Vermenton 1681- Françoise TREMEAU chute du haut de la muraille de la Ville
Le Mercredy sept.me May aud. an [note : 1681] fut Inhumée
Signé : G Gallet [note : curé], JBoudard
dans notre Cimetiere Francoise Tremeau femme d’Edme
Cornille aagée de 40 ans ou environt apres avoir receu
les sacremens de Penitence et d’Eucharistie Dimanche
dernier elle tomba du haut de la Muraille de la ville
allans de la porte de la fontaine chez elle, tombans
dans le Jardin de Jacque Boudard elle mourut le
lendemain on ne peut estre allez a temps pour luy donner
L’extreme-Onction elle est morte fort contente [2] et avec
de grands sentimens de Devotion. Personne du Parentage n’a
pû signer
Il y avait des fortifications en 1681 à Vermenton. Selon l’Histoire de Vermenton mise en ligne par la mairie [3] : « La deuxième enceinte, construite en 1514 avec l’autorisation du roi Louis XII, entourait l’agglomération actuelle ».
Il serait plus juste de dire que l’agglomération actuelle est sortie des limites des fortifications.
Il existe une carte postale [4] représentant Vermenton en 1781 d’après une gravure de Lallemand [5]. La carte indique « Les anciens seigneurs de Vermenton étaient les comtes d’Auxerre et les rois de France depuis Charles V. Les Anglais s’emparèrent de cette ville en 1358, et, quelques années après, elle fut entourée de murailles avec trois portes et plusieurs tours et fossés. De cet appareil défensif, il reste une ancienne tour ronde, dit Tour du méridien qui date exactement de 1368, et sert aujourd’hui d’auditoire à la Justice de Paix »
Sur ce dessin, on voit la Tour du Méridien, toujours présente de nos jours, et qui devait se trouver à un angle des remparts (voir photo actuelle).
Sur la gauche se trouve la porte du bourg gardée par deux tours. De nos jours il ne reste qu’une entrée de rue, la rue principale de Vermenton, rue du Général Leclerc qui mène au hameau de Courtenay, puis à la ferme de la Loge de Sacy et à Lichères-près-Aigremont. Et comme on le voit sur le dessin, cette rue est en côte.
À gauche, une tour qui semble être un autre angle des fortifications.
Un carrosse circule sur la route menant d’Avallon à Auxerre (via Arcy-sur-Cure et Cravant). Il s’agit de l’actuelle RN6, nommée rue du Général de Gaulle pour la section dans Vermenton. Deux millénaires de régression par rapport aux routes des Romains. Il faut dire que la route menant à Auxerre via Cravant, reconnu comme premier port de l’Yonne en 1384, a perdu de son importance depuis que le pont enjambant l’Yonne, pont déjà cité au XIIIe siècle, finit par s’écrouler en 1726, faute d’entretien, les copropriétaires, comme on dirait de nos jours, ne voulant pas mettre la main à la poche. Le nouveau pont n’a été achevé qu’en 1775, et dorénavant le trafic passe par Saint-Bris. [6]
Revenons à la victime. Françoise TRÉMEAU est née vers 1641 selon son son âge approximatif figurant dans son acte d’inhumation. Son acte de baptême ne figure pas dans le registre des baptêmes de Vermenton de cette période, ce qui laisse supposer qu’elle n’en n’est pas originaire.
Quant à son mari Edme CORNILLE, exerçant la profession de voiturier par eau, il se remarie 5 mois plus tard, le 22 octobre 1681 avec Marie GINNE. A nouveau veuf, il se remarie le 21 mai 1685, toujours à Vermenton avec Marie ROBELIN. Il décédera à Vermenton le 03 décembre 1687. Il était âgé de 57 ans ou environ. Le seul Edme CORNILLE trouvé à Vermenton dans cette période y a été baptisé le 22 juin 1635. Son âge au décès le faisait naître vers 1630.
On peut aussi se demander ce que faisait Françoise TRÉMEAU en haut de ces murailles. Était-ce un itinéraire qui la menait chez elle ? En tout cas, dans l’acte, il n’y a aucune interrogation du curé à ce sujet.
[1] Permalien de l’acte [Archives en ligne de l’Yonne, Vermenton : BMS ( 1681-1690 ) – 5 Mi 1001/ 7, page 11/324 droite, 2è acte]
https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta5347cbe8eea73/daogrp/0/11
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[2] Ce mot pose problème. On pourrait lire contrite. Mais dans l’acte, ainsi que dans les autres, il ne manque aucun point sur les « i ». Ici il n’y en a pas. Il écrit la lettre « e » en début de mot de la même façon que ses « r » (voir les mots « elle », « estre »). Les « e » à l’intérieur d’un mot sont écrits soit comme il le fait en début de mot, soit normalement. Si on regarde le mot « Penitence » (4è ligne) par deux fois il y a « en » dans ce mot « P(en)it(en)ce » et [en] est tracé exactement comme dans le mot « cont(en)te ». Il s’agit bien de contente.
[3] Malheureusement aucune source n’est citée.
lien : https://vermenton.fr/vermenton-son-histoire
[4] lien internet (à noter une erreur dans le titre, il s’agit du XVIIIe siècle et non comme il l’est écrit du XIIIe :
https://cartorum.fr/carte-postale/478153/vermenton-vermenton-vue-de-la-ville-a-la-fin-du-xiii-siecle
Malheureusement la gravure originale n’a pas été trouvée sur Internet.
[5] Jean Baptiste LALLEMAND (Dijon 1716-Paris 1803). Parmi ses œuvres « Pillage des armes des Invalides le matin du 14 juillet 1789 », « La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 ».
Lien Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Lallemand
[6] pour plus de détails, voir la page Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cravant_(Yonne)