Marthe-Marguerite Bourdillat

Rétif de la Bretonne » Monsieur Nicolas – (Mon calendrier – 30 janvier 1746)
Marguerite BOURDILLAT apparaît également dans « Monsieur Nicolas » :
J’ai dit que les filles continuaient à me poursuivre. L’aînée de celles de ma nourrice, voisine de
Mme Rameau, avait entrevu quelque chose de la scène de l’écurie-aux-mules : elle leur fit un jour des
reproches, en leur représentant que je n’étais plus un enfant et que leur conduite à mon égard pouvait
donner d’elles une mauvaise idée. — « Vous êtes bien bon ! » me dit-elle ; « quand elles viendront pour
vous embrasser, r’broussez-vous, comme avec Nannette ; … mais pas si fort ! et vous ne l’aurez pas fait
deux fois, qu’ell’vous laisseront de repos »… Les filles regardèrent la remontrance comme suggérée par
ma nourrice. Une d’entre elles, la jolie Marguerite Bourdillat, qui n’avait que mon âge, m’ayant trouvé
seul le soir, osa bien me dire, qu’elle « allait me mettre une fille à la joue ! » Elle s’approche : je ne fuis
pas ; elle me prend : je la serre ; elle m’embrasse : je le rends ; je triple, je quadruple ; enfin l’audacieuse
petite assailleuse, d’abord obligée de se défendre, est bientôt réduite à s’enfuir, en disant : « Ha mâs !
j’craijos qu’c’était vous qui aligne vou’ ensauver ! » Je lui répondis, que « depuis quelque temps… je ne
m’ensauvais » plus, et que j’embrassais trois fois toutes les filles. » — Ho ben, all’y seront toute
ettrappées ; car je ne m’en vantehai pas… » Je fus assez content de cet essai.
Identification de Marthe-Marguerite Bourdillat

Il s’agit de Marguerite Bourdillat née à Sacy le 18.07.1736, fille de Étienne (couvreur) et de Marthe
Garnier, décédée à Sacy le 03.06.1785, où elle avait épousé le 13.07.1756 Edme Piault (charron, buraliste, greffier, notaire, substitut du procureur), camarade d’enfance de Rétif [1] qui le nomme « M’lo ou M’lo le notaire », né à Sacy le 20.11.1730, fils de Thomas (charron, et selon Rétif receveur pour l’Évêque & son Chapitre, Seigneurs hors les Croix de Sacy & associé à Edme Rétif père dudit écrivain) et d’Agathe Rouard, décédé à Sacy le 24.05.1780).
De cette union sont nés 11 enfants.
Il est à noter qu’aucun acte des registres paroissiaux de Sacy ne lui attribue ces prénoms de « Marthe
Marguerite », mais uniquement celui de « Marguerite ».
Marthe est le prénom de sa mère, aussi cet ajout de filiation par Rétif peut s’expliquer pour la différencier
d’homonymes, comme sa tante paternelle et marraine Marguerite BOURDILLAT (Sacy 1707-Sacy 1779) mariée en 1749 à Jean CORNEVIN.
Le couple Edme PIAULT et Marguerite BOURDILLAT deux siècles plus tard
Ce couple Edme PIAULT / Marguerite BOURDILLAT est à l’origine des PIAULT d’Essert [2]:
Dont leur arrière arrière petit fils PIAULT Étienne Anselme né à Essert en 1846 où il décède en 1922. Sa
tombe est toujours existante.
PIAULT Étienne Anselme exercera la profession de cultivateur mais aussi de domestique à Savigny-sur-
Orge (Essonne) et marchand de vin à Paris.
Sa fille Berthe (1880-1957) inhumée à Essert, a assisté enfant à la construction de la Tour Eiffel pour
l’Exposition Universelle de 1889. Cela a déjà été mentionné dans un autre article.
Berthe est la petite fille de Julie RÉTIF (1821-1901). Julie est la petite fille de Pierre RÉTIF, frère de
l’écrivain Rétif de la Bretonne. Pierre avait repris la ferme de la Bretonne. La tombe de Julie RÉTIF se trouve toujours à Essert, en très mauvais état [3], près de celle de son frère Pierre Jacques RÉTIF (1812-1880), cultivateur à Essert et maire du village. [4]
[1] « Les années s’accumulent. J’avais huit ans, lorsque 1742 mon père quitta la maison de la porte Là-
bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat, pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier. Je fus ainsi éloigné de M’lo, de toute la longueur du village : car la Bretonne est à la porte Là-haut, et hors
des murs, à plus de trois cents pas. Les eaux de la Farge coulaient alors ; ce qui suffisait pour interrompre
la communication entre le bourg et moi. Je ne vis plus mon premier camarade ; ce fut Etienne Dumont,
fils d’une bru de Christophe Berthier, qui le remplaça » (Monsieur Nicolas).

[2] Il y eu d’autres PIAULT à Essert :
Edme PIAULT originaire de Précy-le-Sec (ca 1684-Essert 1759). Veuf d’un premier mariage en
1718 à Précy-le-Sec, il s’est remarié en 1728 avec Brigide MARCEAU d’Essert (1697-1757). Le baptême
de 4 enfants de 1728 à 1732 a été relevé à Vermenton. Essert n’a été doté de fonds baptismaux seulement courant 1786, aussi les baptêmes étaient célébrés dans les proches paroisses. Cette branche a disparu des registres paroissiaux. Nous avons l’acte de sépulture du dernier enfant à Essert. Sans doute les 3 autres sont-ils décédés à Essert, le registre d’avant 1737 est très lacunaire.
Il y a eu également une Jeanne PIAULT (Sacy 1643-Essert 1719) mariée à Toussaint
BOURDILLAT, laboureur à Essert.

[3] https://www.geneanet.org/cimetieres/view/11652657
[4] https://www.geneanet.org/cimetieres/view/11666748
Note : Le Vau Rainin est une vallée encaissée débouchant à environ 1km de Sacy sur la route actuelle
menant à Vermenton et remonte en direction de la ferme de la Loge de Sacy. S’il y avait des vignes à
l’époque de Rétif, la nature a depuis repris ses droits.
