889). Il est né 2 mois avant la mort de Napoléon 1er. On peut être étonné de ses prénoms, ce sont ceux de sa marraine. Il surnommé Eugène dans les actes. C’est ce prénom qui figure sur sa tombe.
Une de filles du couple, Élisabeth Eugénie BOURDILLAT (Essert 07/12/1845-Essert 16/06/1918) épousera à Essert le 26 octobre 1867 Étienne Anselme PIAULT (Essert 22/04/1846-Essert 23/11/1922) qui sera domestique à Savigny-sur-Orge (Essonne) (1870, 1872), tonnelier à Essert (1875), vigneron à Essert (1887), marchand de vin à Paris lors de la construction de la tour Eiffel. Sa fille Berthe Eugénie PIAULT (Essert 15/11/1880-Augy 26/05/1957) disait avoir vu la tour Eiffel en construction. Elle avait alors 7 ans. Anselme termine sa vie à Essert comme cultivateur.
La tour Eiffel en construction, vers 1887
Berthe PIAULT épousera le 25 septembre 1901 à Essert Félix Amable dit Octave PRÉAU (Val-de-Mâlon 27/08/1880-tué à Lachalade (Meuse) le 11/01/1915). Félix Amable est le descendant à la 7è génération de Philibert VALTIER de la paroisse de Joux-la-Ville, né vers 1639 et décédé de disette le 23 juillet 1709. Mourir de faim en été, c’est dire que l’hiver 1708/1709 avait été terrible, puis les périodes de gel et dégel avaient pourri les semis. Jusqu’aux récoltes la disette fut extrême. Un article a été publié à ce sujet.
Albert Georges PIAULT (Essert 11/04/1914-La Garde, Var 23/08/1944) neveu de Berthe, a une plaque sur le monument aux morts dans le cimetière d’Essert. Engagé dans la France Libre d’Afrique Équatoriale Française en juillet 1940, il est tué lors du débarquement en Provence. [13]
Autre neveu de Berthe et cousin germain d’Albert Georges, Bernard PIAULT né à Essert le 29/03/1913, deviendra Prêtre du diocèse de Sens, Professeur au Séminaire de Sens (1945, Professeur au Grand Séminaire d’Autun (1959-1966), formateur de futurs prêtres au Chili et au Mexique (1976) où il décédera le 29 juin 1976 avant de revenir en France. Il est l’auteur de « Le Mystère du Dieu Vivant Un et Trine », Librairie Arthème Fayard 1956.
Les PIAULT d’Essert sont issus d’un couple de Sacy [14]. L’aïeul d’Anselme, quatre générations avant lui, est Edme PIAULT (Sacy 20/11/1730-Sacy 24/05/1880), notaire à Sacy, qui a épousé à Sacy le 13 juillet 1756 Marguerite BOURDILLAT (Sacy 18/07/1736-Sacy 03/06/1785). Ils sont tous deux cités par Rétif de la Bretonne :
Marthe-Marguerite Bourdillat. Jolie fille, depuis femme de Mlo Piot le notaire. Elle est la première fille avec lequelle [sic] j’aie voulu faire le grand garçon, en lui prenant un baiser, dans les vignes du Vaurainin [15], où nous grapillions tous deux. « Vous voilà bien avancé ! O Marguite ! Un baiser sur la joue d’une jolie fille ne s’oublie jamais : » Je partis le lendemain pour Paris avec mon père.
Monsieur Nicolas-Mon calendrier-30 janvier 1746
Bien avant Bernard PIAULT, il y a eu un autre élève au Séminaire de Sens. Félix Alexandre BARRAUT (Essert 27/12/1841-Essert 22/02/1864) fils de Alexandre BARRAUT (1818-1890) et de Victoire Véronique BÉRAULT. Félix est le descendant à la 4eme génération de Simon BARRAUT (Joux-la-Ville 11/02/1712- Essert 27/04/1793) qui a épousé à Essert le 21 janvier 1738 Anne DECLAIS (Des Clefs, Desclefs, declez, Des clés, Desclées, Des Clées, des Clais …) (Essert 26/02/1714-Essert 01/11/1784). Simon BARRAUT, charron de profession, était également recteur d’école à Essert. Il a signé la plupart des actes paroissiaux d’Essert durant sa fonction de maître d’école.
Le 26 septembre 1817 Pierre BOURDILLAT né à Essert le 04 juillet 1781, fils de Edme BOURDILLAT (Essert 1746-Essert 1828) et de Reine NODIN (Naudin) (Préhy 1753-Essert 1822) est condamné par la Cour d’Assises d’Auxerre avec 3 autres complices à la peine de mort pour assassinat [16]. Pierre BOURDILLAT fut exécuté le 11 novembre 1817 [17]. Il avait épousé à Montigny-la-Resle en 1805 Barbe Cécile LHOSTE et était resté dans cette commune exerçant la profession de carrier. Son frère Louis a été soldat dans la Grande Armée de Napoléon 1er et a fait les campagnes de 1809 en Allemagne et de 1810 & 1811 en Espagne. Sa fiche signalétique militaire le dit de cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, de visage ovale et mesurant 1m61. Il ne figure pas dans la liste des médaillés de Saint-Hélène ce qui implique qu’en 1857 il était déjà décédé. En effet La médaille de Sainte Hélène, créée par Napoléon III, récompense les 405000 soldats encore vivants en 1857 qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792-1815.
Il a été question précédemment du renouvellement des noms à Essert. Si les nouveaux noms provenaient des paroisses ou communes des environs, cela n’est plus le cas de nos jours.
Essert est petit et au début de XXe siècle la terre ne parvenait plus à nourrir ses habitants, dont le nombre croissait (progrès de la médecine, de l’hygiène, et baisse de la mortalité infantile), tant est qu’elle parvenait à le faire auparavant, ce qui est loin d’être une évidence. Le phylloxéra à la fin du XIXe siècle avait aggravé la situation. Outre les gens qui se mariaient et restaient dans des communes plus importantes de l’Yonne, il y a eu un exode important vers la région parisienne. Les actes montrent que depuis longtemps déjà, des gens d’Essert s’établissaient à Paris et ses environs [18]. D’ailleurs cet exode a été général, comme par exemple, et il y en a d’autres, une des jumelles SARAZIN (Sacy 1863- Orleans chez son fils 1950) a épousé en 1894 à Villeneuve-Saint-Georges, Léon Théodore LACARRIÈRE (Paris 14e 1866-Villeneuve-Saint-Georges 1944). Ils sont les grands-parents de l’écrivain Jacques LACARRIÈRE de Sacy. Un article a été rédigé sur cette famille. Il y a d’autres exemples avant celui-là à Sacy.
En 2023, les noms des habitants d’Essert n’ont plus rien à voir avec ceux que l’on trouvait rien qu’au au début du XXe siècle. Les pages blanches font ressortir un seul nom ancestral du village. Si certains avaient gardé leur maison familiale comme résidence secondaire, Ils sont morts maintenant. Les maisons ont été vendues et rachetés par des gens n’ayant rien à voir avec Essert et même avec le département. Et c’est ainsi partout ailleurs, quand le village n’a pas carrément été abandonné.
La consultation du registre de L’INSEE qui enregistre tous les décès depuis 1970, nous apprend que parmi les personnes décédées à ce jour, certaines sont nées à Essert en 1951, 1954 et 1969. A partir de 1972, date de la fusion d’Essert et de Lucy-sur-Cure, tout acte est enregistré dans ce fichier comme étant survenu à Lucy-sur-Cure. Seul l’acte indique exactement le lieu. Ces actes ne seront consultables en ligne que dans quelques décennies.
Notes :
[1] Pierre Maurice Pignard-Péguet (1855-1926) : Journaliste, professeur, devient spécialiste d’Histoire locale. « L’Histoire des Communes de L’Yonne » a été édité en 1898 et réédité en 1913.
[2] Il serait plus pertinent de dire Paroisse de Joux ou Joug comme ils l’écrivaient souvent]
[3] La Commotte . Il n’a pas été facile de trouver la définition de ce mot. Il n’apparaît pas dans le cadastre napoléonien ni l’actuel, non plus dans les dictionnaires en ligne, qu’ils soient généralistes, toponymiques ou étymologiques. Cependant à la périphérie de l’Yonne trois lieux-dits portaient le nom de « La Commotte ». La solution nous a été fournie par le Président de la Société d’Histoire Tille-Ignon à qui l’adjoint au maire de la commune de Marcilly-sur-Tille (Côte-d’Or) avait transmis la demande.
La Commotte est une petite combe. Le terme est essentiellement bourguignon. On trouve 77 lieux-dits ainsi nommés en Côte-d’Or. Le seul lieu-dit « Les Commottes » trouvé dans l’Yonne, il se situe sur la commune de Gigny à la limite de la Côte d’Or.
Il n’est pas aisé d’identifier l’emplacement de cette Commotte. Le terme « au-dessus » est vague. 100 mètres au-Nord d’Essert se situe le finage de Sacy. Est-ce alors en amont ?
[4] « Fontemois » ou « Fontemoy » dans les actes de catholicité, « Fontemoy » dans Wikipedia, « Fontenoy » sur l’annuaire des rues et lieux-dits de Joux-la-Ville et sur Google Maps !
[5] La chapelle actuelle est beaucoup plus récente.
[6] Il y avait une chapelle à l’emplacement de l’église actuelle, et tous les mariages des gens d’Essert ne se sont pas faits à l’Abbaye de Reigny, mais aussi, exceptionnellement dans la chapelle où une messe était alors célébrée. Une simple lecture du premier registre paroissial d’Essert qui nous est parvenu permet de le constater. Mais les historiens ignorent souvent ces registres pourtant sources importante de renseignements. Quand Essert a été doté des fonts baptismaux, des messes y étaient à l’évidence célébrées, ne serait-ce que pour la célébration des actes religieux. Le texte de Maurice PIGNARD-PÉGUET est perfectible.
Ainsi, par exemple, l’acte d’un mariage du 18 juin 1748, les bans ont été proclamés dans l’église de l’abbaye de Reigny, les fiançailles célébrées dans la même église et le mariage : « … j’ay desservant d’essert soussigné, recû d’eux leur mutuel consentement de mariage leur ay donné la benediction nuptiale, observé les ceremonies accoutumée et celebré leur mariage dans la chapelle d’essert avant la messe en presence … »
[7] « Cartulaire Général de l’Yonne, recueil de documents authentiques pour servir à l’Histoire des Pays qui forment ce département, La Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, sous la direction de M. Maxime Quantin, M DCCC LX (1860) », Bibliothèque Nationale de France (BNF), Gallica.
[8] Le fait de devoir rechercher les actes de baptêmes des enfants nés à Essert dans ces quatre paroisses rend le travail énorme surtout au regard de la taille du village. Vermenton à lui seul est une grosse paroisse. Cependant les actes de baptêmes enregistrés dans ces autres paroisses permettent de reconstituer les familles d’Essert bien plus avant la date de 1699 (premier registre qui nous est parvenu avec d’énormes lacunes jusque 1736).
[9] On trouve aussi dans les registres de Vermenton les appellations « Reigny en Vermenton » et aussi « Reigny paroisse de Vermenton ». Les prêtres qui rédigeaient ces actes savaient-ils que la terre de l’Abbaye de Reigny provenait de la paroisse de Vermenton ? Et que dire de « Essert la Grange » et « La Grange du Serf » figurant dans les registres de différentes paroisses ? L’appellation perpétue le souvenir de cette grange aux dîmes ainsi que des serfs de l’Abbaye de Rigny, premiers habitants d’Essert. L’analogie du mot « serf » avec « Essert » pourrait laisser penser que le nom d’Essert provient du mot serf. Ce n’est pas le cas, la racine de serf est servus qui veut dire esclave, alors qu’essarter vient du bas latin exartarer. De nombreux lieux nommés ont d’ailleurs cette racine en France.
[10] Une exception : Jean LE GROS, né vers 1696 est décédé à l’Abbaye de Reigny le 02/01/1751 âgé de 55 ans environ. Il est Religieux à l’Abbaye de Reigny, « profés de la dite Maison » [Religieux ou Religieuse qui a prononcé ses vœux l’engageant dans un Ordre Religieux après le temps du noviciat]
[11] Il suffit d’observer les cartes, les métairies,sont situées pour certaines à la sortie du village (métairie de la Bretonne à Sacy, la Métairie à la sortie de Nitry en direction de Joux-la-Ville avant la bretelle d’autoroute), ou en limite des terres des paroisses (La Loge pour Sacy, Vormes, Noiret pour Nitry, la Femme Morte pour Vermenton). Partant de ce principe il est possible que la métairie d’Essert ait été située au lieu-dit les Chapoutins, emplacement actuel du haras d’Essert, anciennement élevage de chèvres qui donnait ce fromage « L’Essert ».
Cet article illustre bien la disparition administrative d’Essert. Albert PIAULT est dit inhumé à Lucy-sur-Cure. Il est inhumé dans le cimetière d’Essert, commune depuis 1972 de Lucy-sur-Cure.
[14] Il y a bien un Edme PIAULT originaire de Précy-le-Sec qui a épousé en secondes noces à Essert le 20 janvier 1728 Brigide MARCEAU d’Essert. Le couple s’est installé à Essert, a eu des enfants, cette branche s’est éteinte.
Jeanne PIAULT (Sacy 17 09 1643- Essert 18 12 1719) a épousé avant 1667 Toussaint BOURILLAT laboureur à Essert. Donc le nom PIAULT s’est éteint à son décès.
[15] Le Vau Rainin est une vallée à plus de 1 km de la sortie de Sacy en direction de Vermenton, vallée qui remonte vers le Nord et mène au Bois Chopart (ferme) de Vermenton.
Il ne s’agit pas de Marthe Marguerite BOURDILLAT, mais simplement Marguerite. Parfois, certainement afin de différencier les personnes homonymes, on ajoutait le nom ou le prénom de la mère. La mère de Marguerite est Marthe GARNIER.
[16] « La cour d’assises d’Auxerre, présidée par M.Dupaty, conseiller à la cour royale de Paris, a jugé, le 26 septembre, après dix jours de débats, les auteurs d’un assassinat horrible. Dans la nuit du 16 janvier de cette année, le sieur Roch Chauvot et Magdeleine Chauvot sa soeur, femme Chevalier, demeurant à Resle, commune de Montigny, furent égorgés dans la maison qu’ils habitaient ensemble. Les assassins se servirent d’une petite serpette du sieur Chauvot, pour commettre ce double crime, qui fut suivi d’un vol d’argent et de divers effets : ils couronnèrent leurs forfaits par une orgie, buvant et mangeant auprès des cadavres de leurs victimes. Afin de faire porter les soupçons sur d’autres individus, ils brûlèrent les papiers du défunt, et notamment ses titres de créance. Cette circonstance, en effet, détermina le ministère public à commencer les poursuites contre quelques débiteurs et quelques parents du sieur Chauvot, mais l’innocence des uns et des autres a été bientôt reconnue. Le 16 septembre, les accusés Etienne Dhumez, journalier chez le sieur Chauvot, Marguerite Duchêne, femme Dhuinez ; Etienne Verrier, boucher, Jean Droin, cultivateur, et Pierre Bourdillat, carrier, tous demeurant à Montigny, ont comparu devant la cour d’assises. Cent quarante-deux témoins ont été entendus. M le président Dupaty a porté le plus grand jour dans cette ténébreuse affaire, par l’habileté avec laquelle il a dirigé les débats. M. Paradis, substitut du procureur du Roi, a déployé un très-beau talent dans la défense de l’accusation ; enfin, les jurés, après une heure de délibération, ont déclaré, à l’unanimité, Etienne Dhuniez et Etienne Verrier, coupables de l’assassinat ; et à la majorité simple, Jean Droin et Pierre Bourdillat, coupable ! du même crime. La cour s’étant réunie à la majorité des jurés, les quatre individus ont été condamnés à la peine de mort. La femme Dhumez a été seulement déclarée coupable de vol par complicité, et condamnée à dix ans de réclusion. »
[17] « Le onze Novembre mil huit cent dix sept a été transmis à la Mairie d’auxerre par le Greffier de la Cour d assises du departement de L yonne les actes de deces de pierre bourdilliat agé de trente cinq ans carrier né a essert la Grange demt à Montigny epoux de barbe L’hote, celuy d etienne Verrier agé de trente trois ans boucher né à precy Sutil [note : Précy-sous-Thil, Côte-d’Or) demt a Montigny fils de deffunt Gabriel Verrier et de Catherine Michel epoux de appoline rollet, et celuy de jean Droin dit picotin agé de trente cinq ans vigneron né a venouse demt a Montigny epoux d’Anne Mourlon. Signé : Monnae Seguin Greffier Commis « . Sources : Archives Départementales de l’Yonne en ligne, [Auxerre : NMD ( 1817-1817 ) – 5 Mi 119/4, page 208 gauche, 1er acte. Permalien :
[18] Le couple Lazare BOUDILLAT (Essert 10 04 1720-Paris entre 1785 & 1794) marié le 17 février 1744 à Joux-la-Ville avec Edmée BREUILLARD (Joux-la-Ville 11 04 1724-Paris 09 12 03 1794) demeurait à Paris avec bien entendu ses enfants survivants, paroisse Saint-Étienne-du-Mont dès 1778.
Il y a d’autres cas dans la seconde moitié du XXe siècle.
La Ferme ou Métairie de la Femme Morte de Vermenton
Nombre de lieux habités ont disparu au cours du temps. Quelques générations ont suffi pour les oublier. L’archéologie exhume certains d’entre eux, d’autres sont cités dans de vieux documents, mais souvent leur localisation dans la commune où ils se situaient demeure incertaine, voire souvent ignorée.
Et il y a aussi ces lieux-dits [1] que l’on trouve sur les cartes IGN et cadastres qui portent le nom d’une ancienne construction [2], ou d’un événement oublié depuis longtemps [3]
À Vermenton, il existe un ces lieux qui n’apparaît pas dans l’historique de la commune mis en ligne par la municipalité. Et pourtant, pendant des siècles, il été un lieu de travail et de vie, les deux étant interdépendants. Des gens y sont nés, y sont morts, et de nos jours certains en sont les descendants.
La route actuelle qui va de Sacy à la nationale, après un dernier virage à gauche mène face à Reigny. La Carte de Cassini n’indique pas ce tronçon. Cependant sur le plan d’Essert de 1806, cette voie y figure. Sur la Carte de Cassini, un chemin partait de ce virage et débouchait entre l’abbaye de Reigny et Vermenton. A priori, c’est le même chemin qui subsiste de nos jours.
La Femme Morte, Carte de Cassini (1750)
Depuis ce virage, de part et d’autre de cette route menant face à Reigny (donc sur les paroisses d’Essert et Vermenton), se trouve un espace agricole nommé « La Femme Morte ».
En bordure du chemin précité, près du virage, au niveau des « Vaux de Reigny », il y avait une métairie aujourd’hui disparue nommée « Métairie de la Femme Morte » ou « Ferme de la Femme Morte ».
Cette métairie est représentée sur la très précise carte de Cassini qui la désigne par l’appellation « la femme morte ». Cette carte date pour notre département aux alentours de 1750. Cette ferme existait déjà bien avant la carte de Cassini comme l’attestent certains actes dans les registres de paroissiaux.
Il semble logique de penser que l’appellation du lieu dit « Femme Morte » soit antérieur à celui de la métairie qui a pris son nom. La consultation des registres paroissiaux de Vermenton ne nous apprend rien à ce sujet. Cette femme morte restera une inconnue.
Ainsi au cours de la consultation des registres de baptêmes, mariages et sépultures de Vermenton et autres paroisses, ont été relevés quelques actes concernant des habitants de cette métairie, mais jamais le propriétaire n’y est mentionné.
Le problème qui se pose, que ce soit à Vermenton ou ailleurs, est que les curés des paroisses indiquent rarement le lieu de naissance ou de décès des gens, quelque soit le hameau ou le lieu-dit où ce dernier s’est produit. La paroisse est considérée souvent dans son ensemble, et cela parce que les actes sont des actes de baptêmes ou sépultures et sont célébrés à l’église et non des actes de naissances ou décès, dont les dates ne sont pas non plus toujours précisées. Mais il en a été de même sous la République pour les actes de naissances ou décès, le terme « commune » englobant l’ensemble du territoire. Il est donc parfois difficile de localiser les familles dans les différents hameaux des paroisses.
Cependant, pour une certaine période nous avons de la chance : Germain Gallet a tenu la Cure de Vermenton pendant de nombreuses années. D’abord comme vicaire (1659-1661) puis curé (1662-1709), et au cours de sa fonction il a pris pour habitude d’indiquer en marge le lieu de domicile des gens quand il n’était pas celui du bourg [4], ce que ne faisaient malheureusement pas ses vicaires.
Quelques familles de la métairie de la Femme Morte qui nous remontent dans le temps ont pu être relevées lors de la consultation des registres :
– Le 15 novembre 1774, baptême de Anne fille de Pierre BOUDARD fermier de la Femme Morte et de Josette JEANNIN.
– Le 1er septembre 1772 : mariage de Pierre FEVRE, domestique à la métairie de la Femme Morte avec Josephe JANNAIN, servante et domestique depuis 6 mois à la métairie de la Femme Morte. Aucun des deux n’est originaire de Vermenton.
– Le 26 octobre 1738 est baptisée à Vermenton Marie fille de Marie SAUTEREAU, elle même fille de Nicolas SAUTEREAU du hameau d’Avigny paroisse de Mailly-la-Ville. L’enfant est née de père ignoré à la Femme Morte où la mère est depuis quelque temps (non précisé) servante et domestique.
– Nous avons la famille Toussaint CHARUE [Charru, Charut] laboureur à la Femme Morte, marié à Marie GUILLAUMOT [Guillomot] qui ont des enfants nés à la métairie de 1702 à 1710.
– Dans le même temps nous avons le couple Linard [Léonard] CHARUE et Brigide LARDON.
– Le 18 novembre 1697 à Nitry, Vivant GUINGOIS, manouvrier de Nitry épouse Marie GUILLAUMOT en présence de Jacques GUILLAUMOT laboureur à la Femme Morte paroisse de Vermenton. Ledit Jacques GUILLAUMOT est marié à Catherine SIMON de Nitry, et six enfants de ce couple sont nés à la Femme Morte de 1682 à 1696
– Le 18 septembre 1703, Jacques DORÉ [Dorey] né dans les années 1660 à Nitry, marié en 1684 à Barbe TRINQUET du même lieu, se tue en tombant d’un noyer à la Femme Morte. Transcription de l’acte :
Le mardy dix huictiesme jour de septembre l’an de Grace mil sept cent trois fut Inhumé dans notre cimetiere Jacques Doré natif de Nitry lequel tomba d’un noyer [note : l’acte copie précise « tombé du haut d’un noyer pour en abbattre les noix »] a la metairie de la femme morte si malheur ay qu’estant tombé la teste sur la pierre expira aussy tôt. Mr le Conseiller Regnard Lieutenant de la Terre ma dressé son proces verbal sur la bonne vie et fidelité dud. deffunct dont Jay veu la devotion dans l empressement qu’il eu de faire donner le viatique a sa femme et le long tems qu’il demeura devant le St sacrement apres qu’on le eu porté a sa femme donnant l’assurance qu’il en eut fait se semblable s’il eut eté malade au lit sa fille Barbe et les 2 autres enfans nont pu signer. Signé : G Gallet.
le chemin au bord duquel se trouvait la métairie de la Femme Morte
– Pierre PONSOT né vers 1617, originaire de Lucy-sur-Cure avec sa femme Marie SOLIVEAU née vers 1633, du même lieu, s’établiront à la Femme Morte. Marie SOLIVEAU y décédera le 28 octobre 1668. Son mari retournera à Lucy-sur-Cure où il décédera en 1687.
– Et puis nous avons la famille ROSSIGNOL. Sébastien ROSSIGNOL est laboureur et métayer à la Femme Morte. Il est marié à Marguerite GIRARD (ca 1649-1685). Sept enfants du couple ont été relevés, nés à la Femme Morte de 1668 à 1683. Vingt jours après le décès de sa femme, Sébastien ROSSIGNOL épouse à Vermenton Barbe ANCEAU veuve de Jean JOLLY.
La métairie se situait entre le chemin et les « Vaux de Reigny » au pied de la colline
– Dans le même temps nous avons le couple Hélie ROSSIGNOL marié à Marie NOLIN demeurant à la métairie d’Essert. Il existait à l’époque une métairie dite métairie d’Essert ou métairie de Messieurs les Religieux de Reigny ou plus simplement métairie de Reigny. La métairie de la Femme Morte et celle d’Essert ne devaient pas être bien éloignées [5]. Le 29 novembre 1682 est baptisée à Vermenton (née à la Métairie d’Essert) Marie fille de « Helye » ROSSIGNOL et de Marie NAULIN. La marraine est Marie ROSSIGNOL fille de Sébastien de la Femme Morte. Les actes permettent de savoir que par la suite ce couple d’Essert a déménagé à Sacy. Hélie ROSSIGNOL y est qualifié de laboureur (1688 & 1689). En 1691 il est dit métayer de la ferme de la Bretonne, qui donnera son nom à l’écrivain dit Rétif de la Bretonne qui y passera son enfance une cinquantaine d’années plus tard. Les actes de Sacy lient la famille de Hélie ROSSIGNOL à celle de Pierre ROSSIGNOL marié à Edmée BELIN de Sacy.
L’abbaye de Reigny vue au téléobjectif de la métairie de la Femme Morte
Les recherches approfondies ont permis de déterminer que Pierre, Sébastien et Hélie ROSSIGNOL sont frères, nés respectivement à Sacy en 1634, 1637 et 1646, fils de Jacques et de Jeanne TILLIEN (ca 1604-1672). Cette famille est visiblement liée aux métairies d’Essert, de la Femme Morte et de la Bretonne. Une génération avant nous avons Philiberte TILLIEN, née avant 1585. Elle est mariée à Jean COLLIN et tous deux demeurent à la ferme ou métairie de la Loge de Sacy. De 1605 à 1629 sept enfants du couple naîtront à la Loge.
Nous avons vu que la métairie de la Femme Morte était représentée sur la Carte de Cassini de 1750. Nous la retrouvons sur le plan de la commune de Vermenton, plan qui a été terminé le 30 Prairial an XIII (19 juin 1805).
Métairie de la Femme Morte, plan de la Commune du 30 mai 1805
La ferme apparaît toujours sur la carte de 1804 mais a disparu de la carte d’état-major 1820-1866. Aucune ruine n’y est représentée.
Sur la carte IGN de 1950, un petit carré noir est représenté à l’emplacement de la métairie. La légende de ce signe indique « case rectangulaire ».
localisation de la métairie de la Femme Morte
Nous ne savons donc pas exactement quand la métairie de la Femme Morte a été abandonnée. Peut-être que dans les registres d’État-Civil de Vermenton, un officier public plus consciencieux que les autres aura enregistré un acte de naissance ou de décès survenu à la Femme Morte, ce qui permettrait d’affiner les dates.
Toujours est-il que dans les années 1960, quelques ruines étaient encore visibles, dont l’entrée d’une cave voûtée [6]. De nos jours il n’en reste aucune trace.
Ce que l’on voyait de l’Abbaye de Reigny – la métairie se situait au pied de la colline dite « les Poulettes »
[1] tout lieu nommé est un lieu-dit, indépendamment de l’existence de bâtiments. Les panneaux routiers annonçant des lieux-dits ont contribué à en fausser la définition dans l’esprit de certains.
[2] comme ces terres à la sortie de Sacy après la métairie de la Bretonne en direction de Joux-la-Ville nommées « La Chapelle ». Une chapelle « La Madeleine » aujourd’hui disparue y était implantée. Elle figure sur la carte de Cassini (1750) et l’écrivain Rétif de la Bretonne ( (1734-1806) qui demeurait à proximité en parle dans ses récits de jeunesse.
[3] comme le Vau Bataille à Sacy. Il y a-t-il eu un combat dont l’Histoire locale n’a plus souvenance ?
[4] Ainsi nous avons le Val-du-Puits de Vermenton, le Val-Saint-Martin, Courtenay, mais aussi Reigny et Essert. L’abbaye de Reigny n’étant pas dotée de fonts baptismaux, Essert l’a été courant 1786 à la veille de la révolution, les gens de l’abbaye de Reigny venaient faire baptiser leurs enfants à Vermenton ou Lucy-sur-Cure, tout comme ceux d’Essert qui allaient également à Sacy et à un degré moindre à Joux-la-Ville. Curieusement « la ferme de la Loge » a parfois été inscrite en marge sur les registres de Vermenton, alors qu’elle dépend de la paroisse de Sacy, certainement pour convenances personnelles, comme l’ont fait les sieurs de Courtenay de Vermenton qui dans la première moitié du XVIIè siècle venaient acter à Sacy (voir le billet sur Jeanne DEGAN).
[5] Il suffit d’observer les cartes : les métairies sont situées pour certaines à la sortie du village (métairie de la Bretonne à Sacy, la Métairie à la sortie de Nitry en direction de Joux-la-Ville avant la bretelle d’autoroute), ou en limite des terres des paroisses (La Loge pour Sacy, Vormes, Noiret pour Nitry, la Femme Morte pour Vermenton). Partant de ce principe il est possible que la métairie d’Essert ait été située à l’emplacement actuel du haras d’Essert, anciennement élevage de chèvres qui donnait ce fromage « L’Essert ».
[6] Merci à Monsieur Jean-Claude FERLET, ancien maire de Vermenton & pendant 16 ans Président de l’Association « Les Amis de Vermenton » avec sa revue « Grappillage » de nous avoir fourni ce renseignement et communiqué la photo de la ferme représentée dans l’Atlas.