S’il a existé à Nitry un personnage qui mérite que l’on s’y intéresse, c’est bien Claude GRIFFE.
Les actes qui le citent le qualifient de :
Garde du Corps de son Altesse de Conti (actes Nitry 18 avril et 13 juin 1652),
Chef des gardes de M. le Prince de Conti (1656),
Capitaine de Nitry (1656),
Marchand et Receveur de Monsieur le Chevalier de La Rochefoucauld (Seigneur de Lichères & Nitry en tant qu’abbé de Molesme) (1664, 1665, 1684),
Receveur des Terres de Nitry et de Lichères (1665, 1674),
Bourgeois de Chitry (à son décès 1709).
En outre, un acte de 1691 le dit propriétaire de l’une des fermes du Bois-l’Abbé de Lichères qui fait partie de la paroisse de Nitry. Ces fermes du Bois l’Abbé sont proches de la Métairie de la Loge de Sacy, de Courtenay, hameau de Vermenton où le seigneur dudit lieu y avait une métairie, et également des bois de Nitry – Lichères-près-Aigremont et Nitry étant devenues des communes distinctes à la révolution.
Toutes ces fermes ou métairies exploitaient les terres à la limite des paroisses, auxquelles il faut ajouter le hameau de Vau-Germain proche de Courtenay, paroisse de Saint-Cyr-les-Colons.
De par son importance, Claude Griffe deviendra « sieur du RUD » que certains curés écriront « Du RUT ». Il signera de ce titre.
Claude GRIFFE est baptisé à Chitry le 12 avril 1629. Il est le fils de Edme GRIFFE (Chitry 1600-Chitry 1680) et de Jeanne PETIT (vers 1602-Chitry 1680). Il a pour grands-parents paternels Claude GRIFFE né avant 1580 marié avant 1600 à Marie DEMAY également née avant 1580.
Il épouse à Nitry le 18 juillet 1656 Catherine COURTOIS. Elle sait signer. Elle est la fille de Adrien COURTOIS et de Jeanne FILSJEAN (que l’on verra orthographié FILSIJEAN et FIGEAN). Adrien COURTOIS est receveur des Terres de Nitry et Lichères (1652, 1656), marchand à Nitry (1670). C’est son gendre Claude GRIFFE qui reprendra sa fonction de receveur.
Durant les XIè & XIIè siècles, par des dons qui lui étaient faits, par des renonciations d’héritages ou de droits, l’Abbaye de Molesme était en passe de détenir toutes les terres de Lichères et de Nitry. Entre autres entre 1076 et 1084, « Guibert de Châtel-Censoir, du consentement de sa femme Reine et de ses fils Ascelin et Hugues, et de l’agrément de Robert, évêque d’Auxerre, donna l’église de Nitry et ses dépendances pour le repos de son âme ». Sources : Cartulaire de l’Yonne.
Au XVIIè siècle, L’abbé de Molesme est Seigneur des terres de la paroisse de Nitry composée de Nitry et de Lichères.
De 1652 à 1689, l’Abbé de Molesme est Charles de la Rochefoucauld de Marcillac. Il est né le 22 septembre 1635 et décède le 19 novembre 1691. Il est le fils de François VI de la Rochefoucauld et de Andrée de Vivonne. Charles de la Rochefoucauld est en outre Chevalier de Malte (anciennement les Chevaliers-Hospitaliers, moines-soldats de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).
L’Abbé de Molesme en exercice est donc le Seigneur des Terres de Lichères & Nitry.
– le dix avril 1665, Charles de la Rochefoucauld de Marcillac se trouve dans l’église de Nitry pour le baptême de Charlotte Jeanne Griffe fille de son receveur. Il est le parrain de l’enfant. Il aurait pu se faire représenter, mais ne l’a pas fait. Il signera l’acte « le chevalier de la rochefoucauld »
Le dixè. jour de Apvril mil six cent soixante cinq fut baptisee charlotte Jeanne fille d’honorable homme Claude griffe Recepveur de ni(try) & Licheres & de honneste femme Catherine courtois ses pere et mere dont le parrein fut haut et puissant seigneur Messire Charles de la Rochefoucault abé commandataire de labaye Nre Dame de moulesme ordre St benoist diocese de Langres chevalier de L’ordre de St Jean de Jerusalem seigneur de Nitry & Licheres & autres lieux & Damoiselle Jeane cousin femme de Mr Jaques bordes advocat en parlement et Juge prevost dudit nitry par moy curé soubs signé de Nitry et liche[re] signe avec le parrin et marrinne.
Signé : « le chevalier de la rochefoucauld » « Jeanne Cousin » « Téulé ptre Curé de nitry et lichere »
Catherine COURTOIS sera inhumée, ce n’est pas précisé, mais certainement en l’église de Nitry le 10 octobre 1668.
Claude Griffe retournera dans la paroisse qui l’a vu naître. Il y décédera le 04 octobre 1709 et sera inhumé en l’église de Chitry le lendemain. Il est qualifié dans l’acte de « Bourgeois de Chitry ».
Nitry, 1735 – actes de vandalisme dans la sacristie de l’église
La paroisse de Nitry fut administrée pendant les trois dernières décennies précédant la chute de la Royauté par « Jean-Jaques-Louis ROLLAND Prêtre » ainsi qu’il l’écrit lui-même dans son journal.
Église de Nitry, décembre 2022 – D. C.
Succédant au Curé Augustin CAVEROT, le curé ROLLAND, n’était pas tendre avec la population de Nitry qu’il qualifiait de populace grossière et ivrogne, ajoutant que le peuple de Nitry était indiscipliné, et naturellement grossier, brutal et méchant. Il ne l’était pas plus envers ses prédécesseurs, qualifiant l’un d’eux de lâche. Il eut quelques dissensions avec la population et les représentants de l’autorité civile de sa paroisse.
Le 22 avril 1735, le curé CAVEROT (qui signe « Cauerot », le « U » et le « V » s’écrivant d’une même façon), curé de Nitry et prédécesseur donc de JJ Louis ROLLAND, relate des faits de dégradations volontaires commis dans sa sacristie.
Jour de remarque touchant certains quidam malins, seditieux, rebelles, indociles de la paroisse de nitry.
Cejourd’huy vingt deux du mois [note : avril] de l’année mil sept cent trante cinq un certain quidam [10 points de suspension] de la paroisse de nitry continuant sa malice ordinaire a le paÿs et poussant son insolence au dernier degré sevissa conjointement avec d autres par les avis et conseils detestables et horribles a casser les bareaux de ma sacristie, casser les serrures des coffres ou le linge servant a la decoration de leglise et au sacrifice de la messe fut foulé au pied, enfin pour le dire en un mot toute la sacristie fut sans dessus dessous, et fut mise au pillage, je laisse ce trait d histoire pour en instruire la postérité, [3 lignes de points de suspension].
Le Mardy sixiesme Jour d’Avril mil six cent quatre vingt et huict mourut d’une colique dans sa propre vigne sur les 7 heures du soir Jeanne Ducrot femme de deffunct Nicolas Cocquart aagée de 33 ans ou environ apres avoir faict son devoir le 25e mars par la confession et comunion estant de vie irreprochable a esté inhumée dans notre cimetiere le Mercredy septiesme jour dud. mois et an en pnce [présence] de Pierre Ducrot vigneron demt [demeurant] a pregilbert et autres qui a declaré ne scavoir signer de Jacques et Jean Ducrot ses freres.
Signé : L Auber, E Lauran, G Gallet [note : curé].
Il n’a pas été facile de reconstituer cette famille, car la vie a éparpillé ses membres dans diverses paroisses.
Le père Jean DUCROT est de la paroisse de Joux-la-Ville. Sa femme Françoise GROS/GROUX et autres orthographes selon les actes est de celle d’Arcy-sur-Cure où ils se sont mariés en 1652.
Malheureusement leur filiation n’apparaît pas dans l’acte. Le couple s’est installé dans la paroisse du mari, mais les actes paroissiaux de Joux qui nous sont parvenus ne débutent qu’en 1670. Nous n’avons donc aucun acte de baptême de leurs enfants. Jeanne dont il est question ici s’est établie avec son mari Nicolas COCQUART dans la paroisse de Vermenton. Trois frères cités dans l’acte d’inhumation de Jeanne se sont installés à Prégilbert. Joseph, le dernier enfant connu du couple est décédé en 1681 dans la paroisse de Joux.
Le 03 juillet 1673 Françoise GROS s’est remariée à Joux-la-Ville avec Jean COCQUELET de Précy-le-Sec. Son premier mari Jean DUCROT est décédé certainement avant 1670 car son acte de décès ne se trouve pas dans le registre entre cette date et celle de remariage de sa veuve qui est décédée munie de tous ses sacrements le 25 mai 1674 à Joux-la-Ville où elle a été inhumée le lendemain.
1677, Sacy, une femme retrouvée morte 15 jours après sa disparition
le 20 janvier 1677 a este enterrée Barbe collinet femme de Francois belin vigneron laquelle au rapport de ses enfans et autres fut trouvée le jour precedent morte au dessus de la loge Crouslot lieu dit les Vaux chignars ou elle avoit demeure 15 jours sans quon en est pu scavoir aucune nouvelle jusque apres que les neiges ont esté fondues au milieu desquelles elle seroit demeuree a coeur failly et morte accause de la grande quantité qui en estoit sur la terre et qui a dure six sepmaines, duquel lieu ella este levée par la Justice qui en a fait son proces verbal apres lequel elle a este inhumee dans le cimetiere ayant fait ses devotions dernieres le jour de la toussaint et ayant toujours vescu en veritable chretiene et bien craignant dieu et que je certifie present Mre Leonard Piault, Pierre Petit et plusieurs autres pour le repos de lame de laquelle ses enfans ont desire estre celebré une grande messe le jour dapres le plus comode
[signé] : P Petit [note : marguillier] Potthier [curé]
Ce que l’on sait de Barbe COLLINET (mariée François BELIN), est qu’elle est née avant 1626, en considération de la date de naissance de son premier enfant connu. Elle avait donc au moins une cinquantaine d’années lorsqu’elle est morte. On est en droit de se demander ce qu’elle faisait là, seule, par ce temps, sans que personne de sa famille ne sache où et pourquoi elle y était. Les représentants de la Justice qui ont autorisé l’enterrement se sont-ils posé cette même question ?
1670 – Décès à la Loge de Sacy d’une jeune fille effectuant un pèlerinage à Alise-Sainte-Reine
Le 20 febvrier 1670 en la metairie de La loge est decedée une pauvre fille aagée de 27 ans nommee marie pelletier native de 3 lieues de montargy suivant quelle nous la desclare laquelle alloit faire le voiage de Ste Reine et a laquelle jay administré les sacrements, mestant asseaurée bonne chretienne apostolique et Rome, et ayant declare 3 moys dans L hopital d’Auxerre
signé : LPottier
Sources de l’acte : – [Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BMS ( 1644-1684 ) – 5 Mi 709/ 4, page 118 droite, 1er acte] – permalien : https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta53465afe3ae08/daogrp/0/118
Notes :
Alise-Sainte-Reine est le site le plus crédible pour être celui d’Alésia. Les recherches archéologiques et historiques vont dans ce sens même si d’autres lieux sont proposés. Le village est situé à 17 km de Montbard, à 50 km au nord-ouest de Dijon et à environ 65 kilomètres de Sacy. Les jeunes filles y faisaient un pèlerinage.
En 253, Reine (Regina), gauloise de 16 ans convertie au christianisme, refusant d’abjurer sa foi fut martyrisée et décapitée. La légende dit que sur le lieu jaillit une source miraculeuse dite source de Sainte Reine.
En 1865, Napoléon III fit ériger à Alise-Sainte- Reine une statue de Vercingétorix, œuvre d’Aimé Millet.
En 1923, un groupe d’archéologues y découvrent les vestiges d’une église mérovingienne, probablement dédiée à cette martyre.
1711 – Bénédiction de Louise Claude (3ème cloche de l’église de Vermenton)
Bénédiction le 19 juillet 1711 de Louise Claude, 3eme cloche de l’église de Vermenton.
Ce Jour d huy dix neuf.me juillet mil sept cent onze nous Curé et vicaire sousignés de notre Dame de Vermenton avons Beny La Troisiesme cloche de cette paroisse qui fut fondue Le quinze du pnt [présent] mois, Le parain a eté Louis claude De Marion Seig.r [seigneur] de Douis [note : Druyes] abbé Commandataire de labbaye de notre Dame de Rigny Elu des Etats de la province de Bourgogne, et [mot raturé] [mot raturé] Tenue par son procureur fiscal me Jean Meneto, et la marainne Damoiselle Suzanne de la Rue Veuve de feu M.r guillaume gaillard Vivant maire de Vermenton, La ditte cloche sappelle Louise Claude.
B Landuret Vic. de verm.
Le parrain, Louis Claude de MARION est Seigneur de Druyes, abbé Commendataire de l’Abbaye de Notre Dame de Reigny, élu des États de la province de Bourgogne.
Un abbé commendataire est un ecclésiastique, ou quelquefois un laïc, qui, tient une abbaye in commendam, c’est-à-dire qui en perçoit les revenus et qui, s’il s’agit d’un ecclésiastique, peut aussi exercer une certaine juridiction sans toutefois exercer la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines. Source : Wikipedia
Sur les registres d’Essert, tenus par les religieux de Reigny, ne sont pas inscrits les décès desdits religieux. Certainement étaient-ils enregistrés sur un registre séparé qui ne nous est pas parvenu.
Les prénoms du parrain ont été accordés au féminin pour donner son nom à la cloche.
La marraine est Suzanne de la RUE, veuve de Guillaume GAILLARD, apothicaire, marchand, maire de Vermenton. Il est décédé à Vermenton le 29 août 1706. « aagé de soixante et un ans apres avoir receu tous les sacremens pendant sa maladie avec des sentimens dune devotion particuliere et tres Exemplaire en présence de Madame son épouse enfans et ses amys ».
Le Procureur fiscal de Reigny Jean MONETOT (Meneto dans l’acte), né vers 1664 a Venizy (Yonne) est mort à Reigny et a été inhumé le 6 mai 1731 dans l’église de l’abbaye devant la chapelle de la Vierge. Sa femme Edmée Magdeleine de LENISTON avait été inhumée le 03 septembre 1721 devant l’autel de la Sainte-Vierge dans la même église.
Note : Les curés et vicaires percevaient une partie des dîmes nommée « portion congrue ». Les abbés commendataires percevant tous les revenus, ces curés et vicaires se retrouvaient sans presque rien pour vivre, seulement le paiement par les familles des actes paroissiaux. Aussi Louis XIV décida du montant minium que devaient recevoir ces prêtres. Le terme « portion congrue » prit alors un sens de maigre part ce qui n’était pas le cas auparavant. Cette portion congrue fut réévaluée avec le temps.
En 1794, lorsque Restif de La Bretonne écrit la première époque de Monsieur Nicolas, il évoque Le Moulinot, un petit moulin alors disparu, dont ne subsistent que les ruines .
« 1737… Anne, ma sœur et marraine, venait d’être mariée à Vermenton. En la reconduisant, le jour qu’elle alla demeurer chez son mari, on m’avait porté sur les bras jusqu’au Moulinot (1). Je profitai, dès le lendemain, du premier instant où on me laissa seul, pour suivre le même chemin ; et j’allais, j’allais …Une femme du village, la bonne Claudine Sirop, me rencontra sous la Côte-des-Prés, tout près du Moulinot : voyant sur le chemin, seul, un enfant qui marchait à peine, elle présuma que quelqu’une de mes sœurs était dans les vignes. Elle les appela. Mais personne ne lui répondant, elle vint à moi, en me disant : – Hé ! Où allez-vous donc, Monsieur Nicolas ? – Je m’en vas voir ma sœur Anne, à Vermenton, chez son mari qui l’embrasse. – Tout seul mon bel ami ? – Oui. – Revenez avec moi, mon poulet ; les charrettes vous écraseraient ! » Elle me prit la main, pour me ramener. Je résistais, en criant : – « Menez-moi à Vermenton ! » Mais il fallut céder à une main plus forte que la mienne, la mère Sirop me porta ; je lui dis des injures, et je méditai de l’accuser à mes parents de m’avoir battu. Arrivée chez nous, elle conta le fait. On la remercia fort ! Pour moi, je l’appelais la vilaine femme ! Et j’intentai mon accusation. …. – » Quoi ! Mon petit ami, je vous ai battu ? » Je fus bien puni …
(1) Ce petit moulin n’existe plus , mais on en voyait encore les ruines dans ma jeunesse. Ceci prouve une vérité physique très importante : c’est la diminution successive des sources et des rivières. Pour que le Moulinot allât, il fallait que les Fontaines de Joux coulassent jusqu’à Sacy, avec celle de la Chapelle, la grande source de la Farge, les deux Fontaines Saint-Jean, dont la méridionale est tarie depuis cent ans. La Fontaine de la maison de la Bretonne, et des Toûs du Crôt-Domo : il fallait, dis-je, que tout cela coulât par la levée, au milieu de laquelle existent encore les restes du bassin qui était le point de réunion, et dans lequel j’ai vu du poisson, durant ma première enfance. Qui a tari ces sources très promptement ? L’essartage de toutes les collines, qui non seulement les a privées de leur humidité, mais a facilité leur dégradation par les pluies, au point que j’ai vu le sol des Prés-des-Roies ou des rigoles s ‘élever de quatre pieds, et de noyé qu’il était, devenir excellent. La terre vieillit et se dessèche comme nous. »
Monsieur Nicolas (1794) – Nicolas Edme Restif de la Bretonne
Ce récit témoigne du fait que beaucoup plus d’eau coulait des sources que de nos jours et Rétif déplore déjà leur tarissement dû au déboisement.
Il existait donc à Sacy un petit moulin alimenté par ces sources, moulin déjà en ruines dans sa jeunesse. Il y a bien un lieu dit « Les Moulinots » à Sacy, qui se trouve sur l’ancienne et actuelle Route de Vermenton, au niveau de l’ancienne station de pompage entre le débouché de la vallée du Vau Franc et de celle du Vau de Lannard.
D’après l’auteur, ces faits se déroulent en 1737. Effectivement sa sœur Anne (née à Sacy le 11 février 1714 du premier mariage de son père avec Marie Dondaine), s’est mariée le 25 avril 1737 à Sacy et non à Vermenton avec Michel Linard de Vermenton. ce que confirme la phrase « En la reconduisant, le jour qu’elle alla demeurer chez son mari ». D’ailleurs la coutume veut que le mariage soit célébré dans la paroisse de la future.
Rétif est né en octobre 1734, il avait donc deux ans et demi lors de cette histoire.
Identification de Claudine Sirop :
Il s’agit de Claudine Sirot (également orthographié Sirop / Syrot / Syro / Cirot), née vers 1665, fille de Edme et de Marie TABARD de Sainte-Pallaye, elle est décédée à Sacy le 5 octobre 1745 et a épousé Jacques Boujat à Sainte-Pallaye le 8 novembre 1694. Plusieurs enfants sont nés de cette union.
Il est par ailleurs intéressant de constater qu’il n’y a aucune mention de moulin ou meunier de Sacy sur les registres paroissiaux de Sacy qui débutent bien avant la naissance de Rétif.
La Farge est une source sur Nitry. Elle inondait donc Sacy, à l’embranchement de la route avant la métairie, au niveau de l’intersection de Sacy, Joux-la-Ville et Nitry. La Farge ne coule plus, ou presque plus.
J’avais huit ans, lorsque mon père quitta la maison de la porte là-bas, qui appartenait à mon frère utérin Boujat, pour aller demeurer à la Bretonne, où était un fermier. Je fus ainsi éloigné de M’lo, de toute la longueur du village : car la Bretonne est à la porte là-haut, et hors des murs, à plus de trois cents pas. Les eaux de la Farge coulaient alors ; ce qui suffisait pour interrompre la communication entre le bourg et moi. Je ne vis plus mon premier camarade ; Ce fut Etienne Dumont […] qui le remplaça.
Monsieur Nicolas (1794) – Nicolas Edme Restif de la Bretonne
« La maison de la porte là-bas » dont parle Rétif est la maison où il est né est située face à l’église et appartenait à Edme Boujat, premier mari de Barbe Ferlet.
Identifications :
Le frère utérin Boujat : il s’agit d’Edme Boujat, chirurgien, né à Auxerre paroisse St Eusèbe le 16 janvier 1723, fils de Edme (bourgeois et marchand à Sacy et du premier mariage de Barbe Ferlet mère de l’écrivain), décédé d’une chute de cheval à Ponthierry (77) le 21 juin 1750, marié à Ponthierry le 27 janvier 1750 avec Catherine Patris.
Étienne Dumond né à Sacy le 26 janvier 1735, fils de Jean et du second mariage d’Ursule Disson est décédé à Sacy le 12 germinal an 10 (2 avril 1802). Il a épousé à Sacy le 19 novembre 1765 Agathe Vézinier (née à Sacy le 5 février 1746, fille de Thomas et de Marie Rouard). De ce couple, aucun enfant n’est enregistré sur les registres paroissiaux de Sacy.
Ces inondations expliquent peut-être l’existence d’une chapelle dont parle Rétif qui est visible sur la carte de Cassini (vers 1750), la Chapelle Ste Madeleine.
Carte de Cassini, chapelle Sainte-Madeleine
Le creusement du Ru dans les années 60 a contribué au rapetissement de la mare et a mis fin à l’inondation des prés. Avant son existence, les eaux ruisselaient depuis la route de Nitry et de Joux.
Tombe de Jeanne DEGAN dans l’église de Sacy, 1639Tombe de Jeanne DEGAN dans l’église de Sacy, 1639
En entrant dans l’église de Sacy par la porte donnant Grande Rue, à main gauche, le long de la rangée de bancs, se trouve une grande dalle funéraire, qui foulée pendant plusieurs siècles a vu ses inscriptions en grande partie s’effacer.
Les gravures débutent en haut de la plaque et se poursuivent sur le bord extérieur, là où reste de la place pour terminer le texte.
Le relevé initial est celui-ci :
« C GIST DAMOYSELLE//DE TOUTET (RE?)//YRE – ESCUYER//
LAQUELLE D//CEDA LE 8//JOUR DU MOIS//DE SEPTEMBRE//163 (?)//APRE ETRE (?)//SEV (ou SEU) HELIE »
Les recherches dans les registres paroissiaux de Sacy qui remontent, certes avec beaucoup de lacunes à la fin du règne de François Ier ont permis d’identifier formellement la personne concernée.
Il s’agit de Jeanne DEGAN (orthographe de sa signature, autres orthographes rencontrées DE GAN et DE GAND).
Elle est la fille de René DEGAN/DE GAND (il signe Degan) et certainement de Jeanne (non nommée dans les actes) [1]. René DEGAN est « Escuyer » et seigneur de Courtenay (souvent orthographié Courtenet) hameau aux confins des terres de la paroisse de Vermenton où débutent à environ 500 mètres celles de Sacy avec la Ferme de la Loge.
Il y avait une ferme ou métairie à Courtenay d’où son seigneur devait tirer ses revenus. Un acte de 1616 et un autres de 1621 établis par le curé de Sacy, bien que Courtenay fasse partie de la paroisse de Vermenton :
Le samedy 29e jour d’octobre 1616 Jhan Droin age de soixante ans ou environ demeurant a la methairie de mons du Gan proche la Loge estant en son lict malade sain de son esprit et entendement apres avoir este administre des sacrementz de Ste Esglise m a faict rediger son testament de derniere vollonté …
Le 26 décembre 1621 est baptisée à Sacy, Jeanne Droin fille de Jacques et de Sébastienne Rossignol de la paroisse de Vermenton demeurant à la métairie de noble homme René Degan proche la Loge
A l’évidence, les gens de Courtenay à cette époque mais aussi à la génération suivante avec les « de la PERRIÈRE » seigneurs de Courtenay venaient acter à Sacy, plus proche que Vermenton. Mais était-ce la seule raison ?
Jeanne DEGAN est née vers 1592 sous le règne de Henri IV, selon son âge dans son testament. En 1601 elle est déjà marraine. A cette époque on pouvait être parrain ou marraine très jeune. Elle est souvent marraine, aussi bien avant son mariage qu’après. Sa signature l’identifie formellement, le nom de son père et plus tard celui de son mari ne sont pas toujours cités.
Nous sommes sous le règne de Henri IV, Roi de France et de Navarre. A Sacy le 12 mai 1596 est baptisé Charles DEGAN, frère de Jeanne. Anne leur sœur sera baptisée dans cette même église le 02 septembre 1606.
Le 19 mai 1624, Jeanne DEGAN est marraine à Sacy de ANNE, petite cloche à sonner la passion.
Elle épouse entre 1625 et 1629 Hélie de TOUTEFAIRE, Écuyer, qui deviendra seigneur ou sieur en partie de Courtenay. Nous n’avons pas son mariage à Sacy (lacunes) ni à Vermenton où les actes de mariage qui nous sont parvenus ne remontent pas aussi loin.
A Sacy les 13 janvier 1627 et 17 avril 1629 seront baptisés deux enfants du couple (les seuls connus), respectivement Anne et Edme de TOUTEFAIRE.
Le 19 septembre 1632 Anne de TOUTEFAIRE fille de Jeanne DEGAN n’a pas encore 6 ans quand elle est marraine de Renée de la BUSSIÈRE. Le parrain n’est autre que Edme de TOUTEFAIRE, frère de la marraine, et donc également fils de Jeanne DEGAN. Il a 3 ans. Jeanne signera l’acte pour ses enfants.
Ce jourd huy dix neufiesme septembre mil six centz trente deux a esté baptisée noble damoiselle Renée de la buziere fille a Anthoine de la buziere et a mademoiselle Anne de Gan ses pere et mere et ont esté parrin et marrine Edme de tout affaire et Anne de tout affaire
Signé : J DEGAN, signature du curé
Renée de la BUSSIÈRE est fille de Antoine de la BUSSIÈRE (1609-1670) Écuyer, Seigneur en partie de la Rippe, et de Anne DEGAN sœur de Jeanne. Renée de la BUSSIÈRE épousera à Merry-sur-Yonne le 23 juillet 1663 François SIMON de Nitry, bourg dont il sera procureur fiscal. Il appartient à l’importante famille SIMON dont descendra l’écrivain Rétif de la Bretonne né en 1734 à Sacy.
le 24 août 1639 le curé de Sacy se déplace à Coutenay dans la maison de René DEGAN afin de recueillir le testament religieux et dernières volontés de Jeanne DEGAN, âgée d’environ 47 ans, veuve, malade et alitée. Son père est présent. Le curé indique en marge qu’elle est décédée le 08 septembre 1639 (ce qui correspond aux inscriptions sur la dalle funéraire). Nous n’avons malheureusement pas son acte d’inhumation (lacunes), s’il existe, car le testament dans bien des cas avec l’annotation de la date en fait office.
première page : en marge du testament en date du 24 08 1639, la mention marginale : « ladite degan est decedez le Viii septembre 1639 »
Le texte :
premierement scachant quil nest rien plus certain que la mort ny rien plus incertain que Jhenne recommande son ame a dieu a la vierge et mr St pierre St paul son ange gardien et a tous les sts [saints] Stes [saintes] de paradis et que si sest la volonté de dieu de faire separation de son ame dans son corps de désire que son corps soit Innumé en leglise de Sacy proche la tombe de deffunte sa mere et ses parens
Itis a donne et donne a leglise de Sacy dix huit livres P [note : parisis] sur laquelle somme sera donne six livres pour la reparation de la fontaine [non compris] en procession
Itis veul que soit celebre trois services solemnels [rature] le premier le jour ou lendemain de son obit le deuxiesme au cours de quinziesme jours et le dernier au cours de lan avec un libera tous les dimanches [ mot non compris] de la [ ???] sur la [???] et offert du pain a la Suite à la page 2
grande messe parochialle.
Itis quil soit donné a Regné de gan escuyer Seigneur dudit Courtenet quarante huict livres tournois et cinq deniers ……
Itis quil soit de meme a la fille de la femme de mr de gan quatre livres P [parisis]
et apres mort [?] [mot non compris] lire et relire son testament pour [non compris] deceluy a eslier [?] en personne dudit Sieur de gan son pere lequel en personne a compte en charge et pouvois en ….. …… es presence de Vincent mine demeurant |en abrégé] a la loge de helie Cornevin filz helie de Sacy tesmoings ladite degan a desclare ne pouvoir signer a cause de sa grande maladie et le dit mine thesmoing a desclare ne scavoir signer de ce enquis ». Signé : E leclerc [note : Estienne Leclerc curé de Sacy] Degan [note : signature de René Degan] Cornevin [note : signature identifiée, la filiation paternelle est bonne]
A priori on raccroche cette famille DEGAN/de GAND de Courtenay à des généalogies déjà établies. Ils seraient descendants des châtelains de Gand (Belgique), des Comtes de Flandres etc. En ligne directe on remonterait jusque Arnould II de Gand Comte de Frise [selon la généalogie établie par Guillaume de Wailly], fils de Dirk II de Hollande (925-988) [nommé Thierry II par Wikipedia], lui même fils de Dirk Ier de Hollande, Comte de Frise (900-939).
Le nom DEGAN/de GAND s’est éteint à Courtenay. Nous n’avons pas l’acte d’inhumation de René, père de Jeanne. Également disparaît le nom de TOUTEFAIRE. En 1641 le nom apparaît pour la dernière fois à Sacy. Edme de TOUTEFAIRE a 12 ans et est qualifié de « escuyer filz de deffunt helie de toutefaire segneur en partie dudit courtenet ». Il est parrain de Edme de la PERRIÈRE fils de Étienne de la PERRIÈRE, seigneur en partie de Courtenay et de Renée JASU/JAZU. Les de la PERRIÈRE sont originaires de Lichères (Lichères-près-Aigremont), paroisse de Nitry. Les fermes du Bois-l’Abbé de Lichères marquent la limite des terres de Lichères, tout comme La Loge est à la limite de celles de Sacy et Courtenay de celles de Vermenton. La génération suivante verra Robert AMELIN/HAMELIN devenir sieur/Seigneur en partie de Courtenay par son mariage avec Marie Edmée de la PERRIÈRE fille du couple précité. Il est également originaire de Lichères. Robert de COURTENAY comme il sera souvent nommé apparaîtra dans des actes paroissiaux de la famille d’Edme DONDAINE, premier amodiateur de la métairie de la Loge de Sacy et de sa femme Estiennette PIOCHOT. Ils sont voisins, 550 mètres environ séparent la Loge de Courtenay.
[1] Est-elle la mère de Jeanne DEGAN » ? – Jeanne DEGAN établit son testament le 24 08 1639 et dit désirer que son corps soit inhumé en l’eglise de Sacy proche la tombe de sa mère et ses parents. Donc en 1639 sa mère est déjà décédée et inhumée dans l’église de Sacy. – Jeanne dans ce même testament donne à « Regné de gan escuyer Seigneur dudit Courtenet » (donc son père présent lors de l’enregistrement du testament) une somme d’argent. – Elle donne également une somme d’argent à la fille (malheureusement non prénommée) de la femme « a mr de gan », donc à la fille de la femme de son père. DONC : – Ou bien Jeanne non prénommée est la mère de Jeanne, Charles & Anne DEGAN, auquel cas Jeanne non prénommée est décédée après la naissance de Anne DEGAN, et René DEGAN son mari s’est remarié et a eu une fille de cette union. – Ou bien La mère de Jeanne DEGAN après la naissance de cette dernière vers 1692 est décédée, son père s’est alors remarié avec Jeanne non prénommée et sont nés Charles et Anne, auquel cas la fille de la femme de René DEGAN serait Anne. Au vu d’autres actes (baptême enfants de Anne DEGAN, et la formulation du testament, le premier cas semble être le plus plausible.
Jeanne, femme de René DEGAN est marraine à Sacy le 23 01 1597. Elle n’est que prénommée. Elle ne signe pas, mais à cette époque les actes sont en latin et réduits à leur plus simple expression, personne ne signe, parfois sur une page se trouve la signature du prêtre.
– Sources, testament de Jeanne DEGAN :
[Archives en ligne de l’Yonne, Sacy : BM ( 1538-1637 ) – 5 Mi 709/ 2 pages 236 et 237]
Départ des grues au-dessus de l’église Saint-Jean-Baptiste, octobre 2016Église de Sacy, été 2022, côté Grande RueÉglise de Sacy, été 2022, côté rue de VaucelleEglise de Sacy, 1919, Henri HeuzéÉglise Saint-Jean-Baptiste de Sacy depuis la Rue des Prés
L’Église Saint-Jean-Baptiste est une église édifiée au XIIème siècle. Elle est classée aux monuments historiques depuis 1930.