La « fumée du vin » cause le décès de deux enfants à Vermenton en 1682
Le 12 octobre 1682 alors que le vin fermentait, les émanations de gaz carbonique « la fumée de vin » qui s’accumule au fond de la cave causé le décès de deux enfants.

« Le mesme Jour et an que dessus [note : 12 10 1682] moururent Louys
aagé de 5 ans, et Alexandre aagé de 3 ans
ou environt enfans du sieur Gisles Bertran
No.re [Notaire] et ancien Praticien de Vermenton Inhumés
dans nre [notre] Cimetiere, ayants esté surpris de la fumée
du vin dans la cave dud. Sr Bertrant a son Insceu
Et apres les avoir faict chercher environt deux heures.
C’est l’assurance que nous en donnons ce 13e Octobre
mil six cent octante deux. »
Signature de :
– Gilles BERTRAND [père des enfants]
– Germain GALLET [curé de Vermenton]
– DELAGOUTTE [vicaire de Vermenton]
– Edme POULEINE [oncle maternel des enfants]
Gilles BETRAND également orthographié Gisles BERTRAN[T], est qualifié respectivement dans les registres paroissiaux de Vermenton tout le long de sa vie, de greffier en la Justice de Reigny, greffier en la Prévôté Royale de Vermenton, procureur de la Justice Royale de Vermenton, et notaire royal. En 1674 ,il est élu syndic [1]
Il a été baptisé à Vermenton le 6 janvier 1636. Ses parents nés avant 1606 sont Nicolas BERTRAND également notaire royal & Barbe COMPAGNOT dont sept enfants sont relevés sur les registres, nés de 1626 à 1644.
Nous sommes à ce stade à la limite de ce que les registres paroissiaux de Vermenton qui nous sont parvenus peuvent nous offrir. Cela est assez frustrant.
Gilles BERTRAND épouse avant 1658 Marie POULAINE également orthographié POULEINE. Aucun acte de mariage de Vermenton avant 1664 ne nous est parvenu.
Marie POULAINE a été baptisée à Vermenton le 22 juillet 1639. Elle est la fille de Jean POULAINE marchand (né vers 1604 sous Henri IV-décédé à Vermenton le 18 mars 1684) et de Philiberte QUINCY (née avant 1612).
Nous avons relevé cinq enfants du couple POULAINE-QUINCY de 1629 à 1639.
Onze enfants du couple Gilles BERTRAND-Marie POULAINE sont relevés entre 1658 et
1680, dont les deux décédés dans la cave le 12 octobre 1682.
Louys BERTRAND avait été baptisé à Vermenton le 25 décembre 1678.
Alexandre BERTRAND est né le 03 mai 1680 à Vermenton et y a été baptisé deux jours plus tard.
Gilles BERTRAND épouse à Vermenton le 26 novembre 1697 en secondes noces Jeanne LACONCHE née vers 1654, inhumée à Vermenton le 12 juin 1697, fille de Edme LACONCHE et de Jeanne PETIT. Jeanne LACONCHE a alors environ 43 ans et aucun enfant n’est né de ce remariage.
Il s’agit également d’un second mariage pour Jeanne LACONCHE. Elle avait épousé le 7 mai 1679 à Vermenton Edme DUCROT/DU CROT, huissier audiencier, décédé entre 1693 et 1697.
L’acte de décès de Marie POULAINE ne se trouve pas dans les registres de Vermenton (oubli, lacune ?) Elle est décédée entre mai 1680 et 1697 date du remariage de son mari.
Gilles BERTRAND sera inhumé le 02 mai 1722 en l »église de Vermenton. Il avait 86 ans.
Jeanne LACONCHE lui survivra deux années, et sera inhumée à Vermenton le 12 juin 1724, le lieu n’est pas précisé, donc certainement au cimetière de la paroisse, ce qui n’aurait probablement pas été le cas si elle était morte avant son mari.
Ursule BERTRAND, baptisée à Vermenton le 13 novembre 1672, fille du couple BERTRAND-POULAINE, épousera à Vermenton le 10 janvier 1701 François HUOT, né vers 1663 à Bessy-sur-Cure, décédé le 26 juin 1731 à Lucy-sur-Cure, qualifié de laboureur puis de greffier à Lucy-sur-Cure. La famille est originaire de Arcy-sur-Cure
Anne HUOT (Lucy 1744- Essert 1816) petite-fille du couple épousera en 1666 Lazare BOUDILLAT (Essert 1739) dont on n’a pas le décès. Lors du mariage en 1808 de leur fils Lazare BOURDILLAT,il est indiqué que Anne HUOT est autorisée par jugement du juge de paix du canton de Vermenton du 02.05.1806 qui constate que son mari Lazare BOURDILLAT est absent depuis courant février 1805, et la déclare « en état de régire et de gouverne les états et affaires dudit BOURDILLAT jusque son retour ou qu’il donne de ses nouvelles… »). Lazare BOURDILLAT ne réapparaîtra pas à Essert.
Barthélémy BOUDILLAT (1770-1859) fils du couple BOURDILLAT-HUOT, cultivateur, vigneron, maître d’école et maire d’Essert de 1815 à 1848) est médaillé de Sainte-Hélène [2]
Lazare BOUDILLAT (1778-1825) vigneron, propriétaire à Essert, autre fils du couple et marié en 1808 à Félicité BOURDILLAT, est qualifié à son décès à Essert en 1825 de militaire pensionné. S’il n’a pas reçu la médaille de Sainte-Hélène [2] c’est qu’il fallait être en vie à l’époque où elle a été instaurée (1857). Ce couple a eu pour fils Joseph Marie Pauline dit Eugène BOUDILLAT qui épousera en 1845 Julie RÉTIF (1821-1901) dont il existe une photo, et qui fait partie des donateurs pour les vitraux « Vermonet »de l’église de Essert avec la famille PIAULT de l’un de ses gendres. Julie RÉTIF est la petite-nièce de Rétif de la Bretonne, et il a été plusieurs fois question d’elle dans d’autres articles. Leur tombe est toujours visible à Essert en cette année 2025.
[1] En France sous l’Ancien Régime, le syndic est un notable chargé de représenter, d’administrer et de défendre les intérêts d’une paroisse ou d’une communauté rurale. Dans le cas d’une paroisse, il est généralement élu par une assemblée de communiers, constitués de chefs de famille de la paroisse. (sources : Wikipedia).
[2] La médaille de Sainte-Hélène est instituée par décret de Napoléon III, le 12 août 1857, sous le Second Empire. Elle est dédiée aux « compagnons de gloire » de Napoléon Ier dans les « campagnes de 1792 à 1815 », afin de satisfaire en partie les dernières volontés de Napoléon Bonaparte telles que rédigées dans son testament à Sainte-Hélène. Elle est considérée comme la première « médaille commémorative » française.