Élise SARAZIN, bigame décédée deux fois ou l’énigme des jumelles SARAZIN

Élise SARAZIN, bigame décédée deux fois ou l’énigme des jumelles SARAZIN

François SARAZIN naît le 11 mars 1839 à Jouarre, près de Meaux en Seine-et-Marne, fils de Marie Nicolas Pierre, cultivateur et de Élisa Pauline DRIOT.

Il quitte la ferme de la Loge de la Ferté-sous-Jouare en Seine-et-Marne pour s’installer comme berger à Courtenay, hameau de Vermenton près la Ferme de la Loge de Sacy.

Il se marie le 27 août 1861 avec Marie Liza BÉRAULT. Le patronyme BÉRAULT est déjà présent à Sacy sur les premiers registres paroissiaux qui nous sont parvenus (fin du XVIème siècle).

Ils seront en 1925 les arrière-grands-parents de l’écrivain Jacques LACARRIÈRE (1925-2005).

Le 18 février 1863 naissent à Courtenay deux sœurs jumelles nommées dans l’ordre du registre de l’État-Civil de Vermenton, Alexandrine et Élise.

Leur frère François Alexandre naît à Sacy le 14 janvier 1865 où le couple a déménagé. Le père de famille y exerce l’emploi de cantonnier. Il est dit également dit propriétaire à Sacy. François Alexandre épousera le 04 avril 1891 Marie Henriette Séraphine MENANT.

Les deux sœurs se marient chacune sous le nom de « Élise SARAZIN », et ce en présence de leur père et mère. Et chacune sera prénommée Élise sur les autres actes d’État-Civil.

L’une épouse à Sacy le 22 avril 1879 Louis MAUDINÉ (1850-1938) du Val-du-Puits de Sacy. Mariée sous le nom de Élise SARAZIN, elle signera « Zoé Sarrazin » et c’est ce surnom qui apparaît sur sa tombe à Sacy.

Le 19 mai 1887 naît Zélima Herminie Palmyre MAUDINÉ, leur fille déclarée dans son acte de naissance comme étant fille de Louis MAUDINÉ cultivateur à Sacy, qui déclare la naissance de sa fille, et de Élise SARAZIN son épouse. L’acte de mariage de Zélima indiquera la même filiation. La mère de Zélima signera « Sarrazin Élise ». L’acte de décès de Zélima n’est pas en ligne.

1931 – Zélima Maudiné veuve Sautereau & sa mère Zoé Sarrazin

L’autre jumelle, qui signe « Sarazin » et qui demeure à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) y épouse le 30 juin 1894 Léon Théodore LACARRIÈRE. Ils seront les grands-parents de l’écrivain.

René Léon LACARRIÈRE, père de l’écrivain, né le 21 novembre 1895 sera dit dans son acte de naissance, fils de Léon Théodore LACARRIÈRE, employé au chemin de fer (qui déclare la naissance) et de Élise SARAZIN. L’acte de mariage de René Léon indiquera la même filiation. Son acte de décès (18 octobre 1970 à Orléans) n’est pas en ligne.

Le 30 juin 1898 Léon Théodore LACARRIÈRE déclarera la naissance survenue le même jour de son autre fils Louis Gaston LACARRIÈRE, la mère de l’enfant sera nommée dans l’acte Élise SARAZIN.

Comment cela a-t-il pu être possible ? 

La mention lors d’un mariage portée en marge des actes de naissance des époux est devenue obligatoire le 17 août 1897. Les deux sœurs s’étant mariées avant cette date, la Mairie de Vermenton n’a rien remarqué. Elle a délivré le même acte de naissance, celui de Élise SARAZIN pour chacune d’elles.

De même, la mention marginale de décès portée sur les actes de naissance date de l’ordonnance du 29 mars 1945.

Zoé décède à Sacy en 1935, avant cette ordonnance.

L’autre jumelle décède à Orléans le 11 avril 1950. En vertu de l’ordonnance, en marge de l’acte de naissance de Élise SARAZIN est ajoutée la mention de ce décès. Mais était-elle bien Élise ?

Il est trop tard pour savoir qui était Élise et qui était Alexandrine. Seuls les parents auraient pu les distinguer – et encore, on peut en douter puisque les deux jumelles se sont mariées en leur présence sous le prénom de Élise et donc chacune avec le même extrait d’acte de naissance, les actes étant cités lors de la célébration des mariages.

Au regard des actes, Élise SARAZIN est bigame et est décédée deux fois.

La mairie de Vermenton n’a pas eu à gérer ce problème, car les dates des ordonnances prescrivant les mentions de mariage puis de décès ont été antérieures au seul décès de la Grand-mère de l’écrivain. 

Comme pour beaucoup de familles, celle des SARAZIN sera endeuillée lors de la première guerre mondiale :

Ernest Alphonse dit Maurice SAUTEREAU, qui avait épousé Zélima Hermine Palmyre MAUDINÉ, fille de Zoé, est tué le le 22 août 1914 à Signeulx en Wallonnie. Zélima décédera en 1938 (inscription sur sa tombe à Sacy).

Ernest Alphonse dit Maurice Sautereau (1883-1914)

Fernand Gaston SARAZIN né le 15 novembre 1892 à Sacy, fils de François Alexandre SARAZIN (frère des jumelles) et de Marie Henriette MENANT, sera tué à Vauquois dans la Meuse le 17 mars 1915.

Fernand Gaston Sarazin (1892-1915)

Jacques LACARRIÈRE, propriétaire de la maison d’Henriette MENANT sa grand-tante décédée, détenait plusieurs cartes de correspondance adressées par Henriette à son fils unique Fernand SARAZIN, parti sur le front. Henriette s’inquiétait de son silence. Elle ne savait pas encore qu’il avait été tué, mais dans sa dernière correspondance elle parle de lui au passé. Ces cartes portent la mention de retour à l’expéditeur.

Le contenu de ces correspondances a été relevé. Merci à Sylvia LACARRIÈRE de nous les avoir confiées.

Correspondance d’Henriette MENANT :

« Le 22 Mars 1915

Mon cher Fernand j’espérais bien avoir des nouvelles aujourd’hui, mais c’est en vain. Il est donc vrai que les correspondances sont retardées, ou bien t’est-il arrivé quelque chose. Je ne veux pas y croire. je vais encore avoir la patience jusqu’à demain. Mais quand donc on sortira de ce maudit cauchemar ? J’espère que ce sera bientôt. En attendant de te lire à nouveau je t’envoie toutes mes amitiés. je t’embrasse bien fort, ta mère. »

« Le 26 Mars 1915

Mon cher Fernand nous sommes bien tourmentés de ne pas avoir de nouvelles. Il t’es donc arrivé quelque chose, dans tous les cas essaye donc de nous envoyer quelques mots pour nous rassurer. ton père se joint à moi pour t’embraser. ta mère » 

« Le 27 Mars 1915

Mon cher Fernand que t’es-til donc arrivé pour que nous ne recevions plus de nouvelles. Faut-il que nous subissions le sort de tant d’autres jamais je ne supporterai une affaire pareille moi qui avait toujours espoir, que le sort est cruel pour certains, et comment faire pour savoir. Je suis folle de douleur d’être dans une incertitude pareille, moi ta mère qui n’avait que toi, mon seul espoir, si tu dois rester là bas plustôt mourir ta mère qui t’aimait tant. »

Henriette MENANT décédera en 1952. Quant à son mari, il est mort trois mois après son fils.


Sources de l’acte de naissance des jumelles Élise et Alexandrine SARAZIN :

– [Archives en ligne de l’Yonne, Vermenton : NMD ( 1863-1866 ) – 5 Mi 1008/ 3 page 04] 

– permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta53481b39b8bb6/daogrp/0/4

1750 – Faux acte d’inhumation établi par Augustin CAVEROT, curé de Nitry

1750 – Faux acte d’inhumation établi par Augustin CAVEROT, curé de Nitry

Il s’agit là d’un acte d’inhumation daté de 1750 et que le curé visiblement excédé a rédigé volontairement dans les actes de l’année 1667, année contenue dans un tout autre registre que celui en cours. En 1750 Augustin CAVEROT est curé de Nitry et s’il n’a pas établi l’acte en son nom, mais celui de « nabucodonosor », il s’agit bien son écriture. 

Augustin CAVEROT a une écriture assez large. Aussi lui faut-il de la place pour rédiger un acte. Il feuillette le registre et fait plusieurs tentatives pour tenter de le caser :

Il commence à rédiger son texte à la suite d’un acte du 5 juin 1668 établi par Olivier GRASSET desservant à cette époque la paroisse de Nitry.

Augustin CAVEROT (son écriture le différencie nettement de celle de GRASSET) date son acte du 6 juin, dans la continuité de la date qui précède. Il écrit « Le sixième Juin a esté inhumé Jean pain fil », et il ne va pas plus loin. Il juge qu’il n’y a pas assez de place pour la suite. 

Il trouve un emplacement après un acte du 7 avril 1669. La chronologie des actes n’est pas sa priorité. Il écrit : « Le 6e a esté inhumé Jean ». A nouveau il se rend compte qu’il n’y a pas la place nécessaire pour continuer.

Autre tentative en mai 1669. Il écrit après un acte du 4 mai : « Le six juin » et ne va pas plus loin.

Nouvel essai en 1667 (c’est le chaos dans ce registre et dans d’autres de Nitry. Les actes de 1668 et 1669 sont reliés avant ceux de 1667). En plus les feuillets de l’année sont reliés à l’envers donc les actes sont dans un ordre antéchronologique. Après un acte du 15 novembre il écrit :

« mort [en marge] Le 8 freuv ». Il s’agit bien de son écriture et non celle de Grasset qui trace les « f » différemment.

Finalement il trouvera presque assez de place, en haut d’une page, il finira son acte dans la marge de l’acte du 16 novembre 1667 qui suit son texte. Il écrit :

En marge : « mort Jean »

Le 8 novembre 1750 a este
inhumé dans La paroisse
de St. Christophle anitry Jean
pain fils de jean pain et de
marie renoldin dans les
quelles les partis ont dit
ne sçavoir signer, cette enterrement [ce dernier mot en abrégé]
a eté fait par nabucodonosor Ceux
et Celle qui demander Ce mortuaire [suite en marge de l’acte de 1667 qui suit]
non qu’a
La Lere
cherchere

Sources : Archives en ligne de L’Yonne : 
– [Nitry : BMS (1646-1692) – 5 Mi 624/ 1, pages 74 gauche, 81 gauche, 82 gauche, 87 (à l’envers) et page 86 (à l’envers) pour l’acte lui-même].
– permalien de l’acte : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta534655773c822/daogrp/0/86

Est-ce volontaire ou la conséquence d’un excès de vin de messe ? La fin de l’acte ressemble au « Tra la la la la la la lère » que l’on entend dans certaines chansons enfantines. 

Qui est ce Jean PAIN ? 

Le couple Jean PAIN (également PIN) marié à Marie REGNAULDIN (également RENOLDIN) existe bien. Il est de Saint-Bris-le-Vineux. Ils ont un fils nommé Jean PAIN, né vers 1688, marié le 15 novembre 1711 à Joux-la-Ville avec une veuve, Jeanne BREUILLARD. Jean PAIN à son mariage était Recteur d’école à Annay-la-Rivière, Annay-sur-Serein de nos jours. Il sera Recteur d’école à Nitry en 1720, puis à Cravant où il décédera. Il sera inhumé dans l’église dudit lieu le 22 avril 1736. « L’an mil sept cent trente six le vingt deuxiesme jour d’avril a esté inhumé dans l’eglise honorable homme jean pain recteur de nos ecoles âgé d’environ quarente huit ans apres avoir receu les Sacrements de penitence eucharistie et extreme-onction en foy de quoy j’ai signé. Marie Curé de Cravant ».

L’acte établi par Augustin CAVEROT concerne donc très certainement ce Jean PAIN. La filiation est la bonne. Que s’est-il passé ? Pourquoi venir faire établir à Nitry un faux acte d’inhumation alors qu’il existe à Cravant ? On ne peut arguer de ne pas connaître où et quand est décédé Jean PAIN, car sa veuve est décédée à Cravant le 6 juin 1749 soit un an avant la rédaction du faux acte : « L an mil sept cens quarante neuf, le sixieme jour du mois de juin, est decedé en cette paroisse, et a été inhumée dans le Cimetiere, Jeanne breuillard veuve de deffunt jean pain, cy-devant Regent de Ecole de cette paroisse, agé de soixante deux ans, en presence de Claude miné, et Jean Carillon vignerons demeurants en ce lieu, qui ont declaré ne scavoir signer, de ce requis. J.P. Leviquel vic de Cravant » 

Que s’est-il passé exactement ? Visiblement il a été contraint d’établir un acte d’inhumation en 1750 d’une personne que nos recherches ont identifiée, et qui a été inhumée dans l’église de Cravant en 1736, et il a dissimulé cet acte dans un autre registre sans rapport avec les dates.

Les commanditaires, certainement haut-placés et les motifs de cette affaire demeureront à jamais inconnus. Est-ce un problème d’héritage ? Le faux acte est daté de 1750 alors que la veuve de Jean PAIN est décédée en juin 1749. L’acte établi par Augustin CAVEROT n’indique que la filiation du décédé et non, comme cela se faisait quand le curé l’indiquait, le nom de la femme du décédé, qui n’apparaît pas dans le véritable acte d’inhumation de Jean PAIN à Cravant. Avait-il un frère homonyme qui nous est inconnu ? Peu probable, il n’apparaît nulle part dans les relevés internet. 

Augustin CAVEROT quitte la cure de Nitry en avril 1751. S’il a antidaté l’acte de 1750, cela ne peut pas être après son départ de Nitry.

1726 – Mailly-la-Ville – chavirement d’une barque, 23 personnes noyées

1726 – Mailly-la-Ville – chavirement d’une barque, 23 personnes noyées

Lan mil sept cent vingt six. Le vingt quatrieme
feuvrier aprochant les onze heures du matin
a lissue de la grande messe de dimanche de la
sezagesime [1], il y perit dans la riviere
vingt trois personnes dont tous les noms
marie de lecolle [12] femme dadrien pillet
jeanne camelinat [11] femme detienne foin [22]
marie camelinat [17] femme dedme millereau [21]
colombe Luiller [8] femme de jean durand
jeanne blanche [4] femme de jean mine
jean brout [9] epoux de margueritte rousseau
edme champy [8] epoux dedmée brade
gabriel sautereau [7] epoux de marie Briez [20]
pierre mandrot [15] fils de deffunt pierre mandrot
et d edmée camelinat
adrien camelinat [11] Etienne camelinat [10] tous deux
fils dadrien camelinat et marie pelletier
jaque sautereau [6] fils de deffunt josphet [sic] sautereau
et dantoinette dusette
edme jardin [7] fils de jean jardin et
de thomase le moine
jean drot [19] fils de philippe drot et de marie briez
andre guy [9] fils de gabriel guy et de natalie
bourdillac
edme ballet fils dantoinne ballet
macon de la paroisse de pregilbert qui etoit en
pension chez le maitre decolle
catherine camelinat [16] fille dadrien camelinat
et de marie pelletier
margueritte pellemoine [13] fille deugene dufour [2]
qui a epouse en seconde noces francois briez
natalie caquereau [5] fille dedme caquereau et de
jeanne mine
edmee champy [18] fille dedme champy et dedmee brade
marie dufour [14] fille deme dufour et dadrienne brisdou
genevieve morisson [11] fille de deffunt claude morisson
et dedme [3] collion
jeanne toubeau [10] fille de jean toubeau et
de deffunte jeanne briez en foy
de quoy j ay dressé le present acte tant pour
exciter les cures mes successeurs a prier
dieu pour le repos de leurs pauvres ames
que pour avertir les autres habitans deviter
le meme malheur qui n est arrivé que par
ce que ses pauvres gens setoient mis en trop
grand nombre dans le bateau.

Signé : Symoneau cure de mailly la ville.

Notes :

– Du ressentiment a-t-il été exprimé envers ce dieu qui a laissé périr 23 personnes qui venaient de le célébrer quelques instants auparavant à la messe paroissiale ? La dernière phrase peut le laisser penser, le curé terminant son acte en incombant cet accident à la seule imprudence humaine.

– Les corps seront découverts au cours des deux mois qui suivent. En marge de l’acte, onze mentions de libera (chant pour les morts) afférentes à certains défunts. Également « camelinat donne cinq lives ». 

Ainsi la première inhumation est du 25 février 1726 « l an mil sept cent vingt six le vingt cinq feuvrier j ay curé sousigne inhumé dans leglisse le corps d’une femme qui a ete trouve noyez sur le bord de la riviere qu’on a aporte a leglisse et quon ma dit estre le corps de jeanne blanche de cette paroisse en presence de messire nicolas robert curé de mortomier en berry et de claude morisson recteur des ecolles de cette paroisse ». Le dernier corps sera celui de Jean DROT inhumé le 06 mai 1726. 

Un corps n’a pas été inhumé à Mailly-la-Ville, celui de « edme ballet fils dantoinne ballet
macon de la paroisse de pregilbert qui etoit en pension chez le maitre decolle ». L’inhumation s’est faite le 12 mars 1726 à Prégilbert. L’acte est ainsi rédigé : « Le onze Mars on m’a apporté a la Porte de mon Eglise le Corps de Garpard Ballet [note : il avait été baptisé Edme Gaspard à Prégilbert le 27 avril 1714] aagé d’environ treze ans qui avoit Peri dans les eaux avec 23 autres [note : 22 autres] de Mailly la Ville en Passant le Bâteau et qui fut Inhumé le Landemain dans le Cimetiere de notre [église] par moy soussigné – signé Boucher curé de Pregilbert »


[1] Sexagésime : Mot ancien, deuxième dimanche avant le carême.
[2] Sa mère.
[3] Comprendre Edmée.
[4] Corps inhumé le 25 février 1726 (Jeanne Blanche).
[5] Corps inhumé le 10 mars 1726 (Nathalie Caquereau).
[6] Corps inhumé le 11 mars 1726 (Jacques Sautereau).
[7] Corps inhumés le l2 mars 1726 (Edme Jardin et Gabriel Sautereau).
[8] Corps inhumés le l2 mars 1726 (Edme Champy et Colombe Luillier).
[9] Corps inhumés le l3 mars 1726 (André Guy et Jean Brout).
[10] Corps inhumés le l4 mars 1726 (Étienne Camelinat et Jeanne Toubeau)
[11] Corps inhumés le l5 mars 1726 (Adrien Camelinat, Jeanne Camelinat et Geneviève Morisson).
En marge de l’acte d’inhumation de trois corps :
« foin a payer lenterrement de sa femme »
« lenterrement de la morisson payer ».
[12] Corps inhumé le l9 mars 1726 (Marie de Lecolle)
En marge de l’acte bien qu’il y ait un seul corps « tous payée ».Comprendre « tout payé ».
[13] Corps inhumé le 23 mars 1726 (Marguerite Pellemoine).
En marge « lenterrement et lannuel payez ».
[14] Corps inhumé le 24 mars 1726 (Marie Dufour)
En marge « tout payé ».
[15] Corps inhumé le 25 mars 1726 (Pierre Mandrot).
[16] Corps inhumé le 25 avril 1726 (Catherine Camelinat).
[17] Corps inhumé le 28 avril 1726 (Marie Camelinat).
En marge « lenterrement payez lannuelle payer ».
[18] Corps inhumé le 03 mai 1726 (Edmée Champy).
[19] Corps inhumé le 06 mai 1726 (Jean Drot).
[20] Marie BRIEZ/BRIET se remarie le 09 juillet 1726.
[21] Edme MILLEREAU se remarie le 09 juillet 1726.
[22] Étienne FOIN se remarie le 12 novembre 1726.

Sources de l’acte :

Sacy 1726 – Bénédiction de deux cloches (partie II)

Sacy 1726 – Bénédiction de deux cloches (partie II)

Bénédiction de la la petite cloche au-dessus du Maître-Autel de l’église de Sacy :

Le 7 juillet 1726 étaient bénies deux cloches de l’église de Sacy, cérémonie consignée sur un seul acte.
Pour une meilleure lecture, ces deux bénédictions sont traitées séparément.

« L’an de grace 1726 le 7 juillet je sousigné prestre Curé de la Paroisse de Sacy
ai donné la benediction a la grosse cloche qui fut nommée Jeanne. elle a eu
pour Parain Frere Paul de la Luzerne chevalier, Commandeur d’auxerre +, et pour
Marainne honneste Femme Dame Marie Boujat Epouse de Mtre Michel
Malguiche Lieutenant de Sacy.
Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry

« Le meme an et jour fut aussi benite par moi Curé de Sacy la petite cloche
qui est audessus du Maitre Autel, elle eu pour Parain Maitre Edme Boujat
Bourgeois d’Auxerre, et pour Marainne honneste femme Anne Ferlet Epouse
de Mtre Thomas Dondaine. »
Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry

en marge :
« + remplacé par venerable et discrette personne Mtre Didier Challant Curé de Nitry »

Cette cloche se trouve toujours dans l’église de Sacy. Elle fait environ 45 cm de haut et 45 cm à la base. Sa fonction est précisée dans l’acte, il s’agit d’une petite cloche située au-dessus du maître-autel. L’acte et les inscriptions sur la cloche ne la nomment pas.

Les inscriptions figurant sur la cloche :
1ère ligne : + 1726 IAI POVR PARAIN MTRE EDME BOVIAT BOVRGEOIS +
2è ligne : + DAUCERRE ET POVR MARAINE ANNE FERLET EPOVSE DE +
3è ligne : + MTRE THOMAS DONDAINE MAIRE DE SACY +

Le parrain est Edme BOUJAT né et baptisé à Sacy le 10 avril 1672. Il y épousera le 21 janvier 1698 Magdeleine PANDEVANT dont le père Mary PANDEVANT était « officier de la paneterie du Roy » [1]. Edme BOUJAT est qualifié ici de bourgeois d’Auxerre tout comme le 16 janvier 1723 lors du baptême à la paroisse Saint-Eusèbe d’Auxerre de son fils Edme. [2] les actes paroissiaux de Sacy le qualifient de bourgeois et marchand de Sacy. Trois ans après la bénédiction de la cloche, Edme BOUJAT veuf le 21 avril 1729 épousera le 25 novembre de la même année Barbe FERLET qui deviendra, par son second mariage avec Edme RÉTIF, la mère de l’écrivain Rétif de la Bretonne. La maison d’Edme BOUJAT est occupée pendant quelques années par le couple Edme RÉTIF et Barbe FERLET. Elle est sise en face de l’église. Celui qui deviendra Rétif de la Bretonne y est né. Une plaque y est apposée. Quelques années plus tard la famille déménagera à l’autre bout du village dans la métairie dite de la Bretonne.

La marraine est Anne FERLET, sans lien connu sur plusieurs générations avec la précédente. Elle est la femme, en secondes noces de Maître Thomas DONDAINE, maréchal ferrant et un temps greffier à Sacy, et, les inscriptions sur la cloche nous l’apprennent, maire de Sacy. Son père Léonard DONDAINE, maréchal ferrant est à l’origine des DONDAINE de Sacy [3]. Marie DONDAINE la première femme du père de Rétif de la Bretonne est la fille née du premier mariage dudit Thomas DONDAINE d’avec Marie BÉRAULT.


[1]

Le Grand panetier de France était l’un des grands officiers de la cour du roi de France, membre de la Maison du Roi. Il était le chef de la grande paneterie, autrement dit du service de bouche comprenant hâteurs de rôt, potagers, écuyers et enfants de cuisine (appelés galopins). Source : Wikipedia

[2]

Edme BOUJAT fils, épousera le 27 janvier 1750 à Pringy (Seine & Marne) Marie Catherine PATRIS. Qualifié de Maître chirurgien il décédera le 21 juin de même année dans cette même localité d’une chute de cheval. L’écrivain Rétif de la Bretonne, fils Edme RÉTIF et de Barbe FERLET la seconde femme de Edme BOUJAT père et parrain de la cloche, le citera en bien dans ses écrits.

[3]
François DONDAINE, frère de Léonard DONDAINE, né vers 1620 est décédé dans une des métairies dont il était métayer au Bois-l’Abbé de Lichères paroisse de Nitry le 19 février 1700. Il était marié à Edmée BONNET décédée le 12 janvier 1700 au Bois l’Abbé. L’une de ces fermes appartenait à Claude Griffe, receveur des terres de Lichères et Nitry pour l’Abbé de Molesme, seigneur des lieux. Pendant les quelques mois qui précèdent et suivent 1700, une épidémie semble s’être abattue sur Lichères. Les actes mortuaires des membres des familles se succèdent. Ainsi disparaîtront ledit François DONDAINE et sa femme. Leur fille Marie DONDAINE par son second mariage en 1707 avec Sébastien GAUTHIER s’établira dans la paroisse de Sacy.

Edme DONDAINE autre frère de Léonard, né vers 1619 décédé à la métairie de la Loge de Sacy le 14 avril 1679, avait quitté Lichères entre 1661 et 1665 pour prendre les fonctions d’amodiateur [l’amodiateur d’une terre concède son exploitation en échange de prestations en nature ou en argent] et de « recepveur » de la métairie de la Loge qui appartenait à cette époque au Collège des Jésuites d’Auxerre. Il s’était marié à Étiennette PIOCHOT née vers 1624, décédée à la Loge le 27 juillet 1676. Ses enfants n’ont pas transmis le nom DONDAINE à Sacy.

Son fils Alexandre né à la Loge a fondé famille à Lichères.
Sa fille Edmée Dondaine, mariée à Edme GAUTHERIN dit La Croix, originaire de Lichères, a été pendant peu de temps le successeur d’Edme DONDAINE à la Loge puis la famille est partie à Lichères. En 1681 leur fils Edme avait été baptisé à Sacy sous le nom de Edme LACROIX.
L’autre fille de Edme DONDAINE Anne DONDAINE épousera Edme MINÉ puis Pierre BOUTELAT tous deux seront métayers de la Loge. Seules des filles du couple Pierre MINÉ & Anne DONDAINE auront une descendance à Sacy, notamment par les GUÉRAULT, famille qui occupe une bonne part dans les écrits de Rétif de la Bretonne.


Sources de l’acte :

Sacy 1726 – Bénédiction de deux cloches (partie I)

Sacy 1726 – Bénédiction de deux cloches (partie I)

Bénédiction de Jeanne, grosse cloche de l’église de Sacy.

La grosse cloche de Sacy (2021)

Le 7 juillet 1726 étaient bénies deux cloches de l’église de Sacy, cérémonie consignée sur un seul acte.
Pour une meilleure lecture, ces deux bénédictions seront traitées séparément.

Transcription de l’acte intégral :

L’an de grace 1726 le 7 juillet je sousigné prestre Curé de la Paroisse de Sacy
ai donné la benediction a la grosse cloche qui fut nommée Jeanne. elle a eu
pour Parain Frere Paul de la Luzerne chevalier, Commandeur d’auxerre +, et pour
Marainne honneste Femme Dame Marie Boujat Epouse de Mtre Michel
Malguiche Lieutenant de Sacy.

Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry

Le meme an et jour fut aussi benite par moi Curé de Sacy la petite cloche
qui est audessus du Maitre Autel, elle eu pour Parain Maitre Edme Boujat
Bourgeois d’Auxerre, et pour Marainne honneste femme Anne Ferlet Epouse
de Mtre Thomas Dondaine.

Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry

en marge : « + remplacé par venerable et discrette personne Mtre Didier Challant Curé de Nitry »

Sources de l’acte : 
– [Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BMS ( 1709-1740 ) – 5 Mi 709/ 6 page 132 gauche, dernier acte, pas de copie de ces bénédictions dans le second registre] 
– permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta5347c89138223/daogrp/0/132

Cette cloche est toujours en place dans le clocher.

Description de la grosse cloche : 

  • Poids : 1.600 kg
  • Hauteur : 112 cm
  • Largeur à la base : 114cm
  • Épaisseur : varie entre 86 et 110mm
  • Fréquence : environ 277 Hz

Le curé de Sacy est André PINARD.


Le rédacteur Antoine FOUDRIAT, vicaire à Sacy, il n’est pas cité dans l’acte, ni ne le signe, mais son écriture l’identifie formellement. Il deviendra peu après curé de Sacy. Antoine FOUDRIAT, baptisé le 8 avril 1700 en la paroisse de Saint-Pierre-En-Vallée d’Auxerre, décédé subitement le 18 novembre 1760 à Sacy après y avoir exercé pendant 35 ans, a été inhumé le lendemain selon qu’il l’avait désiré, au bas de l’escalier de la petite petite porte de l’église de Sacy. Il baptisa le 23 octobre 1734 Nicolas Edme RÉTIF plus connu sous son nom de plume « Rétif de la Bretonne » qui donne à ce curé une bonne place dans ses écrits.


Le parrain est Frère Paul de la LUZERNE (« de BEUZEVILLE » figure en plus sur les inscriptions de la cloche) Chevalier Commandeur du Saulce d’Auxerre. Il s’agit de l’Ordre de Malte anciennement les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Le Commandeur de l’Ordre est Seigneur en partie de Sacy, l’autre Seigneur étant l’Évêque d’Auxerre et son Chapitre. L’acte fait l’objet d’une mention en marge indiquant que le le parrain est remplacé, comprendre représenté par Didier CHALLAN curé de Nitry (né le 23 novembre 1687 à Aisy-sur Armançon, décédé 21 septembre 1728 à Nitry, inhumé le même jour dans l’église de Nitry).


La marraine est « honneste femme » Dame Marie BOUJAT épouse de Michel MALGUICHE, Lieutenant de Sacy. Marie BOUJAT est née et a été baptisée à Sacy le 15 septembre 1693, fille de Guillaume BOUJAT (décédé en 1724), ancien Lieutenant de Sacy dans les Croix à savoir Lieutenant du Commandeur d’Auxerre qui est Seigneur en partie de Sacy, et de Marie CRENIER. Marie BOUJAT, la marraine a épousé le 3 octobre 1713 Michel MALGUICHE originaire de Vermenton, qui deviendra Lieutenant de Sacy.


Les inscriptions sur la cloche concordent, hormis bien sûr, quelques différences orthographiques, avec l’acte établi, ce qui dénote d’une organisation, qui a permis de tout inscrire (procédé de la cire perdue lors de sa fabrication) sur la cloche avant sa bénédiction.


La dernière ligne sur la cloche indique en plus de l’acte « JACQUES BOUIAT FABRICIEN » Jacques BOUJAT n’est pas identifié. L’absence de sa signature sur l’acte de bénédiction qui ne le cite pas, tant est qu’il sache signer, ne permet pas de l’identifier.

En 2020 a été descendue du clocher de l’église de Sacy la plus vieille cloche de l’Yonne, devenue trop fragile pour être restaurée. Elle est datée du XIVe siècle. Une cloche de même taille et même sonorité l’a remplacée (article à paraître).
Le poids de la grosse cloche, rappelons-le, 1600 kg avait déplacé le beffroi, charpente dans le clocher qui supporte les cloches. Des poutres du beffroi étaient très abîmées et reposaient sur des corbeaux en pierre. L’idéal est un beffroi sans aucun lien avec la structure du clocher.


Lors des travaux en 2020, le beffroi de la grosse cloche a été restauré.

Claude Griffe du Rud – Nitry

Claude Griffe du Rud – Nitry

S’il a existé à Nitry un personnage qui mérite que l’on s’y intéresse, c’est bien Claude GRIFFE.

Les actes qui le citent le qualifient de :

  • Garde du Corps de son Altesse de Conti (actes Nitry 18 avril et 13 juin 1652), 
  • Chef des gardes de M. le Prince de Conti (1656), 
  • Capitaine de Nitry (1656), 
  • Marchand et Receveur de Monsieur le Chevalier de La Rochefoucauld (Seigneur de  Lichères & Nitry en tant qu’abbé de Molesme) (1664, 1665, 1684), 
  • Receveur des Terres de Nitry et de Lichères (1665, 1674), 
  • Bourgeois de Chitry (à son décès 1709). 

En outre, un acte de 1691 le dit propriétaire de l’une des fermes du Bois-l’Abbé de Lichères qui fait partie de la paroisse de Nitry. Ces fermes du Bois l’Abbé sont proches de la Métairie de la Loge de Sacy, de Courtenay, hameau de Vermenton où le seigneur dudit lieu y avait une métairie, et également des bois de Nitry – Lichères-près-Aigremont et Nitry étant devenues des communes distinctes à la révolution.

Toutes ces fermes ou métairies  exploitaient les terres à la limite des paroisses, auxquelles il faut ajouter le hameau de Vau-Germain proche de Courtenay, paroisse de Saint-Cyr-les-Colons.

De par son importance, Claude Griffe deviendra « sieur du RUD » que certains curés  écriront « Du RUT ». Il signera de ce titre.

Claude GRIFFE est baptisé à Chitry le 12 avril 1629. Il est le fils de Edme GRIFFE (Chitry 1600-Chitry 1680) et de Jeanne PETIT (vers 1602-Chitry 1680). Il a pour grands-parents paternels Claude GRIFFE né avant 1580 marié avant 1600 à Marie DEMAY également née avant 1580.

Il épouse à Nitry le 18 juillet 1656 Catherine COURTOIS. Elle sait signer. Elle est la fille de Adrien COURTOIS et de Jeanne FILSJEAN (que l’on verra orthographié FILSIJEAN et FIGEAN). Adrien COURTOIS est receveur des Terres de Nitry et Lichères (1652, 1656), marchand à Nitry (1670). C’est son gendre Claude GRIFFE qui reprendra sa fonction de receveur.

Durant les XIè & XIIè siècles, par des dons qui lui étaient faits, par des renonciations d’héritages ou de droits, l’Abbaye de Molesme était en passe de détenir toutes les terres de Lichères et de Nitry. Entre autres entre 1076 et 1084, « Guibert de Châtel-Censoir, du consentement de sa femme Reine et de ses fils Ascelin et Hugues, et de l’agrément de Robert, évêque d’Auxerre, donna l’église de Nitry et ses dépendances pour le repos de son âme ». Sources : Cartulaire de l’Yonne.

Au XVIIè siècle, L’abbé de Molesme est Seigneur des terres de la paroisse de Nitry composée de Nitry et de Lichères.

De 1652 à 1689, l’Abbé de Molesme est Charles de la Rochefoucauld de Marcillac. Il est né le 22 septembre 1635 et décède le 19 novembre 1691. Il est le fils de François VI de la Rochefoucauld et de Andrée de Vivonne. Charles de la Rochefoucauld est en outre Chevalier de Malte (anciennement les Chevaliers-Hospitaliers, moines-soldats de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).

L’Abbé de Molesme en exercice est donc le Seigneur des Terres de Lichères & Nitry.

– le dix avril 1665, Charles de la Rochefoucauld de Marcillac se trouve dans l’église de Nitry pour le baptême de Charlotte Jeanne Griffe fille de son receveur. Il est le parrain de l’enfant. Il aurait pu se faire représenter, mais ne l’a pas fait. Il signera l’acte « le chevalier de la rochefoucauld » 

Le dixè. jour de Apvril mil six cent soixante
cinq fut baptisee charlotte Jeanne
fille d’honorable homme Claude griffe Recepveur de ni(try)
& Licheres & de honneste femme Catherine courtois ses
pere et mere dont le parrein fut haut et puissant
seigneur Messire Charles de la Rochefoucault
abé commandataire de labaye Nre Dame de moulesme
ordre St benoist diocese de Langres chevalier de
L’ordre de St Jean de Jerusalem seigneur de Nitry &
Licheres & autres lieux & Damoiselle Jeane cousin femme
de Mr Jaques bordes advocat en parlement et Juge prevost
dudit nitry par moy curé soubs signé de Nitry et liche[re]
signe avec le parrin et marrinne.

Signé : « le chevalier de la rochefoucauld »
« Jeanne Cousin »
« Téulé ptre Curé de nitry et lichere »

Sources de l’acte :

– Archives en ligne de l’Yonne, Nitry : BMS ( 1646-1692 ) – 5 Mi 624/ 1 page 42 droite, 1er acte
– permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta534655773c822/daogrp/0/42

Catherine COURTOIS sera inhumée, ce n’est pas précisé, mais certainement en l’église de Nitry le 10 octobre 1668.


Claude Griffe retournera dans la paroisse qui l’a vu naître. Il y décédera le 04 octobre 1709 et sera inhumé en l’église de Chitry le lendemain. Il est qualifié dans l’acte de « Bourgeois de Chitry ».

Nitry, 1735 – actes de vandalisme dans la sacristie de l’église 

Nitry, 1735 – actes de vandalisme dans la sacristie de l’église 

La paroisse de Nitry fut administrée pendant les trois dernières décennies précédant la chute de la Royauté par « Jean-Jaques-Louis ROLLAND Prêtre » ainsi qu’il l’écrit lui-même dans son journal.

Église de Nitry, décembre 2022 – D. C.

Succédant au Curé Augustin CAVEROT, le curé ROLLAND, n’était pas tendre avec la population de Nitry qu’il qualifiait de populace grossière et ivrogne, ajoutant que le peuple de Nitry était indiscipliné, et naturellement grossier, brutal et méchant. Il ne l’était pas plus envers ses prédécesseurs, qualifiant l’un d’eux de lâche. Il eut quelques dissensions avec la population et les représentants de l’autorité civile de sa paroisse.

Le 22 avril 1735, le curé CAVEROT (qui signe « Cauerot », le « U » et le « V » s’écrivant d’une même façon), curé de Nitry et prédécesseur donc de JJ Louis ROLLAND, relate des faits de dégradations volontaires commis dans sa sacristie.

Jour de remarque
touchant certains quidam
malins, seditieux, rebelles, indociles
de la paroisse de nitry.

Cejourd’huy vingt deux du mois [note : avril]
de l’année mil sept cent
trante cinq un certain quidam
[10 points de suspension] de la paroisse
de nitry continuant sa malice ordinaire
a le paÿs et poussant son insolence
au dernier degré sevissa
conjointement avec d autres par les
avis et conseils detestables
et horribles a casser les bareaux
de ma sacristie, casser les serrures
des coffres ou le linge servant
a la decoration de leglise et au
sacrifice de la messe fut foulé
au pied, enfin pour le dire en un mot
toute la sacristie fut sans dessus
dessous, et fut mise au pillage, je
laisse ce trait d histoire pour en instruire
la postérité, [3 lignes de points de suspension].

Sources de l’acte :

– [Archives en ligne de l’Yonne, Nitry : BMS ( 1711-1742 ) – 5 Mi 624/ 3, pages 242 & 243]
– Permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta5346787384248/daogrp/0/242

Qu’aurait pensé le curé Caverot s’il avait su que « ce trait d’histoire » serait publié sur internet près de 300 ans plus tard ?

1688 – Vermenton – Jeanne DUCROT, morte d’une colique dans sa vigne

1688 – Vermenton – Jeanne DUCROT, morte d’une colique dans sa vigne

Le Mardy sixiesme Jour d’Avril mil six
cent quatre vingt et huict mourut d’une colique
dans sa propre vigne sur les 7 heures du soir
Jeanne Ducrot femme de deffunct Nicolas Cocquart
aagée de 33 ans ou environ apres avoir faict son
devoir le 25e mars par la confession et comunion
estant de vie irreprochable a esté inhumée dans
notre cimetiere le Mercredy septiesme jour dud. mois
et an en pnce [présence] de Pierre Ducrot vigneron demt [demeurant]
a pregilbert et autres qui a declaré ne scavoir signer
de Jacques et Jean Ducrot ses freres.

Signé : L Auber, E Lauran, G Gallet [note : curé].

Sources de l’acte :
– [Archives en ligne de l’Yonne, Vermenton : BMS ( 1681-1690 ) – 5 Mi 1001/ 7, page 216 gauche, 1er acte] 
– permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta5347cbe8eea73/daogrp/0/216

Il n’a pas été facile de reconstituer cette famille, car la vie a éparpillé ses membres dans diverses paroisses.

Le père Jean DUCROT est de la paroisse de Joux-la-Ville. Sa femme Françoise GROS/GROUX et autres orthographes selon les actes est de celle d’Arcy-sur-Cure où ils se sont mariés en 1652.

Malheureusement leur filiation n’apparaît pas dans l’acte. Le couple s’est installé dans la paroisse du mari, mais les actes paroissiaux de Joux qui nous sont parvenus ne débutent qu’en 1670. Nous n’avons donc aucun acte de baptême de leurs enfants. Jeanne dont il est question ici s’est établie avec son mari Nicolas COCQUART dans la paroisse de Vermenton. Trois frères cités dans l’acte d’inhumation de Jeanne se sont installés à Prégilbert. Joseph, le dernier enfant connu du couple est décédé en 1681 dans la paroisse de Joux.

Le 03 juillet 1673 Françoise GROS s’est remariée à Joux-la-Ville avec Jean COCQUELET de Précy-le-Sec. Son premier mari Jean DUCROT est décédé certainement avant 1670 car son acte de décès ne se trouve pas dans le registre entre cette date et celle de remariage de sa veuve qui est décédée munie de tous ses sacrements le 25 mai 1674 à Joux-la-Ville où elle a été inhumée le lendemain.

1677, Sacy, une femme retrouvée morte 15 jours après sa disparition

1677, Sacy, une femme retrouvée morte 15 jours après sa disparition

le 20 janvier 1677 a este enterrée
Barbe collinet femme de Francois belin
vigneron laquelle au rapport de ses enfans
et autres fut trouvée le jour precedent
morte au dessus de la loge Crouslot lieu
dit les Vaux chignars ou elle avoit demeure
15 jours sans quon en est pu scavoir aucune
nouvelle jusque apres que les neiges ont esté
fondues au milieu desquelles elle seroit demeuree
a coeur failly et morte accause de la grande
quantité qui en estoit sur la terre et qui a dure
six sepmaines, duquel lieu ella este levée par
la Justice qui en a fait son proces verbal
apres lequel elle a este inhumee dans le cimetiere
ayant fait ses devotions dernieres le jour de
la toussaint et ayant toujours vescu en veritable
chretiene et bien craignant dieu et que je
certifie present Mre Leonard Piault,
Pierre Petit et plusieurs autres
pour le repos de lame de laquelle ses enfans ont desire estre
celebré une grande messe le jour dapres le plus comode

[signé] : P Petit [note : marguillier] Potthier [curé]

Sources de l’acte :
[Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BMS ( 1644-1684 ) – 5 Mi 709/ 4, page 184 droite (acte copie) **** & page 202 droite (acte original)
https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta53465afe3ae08/daogrp/0/202

Ce que l’on sait de Barbe COLLINET (mariée François BELIN), est qu’elle est née avant 1626, en considération de la date de naissance de son premier enfant connu. Elle avait donc au moins une cinquantaine d’années lorsqu’elle est morte. On est en droit de se demander ce qu’elle faisait là, seule, par ce temps, sans que personne de sa famille ne sache où et pourquoi elle y était. Les représentants de la Justice qui ont autorisé l’enterrement se sont-ils posé cette même question ?

1670 – Décès à la Loge de Sacy d’une jeune fille effectuant un pèlerinage à Alise-Sainte-Reine

1670 – Décès à la Loge de Sacy d’une jeune fille effectuant un pèlerinage à Alise-Sainte-Reine

Le 20 febvrier 1670 en la metairie de
La loge est decedée une pauvre fille aagée de 27
ans nommee marie pelletier native de 3 lieues
de montargy suivant quelle nous la desclare laquelle
alloit faire le voiage de Ste Reine et a laquelle
jay administré les sacrements, mestant asseaurée bonne
chretienne apostolique et Rome, et ayant declare 3
moys dans L hopital d’Auxerre

signé : LPottier

Sources de l’acte :
– [Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BMS ( 1644-1684 ) – 5 Mi 709/ 4, page 118 droite, 1er acte]
– permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta53465afe3ae08/daogrp/0/118

Notes :

Alise-Sainte-Reine est le site le plus crédible pour être celui d’Alésia. Les recherches archéologiques et historiques vont dans ce sens même si d’autres lieux sont proposés. Le village est situé à 17 km de Montbard, à 50 km au nord-ouest de Dijon et à environ 65 kilomètres de Sacy. Les jeunes filles y faisaient un pèlerinage.

En 253, Reine (Regina), gauloise de 16 ans convertie au christianisme, refusant d’abjurer sa foi fut martyrisée et décapitée. La légende dit que sur le lieu jaillit une source miraculeuse dite source de Sainte Reine.

En 1865, Napoléon III fit ériger à Alise-Sainte- Reine une statue de Vercingétorix, œuvre d’Aimé Millet.

En 1923, un groupe d’archéologues y découvrent les vestiges d’une église mérovingienne, probablement dédiée à cette martyre.