Le Mercredy sept.me May aud. an [note : 1681] fut Inhumée dans notre Cimetiere Francoise Tremeau femme d’Edme Cornille aagée de 40 ans ou environt apres avoir receu les sacremens de Penitence et d’Eucharistie Dimanche dernier elle tomba du haut de la Muraille de la ville allans de la porte de la fontaine chez elle, tombans dans le Jardin de Jacque Boudard elle mourut le lendemain on ne peut estre allez a temps pour luy donner L’extreme-Onction elle est morte fort contente [2] et avec de grands sentimens de Devotion. Personne du Parentage n’a pû signer
Signé : G Gallet [note : curé], JBoudard
Acte de décès de Françoise Tremeau
Il y avait des fortifications en 1681 à Vermenton. Selon l’Histoire de Vermenton mise en ligne par la mairie [3] : « La deuxième enceinte, construite en 1514 avec l’autorisation du roi Louis XII, entourait l’agglomération actuelle ».
Il serait plus juste de dire que l’agglomération actuelle est sortie des limites des fortifications.
Il existe une carte postale [4] représentant Vermenton en 1781 d’après une gravure de Lallemand [5]. La carte indique « Les anciens seigneurs de Vermenton étaient les comtes d’Auxerre et les rois de France depuis Charles V. Les Anglais s’emparèrent de cette ville en 1358, et, quelques années après, elle fut entourée de murailles avec trois portes et plusieurs tours et fossés. De cet appareil défensif, il reste une ancienne tour ronde, dit Tour du méridien qui date exactement de 1368, et sert aujourd’hui d’auditoire à la Justice de Paix »
Carte postale – Vermenton à la fin du XVIIIème siècle
Sur ce dessin, on voit la Tour du Méridien, toujours présente de nos jours, et qui devait se trouver à un angle des remparts (voir photo actuelle).
Sur la gauche se trouve la porte du bourg gardée par deux tours. De nos jours il ne reste qu’une entrée de rue, la rue principale de Vermenton, rue du Général Leclerc qui mène au hameau de Courtenay, puis à la ferme de la Loge de Sacy et à Lichères-près-Aigremont. Et comme on le voit sur le dessin, cette rue est en côte.
À gauche, une tour qui semble être un autre angle des fortifications. Un carrosse circule sur la route menant d’Avallon à Auxerre (via Arcy-sur-Cure et Cravant). Il s’agit de l’actuelle RN6, nommée rue du Général de Gaulle pour la section dans Vermenton. Deux millénaires de régression par rapport aux routes des Romains. Il faut dire que la route menant à Auxerre via Cravant, reconnu comme premier port de l’Yonne en 1384, a perdu de son importance depuis que le pont enjambant l’Yonne, pont déjà cité au XIIIe siècle, finit par s’écrouler en 1726, faute d’entretien, les copropriétaires, comme on dirait de nos jours, ne voulant pas mettre la main à la poche. Le nouveau pont n’a été achevé qu’en 1775, et dorénavant le trafic passe par Saint-Bris. [6]
Tour du Méridien (2023)Vermenton, 2023Vermenton, 2023
Revenons à la victime. Françoise TRÉMEAU est née vers 1641 selon son son âge approximatif figurant dans son acte d’inhumation. Son acte de baptême ne figure pas dans le registre des baptêmes de Vermenton de cette période, ce qui laisse supposer qu’elle n’en n’est pas originaire.
Quant à son mari Edme CORNILLE, exerçant la profession de voiturier par eau, il se remarie 5 mois plus tard, le 22 octobre 1681 avec Marie GINNE. A nouveau veuf, il se remarie le 21 mai 1685, toujours à Vermenton avec Marie ROBELIN. Il décédera à Vermenton le 03 décembre 1687. Il était âgé de 57 ans ou environ. Le seul Edme CORNILLE trouvé à Vermenton dans cette période y a été baptisé le 22 juin 1635. Son âge au décès le faisait naître vers 1630.
On peut aussi se demander ce que faisait Françoise TRÉMEAU en haut de ces murailles. Était-ce un itinéraire qui la menait chez elle ? En tout cas, dans l’acte, il n’y a aucune interrogation du curé à ce sujet.
Note : depuis Juin 2023, la consultation des Archives en ligne de l’Yonne n’est plus assortie d’une acceptation des conditions d’utilisation des documents, utilisation qui était soumise à une demande d’autorisation, et payante dans certains cas.
[2] Ce mot pose problème. On pourrait lire contrite. Mais dans l’acte, ainsi que dans les autres, il ne manque aucun point sur les « i ». Ici il n’y en a pas. Il écrit la lettre « e » en début de mot de la même façon que ses « r » (voir les mots « elle », « estre »). Les « e » à l’intérieur d’un mot sont écrits soit comme il le fait en début de mot, soit normalement. Si on regarde le mot « Penitence » (4è ligne) par deux fois il y a « en » dans ce mot « P(en)it(en)ce » et [en] est tracé exactement comme dans le mot « cont(en)te ». Il s’agit bien de contente.
[5] Jean Baptiste LALLEMAND (Dijon 1716-Paris 1803). Parmi ses œuvres « Pillage des armes des Invalides le matin du 14 juillet 1789 », « La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 ». Lien Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Lallemand
Essert, petit village parfois qualifié de hameau dans certains actes paroissiaux. Il est situé près de Vermenton et dépendait de l’Abbaye de Reigny. À la Révolution il est devenu une commune à part entière. En 1972 il a fusionné avec Lucy-sur-Cure. Il serait plus pertinent de dire qu’il a été annexé par Lucy-sur-Cure qui est devenu le nom administratif d’Essert. Donc administrativement Essert n’existe plus. On ne peut plus naître ou mourir à Essert. L’acte et donc l’INSEE indiqueront la naissance ou le décès comme étant survenus à Lucy-sur-Cure. Le cimetière d’Essert est devenu un cimetière de Lucy-sur-Cure. Cette oblitération administrative d’un village est des plus regrettable.
Deux textes intéressants traitent, malheureusement trop sommairement du village. Le premier est tiré de l’Histoire des Communes de L’Yonne par Maurice PIGNARD-PÉGUET [1]
Essert (ESSARTAE)
Cette terre fut défrichée à partir du XIe siècle par des religieux du lieu dit Fontemoi, commune de Joux-la-Ville [2] mais le village était situé primitivement à environ 150 mètres plus haut, à la Commotte [3]. Ce n’est qu’après la guerre de Cent Ans, vers la fin du XVe siècle, que les frères convers de Fontemoi [4] où il reste des vestiges de leur chapelle [5], vinrent s’installer à Essert où ils créèrent le village actuel. En 1520, ces mêmes moines se transportèrent à l’abbaye de Reigny, ordre de Citeaux, qui existait depuis le XIIe siècle, qui leur appartenait peut-être déjà, mais dont ils construisirent en tout cas les bâtiments qu’on y voit encore. En 1529, l’abbé, Jacques de Clavette donne la seigneurie d’Essert à bail à Jehan Bourdillat. Au XVIIe siècle en 1672, ce bail à vie fut transformé en bail emphythéotique [sic] (Voir le monographie d’Aigremont) par Haret Fouquet, aumônier et conseiller du roi, devenu abbé commendataire de Reigny. Ayant pris fin en 1771, ce bail fut-il renouvelé ? Nous l’ignorons, mais c’est probable, car en 1816 intervinrent des décrets analogues à ceux qui ont régi les fermiers de l’abbaye de Pontigny à Aigremont. Ces décrets dévoluèrent aux fermiers d’Essert les biens qu’ils détenaient.
L’Eglise n’est qu’une insignifiante chapelle qui a été bâtie lors de la constitution de la commune après la Révolution. Antérieurement, les habitants allaient entendre la messe à Reigny [6]
Histoire des Communes de L’Yonne par Maurice PIGNARD-PÉGUET
Église d’Essert
Le second texte émane de la Fondation du Patrimoine. Il y a quelques années, un texte historique sur Essert accompagnait un appel aux dons mis en ligne pour la réfection du toit de l’église. Les travaux terminés, le document a été retiré et n’est donc plus en ligne.
Église d’Essert
Église Saint Barthélémy d’Essert
L’église Saint Barthélémy a été bâtie en 1843 sur les vestiges d’une ancienne chapelle, à l’époque de la constitution de la commune après la Révolution. Nous avons très peu d’ informations quant à sa fondation. Essert fut défrichée à partir du Xle siècle par des religieux du lieu-dit Fontemoi à Joux la Ville. Ce n’est qu’après la guerre de Cent Ans, vers la fin du XVe siècle, que les frères convers de Fontemoi vinrent s’installer à Essert. Ils créèrent le village actuel et édifièrent une grange pour entreposer les dîmes et quelques chaumières pour loger les serfs. En 1520, ces mêmes moines se déplacèrent à l’abbaye de Reigny et firent construire une chapelle en lieu et place de la grange d’Essert.
Fondation du Patrimoine
Église d’Essert
Essert est cité par trois fois dans le deuxième des trois volumes du Cartulaire Général de l’Yonne [7]. Ces textes nous ramènent au début de la fondation du hameau qui ne devait être habité que par les serfs de l’Abbaye, dans leur cabane au lieu de la Commotte si on en croit Maurice PIGNARD-PÉGUET.
Pages 61 et 62 : Donation par Ascelin-de-Chatel-Censoir à l’Abbaye de Reigny (Vers l’an 1145).
Ascelin fait don à l’abbaye d’Aisances dans toute sa terre, tant en plaine qu’en bois, située au-delà de la Cure. Au-delà du chemin qui conduit d’Avallon à Auxerre par Joux, par la Vallée auxerroise et Sacy, il concède le pâturage seulement, et entre ledit chemin et la Cure, le pacage pour les troupeaux et l’usage des bois, avec certaines réserves. Ces usages sont donnés pour les granges de Fontemoy, Porly [note : Pouly paroisse de Joux], Essert (Eisars dans le texte latin) et Reigny
Page 171 : Privilège du Pape Alexandre III, en faveur de l’Abbaye de Reigny (An 1164).
Le pape prend l’abbaye sous sa protection et énumère les nombreux domaines qui en dépendent, savoir: les granges de Fontemoy, Oudun, Essert (Essarz dans le texte latin), Charbonnières, Lichères, Chaux, Beanvoir, la maison de Champlevis, le cellier de Vaux, et divers domaines donnés par des personnes qui sont dénommées dans la charte.
Page 465 : Donation de Gérard d’Arcy pour l’Abbaye de Reigny (An 1194).
Le seigneur d’Arcy confirme le don fait par Geoffroy, son père, aux moines de Reigny, du droit de pâturage dans toute sa terre des deux côtés de la Cure ; Geoffroy et Joscelin ses frères, sa mère et ses sœurs ont approuvé cet acte. Il leur abandonne aussi la propriété du boutoir d’Arcy indivis avec les religieuses de Crisenon, et il renonce aux droits d’usage qu’il réclamait dans les bois d’Essert (Essars dans le texte latin) et de Fontemoy.
L’abbaye de Reigny n’est pas dotée de fonts baptismaux. Essert – qui à l’époque des premiers registres nous étant parvenus (ils débutent en 1699 avec, jusque 1736 de nombreuses années manquantes, jusqu’à la construction en 1783 de l’église Saint-Barthélémy) – est doté d’une chapelle qui acquerra en 1786 des dits fonts. Avant cette date, les baptêmes sont célébrés dans les paroisses des environs, Vermenton, Lucy-sur-Cure, Sacy et dans une mesure moindre Joux-la-Ville [8]. Le 18 décembre 1786, Essert célèbre son premier baptême.
Avant que le village ne soit pourvu des fonts baptismaux, les fiançailles et mariages étaient principalement célébrés dans l’église de L’Abbaye de Reigny, exceptionnellement dans la chapelle d’Essert. En 1786, Essert devient donc une paroisse à part entière ce qu’elle n’était pas vraiment jusque-là. Les actes de baptêmes d’enfants d’Essert célébrés dans les autres paroisses ne mentionnaient pas toujours que la famille était de la « paroisse d’Essert » ou de la « paroisse de Reigny ». A partir de 1786 il est écrit dans les actes que le mariage est célébré dans la paroisse, ou dans la paroisse d’Essert, ou dans la paroisse de Reigny (Essert dépendait de Reigny).
Avant l’acquisition des fonts baptismaux, le village était desservi par des Prêtres Religieux de Reigny qui parfois se qualifiaient à tort de « curé d’Essert ».
Essert a été orthographié de maintes façons, d’autant plus que le nombre de rédacteurs qui ont eu à écrire le nom du village était important du fait des baptêmes dans les autres paroisses notamment à Vermenton où les vicaires, assistants du curé se succédaient avant d’aller prendre un autre poste ou une cure ailleurs. Nous rencontrons ces différentes appellations, elle sont phonétiques, chaque prêtre, même ceux de l’abbaye de Reigny, transcrivait à sa façon le son qu’il entendait dans le parler local. Il en était de même pour les nom des gens (Peneau = Oppeneau, Pourciau = Pulseau). En en voici une liste non exhaustive : [9]
« Esser »
« Essaire » (1693),
« village de la Grange dEsurf » et dans le même acte (1722) « Grange d’Esserf »
« Insert » 1702
« des Cers »
« Ecer » (1658)
« Essert près Rigny » (1745) (Reigny était presque toujours orthographié Rigny)
« Paroisse des serfs » (1747)
« Essert les Rigny » (1750, 1754)
« Esseres la Grange » (1755 et autres dates)
« Esseres paroisse de Rigny (1757)
« Essers » (1759)
« Essert la Grange » (1765 et autres dates antérieures)
« La grange du Serf »
« la Grange du Cerf »
Jusque la Révolution, le village n’a pas de cimetière. Les corps des défunts sont transportés dans celui de l’Abbaye de Reigny. Le cimetière d’Essert fera l’objet d’un autre article.
À noter que les actes d’inhumation des religieux de l’Abbaye de Reigny ne figurent pas dans les registres d’Essert [10]. Il devait exister un registre dédié qui a priori ne nous est pas parvenu.
Essert est petit et, proportionnellement aux autres villages, l’implantation de gens venus des environs est importante. Malgré cela, nombre de mariages sont assortis sous l’Ancien Régime de dispenses de consanguinité.
Les patronymes à Essert sont donc sans cesse renouvelés. De toute façon les premiers serfs qui ont défriché et créé Essert venaient bien d’ailleurs. Des noms apparaissent puis disparaissent. Certains noms ne sont pas arrivés jusqu’au 1er registre qui nous est parvenu. Ainsi il existait les couples CALLARD/MARCEAU (1609, 1615), BOUDIER / SAUNOIS (Sonnois) (1615 à 1632), FAUDEAU/GIRARD (de 1616 à 1629), BOURDILLAT/GIRARD (1621), BOURDILLAT/DELAGOUTTE (1638), PINSARD/BIÉ (années 1642/1650), BOURDILLT/GILLOT (1657), et Antoine RIOLLET, cordonnier à Essert (années 1670).
Le nom de SAUNOIS (Sonnois) se rencontre de 1615 à la première moitié du XVIIè siècle. Celui de TARDY (Tardif) de 1617 jusque également a première moitié du XVIIè siècle.
Par contre, le nom de BOURDILLAT a traversé les siècles jusqu’au XXe. En 1529, l’abbé Jacques de Clavette donne la seigneurie d’Essert à bail à Jehan Bourdillat (l’Abbaye de Reigny est Seigneur d’Essert). Des baptêmes à Sacy d’enfants BOURDILLAT d’Essert sont enregistrés dès 1610. Il n’est pas possible de savoir quand est décédé à Essert le dernier BOURDILLAT car même si les acte de décès sont communicables jusque 1986, les Archives en ligne de l’Yonne ne nous les communiquent que jusque 1922. Par l’INSEE nous savons que depuis 1970 aucun BOURDILLAT n’est décédé à ESSERT. Natifs d’Essert, ils sont décédés dans d’autres communes du département. Une BOURDILLAT née en 1927 à Essert est décédée en 2008 à Auxerre. Y demeurait-elle ou bien est-elle décédée à l’hôpital de cette ville ? Nous avons aussi deux BOUDILLAT nés à Essert en 1893 et 1902. Ils sont dits, sur le fichier de l’INSEE décédés respectivement en 1974 et 1987 dans la (nouvelle) commune de Lucy-sur-Cure. Était-ce à Essert ?
Il ne faut pas oublier le patronyme MARCEAU. Il constitue avec BOURDILLAT la très grande majorité des noms que l’on trouve à Essert. Il a existé un nombre important de couples MARCEAU/BOUDILLAT mais aussi BOURDILLAT/BOURDILLAT et MARCEAU/MARCEAU.
Les MARCEAU d’Essert sont très liés avec ceux de Joux-la-Ville.
Aussi loin que l’on puisse remonter, le 20 janvier 1615, Blaise MARCEAU d’Essert épouse à Sacy Marie ROUARD de la paroisse de Sacy. L’acte est très succinct, sans filiation. Il n’existe que parce que les ordonnances royales contraignaient le prêtre de l’inscrire sur un registre :
Le Mardy Jour de Sct [note : abréviation de Sainct] Sebastien vingtiesme Jour de Janvier 1615 ont este espousés Blaise marceau dessert avec Marie Rouard de ceste paroisse par moy (signature) E Muteley
Pour les raisons évoquées plus haut nous ne pouvons consulter les registres en ligne d’Essert que jusque 1922. Le dernier décès MARCEAU qui y est enregistré est de 1921. Les recherches généalogiques d’autres personnes, mises en ligne (Via Geneanet) nous indiquent que nombre de MARCEAU nés à Essert sont décédés avant 1950 dans d’autres communes de l’Yonne ou dans la région Parisienne. Aucun MARCEAU n’est décédé à Essert depuis 1970. Aucun MARCEAU né à Essert n’est décédé à Lucy-sur-Cure depuis la même date.
Avec cet acte de mariage de 1615 de Blaise MARCEAU, qui est donc né avant 1595 (20 ans avant son mariage, calcul qui s’est révélé très pertinent) tout comme le baptême à Sacy le 10 septembre 1610 de Antoinette BOURDILLAT fille de Antoine et de Jeanne BOURDILLAT, date qui fait naître les parents de la baptisée avant 1590, nous nous rapprochons de Jehan BOURDILLAT qui a reçu Essert à bail en 1529.
Cependant il n’est pas possible de reconstituer les familles avant les années 1670, date à laquelle nous pouvons encore faire le lien avec les registres d’Essert qui nous sont parvenus. Il nous manque pour aller plus loin les actes des mariages des gens d’Essert avec les filiations, tant est que les desservants les avaient indiquées. L’acte de mariage à Sacy de Blaise MARCEAU est un cas exceptionnel, car les registres de cette paroisse, même s’ils sont très lacunaires au niveau des mariages justement, remontent à la fin du règne de François 1er, ce qui n’est pas le cas des autres paroisses des alentours qui enregistraient aussi des actes de baptêmes des enfants d’Essert.
L’apport de population venue des environs engendrant aussi l’apport d’autres patronymes quand il s’agissait d’hommes s’est fait surtout via les hameaux des autres paroisses proches d’Essert.
Pour Joux-la-Ville : Le Val-de-Mâlon, Pourly et Fontemoy, mais aussi Joux qui est proche de Fontemoy. Nous y trouvons les DUMONT, BONNARD, DUCROT, OPPENEAU, BARRAUT, et PREAU (originaires initialement de Arcy-sur-Cure) mais aussi BOURDILLAT et MARCEAU. Essert est très lié à Joux-la-Ville.
Pour Arcy-sur-Cure : Le Beugnon, et Arcy même il y a entre autres FOINTIAT (Foinquiat), BAILLY, RÉGNIER, JOUBLIN, NIQUET.
Pour Sacy nous avons le Val-du-Puits de Sacy et Sacy lui-même, avec principalement les PIAULT et RÉTIF (nous y reviendrons) et SAUTEREAU.
Pour Vermenton nous avons le Val-du-Puits de Vermenton et Vermenton lui-même avec AUBERT et RIOLLET, qui apparaissent grâce au baptêmes célébrés à Vermenton avant 1699 (date du premier registre d’Essert). Il y a aussi la métairie de la Femme Morte de Vermenton située en limite du finage d’Essert et certainement proche de la métairie d’Essert. Il existait en effet une métairie dite métairie d’Essert ou métairie de Messieurs les Religieux de Reigny ou plus simplement métairie de Reigny. Elle est citée dans les actes de baptêmes à Vermenton d’enfants d’Essert à la fin du XVIIè siècle [11].
Nous avons aussi Lucy-sur-Cure avec entre autres DESAMOINE (Des Amoines), POINSOT et HUOT, municipalité qui depuis 1972 a imposé son nom à Essert. De nombreux baptêmes d’enfants d’Essert y étaient enregistrés.
Il y a aussi Bessy-sur-Cure, avec THUMARAS et bien sûr d’autres lieux, mais à un degré moindre plus on s’éloigne du village. Nous avons par exemple Émiland ou selon les actes Milan PULSEAU (1701-1762) de Magny près d’Avallon qui épousera deux habitantes d’Essert en 1725 puis 1744. Nous avons Louis Michel VAREY né en 1844 à Montillot au sud de Mailly-la-Ville qui fondera famille à Essert. Et d’autres encore comme Jean Baptiste DIOGÈNE, déposé a l’hôpital des enfants trouvés de Paris dans les premiers jours de mai mil huit cent neuf qui a épousé une fille d’Essert et y a fondé famille (notez le nom qui lui a été attribué !).
Nous ne savons rien sur la chapelle d’Essert que l’église actuelle a remplacée en 1843. Nous n’en avons aucune représentation, et pourtant des gens qui ont vécu au XXè siècle l’ont connue.
Maurice PIGNARD-PÉGUET qualifie cette l’église de « insignifiante chapelle ». Son Histoire d’Essert est sommaire et perfectible comme nous l’avons vu (voir [6]). Son livre «L’Histoire des Communes de L’Yonne » a été édité en 1898 donc il n’a pas vu, tant est encore qu’il soit venu à Essert, certains des vitraux de cette église dédiée à Saint-Barthélémy.
Vitrail de l’église d’Essert
Vitrail de « Notre-Dame de Lourdes », un Vermonet, Reims 1896. Albert Vermonet est un célèbre peintre et vitrailliste de Reims [12]. Il s’agit d’un don de Mr et Mme Péault [note : comprendre PIAULT ».
Vitrail « Saint-Joseph » Vermonet Pomery Reims 1895, don de Julie Rétif.
Vitrail « Saint-Barthélémy » sans date.
Vitrail « Saint-Blaise » 1895 don de la famille Rétif.
Vitrail « François de Sales » 1895 sans indication du donateur.
Au-dessus de la porte, un vitrail « Saint-Antoine de Padoue » de 1909.
Julie RÉTIF est née le 24 octobre 1821 à Essert, quelques mois après la mort de Napoléon 1er. Elle est la fille de Jacques RÉTIF (Sacy 30/07/1773-Essert 20/11/1855) et de sa seconde femme Reine BOURDILLAT (Essert 09/10/1777-Essert 16/07/1854 du choléa-morbus).
Julie Rétif
Jacques RÉTIF est le fils de Pierre RÉTIF, frère de l’écrivain Rétif de la Bretonne et de Françoise PIOCHOT originaire d’Annay-sur-Serein. Pierre RÉTIF a repris la Ferme de la Bretonne au décès de son père. Jacques RÉTIF, d’abord propriétaire et cultivateur à Sacy où il demeurait avec sa première femme Jeanne Barbe BOURDILLAT (Essert 09/05/1776-Essert 23/01/1807). Au décès de Jeanne Barbe à Essert, le couple habitait en tant que meuniers, à Reigny devenu après la Révolution un hameau de Vermenton.
Le 9 janvier 1809 Jacques épouse à Essert la future mère de Julie. Le couple est installé à Reigny. Les acte de naissance et décès de leurs enfants jusque 1814 sont enregistrés à Vermenton dont dépend Reigny. Le couple s’installera ensuite à Essert où les actes le qualifient de laboureur, cultivateur, propriétaire et cabaretier. Reine Bourdillat a 44 ans quand naît à Essert Julie RÉTIF.
Julie épouse à Essert le 29 janvier 1845 Joseph Marie Pauline BOURDILLAT (Essert 04/03/1820-Essert 30/11/1889). Il est né 2 mois avant la mort de Napoléon 1er. On peut être étonné de ses prénoms, ce sont ceux de sa marraine. Il surnommé Eugène dans les actes. C’est ce prénom qui figure sur sa tombe.
Une de filles du couple, Élisabeth Eugénie BOURDILLAT (Essert 07/12/1845-Essert 16/06/1918) épousera à Essert le 26 octobre 1867 Étienne Anselme PIAULT (Essert 22/04/1846-Essert 23/11/1922) qui sera domestique à Savigny-sur-Orge (Essonne) (1870, 1872), tonnelier à Essert (1875), vigneron à Essert (1887), marchand de vin à Paris lors de la construction de la tour Eiffel. Sa fille Berthe Eugénie PIAULT (Essert 15/11/1880-Augy 26/05/1957) disait avoir vu la tour Eiffel en construction. Elle avait alors 7 ans. Anselme termine sa vie à Essert comme cultivateur.
La tour Eiffel en construction, vers 1887
Berthe PIAULT épousera le 25 septembre 1901 à Essert Félix Amable dit Octave PRÉAU (Val-de-Mâlon 27/08/1880-tué à Lachalade (Meuse) le 11/01/1915). Félix Amable est le descendant à la 7è génération de Philibert VALTIER de la paroisse de Joux-la-Ville, né vers 1639 et décédé de disette le 23 juillet 1709. Mourir de faim en été, c’est dire que l’hiver 1708/1709 avait été terrible, puis les périodes de gel et dégel avaient pourri les semis. Jusqu’aux récoltes la disette fut extrême. Un article a été publié à ce sujet.
Albert Georges PIAULT (Essert 11/04/1914-La Garde, Var 23/08/1944) neveu de Berthe, a une plaque sur le monument aux morts dans le cimetière d’Essert. Engagé dans la France Libre d’Afrique Équatoriale Française en juillet 1940, il est tué lors du débarquement en Provence. [13]
Autre neveu de Berthe et cousin germain d’Albert Georges, Bernard PIAULT né à Essert le 29/03/1913, deviendra Prêtre du diocèse de Sens, Professeur au Séminaire de Sens (1945, Professeur au Grand Séminaire d’Autun (1959-1966), formateur de futurs prêtres au Chili et au Mexique (1976) où il décédera le 29 juin 1976 avant de revenir en France. Il est l’auteur de « Le Mystère du Dieu Vivant Un et Trine », Librairie Arthème Fayard 1956.
Les PIAULT d’Essert sont issus d’un couple de Sacy [14]. L’aïeul d’Anselme, quatre générations avant lui, est Edme PIAULT (Sacy 20/11/1730-Sacy 24/05/1880), notaire à Sacy, qui a épousé à Sacy le 13 juillet 1756 Marguerite BOURDILLAT (Sacy 18/07/1736-Sacy 03/06/1785). Ils sont tous deux cités par Rétif de la Bretonne :
Marthe-Marguerite Bourdillat. Jolie fille, depuis femme de Mlo Piot le notaire. Elle est la première fille avec lequelle [sic] j’aie voulu faire le grand garçon, en lui prenant un baiser, dans les vignes du Vaurainin [15], où nous grapillions tous deux. « Vous voilà bien avancé ! O Marguite ! Un baiser sur la joue d’une jolie fille ne s’oublie jamais : » Je partis le lendemain pour Paris avec mon père.
Monsieur Nicolas-Mon calendrier-30 janvier 1746
Bien avant Bernard PIAULT, il y a eu un autre élève au Séminaire de Sens. Félix Alexandre BARRAUT (Essert 27/12/1841-Essert 22/02/1864) fils de Alexandre BARRAUT (1818-1890) et de Victoire Véronique BÉRAULT. Félix est le descendant à la 4eme génération de Simon BARRAUT (Joux-la-Ville 11/02/1712- Essert 27/04/1793) qui a épousé à Essert le 21 janvier 1738 Anne DECLAIS (Des Clefs, Desclefs, declez, Des clés, Desclées, Des Clées, des Clais …) (Essert 26/02/1714-Essert 01/11/1784). Simon BARRAUT, charron de profession, était également recteur d’école à Essert. Il a signé la plupart des actes paroissiaux d’Essert durant sa fonction de maître d’école.
Le 26 septembre 1817 Pierre BOURDILLAT né à Essert le 04 juillet 1781, fils de Edme BOURDILLAT (Essert 1746-Essert 1828) et de Reine NODIN (Naudin) (Préhy 1753-Essert 1822) est condamné par la Cour d’Assises d’Auxerre avec 3 autres complices à la peine de mort pour assassinat [16]. Pierre BOURDILLAT fut exécuté le 11 novembre 1817 [17]. Il avait épousé à Montigny-la-Resle en 1805 Barbe Cécile LHOSTE et était resté dans cette commune exerçant la profession de carrier. Son frère Louis a été soldat dans la Grande Armée de Napoléon 1er et a fait les campagnes de 1809 en Allemagne et de 1810 & 1811 en Espagne. Sa fiche signalétique militaire le dit de cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, de visage ovale et mesurant 1m61. Il ne figure pas dans la liste des médaillés de Saint-Hélène ce qui implique qu’en 1857 il était déjà décédé. En effet La médaille de Sainte Hélène, créée par Napoléon III, récompense les 405000 soldats encore vivants en 1857 qui ont combattu aux côtés de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792-1815.
Il a été question précédemment du renouvellement des noms à Essert. Si les nouveaux noms provenaient des paroisses ou communes des environs, cela n’est plus le cas de nos jours.
Essert est petit et au début de XXe siècle la terre ne parvenait plus à nourrir ses habitants, dont le nombre croissait (progrès de la médecine, de l’hygiène, et baisse de la mortalité infantile), tant est qu’elle parvenait à le faire auparavant, ce qui est loin d’être une évidence. Le phylloxéra à la fin du XIXe siècle avait aggravé la situation. Outre les gens qui se mariaient et restaient dans des communes plus importantes de l’Yonne, il y a eu un exode important vers la région parisienne. Les actes montrent que depuis longtemps déjà, des gens d’Essert s’établissaient à Paris et ses environs [18]. D’ailleurs cet exode a été général, comme par exemple, et il y en a d’autres, une des jumelles SARAZIN (Sacy 1863- Orleans chez son fils 1950) a épousé en 1894 à Villeneuve-Saint-Georges, Léon Théodore LACARRIÈRE (Paris 14e 1866-Villeneuve-Saint-Georges 1944). Ils sont les grands-parents de l’écrivain Jacques LACARRIÈRE de Sacy. Un article a été rédigé sur cette famille. Il y a d’autres exemples avant celui-là à Sacy.
En 2023, les noms des habitants d’Essert n’ont plus rien à voir avec ceux que l’on trouvait rien qu’au au début du XXe siècle. Les pages blanches font ressortir un seul nom ancestral du village. Si certains avaient gardé leur maison familiale comme résidence secondaire, Ils sont morts maintenant. Les maisons ont été vendues et rachetés par des gens n’ayant rien à voir avec Essert et même avec le département. Et c’est ainsi partout ailleurs, quand le village n’a pas carrément été abandonné.
La consultation du registre de L’INSEE qui enregistre tous les décès depuis 1970, nous apprend que parmi les personnes décédées à ce jour, certaines sont nées à Essert en 1951, 1954 et 1969. A partir de 1972, date de la fusion d’Essert et de Lucy-sur-Cure, tout acte est enregistré dans ce fichier comme étant survenu à Lucy-sur-Cure. Seul l’acte indique exactement le lieu. Ces actes ne seront consultables en ligne que dans quelques décennies.
Notes :
[1] Pierre Maurice Pignard-Péguet (1855-1926) : Journaliste, professeur, devient spécialiste d’Histoire locale. « L’Histoire des Communes de L’Yonne » a été édité en 1898 et réédité en 1913.
[2] Il serait plus pertinent de dire Paroisse de Joux ou Joug comme ils l’écrivaient souvent]
[3] La Commotte . Il n’a pas été facile de trouver la définition de ce mot. Il n’apparaît pas dans le cadastre napoléonien ni l’actuel, non plus dans les dictionnaires en ligne, qu’ils soient généralistes, toponymiques ou étymologiques. Cependant à la périphérie de l’Yonne trois lieux-dits portaient le nom de « La Commotte ». La solution nous a été fournie par le Président de la Société d’Histoire Tille-Ignon à qui l’adjoint au maire de la commune de Marcilly-sur-Tille (Côte-d’Or) avait transmis la demande.
La Commotte est une petite combe. Le terme est essentiellement bourguignon. On trouve 77 lieux-dits ainsi nommés en Côte-d’Or. Le seul lieu-dit « Les Commottes » trouvé dans l’Yonne, il se situe sur la commune de Gigny à la limite de la Côte d’Or.
Il n’est pas aisé d’identifier l’emplacement de cette Commotte. Le terme « au-dessus » est vague. 100 mètres au-Nord d’Essert se situe le finage de Sacy. Est-ce alors en amont ?
[4] « Fontemois » ou « Fontemoy » dans les actes de catholicité, « Fontemoy » dans Wikipedia, « Fontenoy » sur l’annuaire des rues et lieux-dits de Joux-la-Ville et sur Google Maps !
[5] La chapelle actuelle est beaucoup plus récente.
[6] Il y avait une chapelle à l’emplacement de l’église actuelle, et tous les mariages des gens d’Essert ne se sont pas faits à l’Abbaye de Reigny, mais aussi, exceptionnellement dans la chapelle où une messe était alors célébrée. Une simple lecture du premier registre paroissial d’Essert qui nous est parvenu permet de le constater. Mais les historiens ignorent souvent ces registres pourtant sources importante de renseignements. Quand Essert a été doté des fonts baptismaux, des messes y étaient à l’évidence célébrées, ne serait-ce que pour la célébration des actes religieux. Le texte de Maurice PIGNARD-PÉGUET est perfectible.
Ainsi, par exemple, l’acte d’un mariage du 18 juin 1748, les bans ont été proclamés dans l’église de l’abbaye de Reigny, les fiançailles célébrées dans la même église et le mariage : « … j’ay desservant d’essert soussigné, recû d’eux leur mutuel consentement de mariage leur ay donné la benediction nuptiale, observé les ceremonies accoutumée et celebré leur mariage dans la chapelle d’essert avant la messe en presence … »
[7] « Cartulaire Général de l’Yonne, recueil de documents authentiques pour servir à l’Histoire des Pays qui forment ce département, La Société des Sciences Historiques et Naturelles de l’Yonne, sous la direction de M. Maxime Quantin, M DCCC LX (1860) », Bibliothèque Nationale de France (BNF), Gallica.
[8] Le fait de devoir rechercher les actes de baptêmes des enfants nés à Essert dans ces quatre paroisses rend le travail énorme surtout au regard de la taille du village. Vermenton à lui seul est une grosse paroisse. Cependant les actes de baptêmes enregistrés dans ces autres paroisses permettent de reconstituer les familles d’Essert bien plus avant la date de 1699 (premier registre qui nous est parvenu avec d’énormes lacunes jusque 1736).
[9] On trouve aussi dans les registres de Vermenton les appellations « Reigny en Vermenton » et aussi « Reigny paroisse de Vermenton ». Les prêtres qui rédigeaient ces actes savaient-ils que la terre de l’Abbaye de Reigny provenait de la paroisse de Vermenton ? Et que dire de « Essert la Grange » et « La Grange du Serf » figurant dans les registres de différentes paroisses ? L’appellation perpétue le souvenir de cette grange aux dîmes ainsi que des serfs de l’Abbaye de Rigny, premiers habitants d’Essert. L’analogie du mot « serf » avec « Essert » pourrait laisser penser que le nom d’Essert provient du mot serf. Ce n’est pas le cas, la racine de serf est servus qui veut dire esclave, alors qu’essarter vient du bas latin exartarer. De nombreux lieux nommés ont d’ailleurs cette racine en France.
[10] Une exception : Jean LE GROS, né vers 1696 est décédé à l’Abbaye de Reigny le 02/01/1751 âgé de 55 ans environ. Il est Religieux à l’Abbaye de Reigny, « profés de la dite Maison » [Religieux ou Religieuse qui a prononcé ses vœux l’engageant dans un Ordre Religieux après le temps du noviciat]
[11] Il suffit d’observer les cartes, les métairies,sont situées pour certaines à la sortie du village (métairie de la Bretonne à Sacy, la Métairie à la sortie de Nitry en direction de Joux-la-Ville avant la bretelle d’autoroute), ou en limite des terres des paroisses (La Loge pour Sacy, Vormes, Noiret pour Nitry, la Femme Morte pour Vermenton). Partant de ce principe il est possible que la métairie d’Essert ait été située au lieu-dit les Chapoutins, emplacement actuel du haras d’Essert, anciennement élevage de chèvres qui donnait ce fromage « L’Essert ».
Cet article illustre bien la disparition administrative d’Essert. Albert PIAULT est dit inhumé à Lucy-sur-Cure. Il est inhumé dans le cimetière d’Essert, commune depuis 1972 de Lucy-sur-Cure.
[14] Il y a bien un Edme PIAULT originaire de Précy-le-Sec qui a épousé en secondes noces à Essert le 20 janvier 1728 Brigide MARCEAU d’Essert. Le couple s’est installé à Essert, a eu des enfants, cette branche s’est éteinte.
Jeanne PIAULT (Sacy 17 09 1643- Essert 18 12 1719) a épousé avant 1667 Toussaint BOURILLAT laboureur à Essert. Donc le nom PIAULT s’est éteint à son décès.
[15] Le Vau Rainin est une vallée à plus de 1 km de la sortie de Sacy en direction de Vermenton, vallée qui remonte vers le Nord et mène au Bois Chopart (ferme) de Vermenton.
Il ne s’agit pas de Marthe Marguerite BOURDILLAT, mais simplement Marguerite. Parfois, certainement afin de différencier les personnes homonymes, on ajoutait le nom ou le prénom de la mère. La mère de Marguerite est Marthe GARNIER.
[16] « La cour d’assises d’Auxerre, présidée par M.Dupaty, conseiller à la cour royale de Paris, a jugé, le 26 septembre, après dix jours de débats, les auteurs d’un assassinat horrible. Dans la nuit du 16 janvier de cette année, le sieur Roch Chauvot et Magdeleine Chauvot sa soeur, femme Chevalier, demeurant à Resle, commune de Montigny, furent égorgés dans la maison qu’ils habitaient ensemble. Les assassins se servirent d’une petite serpette du sieur Chauvot, pour commettre ce double crime, qui fut suivi d’un vol d’argent et de divers effets : ils couronnèrent leurs forfaits par une orgie, buvant et mangeant auprès des cadavres de leurs victimes. Afin de faire porter les soupçons sur d’autres individus, ils brûlèrent les papiers du défunt, et notamment ses titres de créance. Cette circonstance, en effet, détermina le ministère public à commencer les poursuites contre quelques débiteurs et quelques parents du sieur Chauvot, mais l’innocence des uns et des autres a été bientôt reconnue. Le 16 septembre, les accusés Etienne Dhumez, journalier chez le sieur Chauvot, Marguerite Duchêne, femme Dhuinez ; Etienne Verrier, boucher, Jean Droin, cultivateur, et Pierre Bourdillat, carrier, tous demeurant à Montigny, ont comparu devant la cour d’assises. Cent quarante-deux témoins ont été entendus. M le président Dupaty a porté le plus grand jour dans cette ténébreuse affaire, par l’habileté avec laquelle il a dirigé les débats. M. Paradis, substitut du procureur du Roi, a déployé un très-beau talent dans la défense de l’accusation ; enfin, les jurés, après une heure de délibération, ont déclaré, à l’unanimité, Etienne Dhuniez et Etienne Verrier, coupables de l’assassinat ; et à la majorité simple, Jean Droin et Pierre Bourdillat, coupable ! du même crime. La cour s’étant réunie à la majorité des jurés, les quatre individus ont été condamnés à la peine de mort. La femme Dhumez a été seulement déclarée coupable de vol par complicité, et condamnée à dix ans de réclusion. »
[17] « Le onze Novembre mil huit cent dix sept a été transmis à la Mairie d’auxerre par le Greffier de la Cour d assises du departement de L yonne les actes de deces de pierre bourdilliat agé de trente cinq ans carrier né a essert la Grange demt à Montigny epoux de barbe L’hote, celuy d etienne Verrier agé de trente trois ans boucher né à precy Sutil [note : Précy-sous-Thil, Côte-d’Or) demt a Montigny fils de deffunt Gabriel Verrier et de Catherine Michel epoux de appoline rollet, et celuy de jean Droin dit picotin agé de trente cinq ans vigneron né a venouse demt a Montigny epoux d’Anne Mourlon. Signé : Monnae Seguin Greffier Commis « . Sources : Archives Départementales de l’Yonne en ligne, [Auxerre : NMD ( 1817-1817 ) – 5 Mi 119/4, page 208 gauche, 1er acte. Permalien :
[18] Le couple Lazare BOUDILLAT (Essert 10 04 1720-Paris entre 1785 & 1794) marié le 17 février 1744 à Joux-la-Ville avec Edmée BREUILLARD (Joux-la-Ville 11 04 1724-Paris 09 12 03 1794) demeurait à Paris avec bien entendu ses enfants survivants, paroisse Saint-Étienne-du-Mont dès 1778.
Il y a d’autres cas dans la seconde moitié du XXe siècle.
La Ferme ou Métairie de la Femme Morte de Vermenton
Nombre de lieux habités ont disparu au cours du temps. Quelques générations ont suffi pour les oublier. L’archéologie exhume certains d’entre eux, d’autres sont cités dans de vieux documents, mais souvent leur localisation dans la commune où ils se situaient demeure incertaine, voire souvent ignorée.
Et il y a aussi ces lieux-dits [1] que l’on trouve sur les cartes IGN et cadastres qui portent le nom d’une ancienne construction [2], ou d’un événement oublié depuis longtemps [3]
À Vermenton, il existe un ces lieux qui n’apparaît pas dans l’historique de la commune mis en ligne par la municipalité. Et pourtant, pendant des siècles, il été un lieu de travail et de vie, les deux étant interdépendants. Des gens y sont nés, y sont morts, et de nos jours certains en sont les descendants.
La route actuelle qui va de Sacy à la nationale, après un dernier virage à gauche mène face à Reigny. La Carte de Cassini n’indique pas ce tronçon. Cependant sur le plan d’Essert de 1806, cette voie y figure. Sur la Carte de Cassini, un chemin partait de ce virage et débouchait entre l’abbaye de Reigny et Vermenton. A priori, c’est le même chemin qui subsiste de nos jours.
La Femme Morte, Carte de Cassini (1750)
Depuis ce virage, de part et d’autre de cette route menant face à Reigny (donc sur les paroisses d’Essert et Vermenton), se trouve un espace agricole nommé « La Femme Morte ».
En bordure du chemin précité, près du virage, au niveau des « Vaux de Reigny », il y avait une métairie aujourd’hui disparue nommée « Métairie de la Femme Morte » ou « Ferme de la Femme Morte ».
Cette métairie est représentée sur la très précise carte de Cassini qui la désigne par l’appellation « la femme morte ». Cette carte date pour notre département aux alentours de 1750. Cette ferme existait déjà bien avant la carte de Cassini comme l’attestent certains actes dans les registres de paroissiaux.
Il semble logique de penser que l’appellation du lieu dit « Femme Morte » soit antérieur à celui de la métairie qui a pris son nom. La consultation des registres paroissiaux de Vermenton ne nous apprend rien à ce sujet. Cette femme morte restera une inconnue.
Ainsi au cours de la consultation des registres de baptêmes, mariages et sépultures de Vermenton et autres paroisses, ont été relevés quelques actes concernant des habitants de cette métairie, mais jamais le propriétaire n’y est mentionné.
Le problème qui se pose, que ce soit à Vermenton ou ailleurs, est que les curés des paroisses indiquent rarement le lieu de naissance ou de décès des gens, quelque soit le hameau ou le lieu-dit où ce dernier s’est produit. La paroisse est considérée souvent dans son ensemble, et cela parce que les actes sont des actes de baptêmes ou sépultures et sont célébrés à l’église et non des actes de naissances ou décès, dont les dates ne sont pas non plus toujours précisées. Mais il en a été de même sous la République pour les actes de naissances ou décès, le terme « commune » englobant l’ensemble du territoire. Il est donc parfois difficile de localiser les familles dans les différents hameaux des paroisses.
Cependant, pour une certaine période nous avons de la chance : Germain Gallet a tenu la Cure de Vermenton pendant de nombreuses années. D’abord comme vicaire (1659-1661) puis curé (1662-1709), et au cours de sa fonction il a pris pour habitude d’indiquer en marge le lieu de domicile des gens quand il n’était pas celui du bourg [4], ce que ne faisaient malheureusement pas ses vicaires.
Quelques familles de la métairie de la Femme Morte qui nous remontent dans le temps ont pu être relevées lors de la consultation des registres :
– Le 15 novembre 1774, baptême de Anne fille de Pierre BOUDARD fermier de la Femme Morte et de Josette JEANNIN.
– Le 1er septembre 1772 : mariage de Pierre FEVRE, domestique à la métairie de la Femme Morte avec Josephe JANNAIN, servante et domestique depuis 6 mois à la métairie de la Femme Morte. Aucun des deux n’est originaire de Vermenton.
– Le 26 octobre 1738 est baptisée à Vermenton Marie fille de Marie SAUTEREAU, elle même fille de Nicolas SAUTEREAU du hameau d’Avigny paroisse de Mailly-la-Ville. L’enfant est née de père ignoré à la Femme Morte où la mère est depuis quelque temps (non précisé) servante et domestique.
– Nous avons la famille Toussaint CHARUE [Charru, Charut] laboureur à la Femme Morte, marié à Marie GUILLAUMOT [Guillomot] qui ont des enfants nés à la métairie de 1702 à 1710.
– Dans le même temps nous avons le couple Linard [Léonard] CHARUE et Brigide LARDON.
– Le 18 novembre 1697 à Nitry, Vivant GUINGOIS, manouvrier de Nitry épouse Marie GUILLAUMOT en présence de Jacques GUILLAUMOT laboureur à la Femme Morte paroisse de Vermenton. Ledit Jacques GUILLAUMOT est marié à Catherine SIMON de Nitry, et six enfants de ce couple sont nés à la Femme Morte de 1682 à 1696
– Le 18 septembre 1703, Jacques DORÉ [Dorey] né dans les années 1660 à Nitry, marié en 1684 à Barbe TRINQUET du même lieu, se tue en tombant d’un noyer à la Femme Morte. Transcription de l’acte :
Le mardy dix huictiesme jour de septembre l’an de Grace mil sept cent trois fut Inhumé dans notre cimetiere Jacques Doré natif de Nitry lequel tomba d’un noyer [note : l’acte copie précise « tombé du haut d’un noyer pour en abbattre les noix »] a la metairie de la femme morte si malheur ay qu’estant tombé la teste sur la pierre expira aussy tôt. Mr le Conseiller Regnard Lieutenant de la Terre ma dressé son proces verbal sur la bonne vie et fidelité dud. deffunct dont Jay veu la devotion dans l empressement qu’il eu de faire donner le viatique a sa femme et le long tems qu’il demeura devant le St sacrement apres qu’on le eu porté a sa femme donnant l’assurance qu’il en eut fait se semblable s’il eut eté malade au lit sa fille Barbe et les 2 autres enfans nont pu signer. Signé : G Gallet.
le chemin au bord duquel se trouvait la métairie de la Femme Morte
– Pierre PONSOT né vers 1617, originaire de Lucy-sur-Cure avec sa femme Marie SOLIVEAU née vers 1633, du même lieu, s’établiront à la Femme Morte. Marie SOLIVEAU y décédera le 28 octobre 1668. Son mari retournera à Lucy-sur-Cure où il décédera en 1687.
– Et puis nous avons la famille ROSSIGNOL. Sébastien ROSSIGNOL est laboureur et métayer à la Femme Morte. Il est marié à Marguerite GIRARD (ca 1649-1685). Sept enfants du couple ont été relevés, nés à la Femme Morte de 1668 à 1683. Vingt jours après le décès de sa femme, Sébastien ROSSIGNOL épouse à Vermenton Barbe ANCEAU veuve de Jean JOLLY.
La métairie se situait entre le chemin et les « Vaux de Reigny » au pied de la colline
– Dans le même temps nous avons le couple Hélie ROSSIGNOL marié à Marie NOLIN demeurant à la métairie d’Essert. Il existait à l’époque une métairie dite métairie d’Essert ou métairie de Messieurs les Religieux de Reigny ou plus simplement métairie de Reigny. La métairie de la Femme Morte et celle d’Essert ne devaient pas être bien éloignées [5]. Le 29 novembre 1682 est baptisée à Vermenton (née à la Métairie d’Essert) Marie fille de « Helye » ROSSIGNOL et de Marie NAULIN. La marraine est Marie ROSSIGNOL fille de Sébastien de la Femme Morte. Les actes permettent de savoir que par la suite ce couple d’Essert a déménagé à Sacy. Hélie ROSSIGNOL y est qualifié de laboureur (1688 & 1689). En 1691 il est dit métayer de la ferme de la Bretonne, qui donnera son nom à l’écrivain dit Rétif de la Bretonne qui y passera son enfance une cinquantaine d’années plus tard. Les actes de Sacy lient la famille de Hélie ROSSIGNOL à celle de Pierre ROSSIGNOL marié à Edmée BELIN de Sacy.
L’abbaye de Reigny vue au téléobjectif de la métairie de la Femme Morte
Les recherches approfondies ont permis de déterminer que Pierre, Sébastien et Hélie ROSSIGNOL sont frères, nés respectivement à Sacy en 1634, 1637 et 1646, fils de Jacques et de Jeanne TILLIEN (ca 1604-1672). Cette famille est visiblement liée aux métairies d’Essert, de la Femme Morte et de la Bretonne. Une génération avant nous avons Philiberte TILLIEN, née avant 1585. Elle est mariée à Jean COLLIN et tous deux demeurent à la ferme ou métairie de la Loge de Sacy. De 1605 à 1629 sept enfants du couple naîtront à la Loge.
Nous avons vu que la métairie de la Femme Morte était représentée sur la Carte de Cassini de 1750. Nous la retrouvons sur le plan de la commune de Vermenton, plan qui a été terminé le 30 Prairial an XIII (19 juin 1805).
Métairie de la Femme Morte, plan de la Commune du 30 mai 1805
La ferme apparaît toujours sur la carte de 1804 mais a disparu de la carte d’état-major 1820-1866. Aucune ruine n’y est représentée.
Sur la carte IGN de 1950, un petit carré noir est représenté à l’emplacement de la métairie. La légende de ce signe indique « case rectangulaire ».
localisation de la métairie de la Femme Morte
Nous ne savons donc pas exactement quand la métairie de la Femme Morte a été abandonnée. Peut-être que dans les registres d’État-Civil de Vermenton, un officier public plus consciencieux que les autres aura enregistré un acte de naissance ou de décès survenu à la Femme Morte, ce qui permettrait d’affiner les dates.
Toujours est-il que dans les années 1960, quelques ruines étaient encore visibles, dont l’entrée d’une cave voûtée [6]. De nos jours il n’en reste aucune trace.
Ce que l’on voyait de l’Abbaye de Reigny – la métairie se situait au pied de la colline dite « les Poulettes »
[1] tout lieu nommé est un lieu-dit, indépendamment de l’existence de bâtiments. Les panneaux routiers annonçant des lieux-dits ont contribué à en fausser la définition dans l’esprit de certains.
[2] comme ces terres à la sortie de Sacy après la métairie de la Bretonne en direction de Joux-la-Ville nommées « La Chapelle ». Une chapelle « La Madeleine » aujourd’hui disparue y était implantée. Elle figure sur la carte de Cassini (1750) et l’écrivain Rétif de la Bretonne ( (1734-1806) qui demeurait à proximité en parle dans ses récits de jeunesse.
[3] comme le Vau Bataille à Sacy. Il y a-t-il eu un combat dont l’Histoire locale n’a plus souvenance ?
[4] Ainsi nous avons le Val-du-Puits de Vermenton, le Val-Saint-Martin, Courtenay, mais aussi Reigny et Essert. L’abbaye de Reigny n’étant pas dotée de fonts baptismaux, Essert l’a été courant 1786 à la veille de la révolution, les gens de l’abbaye de Reigny venaient faire baptiser leurs enfants à Vermenton ou Lucy-sur-Cure, tout comme ceux d’Essert qui allaient également à Sacy et à un degré moindre à Joux-la-Ville. Curieusement « la ferme de la Loge » a parfois été inscrite en marge sur les registres de Vermenton, alors qu’elle dépend de la paroisse de Sacy, certainement pour convenances personnelles, comme l’ont fait les sieurs de Courtenay de Vermenton qui dans la première moitié du XVIIè siècle venaient acter à Sacy (voir le billet sur Jeanne DEGAN).
[5] Il suffit d’observer les cartes : les métairies sont situées pour certaines à la sortie du village (métairie de la Bretonne à Sacy, la Métairie à la sortie de Nitry en direction de Joux-la-Ville avant la bretelle d’autoroute), ou en limite des terres des paroisses (La Loge pour Sacy, Vormes, Noiret pour Nitry, la Femme Morte pour Vermenton). Partant de ce principe il est possible que la métairie d’Essert ait été située à l’emplacement actuel du haras d’Essert, anciennement élevage de chèvres qui donnait ce fromage « L’Essert ».
[6] Merci à Monsieur Jean-Claude FERLET, ancien maire de Vermenton & pendant 16 ans Président de l’Association « Les Amis de Vermenton » avec sa revue « Grappillage » de nous avoir fourni ce renseignement et communiqué la photo de la ferme représentée dans l’Atlas.
La Chapelle Saint-Léonard du Val-du-Puits de Sacy – Fonds Palissy, archives départementales d’Auxerre
Le neuf octobre mil sept cent Cinquante huit apres les reparations faites a la chapelle du vaux du puits de Sacy, laditte chapelle a ete benie so- lanellement par mr De lille Grand vicaire d’auxerre en notre presence, et le meme jour a eté aussi benie par le meme la cloche sous le nom de Marie, dont a ete parain mr jacques, Germain, Edme Martineau de Soleine, Conseiller honoraire seigneur du vaux du puits, et maraine Damoiselle Marie Martineau fille du dit Sr Martineau de Soleine
Signé : Foudriat Curé de Sacy
La construction de Chapelle Saint-Léonard du Val-du-puits à Sacy remonterait au XVIe siècle [1]. Après avoir été réparée, elle a été bénie avec sa cloche le 09 octobre 1758.
Sur les actes de catholicité, il est fait mention d’un mariage qui y a été célébré en 1615 :
Le lundy 12 jour du moys d’octobre 1615 ont este espousez en la chapelle du Vault du puis paroisse de sacy Jhan fauvin et Thoinette minee led fauvin dud Vault du puis et ladite Minee dud Sacy par moy cure soubz signe led jour et an que dessus
Signé : Muteley
Seul acte de mariage célébré dans la chapelle qui figure dans le registre paroissial de Sacy de l’époque. Mais rien n’interdit de supposer qu’il ait pu y en avoir d’autres. Nombreuses sont les lacunes dans les registres de cette époque, et les omissions sont fréquentes. Les cérémonies des baptêmes et inhumations des habitant du Val-du-Puits de Sacy se faisaient à l’Église de Sacy. Le cimetière était celui de Sacy.
La Chapelle Saint-Léonard – Fonds Palissy, archives départementales d’Auxerre
Au vu des actes et des familles qui y habitent, le Val-du-Puits paraît être un hameau assez important. Déjà à l’époque romaine au-dessus du hameau du Val-du-Puits, ont été découverts les vestiges d’une enceinte de murs recouverts de bois et on y a trouvé des tuiles à rebords [sources : Gallica, bibliothèque Nationale de France].
La construction de cette Chapelle est certainement justifiée par cette importance, afin de répondre à un besoin de ses habitants et de la distance jusqu’à l’Église de Sacy. Les sources documentaires (conclusions capitulaires 1787-1788) font état de l’avis favorable du Chapitre pour l’établissement d’un vicaire à Sacy, afin de desservir la chapelle du « Vau-du-puits ».
Si Sacy était divisé en deux Justices, celle des Hospitaliers devenus Ordre de Malte et celle de l’Évêque et du Chapitre d’Auxerre, le Val-du-Puits qui faisait partie de la même paroisse avait ses propres Seigneurs. Certains sont cités dans divers actes, tant à Sacy qu’ailleurs :
Nicolas ALEXANDRE, Sergent Royal, receveur de Monseigneur le Révérend Évêque d’Auxerre et Messieurs du Chapitre en ce lieu hors les Croix, Seigneur du Val-du-Puits et Pailleau (cité de 1615 à 1627) et Germaine BERGER, sa femme (citée de 1621 à 1627). Le 19 09 1622, « nicolas alexandre seigneur du vault du puis et pailleau » requiert le curé de Sacy pour donner baptême à un enfant trouvé sur son finage de Pailleau (le Pailleau est le bois entre Essert et le Val-du-Puits. Cet acte laisse penser qu’il était habité).
Philippe CAMBRON Écuyer et Seigneur du Val-du-Puits et sa femme Françoise de CULAN sont cités en 1628.
Louise Madeleine BARDET qualifiée de « Dame du Vau du puis de Sacy » en 1729, marraine à Vermenton d’un enfant dont le parrain est Antoine Fourdriat, curé de Sacy.
Lors de la bénédiction de la cloche de la Chapelle Saint-Léonard en 1758, le parrain est Jacques Germain Edme MARTINEAU Seigneur du Val-du-Puits de Sacy, Seigneur de Soleinne et Charmoy, avocat en parlement pourvu de la charge de conseiller honoraire en titre au bailliage et siège présidial d’Auxerre exerçant la justice par le fait des aides tailles droits, et autres impositions de sa majesté en ladite ville et comté d’Auxerre, Conseiller du Roy en la Cour des Monnaies de Paris. La marraine est sa fille Marie qui donne son nom à la cloche.
Clocheton du lavoir et de sa cloche
En 1897-1898, la commune de Sacy fait établir un clocheton pour la chapelle du Val-du-Puits. Pour ce faire la cloche de 1758 a été refondue. C’est cette cloche de 1897 qui a été déposée puis vue (par Régis SINGER) dans un local en 2000. Elle provient bien de la chapelle du Val-du-Puits [1]. « Les inscriptions sur la nouvelle cloche, relevées par Régis SINGER, Campanologue, Secrétaire Général de la Société Française de Campanologie, Membre Rapporteur à la Commission des Monuments Historiques pour la Protection du Patrimoine Campanaire de l’Ile-de-France : [1]
AU MOIS DE JUILLET 1897 MARGUERITE MARIE A ETE BENITE PAR GAMARD, HENRI MARIE. CURE DE SACY AYANT POUR PARRAIN ET MARRAINE HONORABLES ET BIENFAISANTES PERSONNES BOUSSARD LOUIS CHARLES HENRI, ET BOUSSARD PAULINE HENRIETTE DE VERMENTON
Bien moins d’un siècle après la bénédiction de cette nouvelle cloche, à savoir en 1972, une entreprise a procédé à la démolition de la Chapelle dont une partie du toit était écroulée [voir photos].
Sur ces différentes photos on aperçoit l’autel et, à l’extérieur, les statuettes du XVIIe siècle de Saint-Léonard de Noblac mort en 560 & Saint-Philibert mort en 685, cette seconde statue pouvant être aussi celle d’un Saint-Bernard [1]. Elles reviendront dans l’église de Sacy après avoir transité dans celle de Vermenton.
Nous n’avons pas de photo de l’autre versant du toit. Au vu des gravats jonchant le sol, c’est cette partie qui était détériorée, celle que l’on voit est encore presque entière. Paraît-il qu’une grosse branche de l’arbre que l’on aperçoit à l’arrière-plan, battant le toit, est la cause des dégâts. Mais combien de temps a-t-il fallu pour en arriver à ce stade de dégradations ? Le bâtiment appartient à la Commune de Sacy. Qu’ont fait les élus ? Visiblement rien. Ils ont laissé au fil du temps se détériorer le toit de la chapelle. A ce stade, ce n’est plus de la négligence, mais une volonté de se débarrasser de cette édifice, qui au vu des photos était manifestement réparable.
Donc en 1972, le bâtiment a été démonté par deux ouvriers d’une entreprise d’un village voisin. Avec des gravats, Le grand égayoir [mare creusée pour y baigner et abreuver le chevaux] a malheureusement été comblé. Sa margelle a été conservée. Le lieu est devenu terrain de boules. Après avoir séjourné dans un local, la seconde cloche est revenue au Val-du-Puits et a été installée dans un clocheton construit sur le toit en ardoises (!) du lavoir.
Terrain de boules et de la margelle de l’ancien égayoir avec le lavoir en second plan
Certaines questions demeurent à ce jour sans réponse :
– Qui a pris la décision de faire démolir la chapelle ? (Le permis de démolir n’existe que depuis 1976). Des recherches ont été effectuées jusqu’en 1950 sur les sujets à l’ordre du jour des réunions des conseils municipaux de Sacy. Rien n’a été trouvé, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu.
– Aux archives d’Auxerre, il n’y a aucun renseignement à ce sujet. Il est pris acte simplement de la démolition de la chapelle en 1972.
– Les instances religieuses ont-elles été avisées du projet de destruction ? Qu’ont-elles fait. Visiblement rien. Le calice ou ciboire de la chapelle, gravé au nom du Val-du Puits de Sacy est actuellement détenu en l’Église de Nitry, don, dit-on du curé de l’époque.
– A l’évidence, seule l’équipe aux commandes de la commune a pu prendre cette décision de démolition. Les habitants ont-ils été consultés ? A l’évidence encore une fois, non. Ce qui montre que les élus agissent comme si les élections leur confèrent le droit absolu dans la prise des décisions sans consultation des habitants. Certains locaux à ce sujet parlent de l’Histoire honteuse de Sacy.
– Qu’est devenu l’autel ?
– Que sont devenues les pierres des murs ?
La Chapelle était située au bord de la route dans le hameau, à l’emplacement où trône de nos jours un ensemble table-banc du type de ceux que l’on trouve sur les aires de repos d’autoroutes ou dans les parcs.
De l’autre côté de la route, se trouvent l’égayoir comblé et le lavoir avec son clocheton et la seconde cloche.
Sources :
– [1] et photos de la Chapelle : Fonds Palissy, archives départementales d’Auxerre.
– Acte de bénédiction de la cloche du Val-du-Puits de Sacy [Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BMS ( 1741-1759 ) – 5 Mi 709/ 7, page 216].
L’an mille sept cens soixante sept et le douziéme jour du mois de fevrier, Nous jean Jaques Louis Rolland Pretre Curé de la Paroisse de Nitry Diocese d’Auxerre, accompagné de Sr Nicolas Retif Recteur des Ecoles de notre dite Paroisse, après avoir fait toutes les protestations de droit et de justice contre qui il appartiendra, aurions dit et declaré pour le present que le neuviême du courant, Jean Guignebert laboureur demeurant audit Nitry seroit venu nous trouver a Noyers ou nous etions pour des affaires essentielles environ deux heures après midy, et nous auroit instruit et informé de la part de Nicolas Mion laboureur son Beau frere que Jeanne Retif se seroit precipitée dans un puis situé dans les cheuvrieres ou jardins pour l’enclos de Nitry appartenant et tout après de la maison de Claude Leblanc cordonnier habitant de Nitry, que les enfants de ladite deffunte Jeanne Retif auroit dit a luy Jean Guignebert que ce malheur seroit arrivé le jour precedent jour de dimanche vers les six heures du soir s’etant echapée furtivement de sa maison, que ne l’ayant point vue revenir depuis lors ; etant en peine du a personne ils n’auroient cessé de la chercher toute la nuit de toutes parts, et qu’enfin, le landemain jour susdit neuviême fevrier ayant appris par plusieurs personnes de Nitry que la dite Jeanne Retif leur avoit dit qu’elle feroit malheur de sa personne, ses dits enfans ne la trouvant nulle part, auroient pêché et fait pecher dans plusieurs puis dudit Nitry, et qu en fin on auroit trouvé et retiré son Corps noyé dans le puis susdit appartenant au dit Leblanc ; sur quoy nous aurions prié led Guignebert de s’en retourner a Nitry avec promesses de nous y rendre le landemain matin comme nous aurions fait, afin de faire avertir Mr le Procureur fiscal, et autres officiers de Justice pour faire les procedures requises en pareil cas ; ce que led Guignebert auroit executé ; Mais led Procureur fiscal de Nitry, sans appeler ni informer Mr le Prevot dudit Nitry, voulant epargner a frain fin du 1er feuillet
se seroit contenté de l’avis du Greffier de la dite Justice de dresser une espece de procedure informe sans preuve pour témoins, et sans aucun raport de chirurgie et sans même avoir fait apposer le sceau et cachet de la Justice sur le front et la main du cadavre susdit, et de dire par la dite procedure que c’etoit par accident que lad Jeanne Retif s’etoit noyée dans ledit puis ; et auroit appellé, led verbal etant tout dresse Me Jacques Boissard son neveu pour le signer comme ancien Praticien pour l’absence de Mondit Sieur le Prevot. Nous dit Curé etant de retour audit Nitry ledit jour Mardy dixiême du courant environ midy aurions fait prier le Sr Jean Gautherin Greffier de ladite Prevôté de nous donner communication de la dite procedure que Nous aurions trouvé très irreguliere et informe et dans le même instant que led Sr Greffier nous le communiquoit dans la maison curiale, le dit Maitre Jacques Boissard seroit entré, et nous auroit declaré qu’il auroit ete surpris et trompé, qu’il etoit faux que ladite Jeanne Retif fut tombée et se fut noyée dans le susdit puis par accident, que tous les habitans de la Paroisse etoient en emotion contre luy, et contre Nous dit Curé qui avions promis de commencer a faire la fosse dans le cimetiere pour donner la Sepulture Ecclesiastique au dit cadavre, Nous auroit fait deffense de la luy donner declarant qu’il revoquoit et nioit tout ce qui avoit eté fait sous son Nom le jour precedent et signature ayant eté trompé, et que la verité etoit que ladite Jeanne Retif s’etoit precipitée volontairement dans ledit puis, et s’etoit homicidée elle même, ce qui nous auroit empeché de donner la Sepulture a son dit Corps jus qu’à ce qu’il en eut eté autrement ordonné par la Justice ; en consequence le même jour Mardi dixiéme du courrant, sur nos Representations, le nommé Nicolas Mion laboureur fils de la deffunte Jeanne Retif, et ledit Jean Guignebert son Beau frere partirent vers les quatre heures du soir pour aller a Joux distant de Nitry fin du 2è feuillet
d’une lieue, chercher avec les chevaux led Cristophe Berthier Procureur fiscal de la dite Prevoté de Nitry, le quel auroit differé jusquau landemain mercredy de se rendre, au dit Nitry et y etant arrivé, Nous dit Curé luy aurions representé et audit Sr Gautherin Greffier, qu’il convenoit de faire visiter led cadavre par les chirurgiens pour dresser leur raport, et ensuite de faire entendre des témoins devant Juge competant pour reconnoitre la verité, et du moins qu’etant public et notoire que lad Jeanne Retif s’etoit precipitée et homicidée volontairement, d’avoir quelques preuves qu’elle etoit allienée et faible d’esprit pour excuser la maniere dont elle s’est procurée la mort, pour que nous pussions donner et accorder la Sepulture Ecclesiastique a son Corps. Ce que ledit Sr Procureur fiscal et led Sr Greffier ayant refusé, et nous ne pouvant suivant les Sts Canons, ordonnances du Diocese, et les declarations de sa Majesté accorder lad Sepulture Ecclesiastique et Chretienne au Corps de ceux qui volontairement se sont homicidés eux mêmes ; après toutes dues protestations, et reserves susdites contre qui il appartiendra, pour ne pas laisser plus longtemps le Corps ou cadavre de la dite deffunte Jeanne Retif sans sepulture et en danger de se corrompre, dans le doute ou Nous, sommes si elle a eté libre de ses sens et volonté, le sceau et cachet des armes de la Justice n’ayant point eté mis sur son Corps ; nous nous serions transportés sans aucun son de cloches cependant avec Notre Surplis, Etole noire et la Croix processionnelle portée devant Nous, a la maison de la dite deffunte Jeanne Retif ou elle avoit eté transportée pour faire la levée de son Corps, le conduire a l’Eglise, et ensuite luy donner la sepulture dans un lieu separé ou l’on inhume ordinairement les enfans morts sans baptême du côté du nord au bas de l’Eglise dans le cimetiere contre les murs de separation de la Seigneurie, afin qu’en cas de besoin led Corps puisse etre reconnu ; les parens de ladite deffunte nous ayant declaré qu’elle etoit agée a son decès de environ soixante ans, le tout fait en presence de Nicolas Brullé Marechal, du susdit Jean Guignebert laboureur de Jean Baptiste Guingois couvreur, et de francois Carré qui ont signé avec Nous, led Sr Nicolas Retif et led Me Jaques Boissard, non les enfans et parens de la dite deffunte ni led françois Carré pour ne savoir de ce enquis et requis » .
Signé : Retif, b guingois, N Brulé, Retif, Jean guinbert Boissard recteur, Rolland Curé de Nitry.
fin du 3è et dernier feuillet
Jeanne RÉTIF est née et a été baptisée à Nitry le 02 janvier 1714. Elle a pour père et mère Jacques RÉTIF laboureur à Nitry et Anne ROUARD originaire de Sacy. Jeanne a épousé à Nitry le 19 octobre 1734 Nicolas MION, laboureur à Nitry.
Note : L’acte est très explicite et expose très bien les faits.
Jean Jacques Louis ROLLAND, le très rigide curé de Nitry, comme déjà mentionné dans un précédent billet concernant des actes de vandalisme commis en 1735 dans la sacristie de Nitry, n’était pas tendre avec la population du village qu’il qualifiait de populace grossière et ivrogne. Il eut quelques dissensions avec les habitants et les représentants de l’autorité civile de sa paroisse comme on le voit d’ailleurs ici.
Il n’hésite pas à prendre la plume et noircir plusieurs pages pour expliquer les faits et justifier ses décisions et actions.
Ici le problème est simple. À bien y regarder, la volonté des autorités civiles de Nitry approuvée par les habitants est de ne pas qualifier les faits d’ « homicide de soi-même » [*] afin que la morte puisse bénéficier d’un enterrement ecclésiastique. [**]
Il faut savoir qu’à cette époque, lors d’une mort non naturelle, le procureur fiscal ou le lieutenant de la paroisse décidait dans son rapport adressé au curé aux fins d’inhumation, si le mort avait été ou non un bon chrétien. En cas de mort naturelle, subite ou sans que le mourant ait pu se confesser et recevoir les sacrements, c’est le curé qui justifiait et décidait ou non de la qualité de bon chrétien du décédé.
On voit parfois, quand le curé a pris la peine de noter le décès de la personne sur le registre de catholicité, la mention en marge « pour mémoire » puis quelques lignes sur le décédé le disant « mort en hérétique ». Il est certain que nombre de ces décédés considérés comme hérétiques n’ont pas été inscrits dans les registres, ce qui pose d’énormes problèmes pour la reconstitution des familles.
En 1719, dans le village d’Uchizy en Saône-et-Loire, Bourgogne, le curé du village refuse d’inhumer en terre sainte, entendre par là, la terre consacrée du cimetière catholique du village, une femme morte comme il le dit « dans des sentiments calvinistes ». Il conclut « le corps de laquelle a êté encrotée au milieu des champs » [3*].
Dans le cas présent, le curé de Nitry sait que Jeanne RÉTIF s’est suicidée, les habitants et les autorités civiles de la paroisse le savent. Il se retranche derrière les lois de l’Église pour se justifier. Effectivement la procédure est bâclée irrégulière et mensongère. Il aurait souhaité que le suicide soit indiqué quitte à arguer de la démence de la victime pour qu’elle puisse être inhumée religieusement. Il n’en a pas été ainsi et pour être exempté de tout reproche a consigné l’affaire dans l’ace de décès et inhumation de la décédée,
Le curé ROLLAND a-t-il porté l’affaire devant sa hiérarchie, l’évêque d’Auxerre ? S’attend-il à une suite dans cette affaire ? Il prend en tout cas toutes les précautions pour que le corps puisse être retrouvé [comprendre : retrouvé facilement] l’inhumant à l’endroit où les enfants non baptisés [décédés avant d’être baptisés] sont enterrés.
[*] le verbe se suicider apparaît dans les archives vers 1780-1790, et indique une nouvelle conception de cet acte considéré comme crime par l’Église.
[**] « Sous l’Ancien Régime, la claie d’infamie désignait la claie sur laquelle on plaçait le corps des suicidés, des duellistes et de certains suppliciés, pour être traîné ensuite par un cheval jusqu’au lieu d’inhumation. Cette peine infamante ne fut définitivement supprimée qu’à la Révolution ». Sources Wikipedia.
En 1736, un arrêt est rendu par le juge de de Joux-la-Ville contre un habitant de Joux-le-Châtel qui s’était suicidé :
« Nous avons ledit deffunt Edme Crétey déclaré atteint et convaincu de s’estre déffait et homicidé soy-même, s’étant pendu et étranglé avec une corde attachée à une solive dans la chambre haute de sa maison. Pour réparation de quoy, ordonnons que sa mémoire demeure éteinte et supprimée ; et sera son cadavre attaché par l’exécuteur de la haute justice au derrière d’une charette et trainé sur une claie la teste en bas et la face contre terre par les rues dudit lieu de Joux-le-Châtel jusqu’à la place publique … où il sera pendu par les pieds à une potence qui pour cet effet sera plantée audit lieu ; et après qu’il y sera demeuré six heures, jetté à la voirie dans l’endroit où l’on jette le charognes et bestes mortes dudit Joux-le-Châtel ; déclarons tous les biens dudit deffunt Edme Cretey acquis et confisqués … » (Archives Départementale de l’Yonne, 15B/163).
[3*] « L’An mil sept cent dix neuf et le mercredy onzième jour du mois d’octobre est décédée en cette paroisse d’Uchizy une pauvre femme âgée d’environ trente cinq ans, laquelle je n’ay point voulûs faire inhumer en terre sainte, étant de la Religion de Calvin, dans laquelle Religion elle et deux enfants qui étoient avec elle l’un agé d’environ quinze à seize ans, et l’autre d’environ trois à quatre ans ont été élevés et nourris ; et étant morte dans des sentiments calvinistes, comme il m’â parû et consté par ses propres parolles, ne m’ayant jamais voulu entendre lorsque je luy parlois de confession, ny me donner aucunes marques de Religion Catolique Apostolique et Romaine, quoiquelle ait fait preuve d’Abjuration comme elle l’a supposée par un certificat de Mgr François Gaspard Giammont Evéque D’Avethuse, suffragant de l’Archevéché de Besançon, haut Doyen de l’Illustre Chapitre Métropolitain, Abbé de St Vincent de la même Ville, Ecrit et Signé de sa main à Besançon le trente et unième janvier de la susdite année le tout neantmoins bien considéré je soussigné curé du dit lieu en conséquence du refû de confession et instruction catolique, ne voulante mêler le prophane avec le sacré, certifie avoir vu mourir la susdite femme appelée Marie Maillet, le corps de laquelle â été encroté au milieu des champs de ma paroisse d’Uchizy présents toute la maison de François Perrusset l’ancien laboureur et Emilien Petitgonnet tiserier de toille tous voisins du lieu ou elle decedée qui n’ont scus signer. » Signature du curé.
Sources : Archives en ligne de Saône-et-Loire, Uchizy-Baptêmes-Mariages-Sépultures-1718 – 1730, page 21/131 droite]
Note : l’édit de Fontainebleau de 1685 de Louis XIV annulant celui de son grand-père Henri IV, interdisait la religion protestante.
Sources de l’acte de décès et inhumation de Jeanne RÉTIF :
– Archives de l’Yonne, Nitry : BMS ( 1743-1792 ) – 5 Mi 624/ 4 page 287 & suivantes (original).
– Archives de l’Yonne, Nitry : BMS ( 1756-1776 ) – 5 Mi 623/ 5 page 112 & suivantes (copie).
François SARAZIN naît le 11 mars 1839 à Jouarre, près de Meaux en Seine-et-Marne, fils de Marie Nicolas Pierre, cultivateur et de Élisa Pauline DRIOT.
Il quitte la ferme de la Loge de la Ferté-sous-Jouare en Seine-et-Marne pour s’installer comme berger à Courtenay, hameau de Vermenton près la Ferme de la Loge de Sacy.
Il se marie le 27 août 1861 avec Marie Liza BÉRAULT. Le patronyme BÉRAULT est déjà présent à Sacy sur les premiers registres paroissiaux qui nous sont parvenus (fin du XVIème siècle).
Ils seront en 1925 les arrière-grands-parents de l’écrivain Jacques LACARRIÈRE (1925-2005).
Le 18 février 1863 naissent à Courtenay deux sœurs jumelles nommées dans l’ordre du registre de l’État-Civil de Vermenton, Alexandrine et Élise.
Leur frère François Alexandre naît à Sacy le 14 janvier 1865 où le couple a déménagé. Le père de famille y exerce l’emploi de cantonnier. Il est dit également dit propriétaire à Sacy. François Alexandre épousera le 04 avril 1891 Marie Henriette Séraphine MENANT.
Les deux sœurs se marient chacune sous le nom de « Élise SARAZIN », et ce en présence de leur père et mère. Et chacune sera prénommée Élise sur les autres actes d’État-Civil.
L’une épouse à Sacy le 22 avril 1879 Louis MAUDINÉ (1850-1938) du Val-du-Puits de Sacy. Mariée sous le nom de Élise SARAZIN, elle signera « Zoé Sarrazin » et c’est ce surnom qui apparaît sur sa tombe à Sacy.
Le 19 mai 1887 naît Zélima Herminie Palmyre MAUDINÉ, leur fille déclarée dans son acte de naissance comme étant fille de Louis MAUDINÉ cultivateur à Sacy, qui déclare la naissance de sa fille, et de Élise SARAZIN son épouse. L’acte de mariage de Zélima indiquera la même filiation. La mère de Zélima signera « Sarrazin Élise ». L’acte de décès de Zélima n’est pas en ligne.
L’autre jumelle, qui signe « Sarazin » et qui demeure à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) y épouse le 30 juin 1894 Léon Théodore LACARRIÈRE. Ils seront les grands-parents de l’écrivain.
René Léon LACARRIÈRE, père de l’écrivain, né le 21 novembre 1895 sera dit dans son acte de naissance, fils de Léon Théodore LACARRIÈRE, employé au chemin de fer (qui déclare la naissance) et de Élise SARAZIN. L’acte de mariage de René Léon indiquera la même filiation. Son acte de décès (18 octobre 1970 à Orléans) n’est pas en ligne.
Le 30 juin 1898 Léon Théodore LACARRIÈRE déclarera la naissance survenue le même jour de son autre fils Louis Gaston LACARRIÈRE, la mère de l’enfant sera nommée dans l’acte Élise SARAZIN.
Comment cela a-t-il pu être possible ?
La mention lors d’un mariage portée en marge des actes de naissance des époux est devenue obligatoire le 17 août 1897. Les deux sœurs s’étant mariées avant cette date, la Mairie de Vermenton n’a rien remarqué. Elle a délivré le même acte de naissance, celui de Élise SARAZIN pour chacune d’elles.
De même, la mention marginale de décès portée sur les actes de naissance date de l’ordonnance du 29 mars 1945.
Zoé décède à Sacy en 1935, avant cette ordonnance.
L’autre jumelle décède à Orléans le 11 avril 1950. En vertu de l’ordonnance, en marge de l’acte de naissance de Élise SARAZIN est ajoutée la mention de ce décès. Mais était-elle bien Élise ?
Il est trop tard pour savoir qui était Élise et qui était Alexandrine. Seuls les parents auraient pu les distinguer – et encore, on peut en douter puisque les deux jumelles se sont mariées en leur présence sous le prénom de Élise et donc chacune avec le même extrait d’acte de naissance, les actes étant cités lors de la célébration des mariages.
Au regard des actes, Élise SARAZIN est bigame et est décédée deux fois.
La mairie de Vermenton n’a pas eu à gérer ce problème, car les dates des ordonnances prescrivant les mentions de mariage puis de décès ont été antérieures au seul décès de la Grand-mère de l’écrivain.
Comme pour beaucoup de familles, celle des SARAZIN sera endeuillée lors de la première guerre mondiale :
Ernest Alphonse dit Maurice SAUTEREAU, qui avait épousé Zélima Hermine Palmyre MAUDINÉ, fille de Zoé, est tué le le 22 août 1914 à Signeulx en Wallonnie. Zélima décédera en 1938 (inscription sur sa tombe à Sacy).
Ernest Alphonse dit Maurice Sautereau (1883-1914)
Fernand Gaston SARAZIN né le 15 novembre 1892 à Sacy, fils de François Alexandre SARAZIN (frère des jumelles) et de Marie Henriette MENANT, sera tué à Vauquois dans la Meuse le 17 mars 1915.
Fernand Gaston Sarazin (1892-1915)
Jacques LACARRIÈRE, propriétaire de la maison d’Henriette MENANT sa grand-tante décédée, détenait plusieurs cartes de correspondance adressées par Henriette à son fils unique Fernand SARAZIN, parti sur le front. Henriette s’inquiétait de son silence. Elle ne savait pas encore qu’il avait été tué, mais dans sa dernière correspondance elle parle de lui au passé. Ces cartes portent la mention de retour à l’expéditeur.
Le contenu de ces correspondances a été relevé. Merci à Sylvia LACARRIÈRE de nous les avoir confiées.
Correspondance d’Henriette MENANT :
« Le 22 Mars 1915
Mon cher Fernand j’espérais bien avoir des nouvelles aujourd’hui, mais c’est en vain. Il est donc vrai que les correspondances sont retardées, ou bien t’est-il arrivé quelque chose. Je ne veux pas y croire. je vais encore avoir la patience jusqu’à demain. Mais quand donc on sortira de ce maudit cauchemar ? J’espère que ce sera bientôt. En attendant de te lire à nouveau je t’envoie toutes mes amitiés. je t’embrasse bien fort, ta mère. »
« Le 26 Mars 1915
Mon cher Fernand nous sommes bien tourmentés de ne pas avoir de nouvelles. Il t’es donc arrivé quelque chose, dans tous les cas essaye donc de nous envoyer quelques mots pour nous rassurer. ton père se joint à moi pour t’embraser. ta mère »
« Le 27 Mars 1915
Mon cher Fernand que t’es-til donc arrivé pour que nous ne recevions plus de nouvelles. Faut-il que nous subissions le sort de tant d’autres jamais je ne supporterai une affaire pareille moi qui avait toujours espoir, que le sort est cruel pour certains, et comment faire pour savoir. Je suis folle de douleur d’être dans une incertitude pareille, moi ta mère qui n’avait que toi, mon seul espoir, si tu dois rester là bas plustôt mourir ta mère qui t’aimait tant. »
Henriette MENANT décédera en 1952. Quant à son mari, il est mort trois mois après son fils.
Sources de l’acte de naissance des jumelles Élise et Alexandrine SARAZIN :
– [Archives en ligne de l’Yonne, Vermenton : NMD ( 1863-1866 ) – 5 Mi 1008/ 3 page 04]
Il s’agit là d’un acte d’inhumation daté de 1750 et que le curé visiblement excédé a rédigé volontairement dans les actes de l’année 1667, année contenue dans un tout autre registre que celui en cours. En 1750 Augustin CAVEROT est curé de Nitry et s’il n’a pas établi l’acte en son nom, mais celui de « nabucodonosor », il s’agit bien son écriture.
Augustin CAVEROT a une écriture assez large. Aussi lui faut-il de la place pour rédiger un acte. Il feuillette le registre et fait plusieurs tentatives pour tenter de le caser :
Il commence à rédiger son texte à la suite d’un acte du 5 juin 1668 établi par Olivier GRASSET desservant à cette époque la paroisse de Nitry.
Augustin CAVEROT (son écriture le différencie nettement de celle de GRASSET) date son acte du 6 juin, dans la continuité de la date qui précède. Il écrit « Le sixième Juin a esté inhumé Jean pain fil », et il ne va pas plus loin. Il juge qu’il n’y a pas assez de place pour la suite.
Il trouve un emplacement après un acte du 7 avril 1669. La chronologie des actes n’est pas sa priorité. Il écrit : « Le 6e a esté inhumé Jean ». A nouveau il se rend compte qu’il n’y a pas la place nécessaire pour continuer.
Autre tentative en mai 1669. Il écrit après un acte du 4 mai : « Le six juin » et ne va pas plus loin.
Nouvel essai en 1667 (c’est le chaos dans ce registre et dans d’autres de Nitry. Les actes de 1668 et 1669 sont reliés avant ceux de 1667). En plus les feuillets de l’année sont reliés à l’envers donc les actes sont dans un ordre antéchronologique. Après un acte du 15 novembre il écrit :
« mort [en marge] Le 8 freuv ». Il s’agit bien de son écriture et non celle de Grasset qui trace les « f » différemment.
Finalement il trouvera presque assez de place, en haut d’une page, il finira son acte dans la marge de l’acte du 16 novembre 1667 qui suit son texte. Il écrit :
En marge : « mort Jean »
Le 8 novembre 1750 a este inhumé dans La paroisse de St. Christophle anitry Jean pain fils de jean pain et de marie renoldin dans les quelles les partis ont dit ne sçavoir signer, cette enterrement [ce dernier mot en abrégé] a eté fait par nabucodonosor Ceux et Celle qui demander Ce mortuaire [suite en marge de l’acte de 1667 qui suit] non qu’a La Lere cherchere
Est-ce volontaire ou la conséquence d’un excès de vin de messe ? La fin de l’acte ressemble au « Tra la la la la la la lère » que l’on entend dans certaines chansons enfantines.
Qui est ce Jean PAIN ?
Le couple Jean PAIN (également PIN) marié à Marie REGNAULDIN (également RENOLDIN) existe bien. Il est de Saint-Bris-le-Vineux. Ils ont un fils nommé Jean PAIN, né vers 1688, marié le 15 novembre 1711 à Joux-la-Ville avec une veuve, Jeanne BREUILLARD. Jean PAIN à son mariage était Recteur d’école à Annay-la-Rivière, Annay-sur-Serein de nos jours. Il sera Recteur d’école à Nitry en 1720, puis à Cravant où il décédera. Il sera inhumé dans l’église dudit lieu le 22 avril 1736. « L’an mil sept cent trente six le vingt deuxiesme jour d’avril a esté inhumé dans l’eglise honorable homme jean pain recteur de nos ecoles âgé d’environ quarente huit ans apres avoir receu les Sacrements de penitence eucharistie et extreme-onction en foy de quoy j’ai signé. Marie Curé de Cravant ».
L’acte établi par Augustin CAVEROT concerne donc très certainement ce Jean PAIN. La filiation est la bonne. Que s’est-il passé ? Pourquoi venir faire établir à Nitry un faux acte d’inhumation alors qu’il existe à Cravant ? On ne peut arguer de ne pas connaître où et quand est décédé Jean PAIN, car sa veuve est décédée à Cravant le 6 juin 1749 soit un an avant la rédaction du faux acte : « L an mil sept cens quarante neuf, le sixieme jour du mois de juin, est decedé en cette paroisse, et a été inhumée dans le Cimetiere, Jeanne breuillard veuve de deffunt jean pain, cy-devant Regent de Ecole de cette paroisse, agé de soixante deux ans, en presence de Claude miné, et Jean Carillon vignerons demeurants en ce lieu, qui ont declaré ne scavoir signer, de ce requis. J.P. Leviquel vic de Cravant »
Que s’est-il passé exactement ? Visiblement il a été contraint d’établir un acte d’inhumation en 1750 d’une personne que nos recherches ont identifiée, et qui a été inhumée dans l’église de Cravant en 1736, et il a dissimulé cet acte dans un autre registre sans rapport avec les dates.
Les commanditaires, certainement haut-placés et les motifs de cette affaire demeureront à jamais inconnus. Est-ce un problème d’héritage ? Le faux acte est daté de 1750 alors que la veuve de Jean PAIN est décédée en juin 1749. L’acte établi par Augustin CAVEROT n’indique que la filiation du décédé et non, comme cela se faisait quand le curé l’indiquait, le nom de la femme du décédé, qui n’apparaît pas dans le véritable acte d’inhumation de Jean PAIN à Cravant. Avait-il un frère homonyme qui nous est inconnu ? Peu probable, il n’apparaît nulle part dans les relevés internet.
Augustin CAVEROT quitte la cure de Nitry en avril 1751. S’il a antidaté l’acte de 1750, cela ne peut pas être après son départ de Nitry.
1726 – Mailly-la-Ville – chavirement d’une barque, 23 personnes noyées
Lan mil sept cent vingt six. Le vingt quatrieme feuvrier aprochant les onze heures du matin a lissue de la grande messe de dimanche de la sezagesime [1], il y perit dans la riviere vingt trois personnes dont tous les noms marie de lecolle [12] femme dadrien pillet jeanne camelinat [11] femme detienne foin [22] marie camelinat [17] femme dedme millereau [21] colombe Luiller [8] femme de jean durand jeanne blanche [4] femme de jean mine jean brout [9] epoux de margueritte rousseau edme champy [8] epoux dedmée brade gabriel sautereau [7] epoux de marie Briez [20] pierre mandrot [15] fils de deffunt pierre mandrot et d edmée camelinat adrien camelinat [11] Etienne camelinat [10] tous deux fils dadrien camelinat et marie pelletier jaque sautereau [6] fils de deffunt josphet [sic] sautereau et dantoinette dusette edme jardin [7] fils de jean jardin et de thomase le moine jean drot [19] fils de philippe drot et de marie briez andre guy [9] fils de gabriel guy et de natalie bourdillac edme ballet fils dantoinne ballet macon de la paroisse de pregilbert qui etoit en pension chez le maitre decolle catherine camelinat [16] fille dadrien camelinat et de marie pelletier margueritte pellemoine [13] fille deugene dufour [2] qui a epouse en seconde noces francois briez natalie caquereau [5] fille dedme caquereau et de jeanne mine edmee champy [18] fille dedme champy et dedmee brade marie dufour [14] fille deme dufour et dadrienne brisdou genevieve morisson [11] fille de deffunt claude morisson et dedme [3] collion jeanne toubeau [10] fille de jean toubeau et de deffunte jeanne briez en foy de quoy j ay dressé le present acte tant pour exciter les cures mes successeurs a prier dieu pour le repos de leurs pauvres ames que pour avertir les autres habitans deviter le meme malheur qui n est arrivé que par ce que ses pauvres gens setoient mis en trop grand nombre dans le bateau.
Signé : Symoneau cure de mailly la ville.
Notes :
– Du ressentiment a-t-il été exprimé envers ce dieu qui a laissé périr 23 personnes qui venaient de le célébrer quelques instants auparavant à la messe paroissiale ? La dernière phrase peut le laisser penser, le curé terminant son acte en incombant cet accident à la seule imprudence humaine.
– Les corps seront découverts au cours des deux mois qui suivent. En marge de l’acte, onze mentions de libera (chant pour les morts) afférentes à certains défunts. Également « camelinat donne cinq lives ».
Ainsi la première inhumation est du 25 février 1726 « l an mil sept cent vingt six le vingt cinq feuvrier j ay curé sousigne inhumé dans leglisse le corps d’une femme qui a ete trouve noyez sur le bord de la riviere qu’on a aporte a leglisse et quon ma dit estre le corps de jeanne blanche de cette paroisse en presence de messire nicolas robert curé de mortomier en berry et de claude morisson recteur des ecolles de cette paroisse ». Le dernier corps sera celui de Jean DROT inhumé le 06 mai 1726.
Un corps n’a pas été inhumé à Mailly-la-Ville, celui de « edme ballet fils dantoinne ballet macon de la paroisse de pregilbert qui etoit en pension chez le maitre decolle ». L’inhumation s’est faite le 12 mars 1726 à Prégilbert. L’acte est ainsi rédigé : « Le onze Mars on m’a apporté a la Porte de mon Eglise le Corps de Garpard Ballet [note : il avait été baptisé Edme Gaspard à Prégilbert le 27 avril 1714] aagé d’environ treze ans qui avoit Peri dans les eaux avec 23 autres [note : 22 autres] de Mailly la Ville en Passant le Bâteau et qui fut Inhumé le Landemain dans le Cimetiere de notre [église] par moy soussigné – signé Boucher curé de Pregilbert »
[1] Sexagésime : Mot ancien, deuxième dimanche avant le carême. [2] Sa mère. [3] Comprendre Edmée. [4] Corps inhumé le 25 février 1726 (Jeanne Blanche). [5] Corps inhumé le 10 mars 1726 (Nathalie Caquereau). [6] Corps inhumé le 11 mars 1726 (Jacques Sautereau). [7] Corps inhumés le l2 mars 1726 (Edme Jardin et Gabriel Sautereau). [8] Corps inhumés le l2 mars 1726 (Edme Champy et Colombe Luillier). [9] Corps inhumés le l3 mars 1726 (André Guy et Jean Brout). [10] Corps inhumés le l4 mars 1726 (Étienne Camelinat et Jeanne Toubeau) [11] Corps inhumés le l5 mars 1726 (Adrien Camelinat, Jeanne Camelinat et Geneviève Morisson). En marge de l’acte d’inhumation de trois corps : « foin a payer lenterrement de sa femme » « lenterrement de la morisson payer ». [12] Corps inhumé le l9 mars 1726 (Marie de Lecolle) En marge de l’acte bien qu’il y ait un seul corps « tous payée ».Comprendre « tout payé ». [13] Corps inhumé le 23 mars 1726 (Marguerite Pellemoine). En marge « lenterrement et lannuel payez ». [14] Corps inhumé le 24 mars 1726 (Marie Dufour) En marge « tout payé ». [15] Corps inhumé le 25 mars 1726 (Pierre Mandrot). [16] Corps inhumé le 25 avril 1726 (Catherine Camelinat). [17] Corps inhumé le 28 avril 1726 (Marie Camelinat). En marge « lenterrement payez lannuelle payer ». [18] Corps inhumé le 03 mai 1726 (Edmée Champy). [19] Corps inhumé le 06 mai 1726 (Jean Drot). [20] Marie BRIEZ/BRIET se remarie le 09 juillet 1726. [21] Edme MILLEREAU se remarie le 09 juillet 1726. [22] Étienne FOIN se remarie le 12 novembre 1726.
Sources de l’acte :
[Archives en ligne de l’Yonne, Mailly-la-Ville : BMS ( 1703-1732 ) – 5 Mi 542/ 2, page 219 gauche, 2è acte]
Bénédiction de la la petite cloche au-dessus du Maître-Autel de l’église de Sacy :
Le 7 juillet 1726 étaient bénies deux cloches de l’église de Sacy, cérémonie consignée sur un seul acte. Pour une meilleure lecture, ces deux bénédictions sont traitées séparément.
« L’an de grace 1726 le 7 juillet je sousigné prestre Curé de la Paroisse de Sacy ai donné la benediction a la grosse cloche qui fut nommée Jeanne. elle a eu pour Parain Frere Paul de la Luzerne chevalier, Commandeur d’auxerre +, et pour Marainne honneste Femme Dame Marie Boujat Epouse de Mtre Michel Malguiche Lieutenant de Sacy. Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry
« Le meme an et jour fut aussi benite par moi Curé de Sacy la petite cloche qui est audessus du Maitre Autel, elle eu pour Parain Maitre Edme Boujat Bourgeois d’Auxerre, et pour Marainne honneste femme Anne Ferlet Epouse de Mtre Thomas Dondaine. » Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry
en marge : « + remplacé par venerable et discrette personne Mtre Didier Challant Curé de Nitry »
Cette cloche se trouve toujours dans l’église de Sacy. Elle fait environ 45 cm de haut et 45 cm à la base. Sa fonction est précisée dans l’acte, il s’agit d’une petite cloche située au-dessus du maître-autel. L’acte et les inscriptions sur la cloche ne la nomment pas.
Les inscriptions figurant sur la cloche : 1ère ligne : + 1726 IAI POVR PARAIN MTRE EDME BOVIAT BOVRGEOIS + 2è ligne : + DAUCERRE ET POVR MARAINE ANNE FERLET EPOVSE DE + 3è ligne : + MTRE THOMAS DONDAINE MAIRE DE SACY +
Le parrain est Edme BOUJAT né et baptisé à Sacy le 10 avril 1672. Il y épousera le 21 janvier 1698 Magdeleine PANDEVANT dont le père Mary PANDEVANT était « officier de la paneterie du Roy » [1]. Edme BOUJAT est qualifié ici de bourgeois d’Auxerre tout comme le 16 janvier 1723 lors du baptême à la paroisse Saint-Eusèbe d’Auxerre de son fils Edme. [2] les actes paroissiaux de Sacy le qualifient de bourgeois et marchand de Sacy. Trois ans après la bénédiction de la cloche, Edme BOUJAT veuf le 21 avril 1729 épousera le 25 novembre de la même année Barbe FERLET qui deviendra, par son second mariage avec Edme RÉTIF, la mère de l’écrivain Rétif de la Bretonne. La maison d’Edme BOUJAT est occupée pendant quelques années par le couple Edme RÉTIF et Barbe FERLET. Elle est sise en face de l’église. Celui qui deviendra Rétif de la Bretonne y est né. Une plaque y est apposée. Quelques années plus tard la famille déménagera à l’autre bout du village dans la métairie dite de la Bretonne.
La marraine est Anne FERLET, sans lien connu sur plusieurs générations avec la précédente. Elle est la femme, en secondes noces de Maître Thomas DONDAINE, maréchal ferrant et un temps greffier à Sacy, et, les inscriptions sur la cloche nous l’apprennent, maire de Sacy. Son père Léonard DONDAINE, maréchal ferrant est à l’origine des DONDAINE de Sacy [3]. Marie DONDAINE la première femme du père de Rétif de la Bretonne est la fille née du premier mariage dudit Thomas DONDAINE d’avec Marie BÉRAULT.
[1]
Le Grand panetier de France était l’un des grands officiers de la cour du roi de France, membre de la Maison du Roi. Il était le chef de la grande paneterie, autrement dit du service de bouche comprenant hâteurs de rôt, potagers, écuyers et enfants de cuisine (appelés galopins). Source : Wikipedia
[2]
Edme BOUJAT fils, épousera le 27 janvier 1750 à Pringy (Seine & Marne) Marie Catherine PATRIS. Qualifié de Maître chirurgien il décédera le 21 juin de même année dans cette même localité d’une chute de cheval. L’écrivain Rétif de la Bretonne, fils Edme RÉTIF et de Barbe FERLET la seconde femme de Edme BOUJAT père et parrain de la cloche, le citera en bien dans ses écrits.
[3] François DONDAINE, frère de Léonard DONDAINE, né vers 1620 est décédé dans une des métairies dont il était métayer au Bois-l’Abbé de Lichères paroisse de Nitry le 19 février 1700. Il était marié à Edmée BONNET décédée le 12 janvier 1700 au Bois l’Abbé. L’une de ces fermes appartenait à Claude Griffe, receveur des terres de Lichères et Nitry pour l’Abbé de Molesme, seigneur des lieux. Pendant les quelques mois qui précèdent et suivent 1700, une épidémie semble s’être abattue sur Lichères. Les actes mortuaires des membres des familles se succèdent. Ainsi disparaîtront ledit François DONDAINE et sa femme. Leur fille Marie DONDAINE par son second mariage en 1707 avec Sébastien GAUTHIER s’établira dans la paroisse de Sacy.
Edme DONDAINE autre frère de Léonard, né vers 1619 décédé à la métairie de la Loge de Sacy le 14 avril 1679, avait quitté Lichères entre 1661 et 1665 pour prendre les fonctions d’amodiateur [l’amodiateur d’une terre concède son exploitation en échange de prestations en nature ou en argent] et de « recepveur » de la métairie de la Loge qui appartenait à cette époque au Collège des Jésuites d’Auxerre. Il s’était marié à Étiennette PIOCHOT née vers 1624, décédée à la Loge le 27 juillet 1676. Ses enfants n’ont pas transmis le nom DONDAINE à Sacy.
Son fils Alexandre né à la Loge a fondé famille à Lichères. Sa fille Edmée Dondaine, mariée à Edme GAUTHERIN dit La Croix, originaire de Lichères, a été pendant peu de temps le successeur d’Edme DONDAINE à la Loge puis la famille est partie à Lichères. En 1681 leur fils Edme avait été baptisé à Sacy sous le nom de Edme LACROIX. L’autre fille de Edme DONDAINE Anne DONDAINE épousera Edme MINÉ puis Pierre BOUTELAT tous deux seront métayers de la Loge. Seules des filles du couple Pierre MINÉ & Anne DONDAINE auront une descendance à Sacy, notamment par les GUÉRAULT, famille qui occupe une bonne part dans les écrits de Rétif de la Bretonne.
Sources de l’acte :
[Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BMS ( 1709-1740 ) – 5 Mi 709/ 6 page 132 gauche, dernier acte, pas de copie de ces bénédictions dans le second registre]
Bénédiction de Jeanne, grosse cloche de l’église de Sacy.
La grosse cloche de Sacy (2021)
Le 7 juillet 1726 étaient bénies deux cloches de l’église de Sacy, cérémonie consignée sur un seul acte. Pour une meilleure lecture, ces deux bénédictions seront traitées séparément.
Transcription de l’acte intégral :
L’an de grace 1726 le 7 juillet je sousigné prestre Curé de la Paroisse de Sacy ai donné la benediction a la grosse cloche qui fut nommée Jeanne. elle a eu pour Parain Frere Paul de la Luzerne chevalier, Commandeur d’auxerre +, et pour Marainne honneste Femme Dame Marie Boujat Epouse de Mtre Michel Malguiche Lieutenant de Sacy.
Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry
Le meme an et jour fut aussi benite par moi Curé de Sacy la petite cloche qui est audessus du Maitre Autel, elle eu pour Parain Maitre Edme Boujat Bourgeois d’Auxerre, et pour Marainne honneste femme Anne Ferlet Epouse de Mtre Thomas Dondaine.
Signé : Pinard ptre, D Challan Curé de Nitry
en marge : « + remplacé par venerable et discrette personne Mtre Didier Challant Curé de Nitry »
Cette cloche est toujours en place dans le clocher.
Description de la grosse cloche :
Poids : 1.600 kg
Hauteur : 112 cm
Largeur à la base : 114cm
Épaisseur : varie entre 86 et 110mm
Fréquence : environ 277 Hz
Le curé de Sacy est André PINARD.
Le rédacteur Antoine FOUDRIAT, vicaire à Sacy, il n’est pas cité dans l’acte, ni ne le signe, mais son écriture l’identifie formellement. Il deviendra peu après curé de Sacy. Antoine FOUDRIAT, baptisé le 8 avril 1700 en la paroisse de Saint-Pierre-En-Vallée d’Auxerre, décédé subitement le 18 novembre 1760 à Sacy après y avoir exercé pendant 35 ans, a été inhumé le lendemain selon qu’il l’avait désiré, au bas de l’escalier de la petite petite porte de l’église de Sacy. Il baptisa le 23 octobre 1734 Nicolas Edme RÉTIF plus connu sous son nom de plume « Rétif de la Bretonne » qui donne à ce curé une bonne place dans ses écrits.
Le parrain est Frère Paul de la LUZERNE (« de BEUZEVILLE » figure en plus sur les inscriptions de la cloche) Chevalier Commandeur du Saulce d’Auxerre. Il s’agit de l’Ordre de Malte anciennement les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Le Commandeur de l’Ordre est Seigneur en partie de Sacy, l’autre Seigneur étant l’Évêque d’Auxerre et son Chapitre. L’acte fait l’objet d’une mention en marge indiquant que le le parrain est remplacé, comprendre représenté par Didier CHALLAN curé de Nitry (né le 23 novembre 1687 à Aisy-sur Armançon, décédé 21 septembre 1728 à Nitry, inhumé le même jour dans l’église de Nitry).
La marraine est « honneste femme » Dame Marie BOUJAT épouse de Michel MALGUICHE, Lieutenant de Sacy. Marie BOUJAT est née et a été baptisée à Sacy le 15 septembre 1693, fille de Guillaume BOUJAT (décédé en 1724), ancien Lieutenant de Sacy dans les Croix à savoir Lieutenant du Commandeur d’Auxerre qui est Seigneur en partie de Sacy, et de Marie CRENIER. Marie BOUJAT, la marraine a épousé le 3 octobre 1713 Michel MALGUICHE originaire de Vermenton, qui deviendra Lieutenant de Sacy.
La grosse clocheDétails des inscriptions et dessinDétails des inscriptions et dessin « tag » en creux daté de 1902 réalisé par le nommé JOSSIER C de Sacy. La famille JOSSIER est une famille de Sacy (fin 19e siècle, début 20e siècle)
Les inscriptions sur la cloche concordent, hormis bien sûr, quelques différences orthographiques, avec l’acte établi, ce qui dénote d’une organisation, qui a permis de tout inscrire (procédé de la cire perdue lors de sa fabrication) sur la cloche avant sa bénédiction.
La dernière ligne sur la cloche indique en plus de l’acte « JACQUES BOUIAT FABRICIEN » Jacques BOUJAT n’est pas identifié. L’absence de sa signature sur l’acte de bénédiction qui ne le cite pas, tant est qu’il sache signer, ne permet pas de l’identifier.
En 2020 a été descendue du clocher de l’église de Sacy la plus vieille cloche de l’Yonne, devenue trop fragile pour être restaurée. Elle est datée du XIVe siècle. Une cloche de même taille et même sonorité l’a remplacée (article à paraître). Le poids de la grosse cloche, rappelons-le, 1600 kg avait déplacé le beffroi, charpente dans le clocher qui supporte les cloches. Des poutres du beffroi étaient très abîmées et reposaient sur des corbeaux en pierre. L’idéal est un beffroi sans aucun lien avec la structure du clocher.
Lors des travaux en 2020, le beffroi de la grosse cloche a été restauré.